Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.
Ce matin, il s’agit de voir. Cette nuit, il s’agissait de croire avec les bergers. Entendre la voix des anges dans le ciel, avoir foi dans leur parole et se mettre en route pour la crèche. Ce matin, donc il s’agit de regarder et de voir. Voir l’invisible qui se rend visible. Voir Dieu qui se fait homme. Voir le Verbe parmi nous. Ni plus, ni moins.
Vous vous souvenez peut-être d’un autre passage de St Jean, dans sa première lettre, où il insiste : ce que nous avons entendu, ce que nos yeux ont vu, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons. La vie s’est manifesté et nous avons vu sa gloire.
Les mages verront un enfant et se prosterneront devant le Messie attendu par les nations. Les disciples verront Jésus de Nazareth et ils confesseront leur foi dans le Seigneur Jésus Christ. Marie Madeleine verra un jardinier et se prosternera aux pieds de son Maître, le Ressuscité. La vision fait toujours appel à la foi.
C’est donc qu’il y a une nouveauté propre au mystère de Noël : c’est qu’il y a à voir. Un visible se montre, dévoilant l’invisible. La préface de Noël va nous le redire dans un instant : maintenant , nous connaissons dans le mystère du verbe incarné Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux, et nous sommes entraînés par lui à aimer ce qui demeure invisible.
Notre société s’est habitué à ce que tout soit visible. Elle laisse bien peu de place, en apparence, à ce qui est invisible. Et je ne parle même pas de la difficulté de la place de la foi chrétienne dans l’espace public. La magie de Noël, comme on dit, habille nos rues, nos magasins, nos centres commerciaux. Un grand manteau consumériste s’étend et rend visible des tonnes de biens. Un soupçon d’invisible vient enchanter les bambins qui entrevoient dans un vieillard bonhomme et rougeoyant quelque chose de la bonté et de la justice distributive.
Mais, rendez nous Noël, le mystère de Noël où le Verbe se rend visible et nous entraîne à aimer ce qui demeure invisible. Il se rend visible, parce que son Incarnation vient toucher notre humanité en se faisant l’un de nous. Travaillant avec des mains d’hommes, aimant avec un cœur d’homme, s’unissant en quelque manière à tout homme, comme dit un texte du Concile Vatican II.
Dieu prend un visage d’homme et nous pourrons le contempler et même le représenter, sans craindre que la distance entre lui et nous soit abolie. Dans son incarnation, le Verbe donne aux hommes le sacrement ultime du salut dans l’humanité du Christ, signe et moyen efficace. Tout homme peut alors le voir, l’entendre, le toucher. Il entre dans un réseau dense des relations humaines pour nous élever à Lui.
Il se rend visible, pour nous entraîner à aimer ce qui demeure invisible. L’incarnation reste la porte qui nous sépare du monde invisible. Nous n’aurons pas trop de la fête de l’Ascension pour le réaliser. Dès maintenant, devant nos crèches, et encore plus devant le Saint Sacrement de sa présence eucharistique, le visible renvoie à un invisible qu’il s’agit d’aimer et d’espérer.
Aujourd’hui, la vue du Verbe incarné est déjà une grande joie. Il se donne à voir, à entendre à être touché pour nous sauver. Ce temps de l’Incarnation est prolongé par les sacrements. Chaque Eucharistie nous donne à voir et nous entraîne à aimer ce qui demeure invisible.
Désormais, il ne nous est plus possible de vivre de façon aveugle ou myope. Ouvrons les yeux devant ce don immense qui se donne à voir. Il est la porte sur ce qui reste promis. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la phrase écrite sur la tombe de Newman : Ex umbris et imaginibus in veritatem (« Des ombres et des images vers la vérité »). Du visible à l’invisible. Voilà le pèlerinage de notre foi qui s’ouvre aujourd’hui. Il nous entraîne à un discernement pour que les yeux se dessillent sur la vocation invisible de chacun et de chaque communauté.
Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.
Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, ouvre les yeux de notre intelligence pour que puissions te reconnaître quand tu te donnes à voir. Entraîne notre volonté à aimer Celui qui demeure invisible.
Un sondage réalisé en 2006 pour le Monde des religions donnait un chiffre intéressant : 64 % des catholiques croient aux miracles (91 % même pour les pratiquants de chaque dimanche).
« Nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné »
Dans sa montée à Jérusalem, Jésus passe à Jérico. Il y fait cette rencontre étonnante que seul l’évangéliste saint Luc rapporte. Zachée est vu, discerné par celui qu’il veut voir.
Il n’est pas si fréquent d’entendre un extrait de la lettre aux Hébreux. Nous l’entendons ce jour en 2ème lecture. Le chapitre 11 livre une méditation sur la foi des patriarches, Abraham, Sara, Isaac, Jacob et les autres. La foi ou plutôt le chemin de la foi, le pèlerinage dans la foi que Dieu leur fait faire. Ils sont nos pères dans la foi. C’est bien ce que l’on dit d’Abraham en particulier. Père des croyants. Modèle de celui qui se met en marche à la suite de l’appel de Dieu.