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Homélies - Page 44

  • Il y a quelque chose à attendre

    TRANSFIGURATION-DU-SEIGNEUR.jpgIls sont là, Pierre, Jacques et Jean sur la montagne qui domine la vallée d’Yzréel. Ils ont laborieusement gravi les pentes abruptes de cette haute colline. Et soudain dans l’éclair, dans la lumière, dans l’effroi intérieur, voilà qu’ils sont transportés : devant eux, la gloire. Devant eux la gloire se dévoile. Ce que les prophètes avaient annoncé, que Dieu avaient promis, ce vers quoi ils étaient tendus depuis leur plus jeune formation religieuse, la voici, presque à portée de main. Jésus est là devant eux, transfiguré, dévoilant la gloire du Messie, ce qu’authentifie la présence de Moïse et d’Elie.

    L’Evangile de ce dimanche veut dévoiler quelque chose à nos yeux embués, à nos esprits engourdis et surtout à nos cœurs lents à s’ouvrir à la grâce. Quelque chose, mais quoi : la gloire à venir, pour le Messie, et pour chacun de nous. Quelque chose, mais plus précisément quoi ? C’est qu’il y a quelque chose à attendre, quelque chose à désirer, quelque chose vers quoi diriger nos pas, quelque chose qui dépasse l’épaisseur et la matérialité de ce monde ou des limites de cette vie humaine. Bref, il y a quelque chose à espérer.

    Nous avons placé ce Carême sous le thème de l’espérance, et dimanche dernier, l’homélie a levé un coin du voile sur cette belle vertu, cette force intérieure qui relaie la foi pour nous mettre en mouvement vers ce que nous attendons. Donc il y a à attendre, et surtout, pour aujourd’hui, il y a quelque chose à attendre. Permettez que j’insiste sur ce quelque chose.

    Abraham avait donné sa foi au Seigneur. Sur son ordre, il s’était mis en route sur la double promesse divine : avoir une terre, avoir une descendance. La Parole de Dieu lui avait donné le contenu d’une espérance folle. Une terre pour le nomade sédentarisé qu’il était devenu ; une descendance pour le vieux couple qui ne s’en imaginait pas tant.. Quand enfin le fils arrive, c’est Isaac, la réalisation sur terre de cette promesse est comblée. Il n’y a plus rien à attendre. Et pourtant, c’est à ce moment précis, que Dieu donne l’ordre humainement insoutenable de lui offrir cet enfant. Lointaine prophétie des enfants premiers qui appartiendront au Seigneur. Lointaine prophétie du Fils unique portant lui-même le bois du sacrifice et qui sera livré par le Père éternel. Il n’empêche que pour Abraham, c’est la nuit. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. La lettre aux Hébreux se fait l’écho d’un commentaire juif de l’Ecriture qui dit que c’est parce que « il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique » (He 11,19).

    Pierre, Jacques et Jean avaient vu le Christ faire des miracles, nourrir des foules, guérir des malades, chasser des démons. Ils avaient vu le Christ réordonner ce monde autour de lui, non sans s’interroger sur le fait que cette re-création é »tait si limitée dans l’espace et dans le temps. Sur la montagne, le ciel s’ouvre et l’objet de leur espérance leur est donné furtivement, en même que s’allume en eux cette espérance. Il y a autre chose à attendre de ce monde ci.

    Autre chose nous est promis. Dans sa lettre pastorale, Mgr Minnerath précise. « qu’est-ce qui est promis ? La vie éternelle, que Dieu nous donne en partage parce que nous avons mis notre confiance en lui, et pas dans les promesses de ce monde. L’espérance nous invite à placer notre attente plus loin que ce que le monde peut nous offrir ».

    Ce Carême peut devenir un résumé de tout notre vie, parce qu’au terme de ce Carême il y a quelque chose, un objet pour notre marche. Mais le croyons-nous ? Nous nous dirigeons vers ce renouvellement de l’alliance, vers la réactualisation de la communion avec Dieu. Le chemin peut être long ; l’objet de notre attente peut nous faire languir ; de multiples choses peuvent se présenter à nous en route et nous faire oublier ce vers quoi nous sommes tendus. Mais l’espérance vient nous rappeler qu’un terme est possible, même si tout nous le masque ; qu’un horizon devant nous existe même si nous ne le percevons pas, et si a fortiori nous ne l’expérimentons pas encore.

    « Je mets mon espérance dans ce que Dieu me donnera comme un cadeau inattendu et non mérité. Si je mets mon attente uniquement dans les biens de ce monde, je n’ai plus de l’espérance, seulement le souci de voir réalisés mes désirs ». Nous attendons les cieux nouveaux. Nous attendons la vie du monde à venir. Nous attendons une plénitude qui ne sera jamais de ce monde et que nous accueillons dans la foi. Saint Augustin le dit dans une formule ciselée : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi ! » Il ne s’agit pas simplement de le chanter, mais il faut que cette formule descende d’environ 30 cm, de notre esprit à notre cœur.

  • Tes péchés sont pardonnés

    paralytique.jpgEncore une belle page d’Evangile. Imaginons... La maison bondée. On ne peut plus entrer. Les disciples enthousiasmés par la foule qui est attiré par Jésus. Les pharisiens et les scribes à l’affût de ses paroles et de ses gestes. Les malades qui se pressent pour une guérison. Et puis Jésus qui enseigne, se tait, accueille, bref qui passe en faisant le bien.

    Ici, la trame du récit se fait précise : c’est l’histoire du paralytique qu’on apporte par le toit. Imaginez la longue attente de ce gars qui souffre, depuis combien de temps déjà ? Imaginez l’énergie des hommes qui l’amènent à Jésus, qui sont déçus de ne pas pouvoir rentrer, alors ils le hissent par dehors, font un trou dans le toit, le descendent au moyen de cordes. Imaginez le regard noir des scribes : que va encore faire Jésus cette fois-ci : il va le guérir, heureusement qu’on n’est pas en sabbat ? quelle loi de Moïse va-t-il violer ? Imaginez la plainte silencieuse de cet homme. Son handicap parle pour lui. Pas plus que Job, il ne se pose la question de savoir s’il est handicapé parce qu’il porterait sa faute ou son péché. Il souffre. Il est là pour une chose et une seule. Lui comme tous attendent LE miracle. Il en a fait d’autre (les sourds les muets, les lépreux, les aveugles, et tous les autres) il peut bien faire celui ci. Et entendez bien la phrase qui tombe : tes péchés sont pardonnés.

    Stupeur du gars : je ne suis pas venu pour cela. Stupeur de ses compagnons : on ne s’est pas donné tout ce mal pour cela. Stupeur des pharisiens : il blasphème, Dieu seul pardonne les péchés.

    Et oui, les Juifs professaient que seul Dieu peut remettre les péchés. Une fois par an, dans une grande liturgie solennelle, le grand prêtre qui seul pénètre dans le Saint des Saints, auprès même de la présence de Dieu, demande pardon et reçoit le pardon des péchés, pour lui-même, pour sa maison et pour tout le peuple. Une fois par an, de façon solennelle, la communion avec Dieu est renouvelée, l’Alliance est à nouveau scellée.

    Mais voilà, Jésus a justement cette prétention incroyable à des oreilles humaines. Il pardonne les péchés. Autant de fois qu’il le veut et qu’il le dit. Dans toutes les situations dans lesquelles il se trouve. Ici dans la maison bondée, plus tard en Croix au bon larron. Parce qu’il est Dieu, et qu’il connaît les cœurs, lui seul il peut rétablir une communion que l’homme avait rompu, une amitié dont il s’était détournée. La voilà, la vraie maladie du cœur de l’homme que le Christ est venu guérir. Pas la cécité, hélas, il reste des aveugles de nos jours. Pas plus la lèpre, le handicap, ou le virus du SIDA. Il laisse ce travail au génie du travail et de l’intelligence des médecins. Il vient pardonner, rétablir en communion avec le Père.

    Pour ceux qui en doutent, et vous avez entendu qu’il n’en manque pas autour de Jésus. Ceux qui doutent qu’il ait ce pouvoir divin. Ceux qui doutent qu’il soit autorisé à le faire, qu’il puisse le faire. Pour tous ceux qui doutent, il guérit cet homme de sa maladie physique. Son mal physique qui le privait de la sociabilité avec les autres, qui le mettait à terre en permanence, il le guérit pour le relever, le ressusciter pourrait-on dire. Mais je le répète, le plus important n’est pas là. La guérison de cet homme vient authentifier le pouvoir que le Fils a de rétablir cette communion, ce que précisément nous demandons dans la prière adressée au Père : pardonne-nous nos offenses. Son mal physique lui est remis, comme signe, sacrement du pardon de ses péchés. Il n’est pas paralytique parce qu’il aurait péché. Il est guéri parce qu’il est pardonné.

    Je ne sais pas où vous en êtes du côté de cette communion avec Dieu. Communion, amitié, alliance. Le voilà l'horizon de notre vie. Le voilà le but de l’Incarnation du Christ, de son mystère pascal. Toute l’Ecriture insiste sur une réalité simple : le Christ nous restaure dans cette communion avec le Père, à condition que nous nous présentions à lui. C’est le sens du Carême que nous allons vivre dans quelques jours. C'est une folle espérance pour nous et pour autrui. Aujourd'hui, vous avez le choix (non exclusif) entre deux attitudes : celle de l’homme qui se lève faire, celle de ceux qui l’amènent. Vous approcherez vous de lui aujourd’hui ? Qui lui amènerez-vous par l’audace de votre prière, perçant le toit, pour qu’il introduise celui pour lequel vous intercédez dans cette vie nouvelle ?

  • Nous avons trouvé le Messie !

    avancez%20au%20large.jpgVoici donc André qui débarque chez son frère Simon avec cette nouvelle inouïe. Nous avons vu, nous avons reconnu, nous annonçons ! Qu’ont-ils vu ? Jésus de Nazareth le long du lac. Qu’ont-ils reconnu ? l’Agneau de Dieu, le Messie attendu par Israël ? Et ils ne peuvent garder cette découverte. La rencontre fulgurante embrase leurs cœurs en attente. La rencontre transformante doit se communiquer, comme un feu dans les herbes sèches en été. Je vous propose de suivre ces disciples, qui deviendront bientôt les apôtres du Christ ressuscité. En ces débuts du temps ordinaire, ils prennent un chemin qui peut devenir leur nôtre, si nous nous laissons enseigner.
    Ils cherchent. Pour trouver, il faut chercher et attendre, c’est presque une évidence. Disciples de Jean le Baptiste, ces pécheurs de la belle saison, s’étaient mis à son école dans les moments libres. Ils avaient entendu l’appel à la conversion. Ils avaient appris en sa compagnie à attendre le Messie, à scruter les moindres signes de sa présence. Avec eux, c’est toute l’histoire d’Israël qui attend son accomplissement. Sans le savoir, ils portent en eux-mêmes l’attente de la réalisations des promesses de Dieu, l’actualisation de la fidélité de Dieu. Sans le savoir, ils interrogent notre propre quête, notre propre attente.
    Ils regardent. Attendre est une chose, encore faut-il regarder, scruter, deviner. Avec Jean-Baptiste, ils voient un homme, pensez donc un Nazaréen (de là bas que peut-il sortir de bon ?). Mais Jean-Baptiste pose son regard sur lui et les invite à le regarder, non plus à la manière humaine, mais déjà avec le regard de la foi d’Israël. L’inconnu les invitera même à voir de façon plus intime. Venez et voyez. Et ils virent. Et ils restèrent auprès de lui. A ton tour, dépouille-toi de ton propre regard, de tes propres préjugés. Regarde donc, viens et vois. Accepte d’être regarder par celui que tu regardes.
    Ils écoutent. Jean l’évangéliste a gardé la mémoire vive de ce jour où ils entendent de Jean baptiste cette phrase : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ce qu’il avaient appris de lui, voilà ce que cela se réalise sous leur yeux. Ils voient, et ils reconnaissent. Voici qu’ils vont se mettre à une autre école, celle du Maître par excellence, celle du Christ. Ils se font écoutants, apprenants. Le terme de disciple est justement de cette étymologie.
    Pour des fils d’Israël, rien de surprenant. C’est l’ordre de Moïse au peuple, qui deviendra la confession de foi juive. Sh’ma Israël, Adonaï ehohenou, Adonaï ehad. Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN. Ecoute. Ouvre l’oreille de ton cœur. Ecoute et obéis. Ecoute et mets en pratique. Fais silence de tes propres paroles. N’allègue pas ton propre savoir. Accepte d’être formé et éduqué. Baisse la garde et dépose les armes. Ecoute.
    Ils suivent. Chercher est une chose. Trouver en est une autre. La rencontre est loin d’être banale. Ils en sont suffisamment transformés pour suivre et appeler d’autres à cette suite. La rencontre avec le Christ ne laisse pas indemne. Pour eux, ce fut la vocation singulière à tout quitter pour le suivre. Peu importe ce qu’il y aura en retour. Il s’agit de le suivre sans regarder en arrière, Le suivre partout où il ira, du baptême à la résurrection. Peu importe qu’ils le suivent sans voir tout à fait son visage, sans comprendre complètement son identité. Les évènements à venir contribueront à ce chemin de foi.
    Ce chemin intérieur des disciples (ils cherchent – ils regardent – ils écoutent – ils suivent) me suggère deux réflexions que je vous livre :
    La première serait un travail de mémoire spirituelle. Chacun de nous, parce qu’il est ici ce matin, a sans doute fait une telle rencontre avec le Christ. Rencontre récente ou rencontre ancienne. Rencontre paisible ou bouleversante. En tous états de cause, rencontre transformante. Pour chacun, elle aura une couleur propre, une note propre. Comme saint jean qui en a le souvenir spirituel vif, je vous propose d’en cultiver la mémoire. C’est le moment où il s’est approché de nous, où il nous a attirés à lui,
    La seconde est une certitude de foi. Le Christ est séduisant. ? il l’est pour les pécheurs de Galilée. Il peut l’être encore en cet instant, pour des cœurs qui le cherchent. Il continuer à se laisser trouver. Il continue à appeler ceux qu’ils veut à sa suite. Cette certitude de foi doit nous habiter, pour nous même, là où nous en sommes, pour surtout pour tous les jeunes que nous connaissons. Dieu appelle et est séduisant. Toute rencontre avec le Christ comble une vie, quelle qu’en soit la forme. Certains sont appelés à le suivre radicalement. Nous avons à être extrêmement délicats avec cet appel ; pour permettre une écoute libre et donc une réponse libre. Que nos communautés, que nos familles puissent désigner l’Agneau de Dieu à des cœurs qui le cherchent, le regardent et le suivent.

  • "Peu importe le flacon, pourvu qu'il ait l'ivresse !"

    creche.jpgEn cette nuit d’hiver, c’est Noël ! Dans nos maisons, les sapins ont été décorés, ils illuminent nos salons, nos fenêtres. La table est dressée pour un repas familial. Depuis des jours, des semaines mêmes, on a acheté, on a couru les magasins. Les cadeaux sont prêts. On parlera de trêve des confiseurs, de fête de fin d’année. Le voilà donc, cet emballage avec lequel on nous présente cette nuit d’hiver. Emballage de lumière, emballage de décorations, emballage de consommation.

    Depuis des semaines, nos rues, nos places, nos écrans de télévision ont revêtu des habits de lumière, toutes sortes de décoration nous le rappellent : c’est Noël. L’expression est même lancée : c’est la magie de Noël ! Sans doute, ce désir de fête et de lumière vient au cœur de l’hiver pour manifester que nous ne sommes pas faits pour la nuit et la solitude. Sans doute, Noël fascine nos contemporains, parce que, d’une manière ou d’une autre, ils perçoivent, et nous avec eux, que cet évènement a quelque chose à voir avec une certaine nostalgie, une certaine aspiration profonde qui reste active, que nous n’avons pas oublié. La lumière dans la nuit, la paix au milieu du vacarme, l’innocence de l’enfance au milieu du désenchantement de l’adulte. L’emballage recèle un cadeau, le contenu d’un cadeau que nos cœurs désirent encore. Ce cadeau de Noël est beaucoup plus simple. Plus simple en cette nuit. Simple comme la crèche et comme nos sapins.

    En cette nuit de Noël, nous voici donc devant cette crèche. Au XIIème siècle, François d’Assise avait un grand amour pour l’humanité de Jésus, Dieu qui se fait homme, pour que l’homme reçoive la divinité. Pour St François comme pour toute l’Eglise, l’incarnation du Fils de Dieu, ce n’est pas un beau mythe, ou une belle philosophie de l’existence, c’est d’abord une réalité, une réalité historique. Aux temps d’Hérode le Grand, dans une obscure province romaine du bassin méditerranéen, une naissance inouïe annonce des temps nouveaux, un monde nouveau. Dieu se fait petit d’homme, après des mois de présence cachée dans le sein d’une femme de Galilée.

    La crèche de Saint François, celle de nos maisons et celle de cette église, c’est celle qui nous présente cet enfant, pauvre parmi les pauvres du Seigneur, dépouillé de tout à commencer par la gloire du Ciel, livré aux mains des hommes, pour leur communiquer la vie de Dieu. Ni plus, ni moins. La réalité de la crèche, elle est très grande, mais toute simple : une mère, un père des bergers accourus à l’appel des anges (excusez du peu), bientôt des mages amenés là par leur recherche et guidés par une étoile, des animaux qui peuplent déjà ce monde nouveau, nouvelle arche de Noé. Ici, pas de miracle autre que cette lumière qui vient éclairer notre nuit.

    Dans cette nuit de Noël, nous allons communier à la présence de celui qui vient habiter notre Monde ; St François avait justement mis cette crèche au pied de l’autel, pour bien montrer le lien entre la pauvreté glorieuse de cet enfant dans la crèche et celle qui vient sur l’autel et à laquelle nous communions.

    Pauvre crèche qui veut refléter la réalité historique de l’évènement. Pauvre sapin, que vient-il faire là d’ailleurs ? Pourquoi donc ces sapins si incongrus dans nos salons ? C’est qu’il vient refléter la réalité symbolique, théologique pour mieux dire, de l’évènement. Ce sapin n’est pas seulement l’arbre vert qui est une promesse d’immortalité au cœur de l’hiver. La tradition, germanique cette fois-ci, avait compris qu’à Noël un monde nouveau commence, celui où l’on est relancé dans son amitié avec Dieu. Monde nouveau, humanité nouvelle avec cet enfant, paradis nouveau, du coup nouvel arbre de vie, nouveaux fruits de cet arbre. C’en est bien fini du monde ancien, au moment où pointe ce monde nouveau. Nos ancêtres les germains accrochaient des pommes, le fruit du monde ancien, et des hosties, le fruit du monde nouveau. Depuis, la disette et l’esthétique nous font accrocher des boules multicolores.

    Devant ce sapin, devant cette crèche, se dévoile le monde nouveau, dans lequel nous sommes introduits. Voilà la réalité, que notre cœur pressent et à laquelle il a accès s’il se laisse toucher en cette nuite sainte. Peu importe l’emballage et la flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse et le merveilleux cadeau de ce soir. Il se fait l’un de nous, pour que nous soyons uns avec Lui.

    Joyeux et saint Noël à tous !

  • Deuxième bougie de l'Avent

    deux-bougies-4.jpgDeuxième dimanche. Deuxième étape dans notre marche de l’Avent. Deuxième bougie d’une couronne déjà à moitié éclairée, encore à moitié éteinte, chacun choisira.

    Et aujourd’hui, Maelys, tu vas communier pour la première fois. Tu l’as choisi, tu t’es préparé, tu le désires. Communier, c’est participer pleinement à l’Eucharistie du Seigneur en recevant son Corps qui est nourriture, présence et offrande. Mais tu vas communier pour la première fois, précisément en ce temps de l’Avent, temps de l’attente de sa présence. On dit de l’Avent que c’est l’attente de la venue du Seigneur, à travers 3 venues justement : celle dans l’histoire il y a 2000 ans, ce que nous allons fêter à Noël ; celle de la fin des temps, lors de son avènement dans la gloire ; et celle de chaque instant, dans notre vie, dans celle de l’Eglise, dans les sacrements. Il est venu, il viendra et il vient.

    Donc, dans un instant, en ce temps de l’attente, tu vas communier à la présence du Christ, à la présence de celui vient.  Mais à quelle présence, je t’en propose 3.

    Tout d’abord la présence de celui qui est là. On va apporter le pain et le vin, ce pain et le vin de nos fêtes humaines, fruit de la terre et du travail des hommes. Ils vont être pris, bénis, rompus, donnés. Offerts pour être sacrifiés. Donnés pour être consommer. Et toute l’Eglise nous dit, ce pain, c’est le Corps du Christ. Il te faut le recevoir, pour qu’il soit ta nourriture et ta vie, pour qu’Il soit présent au plus profond de ton être comme toute nourriture qui est assimilé participe à notre vie biologique de chaque jour.

    Ce pain de l’autel, il est la présence de Celui qui le donne. Le Christ vient dans ce pain pour être là, ici et maintenant, donné et livré pour nous. Voilà l’Eucharistie, qu’aucun autre geste de fraternité, si beau soit il, ne pourra remplacé. Il est là et il vient.

    Mais c’est aussi la présence de Celui qui est déjà venu. Dans quelques semaines, la couronne de l’Avent sera entièrement illuminée, la crèche va être installée dans cette égalise, et nos chants de la nuit de Noël vont acclamé Celui qui est venu dans l’histoire de toute l’humanité dans cette nuit de Bethléem. Il est venu aux jours d’Hérode et de Ponce Pilate. Il est venu sur une terre du fin fond du Proche-Orient. Il est venu sur les rives verdoyantes de Galilée et dans les rues pavées de Jérusalem. Il est venu et les siens ne l’ont pas reçu. Il est venu dans la chair pour nous ouvrir le chemin vers Dieu. Il est venu en donnant sa chair en nourriture et son sang en boisson. Le repas de la Cène, repas du mémorial de la Pâque juive, inaugure et instaure ce mode de présence réelle et continue pour tous les temps. Mais cela n’était possible que parce qu’il est réellement venu en naissant de la Vierge Marie et en s’en offrant pour que tous les hommes aient la vie.

    C’est enfin la présence de Celui qui viendra. Il est venu, il vient, et il viendra. « Nous attendons ta venu dans la gloire ». Tu communies pour la première en ce dimanche de l’Avent où nous faisons un peu plus attention à cette présence qui vient de la fin des temps, de la fin de l’Histoire des hommes. Ce n’est pas un scénario catastrophe comme n’importe lequel des films américains récents, je pense à 2012 ou Independance Day, ou Le Jour d’après. Non, c’est la venue glorieuse de Celui qui vient tout rassembler en lui.

    Et toi, tu communies à ce pain du Ciel, qui vient justement du ciel et pas seulement de la terre ; Tu communies à celui qui vient de la fin et pas seulement du Cénacle de Jérusalem, et pas seulement de notre célébration de ce dimanche. Il vient du Royaume à venir, le Royaume qui est proche et qui s’approche un peu plus de nous à chaque jour, à chaque Eucharistie. Wait for the Lord, whose day is near. Very near, pas plus loin que l’Eucharistie qui te sera présentée tout à l’heure.

    Aujourd’hui, c’est dimanche, c’est le jour du Seigneur. Jour où l’Eglise se réunit parce qu’elle célèbre à la foi la venue de Celui qui est venu, la présence de Celui qui est là, l’attente de Celui qui vient. Dans cette petite hostie ronde, tout ton être va communier à la présence de Celui qui est venu dans la chair, à la présence de celui qui est là, à la présence de celui qui vient de la fin. Sois heureuse et nous te remercions, parce que, ce dimanche, tu nous permets de le réaliser.

    Viens Seigneur Jésus !