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Homélies - Page 49

  • Il prit avec courage la route de Jérusalem

    Après les miracles qui guérissent les corps, après les enseignements qui enflamment les cœurs, après les foules qui le suivent en Galilée et dans toute la région, voici une nouvelle étape dans l’Evangile. Jésus monte à Jérusalem. Avec noblesse, avec détermination, peut-être avec gravité, il prend résolution le chemin de Jérusalem. C’est le chemin de la Croix, celui de la Passion et de la Résurrection. Il le sait. Il le prend. N’avait-il pas dit que pour le suivre il fallait renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre ?

    Jésus prend avec courage la route de Jérusalem. Littéralement, il durcit sa face. C'est-à-dire qu’avec détermination, il consent et emprunte ce chemin, et ce sans regarder en arrière. L’enseignement arrive tout de suite. Vous avez entendu chacun de ses trois hommes présenter des objections légitimes à cette suit du Christ.

    Le premier, le téméraire, confesse généreusement qu’il ira partout où Jésus ira. Les disciples n’en diront-ils pas autant à la Passion. Le Christ prévient : Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête, tout au plus le linteau d’une Croix, où la pierre d’un tombeau. Partout où il ira ? En est-il encore sûr cet homme téméraire ?

    Le deuxième, l’hésitant, veut remplir son devoir de fils en honorant la sépulture de son père. Tobie n’en faisait-il pas autant quand il enterrait les morts au risque même de sa réputation et de sa propre vie ? Pourtant, l’urgence est posée. Laisse les morts enterrer leurs morts. C’est la vie du règne de Dieu qui urge. La vie des pécheurs qui attendent un pardon, la vie des malades qui attendent une guérison, la vie des possédés qui espèrent une délivrance. Bref, la vie de tous ceux qui attendent le salut.

    Le troisième, l’indécis, demande un peut de temps pour embrasser les siens. Elisée n’en a-t-il pas fait autant, exerçant la patience d’Elie, qu’il a rejoint ensuite. Et la remarque tombe, cinglante : Celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. Dieu l’avait dit à Lot et sa famille qui fuyait Sodome. Sa femme a été changée en statue de sel pour avoir désobéi à l’ordre divin. Les Hébreux eux-mêmes ont connu cette tentation au désert.

    Alors, comment comprendre cette exigence radicale que pose le Seigneur Jésus, au long de ce chapitre 9 ? Exigence de le suivre sans condition, sans préalable, dans une obéissance, une pauvreté et une disponibilité sans réserve, ni retour sur soi ?

    Après tout, ceux qui, dans l’Eglise, vivent une vie consacrée ne sont-ils pas les premiers et les seuls concernés ? Les vœux qu’ils prononcent ne réalisent-ils pas cette radicalité de la condition du disciple par excellence, celle du Christ lui-même ? Qu’ils vivent cette exigence au milieu de nous. Qu’ils en témoignent, et cela rayonnera dans l’Eglise.

    Non, non. Il n’est pas possible que cet Evangile nous laisse indemnes, qui que nous soyons. Il n’est pas possible que cet Evangile ne nous altère pas un peu.

    Il y a de ce premier téméraire en nous, qui veut bien suivre Jésus, mais qui rebroussera chemin dès que cela ne sera plus confortable, dès que cette suite suppose une conversion : aller où Jésus veut nous emmener. Quand tu seras vieux,…

    Il y a en nous quelque chose de ce second, qui dit oui et qui dit non, qui ne voit pas l’urgence parce qu’il n’entend pas l’imminence de l’appel du Christ à le suivre et à se mettre au service d’une vie plus grande que les petites morts quotidiennes.

    Il y a en nous quelque chose de ce troisième, qui exerce la patience de Dieu, alors que cela urge. Cœur lent et partagé, cœur double et nostalgique, cœur attaché à ce qui est vieux et connu, alors que ce qui est neuf et inconnu lui fait peur.

    Prendras-tu avec courage la route du Christ, sans te soucier du respect humain, même dans ta famille, dans ton groupe d’ami, dans ton milieu professionnel. Prendras-tu avec courage la suite du Christ, qui t’appelle à infiniment plus que tu ne sauras te donner à toi-même ?

  • Un homme, une femme

    pecheresse.jpgUn homme, une femme. Un hôte, une passante. Un pharisien, une pécheresse. Il avait invité Jésus à la table du festin, pensant honorer le Maître de Galilée, le Rabbi qui interprète la Loi de façon si originale. Elle vient honorer son Maître de la seule manière qu’elle peut, en lui offrant sa foi, celle de la pécheresse qui attend le pardon de Dieu.

    Il semble que tout oppose ces deux personnes, contemporains du Christ, héros de la même soirée dans la douceur moite de la maison des hauteurs de Galilée. Les voilà en présence du Christ et c’est comme si cette présence révélait à eux-mêmes le fond de leur cœur.

    D’abord, notre Simon le Pharisien. C’est un juif pieux. Il scrute les écritures. Il se met à l’école des maîtres pour connaître la Loi de Moïse et la mettre en pratique. Les Maîtres pharisiens du 1er siècle ont dénombré jusqu’à 613 commandements. Ils encadrent la vie quotidienne. Ils définissent ce qu’il faut manger, comment le cuisine. Ils définissent les rapports sociaux, les relations entre les hommes et les femmes. Ils concernent les manières de prier, de travailler, de s’habiller, de se déplacer. Bref la Loi est un chemin, une nourriture quotidienne qui donne le chemin du salut, le chemin de Dieu.

    Rude chemin que celui de Simon. Il lui faudra découvrir que la Loi ne donne pas le salut. Tout au plus, Paul, un autre pharisien, lui enseignera (en difficile du Christ et non en maître de la Loi) que la Loi enseigne ce qu’il faut faire mais ne permet pas de le faire. Seule la foi au Christ sauve. C’est ce que découvre la pécheresse. Regardons-la.

    La voici arrivant dans la grande salle, sans se soucier des convenances. Elle se penche, essuie les pieds du Christ avec ses cheveux et son parfum. La foi la pousse. La foi à celui qui peut la pardonner. Parce que si elle est là, dans cette attitude inconvenante, voire scandaleuse, c’est qu’elle attend le salut de Dieu. Son salut, ce sera son pardon. Et le voici, dans une parole : « tes péchés sont pardonnés », et la seconde un peu plus tard : « ta foi t’a sauvé, va en paix ». Ta foi t’a sauvé ! La foi, plutôt que la Loi.

    Alors, vous allez me dire : j’ai tout compris. L’important, c’est l’intention, le cœur que nous mettons dans les actes. Nos œuvres, nos rites, nos formalismes, Dieu ne s’en soucie pas. Cela ne lui apporte rien. Et bien non ! Vous n’avez pas encore compris !

    Ici, il s’agit d’une discussion théologique qui va traîner tout au long du 1er siècle. Seule la foi au Christ sauve. La Loi de Moïse est impuissante à donner le salut : « personne ne devient juste en pratiquant la Loi » ajoute Saint Paul dans la lecture de ce jour. Les Galates, comme d’autres communautés chrétiennes du bassin méditerranéens comportaient beaucoup de judéo-chrétiens. Ces communautés avaient été tentés de réintégrer des éléments de la Loi juive dans les pratiques chrétiennes et à en faire des préalables pour la conversion des chrétiens issus du paganisme, comme la circoncision ou les pratiques alimentaires. Saint Paul aura des mots durs sur ce qu’il estime être une trahison de l’unicité de la foi au Christ pour donner la grâce.

    Une autre discussion aura lieu : la foi ou les œuvres. C’est un autre débat, celui de l’épître de Jacques et surtout de Luther avec les conséquences radicales qu’il en tirera. Finalement, ce qui nous sauve, ce sont nos œuvres ou notre foi ? L’énergie que nous dépensons dans l’activité, caritative ou sociale (dans tous les sens du terme), nos pratiques multiples et variées, ou simplement notre foi exprimée simplement dans la lecture de la Parole ou la prière intime ? Les deux mon général. Ou plutôt les deux en temps qu’elles sont les deux faces d’une même réalité : les œuvres de la foi, la foi qui pousse aux œuvres. Comme un cœur qui vit en permanence ce double mouvement de systole et de diastole.

    Je reviens à cet homme et à cette femme. L’homme écoute la Loi et la met en pratique. La femme aime son Seigneur et attend de lui le pardon. L’amour de la femme accomplit l’écoute et l’attente de la femme, parce que la foi accomplit la Loi. Voilà qui devrait nous suffire. L’amour accomplit l’écoute. Accomplit, et donc n’abolit pas. De quel côté sommes-nous ? De celui de l’homme fidèle à son écoute et à son attente, jusqu’à des détails qui nous paraissent scrupuleux ? Du côté de cette femme qui épanche son amour comme elle avait épanché son péché. Les deux, comme David, ont besoin du pardon de Dieu. Retiendrons-nous Dieu de nous l’accorder ?

  • La Sainte Trinité

    trinite.jpgDevant l'ambon se trouve cette icône que vous connaissez. Elle est écrite par un russe du 13° siècle, saint André Roublev. Il a eu l'audace de vouloir représenter la visite des trois anges à Abraham au chêne de Mambré, pour le monastère de la Sainte Trinité à Zagorsk en Russie.

    Trois personnes, éternellement jeunes. Trois visages qui se ressemblent. Avec beaucoup de grâce, ils sont comme entraînés dans un mouvement de regard. Avec noblesse et retenue, ils semblent communier dans une relation de paix et d'amour. Communion, relation, amour. Tout semble même inscrit dans le cercle que décrit la forme des corps et des vêtements. C'est une image, c'est une icône, c'est une présence.

    Le Père, le Fils et l'Esprit. Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers. Le Père, le Fils, et l'Esprit. Une seule nature, trois personnes. Le risque serait de refuser de comprendre, parce que trop abstrait, trop compliqué, trop mystérieux. Il s'agit plutôt de recevoir.

    Recevoir un mouvement : le Fils qui révèle le Père ; l'Esprit envoyé par le Père et le Fils. L'histoire du salut vient à notre secours pour, très simplement, nous montrer comment le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, s'est révélé aux hommes Ultimement, Il se révèle comme Père, Fils et Esprit. Le Fils ouvre le chemin du Père. Le Père envoie le Fils. Tous deux envoie l'Esprit d'amour et de vérité. Le Maître visible et le Maître invisible. Les deux mains du Père. Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l'Univers.

    Recevoir une communion d'amour : le Père aime le Fils et le Fils aime le Père. Cet amour, c'est l'Esprit. Communion où le Fils est dans le Père et le Père est dans le Fils. Possession réciproque. Amour réciproque. Fécondité réciproque d'où jaillit éternellement l'Esprit d'amour et de vérité. Les premiers versets de la Genèse ne parlent-ils pas de cette communion au moment de la création du couple humain. « Faisons l'homme à notre image... Homme et femme il les créa ». Communion d'amour, dont le couple humaine sera une autre icône.

    Recevoir une invitation. Je reviens à l'icône. La circulation d'amour qui s'opère dans les visages, dans les regards et les mouvements des bras et des mains s'établit autour d'une table où une coupe est dressée. Table à 4 côtés, alors qu'il n'y a que 3 convives. Comme pour notre autel, la 4ème place, c'est celle de chacun qui est invité au festin des Noces de l'Agneau, à cette communion trinitaire, où il s'agit d'aimer le Père et le Fils et de recevoir l'Esprit qui les unit. Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous. En cet instant, comme dans la suite de la célébration eucharistique, il faudrait réaliser que nous sommes en présence de la Trinité, et même plus, que nous sommes invités par la Trinité, à entrer dans une certaine danse trinitaire, une communion d'amour. Venez, et recevez.

    Recevoir des relations nouvelles. Une année, j'étais à un colloque sur la doctrine sociale, où intervenait de brillants théologiens. Un orthodoxe est venu nous parler de la doctrine sociale dans son Eglise orthodoxe russe. Son propos s'est contenté de commenter le fait que leur doctrine sociale, des relations sociales, des échanges, de la politique, que sais-je encore, c'était la Trinité. Déçu, je reparti en me réjouissant des développements catholiques. Les relations trinitaires sont la matrice de nos relations de charité. L'amour qui circule en Dieu est précisément ce qui nous est promis, pour circuler entre nous. Vous imaginer ce que cela serait, ce que cela changerait ?

    Il s'agit de recevoir cet amour qui vient d'en Haut, et qui nous tire vers le haut, vers le meilleur de nous-mêmes. Benoit XVI le dit, dans son encyclique Caritas in caritate : « Dieu veut nous associer nous aussi à cette réalité de communion: 'pour qu'ils soient un comme nous sommes un' (Jn 17, 22). L'Église est signe et instrument de cette unité. Les relations entre les hommes tout au long de l'histoire ne peuvent que tirer avantage de cette référence au divin Modèle » (CIV 54).

    Où allons-nous trouver la raison ultime de nos relations, de ce qui nous lie ? L'amour et la communion trinitaire. La grâce de Jésus notre Seigneur, l'amour de Dieu le Père, et la communion de l'Esprit-Saint soient toujours avec nous. Qu'ils demeurent en nous et entre nous. Pour que ce monde croie, que cette icône devienne vivante : voyez comme ils s'aiment !

  • Il vit et il crut

    burnand-pierre-et-jean.jpgCe matin, alors qu'il fait encore nuit dans nos cœurs et toute l'octave de Pâques ne sera pas de trop pour dissiper les ténèbres de nos cœurs, ce matin, nous sommes ramenés au tombeau. Avec toute l'Église, avec Marie-Madeleine, avec Pierre et Jean, nous voici ramenés au tombeau. Toute la nuit et depuis trois jours, l'Église a cherché celui que son cœur aime, elle s'est levée et ne l'a pas trouvé. Elle a parcouru les rues et les places en demandant aux gardes : avez-vous vu celui que mon cœur aime ? Alors dans la brise de ce matin, l'Église revient au jardin du tombeau, pour s'y remplir de la foi aimante au Christ ressuscité.

    Marie-Madeleine, la première a vu le tombeau ouvert. Sans y entrer, elle a perçu l'inouï et à son premier témoignage, les disciples accourent et Jean, dans son zèle ardent de disciple bien-aimé, arrive en tête. Oui, Seigneur, ton amour me fait bondir de joie, comme le feu dans les chaumes, les apôtres courent au tombeau. Si notre amour est encore trop tiède, peu importe, entrons à leur suite dans la foi et l'amour des disciples qui courent au tombeau, alors qu'il fait encore sombre, alors que les cœurs sont encore embrumés par la Passion solitaire du Fils unique, alors que la voix de l'Époux semble s'être éteinte.

    Courrons avec Jean. Avec Pierre, longeons la colline du Golgotha que la peur lui avait fait fuir et entrons dans le jardin du tombeau. Courbons humblement la tête pour franchir la porte du sépulcre où le Seigneur a vaincu la mort. Penchons-nous vers la pierre froide et nue du tombeau pour contempler la pierre où le Fils de l'Homme a reposé la tête. Avec Jean, voyons et croyons.

    Mais me direz-vous, qu'a-t-il vu en ce matin de Pâques ? Il n'a pas vu le Ressuscité remontant des enfers. Il n'a pas vu le Maître de la vie triomphant de la mort. Il n'a même pas entendu la voix de l'ange lui annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Non, Jean a vu les linges et cela lui suffit. Jean, qui était resté au pied de la Croix avec Marie qu'il prend désormais chez lui, avait accompagné le Roi de gloire jusque dans son Royaume, jusqu'à cette salle des noces où Il fut embaumé, habillé d'un linceul. Et voilà que Jean voit ce linceul vide et affaissé, libéré du corps qu'il enfermait. Ce linceul ne pouvait pas garder plus longtemps le Dieu fort, le Dieu saint et immortel. Heureux linceul qui a abrité un temps le Bien-aimé. Mais la foi au Christ ressuscité nous fait nous approcher de lui infiniment plus que lui !

    De fait, les yeux de Jean n'ont rien vu d'autre que ce tombeau resté vide jusqu'à aujourd'hui, que ce linceul resté affaissé. Mais le cœur aimant du disciple bien-aimé s'est rempli à ce moment-là d'une lumière intérieure qui dépasse tout enseignement. Il a vu la réalisation des promesses de l'Écriture. Il vit et il crut. Il crut que le Fils de l'Homme devait souffrir beaucoup de la part des grands-prêtres, qu'il meure et que le troisième jour il ressuscite. Il crut qu'après deux jours, le Seigneur nous fera revivre et que le troisième jour il nous relèvera. Oui, il vit et il crut. L'Esprit Saint, qui sonde les profondeurs de Dieu, aura à leur enseigner toutes choses. Le Ressuscité aura à les associer à son intimité encore pendant 40 jours jusqu'à Son ascension. Mais tout cela viendra en son temps. Pour l'heure, il voit et il croit.

    Frères et sœurs, nous aussi, voyons et croyons. Avec l'Église du matin de Pâques, voyons la gloire du Ressuscité qui vient à nous dans la lumière de ce Cierge pascal, présence lumineuse du Christ le même hier, aujourd'hui et à jamais. Accueillons la présence du Seul Seigneur dans ses sacrements qui nous font revivre. Dans le baptême qui nous fait des fils dans le Fils, dans l'Eucharistie qui nous nous nourrit et dans le Pardon qui nous réconcilie. Contemplons avec toute l'Église Celui que la mort n'a pu engloutir, et qui est remonté triomphant des enfers. Adorons Celui qui vient vers chacun de nous en montrant ses mains et ses pieds et nous apportant sa paix. Mais surtout, accueillons avec crainte et tremblement le témoignage de toute l'Église. Au soir de Pâques, le Seigneur se montrera à ses Apôtres. En attendant qu'il se manifeste à nous au soir de notre vie, il nous faut vivre ce matin avec la foi venue des Apôtres. Certes, au jardin de Gethsémani, les Apôtres étaient à distance, à un jet de pierre du Seigneur. Mais au jardin du tombeau, Jean et Pierre sont déjà infiniment proches du Seigneur ressuscité dans la foi en voyant et en croyant. En ce matin de la foi, tout est déjà donné.

    Il vit et il crut. Mais heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. Nous sommes de ceux-là, chers amis. En allant au tombeau ce matin, nous ne voyons pas plus que Pierre ou que Jean. Mais avec l'Église qui médite les Écritures et qui nous donne la présence du Christ ressuscité, nous voyons et nous croyons. On nous l'a annoncé : Jésus, mon Sauveur est en vie. Cela me suffit.

  • Qu'il nous est bon d'être ici !

    transfiguration.jpg

    La scène nous est familière : transfiguration du Christ devant ses disciples ; dévoilement passager de la gloire de Dieu avant l'épreuve de la Passion, où seul le visage tuméfié du crucifié apparaîtra au témoin.

    Le Christ dévoile donc sa gloire de Messie annoncé par les prophètes. Moïse et Elie présents sur la montagne en sont comme l'authentification. La voix du Père vient ensuite sceller ce dévoilement glorieux. Celui-ci est mon Fils bien aimé. Ecoutez-le !

    Pour les 3 (et non pas 12) disciples témoins de la scène, la surprise humaine est de taille. Ils sortent de leur sommeil. Pierre balbutie une proposition, ne sachant ce qu'il dit. Ils redescendront dans le quotidien de la vallée, gardant le silence sur ce qu'ils ont vu. Mais sans aucun doute, remplis d'une rencontre transformante. Ils ont vu le Verbe de vie. Ils ont entendu la voix du Père. Ils ont cru.

    Cette rencontre arrive au bon oment pour nous. Dans notre marche de Carême, nous avons été témoin la semaine dernière de l'humanité éprouvée du Christ. Le Christ sujet au tentation, vainqueur des pièges du mal, nous donne l'espérance d'être nous aussi libéré de cette emprise sournoise.

    L'Evangile de la Transfiguration vient dévoiler la gloire à venir, tout comme pour les disciples, elle les prépare à vivre l'épreuve de la Passion et de la mort du Christ en la traversant par la gloire à venir. Rencontre transformante qui fonde la foi. Rencontre transformante qui consolide la foi reçue. Mais si les apôtres ont gardé le silence dans un premier temps, il ne leur a plus été possible de se taire après l'évènement par exemple, c'est-à-dire l'évènement pascal de la mort et de la résurrection. Il leur faut transmettre ce qu'ils ont reçu. C'est une nécessité impérieuse. « Malheur à moi si je n'évangélise pas » dira saint Paul.

    Depuis 2.000 ans, les disciples de Jésus, les successeurs des Apôtres, bref toute l'Eglise n'a cessé de transmettre ce qu'elle a reçu, ce trésor de la foi, d'une rencontre transformante, bref l'évènement toujours actuel du mystère pascal. L'Eglise a rencontré des épreuves, des persécutions. Elle a été en contact avec des langues, des cultures aussi diverse que la variété des peuples. La sympathie des princes et des pouvoirs politiques a pu même être un obstacle. Mais toujours elle a transmis ce qu'elle a reçu : l'attraction séduisante du Christ qui vient illuminer nos vies et les sauver.

    Cet enjeu reste actuel : transmettre ce que nous avons reçu. Non qu'entre temps, ce trésor de la foi fasse son œuvre de salut en nous, au point même que nous y ajoutions une compréhension nouvelle. Mais tout de même transmettre ce que nous avons reçu.

    Mes amis, je vous le dis sans précaution de langage : c'est une question de vie ou de mort. Si nous ne transmettons pas ce que nous avons reçu. Si nous ne témoignons pas explicitement, si nous n'oeuvrons pas explicitement pour cette transmission, alors la prophétie de Jérémie se réalisera : « la foi est morte, on n'en parle plus » ou encore « quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Nous serons les derniers des Mohicans. Le dernier n'oubliera pas d'éteindre en partant.

    La parabole des talents est là pour nous rappeler la responsabilité qui est la nôtre devant les trésors qui nous sont confiés. Nous l'interprétons souvent avec la clé de nos qualités, de nos biens. Dans le contexte eschatologique des paraboles précédents la passion du Christ, elle indique autre chose : celle du don de la foi, de la Parole de Dieu confiée aux serviteurs que nous sommes. Les serviteurs que le maître récompense sont ceux qui ont fait fructifier ce qu'ils ont reçu. Celui qui a caché son talent pour l'enfouir et qui pense naïvement ou peureusement pouvoir rendre ce qu'il a reçu se verra enlever même ce qu'il a. Curieuse ruse de l'histoire !

    Transmettre ce que nous avons reçu en le faisant fructifier. Ecclesia21, le RDV diocésain d'hier a été une grâce. La grâce de se remettre dans le souffle de la Parole de Dieu qui nous est confiée, pour qu'elle fasse son œuvre en nous, et que nous la transmettions explicitement. La grâce de recevoir la foi comme un trésor à transmettre : « la foi grandit quand nous la transmettons ».

    Chers amis, en ce temps précis, en ce lieu précis, pour vous précisément, il appartient à la vie organique de notre foi que nous annoncions Jésus Christ, mort et ressuscité. Oui il nous est bon d'être ici rassemblé par Sa Parole et par Son pain. Oui il nous est bon de parler de toi pour que l'âge à venir te connaisse.