UA-63987420-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Homélies - Page 50

  • Toussaint

    blessed2.jpg

    « Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? » demandet le psaume 23, chanté à la messe du jour de la Toussaint.

    Chers amis, je nous invite à entrer dans la fête de ce jour avec l'image de cette montagne du Seigneur, où les saints nous entraînent. Montagne qu'il nous est proposé de gravir. Montagne où le Seigneur nous y enseigne. Allons donc : gravissons en ce jour les pentes douces et fleuries du mont des Béatitudes pour y goûter la présence du Seigneur. Mettons-nous assis dans ce cadre enchanteur et si représentatif de la douceur évangélique, écoutant le Maître pour y recevoir la Loi nouvelle qu'Il veut nous donner : la sainteté de Dieu nous est ouverte ; elle nous est proposée non seulement comme un itinéraire de sanctification, mais également comme la patrie dans laquelle il nous attend.

    Hâtons le pas, comme dira la préface de cette fête et montons la montagne du Seigneur en empruntant l'un de ses huit sentiers, l'une de ses huit béatitudes. Elles sont le chemin le plus sûr pour être ainsi associés à la gloire du Seigneur, pour contempler son visage et être semblable à Lui, comme le dit l'apôtre Jean dans la seconde lecture. En plus, elles ont été empruntées avant nous par les saints connus ou inconnus qui nous précèdent et nous accompagnent dans cette sainte randonnée.

    Avec François d'Assise, qui a épousé Dame pauvreté, compagnon pauvre du Christ pauvre, avec tous les saints remplis du désir seul d'appartenir au Christ comme Benoit-Joseph Labre ou Thérèse de Lisieux empruntons la voie royale de la pauvreté du cœur. Elle nous donnera sûrement la possession du Royaume des Cieux. Mais n'est-ce pas la vocation même de la sainteté ?

    Avec Bernard ou avec François de Sales, un colérique adouci et devenu apôtre de la douceur de Dieu, empruntons cette voie simple et discrète. Elle nous obtiendra la terre promise, la montagne du Seigneur.

    Avec Marie-Madeleine, Catherine de Sienne, blessées d'amour au point de pleurer parce l'amour n'est pas aimé, empruntant le sentier ardu de la sollicitude et  de l'affliction, de cette tendresse qui nous fera recevoir la consolation de Dieu.

    Avec Vincent de Paul, Frédéric Ozanam ou Mère Téresa, apôtres de la justice de Dieu, apôtres d'une charité dont le Christ a soif, soyons affamé et assoiffé de ce chemin exigeant et éreintant de la justice. Dieu lui-même se donnera à nous en nourriture.

    Avec Marie, la demeure même de Dieu, avec Philippe Néri, tabernacle de l'Esprit-Saint, avec tous ceux connus de Dieu seul dont le cœur est devenu la demeure du Très-Haut, empruntons la voie de la pureté du cœur. Nous verrons Dieu.

    Avec St Louis, avec le Karl Leisner ou Maria Goretti, qui sont devenus, chacun à sa manière, des pacificateurs au milieu d'un monde qui ne l'était pas plus que le nôtre, devenons des artisans de paix pour être appelés vraiment des fils de Dieu.

    Avec Jeanne d'Arc, avec Padre Pio, avec les apôtres et tous ceux qui ont souffert pour la cause de l'Evangile, accueillons la voie raide et sévère de la persécution pour la justice, douloureusement sans doute, mais tout aussi royalement, elle nous donnera la possession du Royaume des Cieux.

    Avec tous les saints martyrs, avec tous les saints apôtres, les saints pères, les docteurs, les évêques, les prêtres, les couples, les consacrés, les saints artisans, commerçants ou éducateurs, avec tous ceux connus de Dieu seuls, avec les saints Innocents morts avant d'être nés, avec tous ceux qui connaissent l'épreuve de l'insulte ou de la persécution dans tous les pays du monde, avec les saints de nos familles et ceux qui nous sont le plus proche, empruntons la voie de la sainteté rude et belle, éprouvante et joyeuse. Réjouissons-nous car notre récompense sera grande sur cette montagne où Dieu nous attend.

    Pressons notre marche à la suite et à l'invitation de ceux qui nous précèdent et qui nous attendent. Tous les saints du ciel nous attendent comme cette fresque de Fra Angelico. Ils nous invitent à leur suite et nous resterions tièdes, demande saint Bernard ? Ils nous aideront à gravir la montagne du Seigneur. Et ils nous y aideront d'une manière qui leur corresponde : l'amour nous conduira à l'amour. L'amitié qui anime cette sainte randonnée saura bien nous introduire à cette communion profonde, à cette danse des saints. En nous y introduisant, cette charité qui brûle dans le cœur des saints nous obtiendra de désirer le ciel et, si Dieu le veut, d'y parvenir. Chers amis, hâtons le pas, il est temps de nous mettre en marche !

     

  • 29 septembre

    les_saints_archanges_1fs.jpgHomélie de Saint Grégoire le Grand sur les noms des anges

    "Il faut savoir que le nom d'anges désigne leur fonction, et non leur nature. Car ces esprits bienheureux de la patrie céleste sont bien toujours des esprits, mais on ne peut les appeler toujours des "anges", parce qu'ils ne sont des anges que lorsqu'ils portent un message. On appelle "anges" ceux qui portent les messages moins importants et "archanges" ceux qui annoncent les plus grands événements.

    C'est pourquoi l'archange Gabriel fut envoyé à la Vierge Marie, et non pas un ange quelconque : pour ce ministère, il s'imposait d'envoyer un ange du plus haut rang annoncer le plus haut de tous les événements. En outre, certains d'entre eux sont désignés par un nom propre, afin de signifier par les mots la nature de leur action. En effet, ce n'est pas dans la sainte cité, où la vision de Dieu tout-puissant confère une connaissance parfaite, qu'ils reçoivent leurs noms particuliers, comme si, sans l'aide de ces noms, on n'avait pas pu connaître leurs personnes. C'est lorsqu'ils viennent vers nous pour exercer un ministère qu'ils reçoivent chez nous des noms tirés de leur fonction.

    C'est ainsi que Michel veut dire : "Qui est comme Dieu ?", Gabriel "Force de Dieu", Raphaël "Dieu guérit".Chaque fois qu'il est besoin d'un déploiement de force extraordinaire, c'est Michel qui est envoyé : son action et son nom font comprendre que nul ne peut faire ce qu'il appartient à Dieu seul de faire. L'antique ennemi, qui a désiré par orgueil être semblable à Dieu, disait : "J'escaladerai les cieux, par-dessus les étoiles du ciel j'érigerai mon trône, je ressemblerai au Très-Haut". Or, l'Apocalypse nous dit qu'à la fin du monde, lorsqu'il sera laissé à sa propre force, avant d'être éliminé par le supplice final, il devra combattre contre l'archange Michel : "Il y eut un combat contre l'archange Michel. A la Vierge Marie, c'est Gabriel qui est envoyé, dont le nom signifie "Force de Dieu" : ne venait-il pas annoncer celui qui voulut se manifester dans une humble condition pour triompher des puissances démoniaques ? C'est donc par la "Force de Dieu" qu'il devait être annoncé, celui qui venait comme le Dieu des armées, le vaillant des combats. Raphaël, comme nous l'avons dit, se traduit : "Dieu guérit". En effet, il délivra des ténèbres les yeux de Tobie lorsqu'il les toucha comme pour remplir l'office des soignants. Celui qui fut envoyé pour soigner est bien digne d'être appelé "Dieu guérit".

  • Le don et le donateur

    mains.jpg« Alors vous vivrez, vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères »

    Vous n'avez peut-être pas fait attention à cette phrase de la première lecture. Ce n'est que la première lecture, elle annonce un thème qui sera développé dans l'Evangile. Alors nous attendrons paisiblement l'Evangile et l'homélie intelligente que va nous faire le prédicateur du jour.

    Invitation au voyage : le peuple hébreu avait quitté l'Egypte, il avait erré 39 ans dans le désert et voilà que la dernière année, il se prépare enfin à entrer en Terre promise. Le moment est solennel : il est rapporté dans les premiers chapitres du Deutéronome. Lui qui ne sait pas parler, Moïse prononce un grand discours. Que leur dit-il : souvenez-vous ! Souvenez de ce que Dieu a fait pour vous. Souvenez-vous de l'itinéraire ! Souvenez-vous de l'eau donnée dans le désert, de la manne et des cailles qui vous ont nourris quand vous aviez faim et que vous vous êtes plaint ! Souvenez-vous des peuples que vous avez rencontrés sur votre route et Dieu dont vous a protégés ou contre lequel il a permis votre victoire. Souvenez-vous, souvenez-vous en donc au moment où vous allez enfin entrer en terre promise !

    Autrement dit : souvenez-vous donc de Dieu à travers ce qu'il a fait pour vous. Souvenez de la main qui donne et pas seulement de ce qu'elle a donné ! L'avertissement est solennel. Il peut paraître évident, mais remarquez bien qu'il n'est pas complètement déplacé. C'est que l'expérience de gouvernement de Moïse parlera aux parents ou aux éducateurs que vous êtes : il sait qu'éduquer, c'est répéter !

    On se répète: Souvenez-vous de Dieu et de tout ce qu'il a fait pour vous ! Activez puissamment votre mémoire spirituelle, au moment même où vous allez enfin être les destinataires de tout ce qu'il veut vous donner. La tendance, pour ne pas dire la tentation, est grande de ne retenir que les dons, au détriment du donateur.

    Il ne faut pas croire que cela soit plus facile pour le peuple d'Israël, que pour les disciples du Christ. Il suffit de se souvenir de leur réaction après la multiplication des pains, ou même après la résurrection ("vas-tu rétablir maintenant la royauté en Israël ?").

    Pourtant, il y a un autre aspect plus délicat qui rend cette distinction entre les dons et le donateur difficile.

    L'expérience d'Israël est l'expérience d'un Dieu qui s'est fait proche, au point d'intervenir quand le peuple a crié vers lui. Il a donné le salut. Il a donné la libération d'Egypte. Il a donné la terre. Quand il donne, Dieu manifeste ce qu'il est : tendre et compatissant, miséricordieux. Les dons de Dieu témoignent de ce qu'il est. Les dons sont donnés pour parler de Dieu. Il est prodigue.

    Mais il y a plus. Les dons sont indissociables du donateur. Dieu donne et il se donne. La révélation qu'il fait de sa Loi n'est peut-être qu'une étape dans sa pédagogie d'éducation du peuple hébreu. Il n'empêche, que c'est une révélation de ce qu'il est : saint. D'où l'avertissement : "soyez saints, comme je suis saint". Il donne la Loi, qui sort de lui comme un éclat de sa sainteté.

    Evidemment, cette identité entre les dons et le donateur éclate dans la personne du Fils. Dieu donne et se donne. Il donne son amour et il se donne par amour. C'est vrai dans l'Eucharistie que nous allons recevoir dans un instant. Ce n'est pas moins vrai dans la Parole méditée et célébrée en cet instant. Dieu donne ses dons et il se donne dans ses dons. C'est la modalité profonde de l'alliance qu'il établit pour nous.

    Il faut en tirer une conclusion : Dieu n'a cessé de se donner à nous à travers tout ce qu'il nous a donné jusqu'à ce jour. La vie reçue, l'amour de nos parents, l'affection de nos proches, les talents reçus et entretenus, je laisse à chacun le soin de compléter cette liste, je ne voudrais pas être indiscret. Bref, dans tout ce que nous avons reçu, Dieu s'est donné à nous.

    Entrons donc en toute confiance dans cette relation d'alliance où nous nous les destinataires de cette donation de Dieu. Demandons pardon pour notre manière maladroite de donner, en reprenant ou en refusant de nous donner plus avant. Apprends-nous Seigneur à vivre de tes dons et à nous donner sans mesure, avec une infinie confiance.

     

  • Maître, nous sommes perdus : cela ne te fait rien ?

    11%20ENLUMINURE%20EV%20HILDA%20TEMPETE%20APAISEE%20DARMST.jpgJe ne sais pas si les Bourguignons ont le pied marin, mais les Hébreux, non. Pas seulement pour des raisons de géographie physique : pas de poisson dans la Mer Morte ; un lac de Galilée qui peut être violent à certains moments de la journée ; une Méditerranée incertaine la moitié de l'année. Le psaume s'en faisait l'écho : ils étaient malades à rendre l'âme.

    Pour le peuple biblique, l'eau, la mer sont des éléments inquiétants. Les animaux qui l'habitent sont une manière de parler des monstres spirituels qui l'environnent. Bref, l'eau c'est la mort. Celle qui rôde sournoisement. Celle dont la terre est séparé par la tenture des firmaments, en craignant  non pas que le Ciel vous tombe sur la tête, mais plutôt que les eaux d'en haut ne se déchaîne et engloutisse à nouveau la terre. L'eau, la mer, le vent, la tempête déchaînent cette peur viscérale : nous allons mourir. Elle amènent un doute : cela ne te fait rien ?

    « Nous allons mourir. Cela ne te fait rien ? » Vous avez reconnu cette interpellation violente des apôtres au Christ. Au milieu du lac, le soir étant venu, la barque rencontre cette mini-tempête connue des pécheurs, connue mais violente tout de même. Les vagues la menace, le naufrage est proche. Nous allons mourir et Jésus semble indifférent.

    Nous aurions vite fait, parce que nous connaissons l'issue, de traiter avec un sourire amusé la peur de ces disciples. Les pauvres, ils manquent de foi !  Et pourtant, ils veulent vivre ! Comme le fils prodigue qui crève de faim loin de chez son père, ils expriment un besoin vital : nous voulons vivre ! Nous ne sommes pas faits pour la mort ! De cela, le Seigneur ne peut être indifférent, lui qui a créé l'homme pour la vie. La vie de l'homme c'est la gloire de Dieu, dit saint Irénée.

    Lieu de la mort, l'eau est aussi le lieu d'un déchaînement, d'un chaos et d'un désordre, alors même que Dieu met constamment de l'ordre dans la création. C'est là que la suite prend toute son signification : Jésus se réveille, se dresse. Il parle et commande au vent et à la mer : Silence, tais-toi. Le miracle se fait dans l'instant, comme nous aurions aimé être là. Comme aux jours de la création où Dieu sépare les eaux d'en haut des eaux d'en bas, les eaux de la mer en leur donnant une limite à ne pas franchir ; comme aux jours de Noé, il y commande aux eaux pendant 40 jours, puis les fait s'arrêter ; comme aux jours de Moïse en dressant des murailles d'eaux à gauche et à droite du peuple, en soufflant un violent vent d'est.  Dieu est le maître de la création. Il est puissant et souverain. Il commande et les eaux de la mort lui obéissent. Maître donc. Maître de la vie et de la mort. Regardez même les termes : ils se réveille. Un autre évangéliste, dit qu'il se dresse. Deux verbes très concret qui sont deux images de la résurrection pour une langue qui ne connaît pas cette réalité. Dans cette barque, il y a déjà le Ressuscité du matin de Pâques qui est vainqueur et manifeste la victoire sur tout mort. Non il n'est pas indifférent. Comme dit le psaume, il ne dort pas, ne sommeille pas le gardien d'Israël

    Pourtant, reste une question : Jésus dort dans la barque. Saint Augustin a une homélie qui s'interroge fortement sur cette réalité : pourquoi Jésus dort-il à ce moment dramatique où tout semble engloutir le disciple.  Jésus dort en toi, parce que tu ne l'as pas réveillé. Jésus dort en toi au moment où les assauts de la mort et du péché t'assaille, parce que tu ne l'a pas réveillé. Tu n'as pas encore crié vers lui ; tu ne lui a pas encore laissé la possibilité de dominer en toi sur ces forces de la mort et du péché.

    Réveille-le et écoute sa parole, comme les vents et la mer l'écoute et lui obéissent parce qu'il est le Maître. Réveille le en rappelant son souvenir, le souvenir de ses paroles et de ses actions. Souviens-toi de lui et pense à lui, insiste saint Augustin.

    Les barques de nos existences nous font aborder des mers plus ou moins changeantes, plus ou moins rassurantes, plus ou moins dangereuses. C'est une évidence. Les tempêtes extérieures sont là. Elles ne sont pas moins violentes que nos tempêtes intérieures. Il n'est pas indifférent de découvrir que, quoi qu'il arrive, Dieu est présent. Il est là, au fond de la barque, ne violentant pas notre liberté. Dieu est là et je ne le savais pas, dit Jacob que sortir de son songe. J'avais même oublié que sa simple présence pouvait être une douce consolation. Du Seigneur, nous attendrons aisément de lui qu'il domine la mort, le mal et les tempêtes qui semblent nous engloutir. Si ce n'est pas le cas, nous nous réjouirons déjà qu'il soit présent avec nous, au fond de la barque. Il est avec nous, le Seigneur de l'univers.

     

  • Un soldat lui perça le côté et il en sortit de l’eau et du sang

    franckechristus.jpgAvec cet Evangile (Jn 19, 31-37), nous sommes avec Jésus en Croix et ce côté ouvert dans le geste prophétique de ce soldat. Un homme en croix. Des mains cloués. Celles-là même qui avaient guéri les malades, consolé les affligés, multiplié les pains. Des pieds réduits à l'inactivité. Ceux-là même qui avaient marché sur les eaux, qui avaient parcouru les villages de Galilée, les routes de Samarie, les rues de Jérusalem. Une bouche muette : celle qui avait enseigné, expulsé des démons, pardonné les péchés. L'homme en croix est désespérément immobile, apparemment inactif. Une oreille attentive a entendu qu'il remettait sa vie entre les mains du Père. L'instant d'après, il est mort. Le coeur s'est arrêté de battre. C'est fini : tout est accompli.

    Puis, une source ouverte par ce coup de lance anonyme. De l'eau et du sang coule de son côté. Déjà 6 siècles auparavant, le prophète Ezéchiel avait vu une source couler du côté droit du Temple, une source grandissante au point de couler vers la Mer Morte et en assainir les eaux. Ce soir, la voici la vraie source qui coule, enfle, purifie les eaux mortes et donne nourriture et remède. De son sein jailliront des fleuves d'eau vive, avait prévenu saint Jean.

    La tradition de ceux qui nous ont précédés, les Pères de l'Eglise, y ont reconnu l'Eglise qui naît de ce côté ouvert comme Eve du côté d'Adam. Ils y ont vu le jaillissement de la vie que donnent les sacrements. L'eau et le sang. L'eau qui lave et purifie. Le sang qui vivifie et nourrit. Le baptême et l'Eucharistie.

    De fait, par la vie de l'Eglise, par l'énergie des sacrements, cette vie coule et continue de couler jusqu'à nous, jusqu'à ce soir. La fête du Sacré-Cœur vient nous montrer ce mystère de notre foi : l'évènement vient à nous ; Dieu ne cesse de déployer pour nous le fleuve de sa miséricorde. Je lui parlerai cœur à cœur, avait annoncé le prophète Osée. Ce soir, notre action de grâce, qui que nous sommes, est grande pour cela : le cœur de Jésus est ouvert ; il veut se déverser dans le nôtre pour y laisser couler sa vie et son amour. Une source est ouverte et part de son cœur pour atteindre le mien, à condition qu'il trouve une brèche, une blessure pour l'irriguer.

    Une source est ouverte qui veut nous rejoindre chacun. En cet instant, je pense à l'ensemble des sacrements par lesquels ce cœur veut toucher notre cœur.  Parmi ces sacrements le baptême est la porte, l'Eucharistie la source et le sommet. Et le sacrement de l'ordre ? Celui par lequel aujourd'hui, ici encore, le Christ rend présent sa vie. Avec vous, nous recevons cette vie, mais également pour vous, nous en sommes les ministres, les intendants, les gérants de cette source.

    En ce 19 juin,  4 intendants des mystères de Dieu rendent grâce pour le don du sacerdoce qui leur a été fait il y a dix ans. Il y a dix ans, dans le cœur de ces quatre hommes, configurés au Christ, une source a été ouverte, celle d'où s'écoule au nom même du Christ Tête et Pasteur, la vie de Dieu pour vous.

    Il n'est pas banal que ce soir nous rendions grâce pour le don du sacerdoce en cette fête du Sacré-Cœur de Jésus, jour d'ouverture de l'année sacerdotale pour toute l'Eglise. Le curé d'Ars est donné comme figure de père à tous les prêtres. Une de ses phrases célèbres est justement : « Le sacerdoce, c'est l'amour du cœur de Jésus ». Tout prêtre est un pasteur selon le cœur de Dieu, tout prêtre est précisément un don de la miséricorde divine qui actualise, rend présente la vie que Dieu veut pour tous. Par le sacerdoce, le pain de Dieu n'est jamais plus loin que la bouche du prêtre qui le consacre et la main qui le donne. Le pardon de Dieu n'est pas plus loin que l'oreille du prêtre qui reçoit les péchés et ses paroles qui pardonnent. « Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre (...) C'est le prêtre qui continue l'œuvre de rédemption sur la terre. A quoi servirait une maison remplie d'or, si vous n'aviez personne pour ouvrir la porte. C'est lui qui ouvre la porte, il est l'économe du bon Dieu, l'administrateur de ses biens... Le prêtre n'est pas prêtre pour lui, il est pour vous »

    Dieu ouvre des sources pour vous. Nous rendons grâce ce soir pour cette source qui a été ouverte en nous, pour tous ceux qui sont venus y boire. Nous rendons grâce pour tout le bien que qu'il nous a été donné de faire et que nous n'avons pas vu. Nous demandons pardon également pour être des intendants quelquefois négligents, tièdes, impatients. Il nous arrive d'être comme l'âne de la fable de La Fontaine. Transportant des reliques, il se flatte que les honneurs lui soient rendus.

    Dieu ouvre des sources dans des cœurs de prêtres et veut continuer à en ouvrir. Dieu le veut en toi. Il le veut pour toi et pour le bien que tu feras en te mettant complètement à son service. Il te fait confiance. Laisse ton cœur être touché par le cœur de Jésus.