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Homélies - Page 45

  • Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ?

    PorterSaCroix.jpgNous avons entendu ces deux dimanches successifs ce passage de l'Évangile selon saint Matthieu, où le Christ interroge ses disciples à Césarée de Philippe. La première partie du dialogue – qui culmine dans la profession de foi de Pierre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant – est intimement liée à la seconde qui nous est donné en ce dimanche : la révélation que le Fils de l’homme doive souffrir ; celle des exigences de la suite du Christ.

    La révélation faite à Pierre, révélation issue non pas de la chair et du sang, mais du Père qui est aux cieux, semble s’entendre pleinement à la lumière de l’un enseignement du Christ, qui corrige l’interprétation de chair et de sang de Pierre : « Non, cela ne t’arrivera pas ! »

    Première annonce de la Passion, cette prophétie du Christ est précise : il lui faut « aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter ». Comme les deux autres annonces, elle est destinée aux disciples comme un secret messianique, dont ils n’auront la clé d’interprétation qu’après les événements pascals. Et pour cause !

    Cette révélation complétée par le Christ vise sans doute à purifier leur foi messianique, emprunt de désir de chair et sang, désirs qui subsisteront peu ou prou jusqu’après la résurrection : « Nous espérions, nous, qu’il allait délivrer Israël ». Que le Fils de l’homme restaure la royauté en Israël ! Qu’il sauve magnanimement et triomphalement le peuple du péché ! Qu’il siège et que ses ennemis se dispersent ! Vanité des vanités. Ce ne sont que désirs de chair et de sang. Ces pensées « ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes »

    Messie triomphant, ou Messie souffrant ? Les plans de Dieu dépassent les projets et les représentations humaines. Ici, la volonté de Dieu quant au salut doit faire son lent chemin dans l’intelligence des apôtres. Lent chemin, à cause de l’inouï du Messie souffrant : le Fils devra souffrir, mourir et ressusciter le troisième jour, pour faire de sa vie l’unique offrande. Lente préparation que l’Esprit Saint avait déposé comme des pierres d’attente, par exemple dans le prophète Jérémie. Après la résurrection, les Apôtres sauront recueillir ces pierres pour en faire l’allée droite de l’annonce de la foi. Pour l’heure, restent à être purifiés ces désirs de chair et de sang.

    Autre purification, celle de la suite du Christ. Pour ceux qui ont répondu à l’invitation pressante de tout laisser et de le suivre, la sequela Christi se montre tout d’abord sous un jour heureux : l’eau est changé en vin, les boiteux marchent, les aveugles voient, les foules écoutent et suivent, le Maître lui-même l’affirme : « heureux…, heureux…, heureux… ».

    Or, suivre le Christ n’est pas que confortable. C’est également exigeant. La suite du Christ prend tout de celui qui s’y engage ; le jeune homme riche l’a appris tristement. Il s’agit d’abord de renoncer à soi-même : renoncer à ses projets, renoncer à être maître de soi, renoncer à son honneur, à sa réputation, à ses biens, renoncer même à se comprendre soi-même. La pauvreté de cœur ainsi décrite est radicale : elle est celle de la première des béatitudes ; elle est celle du Fils. Il est celui qui renonce à lui-même pour prendre sa croix. Par là, il fonde l’unique chemin du renoncement, ou plutôt, pour le dire autrement, chemin de l’offrande.

    Gagner pour finalement perdre ou perdre pour finalement gagner ? Cette alternative traverse encore aujourd’hui les siècles avec une actualité tout aussi frappante. Pas plus que l’homme grec ou romain, pas plus que celui de la Renaissance ou celui des Lumières, l’homme contemporain renoncerait à gagner pour accepter de perdre en offrant. Tout lui est promis. Tout semble lui sourire : l’argent qui donne le bonheur, l’amour qui rend heureux, les biens multiples et dispersés qui participent au bien recherché.

    Vanité des vanités, crie encore aujourd’hui Qohélet. Pour le Christ, comme pour l’apôtre, ou le disciple, le chemin reste celui de l’offrande : offrande sans réserve et sans mesure, l’offrande entière et sans retour, parce qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Le suivre, signifiera entrer dans un chemin de liberté qui implique cette offrande de soi. « Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? »Le Bx Charles de Foucault avait écrit cette phrase sur les murs de sa cabane à Nazareth. Il l’a vécu dans l’acte d’abandon que nous connaissons. Oui, Seigneur, tout ma vie, je vais te bénir. Dans cet offertoire, accueille l’offrande de ma vie.

  • Dieu est silence

    9632-vacances-2006-coucher-soleil-neguev-img.jpgAu cœur de l’été, je vous fais une confidence : Dieu est silencieux. Confidence qui vous rassure, ou qui vous surprend. Dieu est silencieux. J’en veux pour preuve l’apparition à Elie dans cette magnifique première lecture que nous avons entendu tout à  l’heure. Il est silencieux, ne fait pas de bruit, il se tient dans le silence, alors que l’homme l’attend dans les manifestations grandioses, deus ex machina, comme on dit en mise en scène.

    Relisons : Et voici que le Seigneur passa. Le Seigneur n’était pas dans l’ouragan, pas dans le tremblement de terre, pas dans le feu, mais dans le murmure d’une brise légère. A Moïse et au peuple hébreu, Dieu s’était manifesté de façon aussi grandiose et sensible. Pensez donc : des éléments aussi tempétueux, voilà qui nous parle de al grandeur de Dieu, de sa force, et donc voilà qui peut rassurer le peuple : ce Dieu là c’est du solide. Il est fort et grand, il saura nous protéger.

    Or à Elie, il se révèle dans le murmure d’une brise légère. Le traducteur liturgique a un peu simplifié le texte original. Ne pensez pas que je sois spécialement pédant, mais le texte hébreu ne dit pas tout à fait cela : la voix d’un silence ténu. Dieu est dans la voix d’un silence ténu.

    D’un point de vue biblique, nous retrouvons ce Dieu qui vient à la brise du soir pour être avant Adam et Eve. Dieu est dans le silence de l’intimité d’un entretien avec son prophète. Dieu est dans le silence d’une complicité, où il parle cœur à cœur. Dieu est dans le silence amoureux avec son peuple, pour l’éduquer en plaçant au plus profond de lui son amour et sa Loi.

    Mais allons plus loin. Dieu est dans un long silence ténu, parce qu’il convient que l’homme se taise, pour entrer dans le dialogue. Dieu se tait pour amener l’homme à ce recueillement, cette paix du cœur. Dieu est dans le silence, parce que c’est là que le croyant doit venir le rencontrer. Dieu amène l’homme sur son terrain. Dieu est tranquille, et il veut amener l’homme dans cette paix.

    Pour ceux qui rentrent de vacances, vous en avez peut-être fait l’expérience. Le silence des grands espaces, de la montagne, ou du littoral, ce sont des lieux où que nous aimons, que nous recherchons, parce qu’il nous semble que ce silence permet de nous rejoindre, de mieux coïncider avec nous-mêmes, alors que dans le tumulte de l’année, le bruit, les activités, apporte leur lot de dispersion.

    Ah, ce silence, la grandeur de ces instants, où il nous semble que nous sommes rejoints par celui qui nous épie et nous cherche dans le silence. Evidemment, je parle de ce silence, qui n’est pas seulement celui des paroles, mais aussi un certain silence intérieur, où les listes de courses, le bricolage, où les soucis du travail n’ont plus leur place. Vous avez droit à ce silence, où cette paix du cœur, où Dieu vient vous rejoindre.

    Nous y avoir droit : voilà un maître mot. Dès lors, il faudra le protéger, parce que ce silence n’a pas bonne presse dans un monde où le bruit, au sens propre comme au sens figuré règne en maître. Sacré concurrent à Dieu, que ce bruit omniprésent. Concurrent coriace et indolore. Concurrent sournois et efficace. Oui, nous avons droit à ce silence, dans nos maisons, dans nos liturgies, dans nos voitures,…

    Si nous y avons droit, ce sera également un devoir. Rien ne se fait sans silence : un certain retrait, une certaine silence, une certaine siponibilité. Silence de la langue (hé oui !), silence de l’activité naturelle et légitime par ailleurs (attention à l’activisme, aux distractions qui ne construisent pas, à la frénésie des yeux ou des oreilles…), silence intérieur (des pensées, des facultés). Bref c’est un devoir pour nous d’être en silence, seul avec le Seul, comme dit la Bse Elisabeth de la Trinité.

    Pour Élisabeth, afin de pouvoir vivre avec Dieu une ascèse du silence est nécessaire : en effet tous les bruits extérieurs ou intérieurs (l’imagination, la sensibilité ou l’intellectualisme) sont autant d’obstacles à la présence de Dieu « Si mes désirs, mes craintes, mes joies, mes douleurs, si tous les mouvements provenant de ces quatre puissances ne sont pas parfaitement ordonnés à Dieu, je ne serais pas solitaire : il y aura du bruit en moi » (dernière retraite, 10ème jour).

    Il est tranquille, lui qui tranquilise tout, c’est au autre bourguignon, St Bernard, qui l’affirme. Dans le silence, il apaise tout, il habite de sa présence. C’est une promesse, à nous de la saisir.

  • Le Royaume des cieux est comparable à...

    400-COLVA-BEACH-Peche-au-filet.jpgLe Royaume des cieux est comparable… A trois reprises dans l’Evangile de ce jour, le Christ esquisse le tableau du Royaume des cieux.  Un trésor caché pour lequel on vend tout pour l’acquérir ; un négociant qui vend tout ce qu’il a pour acheter la perle ; un filet jeté et qui ramène toutes sortes de poissons qui sont ensuite triés.

    Mais d’autres images sont également sollicitées : un minuscule grain de moutarde semé qui devient une grande plante potagère ; du levain enfoui dans la farine qui fait tout lever.

    Le Christ vient nous enseigner sur la réalité du Royaume. Royaume qui n’est pas de ce monde, faut-il le rappeler ? Royaume qui n’est ni un régime politique de ce monde, ni un lieu précis de ce monde. Mais Royaume que nous approchons avec des mots, des images de ce monde. C’est déroutant, mais c’est ainsi. Essayons de comprendre.

    Je retiens 3 couleurs de ce Royaume.

    Le Royaume est caché. Il est discret aux yeux des hommes. De l’intérieur, il pousse, il grandit. C’est le règne de l’intériorité. C’est le règne d’une relation simple et humble avec le Père. Cette couleur, c’est celle du Fils qui n’a ni beauté, ni éclat. C’est le Très bas de Bethléem, grain de blé jeté en terre, qui mourra pour porter beaucoup de fruit.  Un royaume caché : voilà bien ce qui a été si difficile à entendre des apôtres. Voilà qui reste difficile pour nous qui

    Le Royaume est à chercher, à désirer, à poursuivre, au point de tout vendre pour le posséder, pour l’acquérir. Il ne s’impose pas. Il s’agit de s’investir personnellement pour le chercher. Remarquez bien que s’il s’agit de le chercher, c’est que nous ne le possédons pas encore. La prière du Notre Père nous le rappelle : que ton règne vienne. Qu’il vienne donc, du haut du ciel ou du fond du silence de la prière. Il vient, extérieur à nous. Le Christ a beau dire que le Royaume de Dieu est là au milieu de nous, cela est vrai parce qu’il parle de lui-même. Le Christ est là au milieu de nous, mais il s’agit de le chercher, sans penser trop vite l’avoir trouvé. Le Christ ne se donne qu’à ceux qui le cherche, le désire, Lui, et Lui seul. Saint Philippe avait une maxime désormais célèbre : Celui qui désire autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il désire.

    Le Royaume est généreux et exigeant. Comme un filet, il accueille (plus qu’il ne ramasse) tous les hommes. Ceux de toutes langues, ceux de toutes cultures, ceux de tous les temps. Il les pèche. C'est-à-dire qu’il les fait sortir de leur milieu ambiant pour les faire vivre dans un autre milieu. Quand vous sortez un poisson de l’eau, vous le faites mourir. Le Royaume des cieux, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Pour tous, c’est une œuvre de salut, donc de mort et de vie. De mort d’abord, de vie ensuite. J’en veux pour preuve qu’il a choisit des pêcheurs pour faire cette œuvre de salut en son nom. Le royaume est généreux et exigeant. Généreux, parce qu’il est promis gracieusement et gratuitement à tous, à chacun, tels que nous sommes. Exigeant, parce qu’il va nous tirer vers cette vie que nous ne soupçonnons qu’à peine. Vie de grâce, vie de communion avec Lui, vie de communion avec les autres. Généreux, mais exigeant ? Ne nous piégeons pas. Généreux, parce que exigeant. Et l’exigence va jusqu’au bout, parce qu’au soir de notre vie nous serons jugés. Un tri s’opèrera comme sur le rivage, entre ce qui est bon, et ce qui ne vaut rien.

    Ce Royaume, c’est le Christ, caché, à chercher. Le Christ bon, généreux, mais exigeant. Il est le Maître du Royaume à venir. Au cœur de cet été, nous pourrions prendre le temps, cette semaine, cette après-midi pour lui consacrer un peu de temps.

  • Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit

    la-trinite.jpgChers amis, c’est bien ce nom du Dieu Trinité qui a été invoqué au début de notre célébration. La fête de la Sainte Trinité que nous célébrons aujourd’hui pourrait nous paraître théorique et abstraite. Spirituelle certes, mais trop élevée pour rejoindre le concret de nos existences affrontées aux réalités de la vie et de son actualité… Mais est-ce bien cela ?

    J’ai souvenir d’un théologien orthodoxe qui disait : notre doctrine sociale, c’est la Trinité. C’est à dire que ce n’est qu’à partir de Dieu, grâce à Lui et en Lui, que nous pourrons trouver ou plutôt recevoir ensemble une réponse à toutes les grandes questions de la vie. Comment se regarder en frères si on ne se reconnaît pas un même Père ? Comment se dire enfants de Dieu sinon dans le partage de la Vie de Celui qui est son Fils unique ? Et comment vivre en amis, sinon en découvrant qu’habite en nous le même Esprit ?

    La solennité de ce jour veut concentrer notre regard intérieur sur une question : quel donc est Dieu ? Qui donc est ce Dieu qui se révèle dans l’histoire ? Qui donc est se révèle Créateur du monde, Rédempteur de l’homme, Sanctificateur de nos vies ? Un Père qui donne un Fils. Un Fils qui montre le Père. Un Esprit, du Père et du Fils, qui nous entraîne vers le Père ? Celui qui à qui on peut donner tout parce qu’il vaut plus que tout ? Chers amis, ce Dieu, c’est notre Dieu. Le vrai Dieu. Celui qui a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique afin que quiconque croie en lui ne périsse pas mais obtienne, dans l’Esprit, la vie éternelle. Il est Un et Trine à la fois, parce qu’il est tout entier contenu, exprimé, offert dans le mystère de la sainte Trinité.

    L’énigme semble s’épaissir : comment donc, et pourquoi donc faut-il que Dieu soit Trine puisqu’il est Un ? Et qu’il soit unique puisqu’ils sont trois ? Il faut comprendre que le dogme de la Trinité découle en droite ligne du dogme de l’amour. Si Dieu est Dieu, il est amour, comme l’exprime la première lecture. L’amour en sa perfection, sa totalité, sa plénitude, l’amour qui se donne entièrement et qui se reçoit entièrement. Si Dieu est amour, il ne saurait donc être solitaire, isolé, reclus sur lui-même. Quel triste Dieu ce serait ! Mais si Dieu est Dieu, il est aussi et nécessairement unique. Il ne peut y avoir plusieurs dieux, distincts, dispersés, rivaux. Quelles petites divinités ce seraient ! Non, Dieu est amour, parce qu’en Lui, l’amour circule, dialogue et communie, partage et rassemble. Il rayonne et concentre. Au nom même de l’amour, nécessaire, et de l’unicité, obligée, on peut comprendre que Dieu est Un et Trine, tout à la fois.

    Mais faisons encore un pas en avant. Que peut-on dire de l’unité quand elle est forte et des diversités quand elles sont vraies ? Un lien mystérieux les relie, distinctement, et les réunit, ensemble. Il n’y a pas d’unité authentique et solide sans des diversités bien typées et clairement marquées. L’unité n’est pas le fait d’un "monobloc" mais d’une communion de réalités distinctes. Inversement, il n’y a pas de diversités fécondes et belles sans une ferme unité qui les rassemble. Les bonnes diversités sont celles qui s’acceptent dans la complémentarité. On ne doit jamais oublier cela dans une famille, un foyer, une communauté, une amitié. En Dieu, il y a donc, et de manière idéale, et une parfaite unité, et de parfaites diversités. Comme dit le Concile de Tolède (675), « celui qui est le Fils n’est pas le Père. Celui qui est le Père n’est pas le Fils. Ni le Saint Esprit n’est celui qui est le Père ou le Fils. » Mais à tous trois ils sont un seul et même Dieu.

    Avançons encore un peu. Que faut-il faire, que faut-il vivre, que faut-il être pour aimer en vérité ? Il faut être d’abord, chacun, pleinement soi-même. Pour aimer véritablement l’autre, il faut avoir une réelle personnalité, bien typée, bien mûrie, épanouie. Mais plus on aime aussi, plus on est unis. On découvre alors ce merveilleux paradoxe que plus on est unis ensemble plus on s’enrichit personnellement. Et l’on monte ainsi d’unité de plus en plus parfaite en personnalisations de mieux en mieux affermies. Au sommet de cette ascension d’amour, que voyons-nous ? Dieu ! - Dieu dans sa perfection admirablement Trine et totalement Un. C’est comme trois flammes se réunissant un une seule.

    Nous rejoignons alors ce que Jésus, en termes aussi simples que forts, a bien voulu nous révéler de ce Dieu que nous n’avons jamais vu, mais que lui nous a fait connaître. Dieu est Père en effet, c’est-à-dire amour premier, communiqué, donné. Le Père et moi nous sommes un. Dieu est Fils, c’est-à-dire amour reçu, accueilli, rendu. Nul ne connaît le Fils sinon le Père, comme nul ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. Dieu est Esprit, c’est-à-dire amour partagé, comblant, réjouissant, parfait.

    Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Nous avons été baptisés dans ce nom-ci. Vivons pleinement dans la communion de ce Dieu. Voici ma prière : que vos couples, nos familles, nos amitiés, nos communautés quelles qu’elles soient puissent vivre, rayonner de cet amour trinitaire, de cet amour donné, reçu, partagé. 

  • « Je suis le chemin, la vérité et la vie »

    Vosges-224--600x450-.jpgNous connaissons bien cette affirmation du Christ. Elle nous est tour à tour évidente, ou intrigante. Evidente, parce que lumineuse. Intrigante, parce que difficile à comprendre au regard de notre culture contemporaine. Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que ce chemin ? Chemin vers quoi ?

    Cette affirmation suppose pour nous d’être des nomades, des pèlerins. Notre vie humaine est déjà un chemin. Chemin de lente maturité, de lente autonomie. Chemin d’une vie qui se déploie et grandit. Chemin où nous cheminons, aisément ou difficilement, seul ou avec des compagnons de route. Chemin qui nous fait avancer dans la vie, de la naissance, vers notre patrie.

    La foi est également un chemin. Abraham, le père des croyants, est précisément un nomade. « Pars, quitte ton pays et la maison de ton père et va vers le pays que je t’indiquerai ». Cette condition de pèlerin dans la foi est renforcée par le fait que Dieu lui promet une terre qu’il verra mais dont il ne profitera jamais, où il n’arrivera pas. Le plus important est le route, le chemin. La patrie, ce sera autre chose. Dieu met en route, et la promesse est le moteur de cette route, ce qui met le pèlerin en mouvement dans ce chemin de foi.

    Mais qu’el est pour nous le chemin de la foi ? C’est celui tracé et ouvert par le Fils lui-même. Il est le chemin vers le Père. Notre condition de croyants est celle d’enfants du Père, disciples du Fils et temple de l’Esprit. Nous voici en route vers le Père dans le lent pèlerinage de notre vie de fils et de filles de Dieu. En route ! En route vers le Père. En route vers la vie d’union en Lui et avec Lui. En route ! C’est le sens du mot heureux qui ouvrent les 8 béatitudes. Il n’y a rien de statique, au contraire, c’est une mise en mouvement dynamique !

    Ce chemin, c’est celui du Père, avec le Fils comme compagnon et avec l’Esprit comme guide intérieur. L’icône si connue de la trinité de Roublev nous montre ces 3 personnages autour d’une table, semblant comme attendre le 4ème, le croyant invité à la table trinitaire. Cela, c’est la patrie, c’est le terme du pèlerinage. Pour l’heure, n’anticipons pas, nous voici lancé sur ce chemin.

    Or, le Christ se présente comme le chemin. Celui qui nous achemine et celui qu’il faut emprunter. Celui qui nous amènera auprès du Père, et celui qu’il faut suivre jour après- jour. Mais pour bien comprendre cela, il faut ajouter quelque chose d’essentiel. Jésus est le chemin, parce qu’il est le Chemin que Dieu prend pour nous rejoindre.

    Toute l’histoire de la révélation nous montre Dieu en chemin vers l’humanité. Dieu vient vers l’homme. Quelle merveille, et surtout quelle miséricorde de sa part ! Il crée par amour. Il se révèle, Il sauve, Il donne des rois, des prophètes, un Temple, un culte. Et au sommet de cette intervention, de ce lent cheminement vers les hommes, Il donne son Fils. Le Fils est le chemin que Dieu prend pour nous rejoindre. Chemin discret et pauvre. Chemin éprouvant, puisqu’il s’humilie lui-même jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Mais chemin de vie qui triomphe, c’est bien ce que nous fêtons en ce temps pascal. Chemin où la divinité vient s’associer une humanité en désarroi et sans guide. Dieu prend part à notre humanité, pour que nous participions de sa divinité.

    Jésus est le chemin que le Père prend pour nous parler et nous sauver. Le chemin et pas un chemin. Le chemin, parce qu’il parle au nom du Père, il agit au nom du Père. En lui culmine la promesse de Dieu faite à Israël et à toute l’humanité. Et l’on comprend mieux pourquoi il est le chemin, et non un chemin qui nous conduit vers le Père. Je suis littéralement fasciné par le fait que Jésus est sans cesse en chemin dans l’Evangile. Ca commence avec le départ en hâte de Marie de Nazareth pour la Judée chez sa cousine. Ensuite de Palestine en Egypte. Mais surtout, en chemin en Galilée, vers Jérusalem. La Parole prend les chemins des hommes pour aller jusqu’au plus intime des êtres. Elle a son chemin à faire dans des cœurs sédentaires, fermés et mais quelquefois sclérosés.  

    En Jésus, les deux chemins se croisent. Chemin de Dieu vers nous. Chemin de nous vers le Père. Cette Parole nous met en chemin à sa suite, si nous le voulons. Et surtout elle nous met en route, si nous ne posons pas de condition. Si nous acceptons de ne pas préjuger et encore moins mettre la main sur le terme du chemin. Il s’agit de se laisser faire par la route et le pèlerinage.

    Que l’Esprit Saint, guide et boussole intérieur nous y aide. Que tous les saints nous soient des compagnons amicaux et délicaux à notre égards. Amen.