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Abraham partit sans savoir où il allait

caravane_desert.jpgIl n’est pas si fréquent d’entendre un extrait de la lettre aux Hébreux. Nous l’entendons ce jour en 2ème lecture. Le chapitre 11 livre une méditation sur la foi des patriarches, Abraham, Sara, Isaac, Jacob et les autres. La foi ou plutôt le chemin de la foi, le pèlerinage dans la foi que Dieu leur fait faire. Ils sont nos pères dans la foi. C’est bien ce que l’on dit d’Abraham en particulier. Père des croyants. Modèle de celui qui se met en marche à la suite de l’appel de Dieu.

Qu’est-ce donc que la foi dont la lettre aux Hébreux parle : décision de consentir à une parole entendue ; chemin à la suite de cette mise en marche.

La foi c’est donc d’abord la réponse à une parole entendue. Quitte ton pays et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. L’ordre est surprenant. D’abord parce qu’il n’est annoncé par rien. D’autre part parce que notre mentalité moderne est un peu pris à rebrousse poils. Pour partir il faut savoir où l’on va. C’est la question du GPS. Or ici, c’est l’inverse. On part. Le chemin et la destination sont révélés ensuite.

Remarquez que c’est un peu le cas de certaines réalités humaines. On va à l’école sans savoir quel sera le terme du chemin, tôt ou tard. On se marie, sans savoir où l’on va. C’est une question de confiance, de foi.

La foi, c’est également le consentement à cette parole entendue. Pars, viens, suis-moi,… La Bible est remplie de ces paroles de Dieu auxquelles l’homme consent. Consentement intérieur à une parole extérieure, sans savoir, sans connaître, sans mettre la main sur un but, une clé de compréhension qui reste à recevoir.

Notre mentalité contemporaine ne s’y prête guère non plus. Nous ne voudrions pas seulement être arrivés avant d’être partis. Vous voudrions également connaître, être maître du but pour prudemment ensuite nous mettre en route. Culture du résultat plutôt que culture de moyens. Un article de la Croix sur les routes de St Jacques le disait à sa manière : le chemin importe plus que le but. I don’t ask to see the distant scenes : one step enough for me.

Sans regarder en arrière. On dit de Cortès qu’il a brûlé ses vaisseaux pour que lui-même et ses marins ne soient pas tentés de retourner sur leurs pas. Chaque vie singulière est vécue avec ce curseur du temps qui fait que l’on avance dans l’existence, sans pouvoir revenir en arrière. C’est une grâce, avant d’être une fatalité. Barbara souffre de cette fatalité dans la chanson ‘l’enfance’ où elle dit : elle dort à jamais notre enfance. Notre enfance, comme tout notre passé dort en nous pour nous faire mieux goûter le pas d’aujourd’hui, celui que nous faisons et qui nous rapproche de la patrie.

Toute la Bible est tirée par une dynamique profonde, celle qui fait partir du jardin du Paradis pour aller vers la Jérusalem céleste. On ne revient pas en arrière, ni en Egypte pour les Hébreux, ni au métier de pécheur pour les Apôtres. La boucle n’est pas bouclée. Dieu est présent dans ce mouvement dynamique qui ne cesse de tirer l’homme hors de la condition première pour l’amener à son achèvement. Il marche sur cette route quotidienne à nos côtés vers la rencontre. L’homme est pèlerin. Dieu se fait pèlerin avec lui.

Abraham mourra sans être en possession des promesses. Mais il l’a salué de loin, pèlerin qu’il était sur cette terre. Qui que nous soyons, sédentaire ou nomade, marié ou célibataire, jeune ou vieux, nous sommes des pèlerins dans la foi, des pèlerins qui attendons et veillons, espérons le but de notre pèlerinage, la réalisation et la possession des promesse.

Elle sont à venir, comme nous le dirons dans un instant : nous attendons ta venue dans la gloire. Rien ici-bas ne nous comblera complètement.

Elles sont déjà là, parce que Dieu nous donne des arrhes, des prémices : l’amour partagé, donné et reçu ; la joie de notre travail ; le don des sacrements, parcelle de sa gloire, donnés pour la route.

PS : l'illustration sonore avec la chanson "L'enfance" de Barbara

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