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Homélies - Page 43

  • Deux gestes de Jésus

    .Cene_champaigne_m.jpg« Faites cela en mémoire de moi ».Ce soir, nous réitérons 2 gestes de Jésus : le partage du pain et du vin, le lavement des pieds. Nous les réitérons parce qu’il l’a demandé, parce qu’il a confiés à ses apôtres qui les ont transmis, de sorte que ils ont été fidèlement accomplis jusqu’à ce jour.

    Deux gestes simples : du pain et du vin, de l’eau dans une bassine. Deux gestes pauvres qui ne nécessitent pas des biens rares ou précieux qui seraient réservés à quelques uns. Deux gestes domestiques qui ne demandent pas à se déplacer dans un sanctuaire, dans un temple. Deux gestes quotidiens dans la culture contemporaine au Christ.

    Le pain et le vin, ce sont les aliments de base du monde méditerranéen où le blé et la vigne poussent si facilement, et où le travail humain sait en tirer le meilleur, le pain de la subsistance et la vin de la fête. Le pain qui nourrit et la vin qui réjouit. Mais ce pain et ce vin, ce sont ceux du repas pascal : pain de misère qui n’a pas levé à cause de la sortie rapide d’Egypte ; vin de libération qui accomplit les promesses de Dieu. Pain de la sortie de l’esclavage. Vin de l’entrée dans le salut. Pain et vin de l’alliance que Dieu vient puissamment renouveler. Le Christ reçoit ce pain et ce vin pour en faire, ce soir même, le sacrement, le mémorial de l’alliance en sa personne. Il devient ce pain de sortie du péché, ce vin de l’entrée dans la communion avec le Père.

    Autre geste : le lavement des pieds. Dans une civilisation où l’on marche, le geste d’hospitalité n’est pas seulement de proposer à l’hôte de se laver les mains, mais de lui permettre de se laver les pieds. Pour honorer son invité, on le fait soi-même, ou plutôt on le fait faire par un esclave, et même par un esclave non-juif. Jésus reçoit ce geste de sa culture. Mais il le reçoit également d’une femme qui l’avait fait à Béthanie, au yeux de tous pendant un repas. Comble de l’indignation des témoins, elle a lavé les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix, de ses propres cheveux. Ce geste annonçait ce qui ce vit dans la passion : son sacrifice, sa mort, sa mise au tombeau. Il est l’esclave qui lave les pieds de ses apôtres et se livre pour tous.

    Ce soir, comme des pauvres, nous recevons ces deux gestes. Certes, on aurait pu en imaginer d’autres, plus parlants, plus actuels. Le pain et vin ne sont pas les symboles les plus universels ; le lavement des pieds de quelques hommes pourrait être considéré comme réducteur, mais l’Eglise les garde pour marquer l’enracinement concret, l’incarnation de ce que le Christ institue. En ce sens, l’Eglise obéit aux deux consignes données aux apôtres au cœur de ce repas pascal, avant le drame de la Passion volontaire. Deux consignes simples, mais exigeantes : « vous ferez cela en mémoire de moi », et « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

    La portée de ces 2 gestes est immense : ils sont instituants, fondateurs de la vie même de l’Eglise qui reçoit de son Maître et Seigneur ce qu’elle est : le sacrement du salut pour tout homme. Par le geste du pain et du vin consacré, c’est le sacrement de l’Eucharistie qui est tout à la fois repas du Seigneur, sacrifice du Christ et lieu de constitution de l’Eglise. C’est le signe et le moyen efficace que nous recevons pour devenir ce que nous sommes : le Corps du Christ. Comme au Séder pascal, celui que célébreront nos frères juifs samedi soir, advient jusqu’à nous la fécondité de l’évènement que célèbrent ce pain rompu et ce vin partagé. C’est le sens du mémorial, qui n’est pas la commémoration d’un évènement lointain. Non, c’est justement l’actualisation, l’avènement de l’évènement.

    Et de même, pour le geste du lavement des pieds qui est reçu comme le sacrement de la charité pastorale du Christ. En ce soir où il institue le sacrement de l’Ordre, il rappelle à ceux qu’il a choisis pour être au service de la grande Eglise, quelle est la règle de leur service : l’amour fraternel, et plus que tout le don total de soi, la configuration au Maître venu non pour être servi, mais pour servir.

    Les uns et les autres, ce soir, nous voici comme des pauvres qui accueillons ces 2 gestes de Jésus et qui allons recevoir tout de Lui : Sa vie offerte dans ce pain et ce vin ; Sa charité au service de notre existence.

    Sois béni, Seigneur Jésus, Ce soir, nous avons l’assurance que Tu es avec nous jusqu’à la fin des temps. Nous recevons te Toi une vie que nous ne pouvions pas nous donner à nous-mêmes. Et nous recevons ta présence nourrissante et aimante de ceux que nous ne pouvions nous donner à nous-mêmes. Viens encore susciter de nouveaux ministres pour que ta vie et ta charité continue à nous nourrir et à nous servir.

  • Vive Jésus ! A mort !

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    Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville
    Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
    Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ?

    C’est fini. Jésus est au tombeau. Seuls quelques intimes l’ont accompagné là où personne n’aurait imaginé que cela se termine. D’une façon très extérieure à la foi, on pourrait ajouter : l’espérance est morte, on n’en parle plus. On ajouterait même : l’immense élan que le Christ avait suscité, les foules déplacées, les miracles, les enseignements, les nuits de prière, les espoirs soulevés… de tout cela il ne reste plus rien. Un cadavre, un tombeau, une pierre roulée. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

    Justement une semaine avant, quel contraste ! Souvenez-vous c’est l’Evangile que nous avons entendu dehors. C’était justement la ferveur des grands jours, l’enthousiasme d’une foule qui avait déroulé le tapis rouge. Hosanna au Fils de David ! Vive Jésus ! Qu’il soit béni celui qui vient au nom du Seigneur. Parce que justement le voici Celui qu’annonçaient les prophètes, Celui vers qui toute la foi d’Israël était tendue : le Messie. Comme on a raison de l’acclamer : Il vient rétablir toutes choses. Il vient enfin établir son royaume de justice et de paix. Les espoirs étaient vifs !

    Ils avaient acclamé un Messie triomphant, et voici qu’il ne rétablit pas la royauté d’Israël, qu’il ne chasse pas l’occupant. Les disciples d’Emmaüs se feront l’écho de cette déception. Cette même foule venue à Jérusalem pour la fête de Pâque s’est retournée ; elle a demandé la crucifixion du Messie, Fils de David. Ce sont sans doute les mêmes qui vont hurler à mort, jurant qu’ils ne veulent pas d’autre roi que César, qu’ils préfèrent qu’on leur relâche Barrabas, un criminel. Ils attendaient un Messie triomphant, et ils n’ont pas reconnu le Messie souffrant. Pire, ils ont conduit le Messie à la souffrance qu’il avait pourtant annoncé à ses propres disciples. Ils attendaient l’objet de leurs espoirs trop humains et trop terrestres de gloire et de succès. Et voilà qu’il est venu sur un ânon, et non sur un char ou sur un fier destrier.

    Pour cette foule, mais peut-être aussi pour nous-mêmes, il est plus facile, plus sage de miser sur quelqu’un qui réussit. Il est plus confortable de suivre un leader, un chef qui suscite une espérance forte, positive, qui nous permet de penser que les choses vont vraiment changer, et en bien. Or, nous sommes les disciples de quelqu’un qui n’a pas réussi, tout du moins aux yeux humains. Nous sommes les disciples de Celui qui est venu pour servir et non pour être servir, de Celui qui s’abaissa plus encore jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Avec le regard de la foi, nous croyons et nous espérons que nous sommes sauvés par cet abaissement que nul homme ne pouvait connaître, qu’au moment où la mort semble avoir englouti celui-là même qui y consent et qui s’y livre, une porte s’ouvre : celle de la victoire à venir. La voilà l’unique espérance de la Croix : Ave spes unica dit un hymne grégorien.

    Quelques faibles indices nous y aident : ces palmes frappés à terre comme à la fête des Tentes anticipant la fin du mal et du péché instauré par l’arrivée du Messie ; le pain et le vin offerts au soir de la Pâque en signe d’une alliance nouvelle ; la foi des quelques intimes qui l’entourent et l’ensevelissent avec beaucoup de charité corporelle. Et surtout l’attente de Marie, la mère des douleurs. Avec toute l’Eglise, elle veille. Avec toi Marie, nous croyons que tout commence.

  • Il y a quelque chose à attendre

    TRANSFIGURATION-DU-SEIGNEUR.jpgIls sont là, Pierre, Jacques et Jean sur la montagne qui domine la vallée d’Yzréel. Ils ont laborieusement gravi les pentes abruptes de cette haute colline. Et soudain dans l’éclair, dans la lumière, dans l’effroi intérieur, voilà qu’ils sont transportés : devant eux, la gloire. Devant eux la gloire se dévoile. Ce que les prophètes avaient annoncé, que Dieu avaient promis, ce vers quoi ils étaient tendus depuis leur plus jeune formation religieuse, la voici, presque à portée de main. Jésus est là devant eux, transfiguré, dévoilant la gloire du Messie, ce qu’authentifie la présence de Moïse et d’Elie.

    L’Evangile de ce dimanche veut dévoiler quelque chose à nos yeux embués, à nos esprits engourdis et surtout à nos cœurs lents à s’ouvrir à la grâce. Quelque chose, mais quoi : la gloire à venir, pour le Messie, et pour chacun de nous. Quelque chose, mais plus précisément quoi ? C’est qu’il y a quelque chose à attendre, quelque chose à désirer, quelque chose vers quoi diriger nos pas, quelque chose qui dépasse l’épaisseur et la matérialité de ce monde ou des limites de cette vie humaine. Bref, il y a quelque chose à espérer.

    Nous avons placé ce Carême sous le thème de l’espérance, et dimanche dernier, l’homélie a levé un coin du voile sur cette belle vertu, cette force intérieure qui relaie la foi pour nous mettre en mouvement vers ce que nous attendons. Donc il y a à attendre, et surtout, pour aujourd’hui, il y a quelque chose à attendre. Permettez que j’insiste sur ce quelque chose.

    Abraham avait donné sa foi au Seigneur. Sur son ordre, il s’était mis en route sur la double promesse divine : avoir une terre, avoir une descendance. La Parole de Dieu lui avait donné le contenu d’une espérance folle. Une terre pour le nomade sédentarisé qu’il était devenu ; une descendance pour le vieux couple qui ne s’en imaginait pas tant.. Quand enfin le fils arrive, c’est Isaac, la réalisation sur terre de cette promesse est comblée. Il n’y a plus rien à attendre. Et pourtant, c’est à ce moment précis, que Dieu donne l’ordre humainement insoutenable de lui offrir cet enfant. Lointaine prophétie des enfants premiers qui appartiendront au Seigneur. Lointaine prophétie du Fils unique portant lui-même le bois du sacrifice et qui sera livré par le Père éternel. Il n’empêche que pour Abraham, c’est la nuit. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. La lettre aux Hébreux se fait l’écho d’un commentaire juif de l’Ecriture qui dit que c’est parce que « il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique » (He 11,19).

    Pierre, Jacques et Jean avaient vu le Christ faire des miracles, nourrir des foules, guérir des malades, chasser des démons. Ils avaient vu le Christ réordonner ce monde autour de lui, non sans s’interroger sur le fait que cette re-création é »tait si limitée dans l’espace et dans le temps. Sur la montagne, le ciel s’ouvre et l’objet de leur espérance leur est donné furtivement, en même que s’allume en eux cette espérance. Il y a autre chose à attendre de ce monde ci.

    Autre chose nous est promis. Dans sa lettre pastorale, Mgr Minnerath précise. « qu’est-ce qui est promis ? La vie éternelle, que Dieu nous donne en partage parce que nous avons mis notre confiance en lui, et pas dans les promesses de ce monde. L’espérance nous invite à placer notre attente plus loin que ce que le monde peut nous offrir ».

    Ce Carême peut devenir un résumé de tout notre vie, parce qu’au terme de ce Carême il y a quelque chose, un objet pour notre marche. Mais le croyons-nous ? Nous nous dirigeons vers ce renouvellement de l’alliance, vers la réactualisation de la communion avec Dieu. Le chemin peut être long ; l’objet de notre attente peut nous faire languir ; de multiples choses peuvent se présenter à nous en route et nous faire oublier ce vers quoi nous sommes tendus. Mais l’espérance vient nous rappeler qu’un terme est possible, même si tout nous le masque ; qu’un horizon devant nous existe même si nous ne le percevons pas, et si a fortiori nous ne l’expérimentons pas encore.

    « Je mets mon espérance dans ce que Dieu me donnera comme un cadeau inattendu et non mérité. Si je mets mon attente uniquement dans les biens de ce monde, je n’ai plus de l’espérance, seulement le souci de voir réalisés mes désirs ». Nous attendons les cieux nouveaux. Nous attendons la vie du monde à venir. Nous attendons une plénitude qui ne sera jamais de ce monde et que nous accueillons dans la foi. Saint Augustin le dit dans une formule ciselée : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi ! » Il ne s’agit pas simplement de le chanter, mais il faut que cette formule descende d’environ 30 cm, de notre esprit à notre cœur.

  • Tes péchés sont pardonnés

    paralytique.jpgEncore une belle page d’Evangile. Imaginons... La maison bondée. On ne peut plus entrer. Les disciples enthousiasmés par la foule qui est attiré par Jésus. Les pharisiens et les scribes à l’affût de ses paroles et de ses gestes. Les malades qui se pressent pour une guérison. Et puis Jésus qui enseigne, se tait, accueille, bref qui passe en faisant le bien.

    Ici, la trame du récit se fait précise : c’est l’histoire du paralytique qu’on apporte par le toit. Imaginez la longue attente de ce gars qui souffre, depuis combien de temps déjà ? Imaginez l’énergie des hommes qui l’amènent à Jésus, qui sont déçus de ne pas pouvoir rentrer, alors ils le hissent par dehors, font un trou dans le toit, le descendent au moyen de cordes. Imaginez le regard noir des scribes : que va encore faire Jésus cette fois-ci : il va le guérir, heureusement qu’on n’est pas en sabbat ? quelle loi de Moïse va-t-il violer ? Imaginez la plainte silencieuse de cet homme. Son handicap parle pour lui. Pas plus que Job, il ne se pose la question de savoir s’il est handicapé parce qu’il porterait sa faute ou son péché. Il souffre. Il est là pour une chose et une seule. Lui comme tous attendent LE miracle. Il en a fait d’autre (les sourds les muets, les lépreux, les aveugles, et tous les autres) il peut bien faire celui ci. Et entendez bien la phrase qui tombe : tes péchés sont pardonnés.

    Stupeur du gars : je ne suis pas venu pour cela. Stupeur de ses compagnons : on ne s’est pas donné tout ce mal pour cela. Stupeur des pharisiens : il blasphème, Dieu seul pardonne les péchés.

    Et oui, les Juifs professaient que seul Dieu peut remettre les péchés. Une fois par an, dans une grande liturgie solennelle, le grand prêtre qui seul pénètre dans le Saint des Saints, auprès même de la présence de Dieu, demande pardon et reçoit le pardon des péchés, pour lui-même, pour sa maison et pour tout le peuple. Une fois par an, de façon solennelle, la communion avec Dieu est renouvelée, l’Alliance est à nouveau scellée.

    Mais voilà, Jésus a justement cette prétention incroyable à des oreilles humaines. Il pardonne les péchés. Autant de fois qu’il le veut et qu’il le dit. Dans toutes les situations dans lesquelles il se trouve. Ici dans la maison bondée, plus tard en Croix au bon larron. Parce qu’il est Dieu, et qu’il connaît les cœurs, lui seul il peut rétablir une communion que l’homme avait rompu, une amitié dont il s’était détournée. La voilà, la vraie maladie du cœur de l’homme que le Christ est venu guérir. Pas la cécité, hélas, il reste des aveugles de nos jours. Pas plus la lèpre, le handicap, ou le virus du SIDA. Il laisse ce travail au génie du travail et de l’intelligence des médecins. Il vient pardonner, rétablir en communion avec le Père.

    Pour ceux qui en doutent, et vous avez entendu qu’il n’en manque pas autour de Jésus. Ceux qui doutent qu’il ait ce pouvoir divin. Ceux qui doutent qu’il soit autorisé à le faire, qu’il puisse le faire. Pour tous ceux qui doutent, il guérit cet homme de sa maladie physique. Son mal physique qui le privait de la sociabilité avec les autres, qui le mettait à terre en permanence, il le guérit pour le relever, le ressusciter pourrait-on dire. Mais je le répète, le plus important n’est pas là. La guérison de cet homme vient authentifier le pouvoir que le Fils a de rétablir cette communion, ce que précisément nous demandons dans la prière adressée au Père : pardonne-nous nos offenses. Son mal physique lui est remis, comme signe, sacrement du pardon de ses péchés. Il n’est pas paralytique parce qu’il aurait péché. Il est guéri parce qu’il est pardonné.

    Je ne sais pas où vous en êtes du côté de cette communion avec Dieu. Communion, amitié, alliance. Le voilà l'horizon de notre vie. Le voilà le but de l’Incarnation du Christ, de son mystère pascal. Toute l’Ecriture insiste sur une réalité simple : le Christ nous restaure dans cette communion avec le Père, à condition que nous nous présentions à lui. C’est le sens du Carême que nous allons vivre dans quelques jours. C'est une folle espérance pour nous et pour autrui. Aujourd'hui, vous avez le choix (non exclusif) entre deux attitudes : celle de l’homme qui se lève faire, celle de ceux qui l’amènent. Vous approcherez vous de lui aujourd’hui ? Qui lui amènerez-vous par l’audace de votre prière, perçant le toit, pour qu’il introduise celui pour lequel vous intercédez dans cette vie nouvelle ?

  • Nous avons trouvé le Messie !

    avancez%20au%20large.jpgVoici donc André qui débarque chez son frère Simon avec cette nouvelle inouïe. Nous avons vu, nous avons reconnu, nous annonçons ! Qu’ont-ils vu ? Jésus de Nazareth le long du lac. Qu’ont-ils reconnu ? l’Agneau de Dieu, le Messie attendu par Israël ? Et ils ne peuvent garder cette découverte. La rencontre fulgurante embrase leurs cœurs en attente. La rencontre transformante doit se communiquer, comme un feu dans les herbes sèches en été. Je vous propose de suivre ces disciples, qui deviendront bientôt les apôtres du Christ ressuscité. En ces débuts du temps ordinaire, ils prennent un chemin qui peut devenir leur nôtre, si nous nous laissons enseigner.
    Ils cherchent. Pour trouver, il faut chercher et attendre, c’est presque une évidence. Disciples de Jean le Baptiste, ces pécheurs de la belle saison, s’étaient mis à son école dans les moments libres. Ils avaient entendu l’appel à la conversion. Ils avaient appris en sa compagnie à attendre le Messie, à scruter les moindres signes de sa présence. Avec eux, c’est toute l’histoire d’Israël qui attend son accomplissement. Sans le savoir, ils portent en eux-mêmes l’attente de la réalisations des promesses de Dieu, l’actualisation de la fidélité de Dieu. Sans le savoir, ils interrogent notre propre quête, notre propre attente.
    Ils regardent. Attendre est une chose, encore faut-il regarder, scruter, deviner. Avec Jean-Baptiste, ils voient un homme, pensez donc un Nazaréen (de là bas que peut-il sortir de bon ?). Mais Jean-Baptiste pose son regard sur lui et les invite à le regarder, non plus à la manière humaine, mais déjà avec le regard de la foi d’Israël. L’inconnu les invitera même à voir de façon plus intime. Venez et voyez. Et ils virent. Et ils restèrent auprès de lui. A ton tour, dépouille-toi de ton propre regard, de tes propres préjugés. Regarde donc, viens et vois. Accepte d’être regarder par celui que tu regardes.
    Ils écoutent. Jean l’évangéliste a gardé la mémoire vive de ce jour où ils entendent de Jean baptiste cette phrase : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ce qu’il avaient appris de lui, voilà ce que cela se réalise sous leur yeux. Ils voient, et ils reconnaissent. Voici qu’ils vont se mettre à une autre école, celle du Maître par excellence, celle du Christ. Ils se font écoutants, apprenants. Le terme de disciple est justement de cette étymologie.
    Pour des fils d’Israël, rien de surprenant. C’est l’ordre de Moïse au peuple, qui deviendra la confession de foi juive. Sh’ma Israël, Adonaï ehohenou, Adonaï ehad. Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN. Ecoute. Ouvre l’oreille de ton cœur. Ecoute et obéis. Ecoute et mets en pratique. Fais silence de tes propres paroles. N’allègue pas ton propre savoir. Accepte d’être formé et éduqué. Baisse la garde et dépose les armes. Ecoute.
    Ils suivent. Chercher est une chose. Trouver en est une autre. La rencontre est loin d’être banale. Ils en sont suffisamment transformés pour suivre et appeler d’autres à cette suite. La rencontre avec le Christ ne laisse pas indemne. Pour eux, ce fut la vocation singulière à tout quitter pour le suivre. Peu importe ce qu’il y aura en retour. Il s’agit de le suivre sans regarder en arrière, Le suivre partout où il ira, du baptême à la résurrection. Peu importe qu’ils le suivent sans voir tout à fait son visage, sans comprendre complètement son identité. Les évènements à venir contribueront à ce chemin de foi.
    Ce chemin intérieur des disciples (ils cherchent – ils regardent – ils écoutent – ils suivent) me suggère deux réflexions que je vous livre :
    La première serait un travail de mémoire spirituelle. Chacun de nous, parce qu’il est ici ce matin, a sans doute fait une telle rencontre avec le Christ. Rencontre récente ou rencontre ancienne. Rencontre paisible ou bouleversante. En tous états de cause, rencontre transformante. Pour chacun, elle aura une couleur propre, une note propre. Comme saint jean qui en a le souvenir spirituel vif, je vous propose d’en cultiver la mémoire. C’est le moment où il s’est approché de nous, où il nous a attirés à lui,
    La seconde est une certitude de foi. Le Christ est séduisant. ? il l’est pour les pécheurs de Galilée. Il peut l’être encore en cet instant, pour des cœurs qui le cherchent. Il continuer à se laisser trouver. Il continue à appeler ceux qu’ils veut à sa suite. Cette certitude de foi doit nous habiter, pour nous même, là où nous en sommes, pour surtout pour tous les jeunes que nous connaissons. Dieu appelle et est séduisant. Toute rencontre avec le Christ comble une vie, quelle qu’en soit la forme. Certains sont appelés à le suivre radicalement. Nous avons à être extrêmement délicats avec cet appel ; pour permettre une écoute libre et donc une réponse libre. Que nos communautés, que nos familles puissent désigner l’Agneau de Dieu à des cœurs qui le cherchent, le regardent et le suivent.