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Homélies - Page 44

  • "Peu importe le flacon, pourvu qu'il ait l'ivresse !"

    creche.jpgEn cette nuit d’hiver, c’est Noël ! Dans nos maisons, les sapins ont été décorés, ils illuminent nos salons, nos fenêtres. La table est dressée pour un repas familial. Depuis des jours, des semaines mêmes, on a acheté, on a couru les magasins. Les cadeaux sont prêts. On parlera de trêve des confiseurs, de fête de fin d’année. Le voilà donc, cet emballage avec lequel on nous présente cette nuit d’hiver. Emballage de lumière, emballage de décorations, emballage de consommation.

    Depuis des semaines, nos rues, nos places, nos écrans de télévision ont revêtu des habits de lumière, toutes sortes de décoration nous le rappellent : c’est Noël. L’expression est même lancée : c’est la magie de Noël ! Sans doute, ce désir de fête et de lumière vient au cœur de l’hiver pour manifester que nous ne sommes pas faits pour la nuit et la solitude. Sans doute, Noël fascine nos contemporains, parce que, d’une manière ou d’une autre, ils perçoivent, et nous avec eux, que cet évènement a quelque chose à voir avec une certaine nostalgie, une certaine aspiration profonde qui reste active, que nous n’avons pas oublié. La lumière dans la nuit, la paix au milieu du vacarme, l’innocence de l’enfance au milieu du désenchantement de l’adulte. L’emballage recèle un cadeau, le contenu d’un cadeau que nos cœurs désirent encore. Ce cadeau de Noël est beaucoup plus simple. Plus simple en cette nuit. Simple comme la crèche et comme nos sapins.

    En cette nuit de Noël, nous voici donc devant cette crèche. Au XIIème siècle, François d’Assise avait un grand amour pour l’humanité de Jésus, Dieu qui se fait homme, pour que l’homme reçoive la divinité. Pour St François comme pour toute l’Eglise, l’incarnation du Fils de Dieu, ce n’est pas un beau mythe, ou une belle philosophie de l’existence, c’est d’abord une réalité, une réalité historique. Aux temps d’Hérode le Grand, dans une obscure province romaine du bassin méditerranéen, une naissance inouïe annonce des temps nouveaux, un monde nouveau. Dieu se fait petit d’homme, après des mois de présence cachée dans le sein d’une femme de Galilée.

    La crèche de Saint François, celle de nos maisons et celle de cette église, c’est celle qui nous présente cet enfant, pauvre parmi les pauvres du Seigneur, dépouillé de tout à commencer par la gloire du Ciel, livré aux mains des hommes, pour leur communiquer la vie de Dieu. Ni plus, ni moins. La réalité de la crèche, elle est très grande, mais toute simple : une mère, un père des bergers accourus à l’appel des anges (excusez du peu), bientôt des mages amenés là par leur recherche et guidés par une étoile, des animaux qui peuplent déjà ce monde nouveau, nouvelle arche de Noé. Ici, pas de miracle autre que cette lumière qui vient éclairer notre nuit.

    Dans cette nuit de Noël, nous allons communier à la présence de celui qui vient habiter notre Monde ; St François avait justement mis cette crèche au pied de l’autel, pour bien montrer le lien entre la pauvreté glorieuse de cet enfant dans la crèche et celle qui vient sur l’autel et à laquelle nous communions.

    Pauvre crèche qui veut refléter la réalité historique de l’évènement. Pauvre sapin, que vient-il faire là d’ailleurs ? Pourquoi donc ces sapins si incongrus dans nos salons ? C’est qu’il vient refléter la réalité symbolique, théologique pour mieux dire, de l’évènement. Ce sapin n’est pas seulement l’arbre vert qui est une promesse d’immortalité au cœur de l’hiver. La tradition, germanique cette fois-ci, avait compris qu’à Noël un monde nouveau commence, celui où l’on est relancé dans son amitié avec Dieu. Monde nouveau, humanité nouvelle avec cet enfant, paradis nouveau, du coup nouvel arbre de vie, nouveaux fruits de cet arbre. C’en est bien fini du monde ancien, au moment où pointe ce monde nouveau. Nos ancêtres les germains accrochaient des pommes, le fruit du monde ancien, et des hosties, le fruit du monde nouveau. Depuis, la disette et l’esthétique nous font accrocher des boules multicolores.

    Devant ce sapin, devant cette crèche, se dévoile le monde nouveau, dans lequel nous sommes introduits. Voilà la réalité, que notre cœur pressent et à laquelle il a accès s’il se laisse toucher en cette nuite sainte. Peu importe l’emballage et la flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse et le merveilleux cadeau de ce soir. Il se fait l’un de nous, pour que nous soyons uns avec Lui.

    Joyeux et saint Noël à tous !

  • Deuxième bougie de l'Avent

    deux-bougies-4.jpgDeuxième dimanche. Deuxième étape dans notre marche de l’Avent. Deuxième bougie d’une couronne déjà à moitié éclairée, encore à moitié éteinte, chacun choisira.

    Et aujourd’hui, Maelys, tu vas communier pour la première fois. Tu l’as choisi, tu t’es préparé, tu le désires. Communier, c’est participer pleinement à l’Eucharistie du Seigneur en recevant son Corps qui est nourriture, présence et offrande. Mais tu vas communier pour la première fois, précisément en ce temps de l’Avent, temps de l’attente de sa présence. On dit de l’Avent que c’est l’attente de la venue du Seigneur, à travers 3 venues justement : celle dans l’histoire il y a 2000 ans, ce que nous allons fêter à Noël ; celle de la fin des temps, lors de son avènement dans la gloire ; et celle de chaque instant, dans notre vie, dans celle de l’Eglise, dans les sacrements. Il est venu, il viendra et il vient.

    Donc, dans un instant, en ce temps de l’attente, tu vas communier à la présence du Christ, à la présence de celui vient.  Mais à quelle présence, je t’en propose 3.

    Tout d’abord la présence de celui qui est là. On va apporter le pain et le vin, ce pain et le vin de nos fêtes humaines, fruit de la terre et du travail des hommes. Ils vont être pris, bénis, rompus, donnés. Offerts pour être sacrifiés. Donnés pour être consommer. Et toute l’Eglise nous dit, ce pain, c’est le Corps du Christ. Il te faut le recevoir, pour qu’il soit ta nourriture et ta vie, pour qu’Il soit présent au plus profond de ton être comme toute nourriture qui est assimilé participe à notre vie biologique de chaque jour.

    Ce pain de l’autel, il est la présence de Celui qui le donne. Le Christ vient dans ce pain pour être là, ici et maintenant, donné et livré pour nous. Voilà l’Eucharistie, qu’aucun autre geste de fraternité, si beau soit il, ne pourra remplacé. Il est là et il vient.

    Mais c’est aussi la présence de Celui qui est déjà venu. Dans quelques semaines, la couronne de l’Avent sera entièrement illuminée, la crèche va être installée dans cette égalise, et nos chants de la nuit de Noël vont acclamé Celui qui est venu dans l’histoire de toute l’humanité dans cette nuit de Bethléem. Il est venu aux jours d’Hérode et de Ponce Pilate. Il est venu sur une terre du fin fond du Proche-Orient. Il est venu sur les rives verdoyantes de Galilée et dans les rues pavées de Jérusalem. Il est venu et les siens ne l’ont pas reçu. Il est venu dans la chair pour nous ouvrir le chemin vers Dieu. Il est venu en donnant sa chair en nourriture et son sang en boisson. Le repas de la Cène, repas du mémorial de la Pâque juive, inaugure et instaure ce mode de présence réelle et continue pour tous les temps. Mais cela n’était possible que parce qu’il est réellement venu en naissant de la Vierge Marie et en s’en offrant pour que tous les hommes aient la vie.

    C’est enfin la présence de Celui qui viendra. Il est venu, il vient, et il viendra. « Nous attendons ta venu dans la gloire ». Tu communies pour la première en ce dimanche de l’Avent où nous faisons un peu plus attention à cette présence qui vient de la fin des temps, de la fin de l’Histoire des hommes. Ce n’est pas un scénario catastrophe comme n’importe lequel des films américains récents, je pense à 2012 ou Independance Day, ou Le Jour d’après. Non, c’est la venue glorieuse de Celui qui vient tout rassembler en lui.

    Et toi, tu communies à ce pain du Ciel, qui vient justement du ciel et pas seulement de la terre ; Tu communies à celui qui vient de la fin et pas seulement du Cénacle de Jérusalem, et pas seulement de notre célébration de ce dimanche. Il vient du Royaume à venir, le Royaume qui est proche et qui s’approche un peu plus de nous à chaque jour, à chaque Eucharistie. Wait for the Lord, whose day is near. Very near, pas plus loin que l’Eucharistie qui te sera présentée tout à l’heure.

    Aujourd’hui, c’est dimanche, c’est le jour du Seigneur. Jour où l’Eglise se réunit parce qu’elle célèbre à la foi la venue de Celui qui est venu, la présence de Celui qui est là, l’attente de Celui qui vient. Dans cette petite hostie ronde, tout ton être va communier à la présence de Celui qui est venu dans la chair, à la présence de celui qui est là, à la présence de celui qui vient de la fin. Sois heureuse et nous te remercions, parce que, ce dimanche, tu nous permets de le réaliser.

    Viens Seigneur Jésus !

  • Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes ?

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    Chaque année, au seuil de l’hiver, alors que l’automne rayonne encore de mille feux, nous voici avec cette fête de tous les Saints. Alors que, comme tous les ans, toute la nature semble se préparer à une longue hibernation, alors que nous mesurons peu à peu la diminution de la lumière du jour, alors que l’hiver s’est installé sur l’heure de nos pendules et de nos montres, voici que la liturgie nous fait regarder plus haut et plus loin que ce monde créé.

    De la fête de Tous les Saints, un voile semble s’entrouvrir et vient une autre lumière, un autre temps, un autre ciel et une autre terre, celle du monde à venir où les saints nous précédent. Oui, la liturgie de ce jour nous l’affirme d’une façon finalement prophétique : ils nous précèdent.

    Un voile s’entrouvre. C’est bien ce que nous pressentons quand nous accompagnons un défunt de nos famille ou dans nos amis. Il, elle quitte ce monde visible, pour un autre monde. Il ou elle nous précède dans ce monde à venir, après un pèlerinage terrestre. C’est ce que nous allons commémorer demain en priant pour tous nos fidèles défunts, en demandant à Dieu qu’il les accueille, comme nous espérons qu’Il nous accueillera au soir, à l’hiver de notre vie terrestre.

    Pour ces saints, canonisés ou connus de Dieu, ce n’est plus l’hiver, c’est l’éternel été de la vie sans fin, de la gloire de Dieu à laquelle ils sont associés, la vie sans fin du face à face avec Dieu dont ils font leur nourriture et leur louange sans fin. Oui, nous avons raison de nous réjouir de les voir nous précéder dans ce monde invisible où la lumière a pris toute la place, et pour cause ! Aujourd’hui, nous avons donc un moment de nous réjouir : le voile qui nous sépare de ce monde invisible s’entrouvre légèrement pour nous faire regarder ceux qui y ont déjà part.

    Mais il y a plus : les saints ne font pas que nous précéder, nous laissant entrevoir ce qui pourra être notre propre destinée. Ils nous attendent, ils nous invitent à leur suite, et ils y nous entraînent. Saint Bernard le dit dans une belle homélie pour ce jour : « Elle nous attend, cette Eglise des premiers nés, et nous n’y prêtons pas attention. Ils nous désirent, les saints, et nous n’en faisons guère de cas. Ils comptent sur nous, les justes et nous restons indifférents ». Voilà qui nous interroge en ce jour : les saints qui nous précèdent, nous invitent, un peu comme des premiers de cordée qui nous aident dans ce pèlerinage de la vie, lente ascension dans une course en haute montagne. Dans cet éternel été de la vie éternelle, ils sont présents à toutes les saisons de notre vie. Présents à tous les magnifiques printemps de nos débuts ; présents à tous les étés de nos progressions ; présents à tous les automnes et les hivers de nos piétinements ou de nos épreuves. Bref, ils nous sont un appui, des frères et des sœurs qui nous accompagnent. Dans une audace inouïe, nous les prions pour qu’ils nous aident à vivre déjà de ce monde invisible, en attendant d’y vivre avec eux.

    Pour être fidèle à la citation de Saint Bernard, il faut dire plus. Ils nous précèdent, certes. Ils nous accompagnent certes. Mais ils nous attendent et nous désirent ! L’amour qui les illumine veut se communiquer. Saint Bernard insiste : « Ce n’est pas seulement la compagnie des saints, c’est aussi leur bonheur qu’il nous faut souhaiter pour nous, de manière à ambitionner avec une extrême ferveur leur gloire, tout comme déjà nous désirons leur présence ».

    Ils nous attendent, et nous n’y prêtons pas attention. Chers amis, l’horizon de notre vie, n’est pas uniquement cet aujourd’hui fugace qui demain ne sera déjà plus. Il n’est pas non plus le mur froid et hivernal d’une mort physique que nous devrons bien vivre d’une manière ou d’une autre. L’horizon de notre vie est cette magnifique compagnie des saints, foule immense que nul ne peut dénombrer.

    Ils comptent sur nous ces justes, et nous resterions indifférents… Et pourquoi cela ? Pourquoi nous priver de ce cadeau de leur présence et de leur aide, alors que nous pouvons dès aujourd’hui vivre de cette lumière du monde invisible, de cette joie des Béatitudes. Dès aujourd’hui, l’éternel été s’offre à nous. Dès aujourd’hui, la lumière à venir éclaire nos pauvres existences. Dès aujourd’hui, Dieu fait de nous des saints en puissance. Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes depuis l’éternel printemps de notre baptême ?

  • Heureux les invités au repas du Seigneur

    tableau_base_gde.jpgVous connaissez cette phrase. Nous allons la réentendre juste avant de communier au Corps du Christ. Heureux les invités au festin des Noces de l’Agneau, pourrait-on traduire pour être plus fidèle à l’original latin.

    Il y a un repas. Et quel repas ! Des viandes grasses et succulentes, des vins capiteux et décantés. Les mots humains du prophètes Isaïe sont faibles pour décrire la réalité de la communion que Dieu veut avec les hommes. Le vocabulaire balbutie devant que l’homme pressent. Or c’est la réalité humaine du repas qui nous aide, parce qu’elle nous parle. C’est le repas de nos fêtes humaines, celui de nos familles, celui nos tables d’amis. Un repas où la première joie est celle de recevoir dans son intimité, et de partager, d’offrir le meilleur de soi. C’est moi qui l’ai fait. Et c’est pour moi, l’expression de mon amour.

    Et vous ne l’avez pas vu venir, et pourtant le voici, un film : le festin de Babette. Film merveilleux où la servante va tout offrir de sa récente fortune pour un repas où les Douze convives reçoivent une joie et un pardon qu’ils n’espéraient plus, prémices de la communion des saints qu’ils doivent devenir.

    C’est en partie ce que la Parole de Dieu veut exprimer quand elle évoque tous ces repas qui sont une esquisse de cette communion que le Seigneur veut nous faire partager. Dans le repas par excellence, il n’y aura plus ni deuil, ni mort, ni larmes, parce que dans ce repas, par repas, il nous sauve. Repas communionnel, repas rédempteur, repas sacrificiel, où nous recevons la vie, où nous devenons la vie de cet aliment. Image magnifique pour cette vie de Dieu qui nous divine. Image magnifique qui se réalise dans le sacrement en attendant la vie où Il nous comblera sans fin.

    Nous sommes des invités. Oui, des invités. Pas des ayant droits, pas des usagers, encore moins des consommateurs. L’invitation que l’Evangile de ce dimanche lance au premier cercle est belle, mais elle se heurte à un refus qui est à la fois ingrat et désinvolte. L’invitation est relancée et élargie. Dieu ne résigne pas aux refus de l’humanité. Souvenez vous du magnifique passage de la PE IV que nous allons réentendre : « Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de toi, tu ne l´as pas abandonné au pouvoir de la mort. Dans ta miséricorde, tu es venu en aide à tous les hommes pour qu´ils te cherchent et puissent te trouver. Tu as multiplié les alliances avec eux, et tu les as formés, par les prophètes, dans l´espérance du salut. Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton propre Fils, lorsque les temps furent accomplis, pour qu´il soit notre Sauveur ».

    Quelque fois nous comprenons mal cette invitation. C’est trop, je n’en suis pas digne. Ce n’est pas assez, qu’en est-il des autres, ceux qui ne sont pas baptisés, ceux qui ne sont pas croyants ? Nous sommes des invités, par amour, par miséricorde envers nous parce que c’est la joie de Dieu dans laquelle il veut nous faire entrer. Que nous soyons confus c’est une chose. Que nous refusions par ce que nus pensons que nous n’en sommes pas dignes, c’est autre chose. Arrêtons de nous regarder, regardons la joie de celui qui nous invite. Tous, vous m’entendez, tous sont invités, le premier cercle, comme le second, comme le troisième. L’invitation est lancée, reste à chacun à répondre, quel qu’il soit, où qu’il en soit. C’est bien le problème de cet homme de la parabole qui ne répond pas, qui n’a pas révêtu le vêtement de noces, qui n’est pas entré dans la joie du Roi qui invite.

    Répondront-ils ? C’est leur problème, pas le vôtre. Comment répondront-ils ? C’est leur problème, pas le vôtre. La théologie peut vous rassurez sur un point : la puissance de Dieu n’est pas enchaînée à la grâce des sacrements. Grâce comme moyen ordinaire, mais la puissance peut prendre les moyens extraordinaires qu’elle veut, quand elle veut comme elle veut. Ce n’est pas notre affaire.

    C’est notre bonheur. Encore faut-il le croire et l’espérer. C’est notre bonheur. Heureux : l’expression revient suffisamment dans la Parole de Dieu, et nous allons le réentendre le jour de la Toussaint. Heureux, mais pas à la manière du monde. Heureux, mais pas forcément à la manière dont nous nous représentons le bonheur. Heureux tout de même : heureux d’être nourris, invités, comblés. Heureux d’être associés à Lui, redonnés à nous, envoyés vers les autres. Heureux tous les invités au repas du Seigneur. Heureux ceux qui répondent. Heureux ceux qui sauront être des invitants à la joie du Père.

  • Ne gardez aucune dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel

    77d61a3b3b342a3b83d653f127ee8b16Voilà que le fougueux Saint Paul nous invite à l’amour fraternel, à la dette même de l’amour mutuel. Je dis fougueux parce que l’Ecriture garde le souvenir de quelques querelles ou différents entre Paul et Pierre, ou avec le futur évangéliste Marc.

    Pourtant le conseil de l’Apôtre fait directement écho aux paroles du Christ dans l’Evangile de ce jour, qui est tiré du long discours de Jésus sur l’Eglise, où il donne quelques principes simples de vie en commun dans la communauté des croyants. Le péché, les contentieux, les querelles pouvaient malheureusement faire leur apparition entre les membres des futures communautés chrétiennes. Plutôt que l’infamie d’aller régler ces conflits devant les païens, Saint Paul conseillera d’abord aux premiers chrétiens de régler ces manquements à la charité entre eux. Pensez donc au scandale : ceux dont on dit « Voyez comme ils s’aiment », ceux-la mêmes se divisent ! Quel contre-témoignage rendu à la foi ! Quel contre-témoignage rendu au Christ. Certains pourraient avoir raison, ceux qui disent, finalement les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres…

    Au premier rang des principes de l’Evangile de ce dimanche : la correction fraternelle. Celle qui nous fait aller trouver un frère ou une sœur pour l’avertir, le corriger, le reprendre sur une parole, un acte, une attitude qui ne nous a pas semblée juste, ou vraie, ou belle. Lequel ou laquelle d’entre nous n’a pas été libéré(e) un jour par le fait d’avoir été repris pour telle parole ou tel acte dont il n’avait mesuré son caractère blessant ? Même si sur le moment, cela a été difficile à encaissé, quelle libération et quelle joie ensuite !

    C’est que notre foi, notre appartenance au Christ, est nécessairement ecclésiale. Le pape Benoit XVI l'a redit aux jeunes à Madrid il y a précisément 2 semaines à Madrid : « On ne peut suivre Jésus en solitaire. Celui qui cède à la tentation de marcher ‘à son propre compte’ ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus-Christ, ou de finir par suivre une image fausse de Lui » (homélie de la messe du 21 août).

    Nous ne sommes pas seuls devant Dieu. Nous sommes membres d'un corps, d'un corps vivant dont les membres sont solidaires. Si un souffre, tout le corps souffre. Si un est à l'honneur, tout le corps est à l'honneur. 

    Membres de ce corps, nous recevons par lui la grâce, celle du salut, celle de la réconciliation. Les ministres de cette grâce sont, pour une part, nos frères et nos sœurs. Ils nous aident, et nous les aidons, à grandir dans ce chemin de sainteté qui nous est commun. Le pape insiste dans la même homélie aux JMJ : « Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères, et que ta foi serve également d’appui pour celle des autres ».

    Ce service de la correction fraternelle est un enjeu dans une communauté religieuse, si petite soit elle. C'est un enjeu dans un couple, dans une famille. C'est un enjeu dans un groupe d'ami et finalement dans tout groupe humain. Mais le fait que ce soit un enjeu, quelque fois difficile à faire, ne doit pas nous arrêter.

    La raison en est simple. Dans son encyclique Caritas in Veritate, le pape Benoit XVI insiste sur une raison qui est un horizon pour nous : que nos relations humaines soient l'icône des relations trinitaires. Je m'explique. Nos relations humaines sont promises à cette belle ressemblance de la Trinité. L'amour et la circularité des relations trinitaires, du père du fils et de l'esprit sont le modèle de nos relations ici-bas. Nous avons à devenir des amis. 

    C'est bien parce que nous avons à devenir des amis que nous ne pouvons être des complices. La correction fraternelle va donc corriger ce qui manque à la charité pour nous aider mutuellement à grandir, pour honorer cette belle dette de l'amour mutuel. C'est un chantier. A nous d'en prendre les moyens. Concrètement, je vous en laisse trois :

    Nous le ferons d’abord seul à seul, comme le dit l’Evangile, et jamais d'abord en public qui nous défausserait d'une implication personnelle et surtout qui ferait perdre la face à nos frère. Les parents éducateurs le savent bien.

    Nous le ferons avec douceur et jamais avec l'ironie qui nous permet de contourner le nœud à l'estomac qui nous empêche d'être vrai. 

    Nous le ferons au moment opportun et rarement à chaud pour éviter de donner prise à la colère.

    Seul à seul. Avec douceur. Au moment opportun. Bonne correction !