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Homélies - Page 43

  • Voici le Corps et le Sang du Seigneur

    arton2916.gifCe dimanche, comme tous les autres dimanches de l’année, et même tous les jours, ces paroles de Jésus vont à nouveau être prononcées ici. Quel corps et quel sang ? L’Evangile précise et nous allons également l’entendre : Corps livré pour nous, sang répandu pour la multitude. Qu’est-ce qu’il faut comprendre aujourd’hui, alors que nous fêtons le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ.

    Premier élément. Pour qu’il y ait corps et sang , il faut qu’il y ait pain et vin. Ils vont être apportés dans un instant. Ce sont le pain et le vin de nos tables et de nos fêtes humaines. Deux aliments tout simples, tout modestes, mais qui deviennent Corps et Sang du Christ. Remarquez bien qu’il n’y a rien d’autre. Sur les tables de la Pâque juive dont viennent ce pain et ce vin, il y a d’autres aliments : des herbes amères, symbole de l’amertume de la vie d’esclavage ; un agneau pascal, symbole de cette vie que Dieu a prise puis redonné pour tout le peuple ; et d’autres éléments encore. Ici, il n’y a pas d’animaux offerts, pas de sang répandu. Il n’y a que ce pain fait de grains de blé broyés, mélangés à l’eau et au sel, cuits pour devenir nourriture des riches comme des pauvres. Il n’y a que ce vin fait de raisins vendangés, broyés, vinifiés pour devenir ce vin de la joie et de l’ivresse.

    Deuxième étape. Pourquoi le pain et le vin deviennent-ils Corps et Sang du Christ ? Parce qu’au soir de sa Passion, au moment même où il donnait sa vie par amour, au moment où il s’offrait en sacrifice pour nous, Le Christ Jésus institue ce sacrement, ce geste et cette réalité qui font que le pain et le vin deviennent le sacrement de son Corps et de son Sang, donnés pour nous. Pour le dire autrement, quand on aime quelqu’un, on donne, on offre quelque chose. Si on aime vraiment, totalement, exclusivement, le bien et le bonheur qu’on veut pour l’autre, on le lui donne en offrant tout, jusqu’à se donner soi-même. C’est le sommet de l’amour du Christ pour nous. Comme les grains de blé et les grappes de raisin, il est broyé dans sa Passion pour être donné en nourriture et en breuvage à tous ceux qui croiront en lui, et recevront ainsi de lui Sa vie. Mais attention, il consent à cette offrande de lui-même dans un geste qui a une portée de sacrifice. Le mot n’est pas très tendance, mais je l’utilise quand même. Il s’offre pour nous et pour notre salut. Pour nous, c'est-à-dire en notre faveur, mais également à notre place.

    Les sacrifices de l’Alliance avaient pour fonction de rétablir la communion entre Dieu et son peuple. On utilisait des animaux, le bien le plus précieux après les vies humaines. Point central du sacrifice, c’est la vie offerte, matérialisée par ce sang versé. Ici, pas d’animaux, pas de sang répandu, je vous rassure. Mais dans ce pain rompu et ce vin donné, il y toute la puissance symbolique de ce sacrifice du Christ où il s’offre pour nous. On comprend alors pourquoi c’est le pain de la vie et la coupe du salut. On comprend mieux pourquoi c’est le Sang de l’Alliance, répandu pour la multitude, en faveur du plus grand nombre, mais aussi à la place de ceux qui ne pouvaient plus rétablir cette communion d’amour avec le Père qui avait été rompu de la part de l’homme. En Jésus, Dieu se réconcilie avec Dieu. Le Très-Bas s’offre au très Haut et nous prend dans cette magnifique offrande.

    Vous allez communier aujourd’hui, et pour la première fois, et je vous souhaite de découvrir un peu plus à chaque communion, chaque dimanche, ce que cette communion signifie. Je vous donne une piste : nourriture et offrande. Vous recevez ce pain et ce vin consacré comme nourriture. Mais attendez-vous de Jésus qu’il vous nourrisse, qu’il comble votre attente ? Quel est votre désir en cet instant ? Qu’attendez-vous de lui ? Vous recevez ce Corps et ce Sang offerts. Il s’offre et il attend de vous que vous participiez à cette offrande, en lui présentant votre vie telle qu’elle est. Le ferez-vous ? Nourriture qui comble notre attente et offrande qui suscite la nôtre. Voilà les 2 mots à retenir. Voilà le cadeau que Jésus vous fait en ce jour. Soyez heureux.

  • La Parole de Dieu à l'Oratoire

    stphil2.jpgComme vous le savez, la date du 26 mai est celle de la mort, c'est-à-dire de la naissance au Ciel de Saint Philippe Néri. Le lendemain de sa mort en 1595, un de ses proches, Cesare Baronio a formulé une prière à Philippe à partir du psaume 80 : « du haut des cieux, regarde et vois, visite cette vigne et protège la, celle qu’a planté ta main puissante ».

    Dans l’Oratoire, saint Philippe est donc regardé, vénéré comme un père, comme un fondateur. L’Oratoire, et en particulier la Congrégation de l’Oratoire de Rome, est né de son intuition, plus que de son intention. Il est né de ces échanges familiers autour de la Parole de Dieu, de cet apostolat de rues, de cet ferveur contagieuse, de cet amour de l’Eglise des saints et des martyrs, bref de ce cœur enflammé du feu de l’Esprit qu’est Saint Philippe.

    Voici que nous avons la joie de célébrer Saint Philippe ici pour la 4ème année de notre présence, et la 1ère année de la fondation de l’Oratoire de Dijon. L’image de la vigne, utilisée par Cesare Baronio, peut être à nouveau utilisée ici. Depuis le 15 juillet 2011, l’Oratoire a été planté par Saint Philippe sur cette terre de Bourgogne et se confie à lui pour qu’il le visite et le protège.

    Peut-être qu’après 4 ans de fréquentations réciproques vous demandez vous ce qu’est l’Oratoire ? Vous avez devant vous et au milieu de vous 3 prêtres assez différents quoiqu’habillés de la même manière, 3 prêtres difficilement séparables, 3 visages et 3 voix vivant et travaillant en communauté. Ils semblent plus près des prêtres diocésains que des moines. Et pourtant, ils ne cessent de vous parler de leur charisme. Non pas des dons personnels exceptionnels, mais plutôt, une note propre, couleur propre dans l’arc en ciel des différentes formes de vie et d’apostolat dans l’Eglise.

    Au fond, notre charisme, c’est la Parole de Dieu et la vie fraternelle. Dès les débuts romains dans la petite chambre de Philippe, puis dans la pièce du grenier de l’église où il habitait, notre fondateur a voulu qu’on se réunisse autour de la Parole de Dieu. Ainsi il disait qu’il fallait d’abord lire les livres qui commence par un « S » : les Saintes Ecritures, les enseignements des saints Pères, la vie des Saints. Quelques traits de cette Parole de Dieu au cœur de l’Oratoire.

    Une Parole écoutée, méditée. A l’Oratoire, on lit aussi bien des pages de l’Ecriture, que des lettres des premiers missionnaires aux Indes. On va aux sources du témoignage des premiers martyrs, comme on se met à l’école des maître spirituels de la devotio moderna toute proche. On ne ait pas qu’écouter passivement, on parle, on échange. Cette Parole circule : on échange, on chante, on prie. Un texte interne aux Congrégations dit : «  Dans l’Oratoire, depuis ses débuts, primait l’entretien tout simple sur la parole de Dieu, dans une ambiance familière, où personne ne se sentait étranger, où tous se proposaient de rendre heureux ceux qui les entouraient en créant un climat propice à l’accueil de la Parole de Dieu » (IS 42)

    Une Parole vivante. Elle est vivante si elle est reçue pour être transmise. Elle est d’autant plus vivifiante qu’elle permet une rencontre fervente avec le Christ en conduisant à la prière personnelle et commune, ainsi qu’à une charité concrète et effective. Le même texte dit : « On préférait la méditation de la parole de Dieu qui devenait vie et formait de cette manière l’histoire même de l’Eglise : l’histoire incarnée et vécue par les saints/ Ainsi méditée, la parole vient en aide au frère et, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, nous fait être serviteur du prochain. » (IS 45)

    Parce qu’elle est vivante et ainsi célébrée, elle s’incarne concrètement dans le groupe plus ou moins formel qui se réunit autour de Philippe ; Il suffit de les regarder : jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, employés de boutique et prélats de la Cour pontificale, jeunes musiciens et à leur service prêtres de la Congrégation.

    La visée est toute simple pour notre fondateur. L’Oratoire va naître de là et l-a Congrégation devra se mettre au service de cette œuvre : « le devoir de notre institut est de parler au cœur ». Ni plus, mais ni moins. « On ne discute pas, on excite seulement par des exhortations la ferveur de ceux qui assistent » (IS 44). Le cœur parle au cœur, et il sait écouter et reconnaître les cœurs où Dieu parle.

    Chers amis, vos 3 pères de l’Oratoire ont bien conscience d’être attendus ici par Saint Philippe. Nous nous confions à sa prière pour qu’il regarde et voie cette vigne que sa main a plantée. Sans aucun doute, attend-il des cœurs d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes qui désirent, sans le savoir encore, entrer dans la grâce de cette ferveur vivante que la Parole de Dieu. Alors l’Oratoire deviendra ce qu’il est : une école où tous ensemble nous progresserons dans la charité.

  • Il est ressuscité. Il est apparu

    Le_Caravage_-_Lincr%C3%A9dulit%C3%A9_de_Saint_Thomas.jpg« Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à ses apôtres ». 3ème étape dans ce temps pascal où le Christ ressuscité irradie de sa présence glorieuse l’Eglise et toute la création.

    Après le long passage de la rencontre avec 2 disciples sur le chemin d’Emmaüs, St Luc les suit dans leur retour à Jérusalem. Le Christ ressuscité apparaît enfin, si j’ose dire, à ses apôtres. Deux verbes dominent ce passage, et finalement les différents récits évangéliques. « Il est ressuscité » et « il est apparu ». Deux verbes, deux réalités, deux piliers de la foi pascale des apôtres et de l’Eglise naissante.

    Il est ressuscité. Comme il n’y a pas de mot grec pour parler de ce phénomène si extraordinaire, les Evangiles utilisent tour à tour deux expressions : Il s’est réveillé, ou il s’est dressé, mis debout. Les mots sont imagées, ils veulent rendre compte de l’inédit de l’évènement. Il ne s’agit d’un retour en arrière, d’une simple réanimation comme a pu la connaître Lazare ou le fils de la veuve de Naïm. Dieu le ressuscite son Fils en le poussant en avant, dans une vie glorieuse qui est libre par rapport au temps et à l’espace. Il est ressuscité, c’est une condition nouvelle, mais c’est d’abord un fait brut, massif, incompréhensible aux oreilles et aux esprits humains. Remarquez bien, qu’on ne dit pas qu’il ressuscite, parce que personne n’est témoin de l’évènement, pas plus que de l’Incarnation.

    Il est apparu. Si personne n’est témoin de l’évènement, plusieurs sont témoins du ressuscité. On le voit, il se fait rencontrer, toucher. Il vient, il part, il disparaît, il est là, il mange avec eux. Il parle. Ce n’est ni un fantôme, ni un esprit. C’est le Seigneur ressuscité qui apparaît, qui se donne à voir. La réalité est également tout aussi brute, et les évangiles ne sont guère flatteurs pour les apôtres. On ne masque pas leur étonnement, leur incrédulité, leur lenteur à croire le témoignage des femmes.

    « Le Seigneur est vraiment ressuscité, il est apparu à Simon ». Par ces deux verbes, il s’agit d’abord d’une réalité historique. Un évènement dont les bénéficiaires auront à être témoins quitte à perdre la face en dévoilant leur propre lenteur à croire dans la réalité historique. Mais l’évènement est là, massif. Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, selon la salutation pascale des Eglises d’Orient. Pierre, comme Paul, n’auront de cesse à fonder leur catéchèse, leur proclamation du Christ sur la dimension historique : Lui qui a vraiment souffert, qui est vraiment mort, il est vraiment ressuscité, il reviendra vraiment, dans la gloire.

    Il faut nous habituer à ce que la foi chrétienne ne soit pas fondée sur un mythe, un beau récit des origines, ni même sur un beau catalogue symbolique. Elle est fondée sur une réalité historique. Dans le symbole de Nicée-Constantinople que nous allons proclamer dans un instant, une toute petite assertion va nous rappeler cet ancrage historique de notre salut : crucifié sous Ponce Pilate. Voici que cet obscur procureur romain du Ier siècle a une notoriété qu’il n’aurait pas soupçonné. Cette assertion nous rappelle chaque dimanche cet ancrage historique.

    Pour être précis, il me faut ajouter un aspect. La résurrection du Christ se présente à nous avec ce double visage : réalité historique, mais également réalité de foi. Certes, notre foi serait vaine sans fondement historique, mais il faut passer de l’histoire à la foi. Nous n’avons pas à faire la preuve, ni la démonstration de la résurrection. Nous n’avons pas à courir pas à Jérusalem pour y voir les restes du tombeau vide. Encore moins d’attendre pas l’apparition du Christ ressuscité.

    C’est que le témoignage de foi des apôtres fonde et permet notre propre foi. Saint Augustin va même jusqu’à affirmer : « Tout le monde croit que le Christ est mort, même les païens. Seuls les chrétiens croient qu’il est ressuscité ; celui qui ne le croit pas n’est pas chrétien. ». La résurrection atteste donc en retour la vérité de tout ce qu’a fait et dit le Christ dans son existence terrestre. Pour les apôtres, s’ouvre un nouveau chemin après Pâques, celui de l’attestation par le Père de la vérité de tout ce qu’a dit et fait le Fils. Voilà le chemin qui s’ouvre pour nous : l’histoire devient objet de foi, au point qu’elle se fait actuelle à chaque instant de nos existences présentes. Oui, vraiment, le Seigneur est ressuscité, et même ici et maintenant, dans l’Eglise et dans les sacrements il m’apparaît dans la foi.

  • Deux gestes de Jésus

    .Cene_champaigne_m.jpg« Faites cela en mémoire de moi ».Ce soir, nous réitérons 2 gestes de Jésus : le partage du pain et du vin, le lavement des pieds. Nous les réitérons parce qu’il l’a demandé, parce qu’il a confiés à ses apôtres qui les ont transmis, de sorte que ils ont été fidèlement accomplis jusqu’à ce jour.

    Deux gestes simples : du pain et du vin, de l’eau dans une bassine. Deux gestes pauvres qui ne nécessitent pas des biens rares ou précieux qui seraient réservés à quelques uns. Deux gestes domestiques qui ne demandent pas à se déplacer dans un sanctuaire, dans un temple. Deux gestes quotidiens dans la culture contemporaine au Christ.

    Le pain et le vin, ce sont les aliments de base du monde méditerranéen où le blé et la vigne poussent si facilement, et où le travail humain sait en tirer le meilleur, le pain de la subsistance et la vin de la fête. Le pain qui nourrit et la vin qui réjouit. Mais ce pain et ce vin, ce sont ceux du repas pascal : pain de misère qui n’a pas levé à cause de la sortie rapide d’Egypte ; vin de libération qui accomplit les promesses de Dieu. Pain de la sortie de l’esclavage. Vin de l’entrée dans le salut. Pain et vin de l’alliance que Dieu vient puissamment renouveler. Le Christ reçoit ce pain et ce vin pour en faire, ce soir même, le sacrement, le mémorial de l’alliance en sa personne. Il devient ce pain de sortie du péché, ce vin de l’entrée dans la communion avec le Père.

    Autre geste : le lavement des pieds. Dans une civilisation où l’on marche, le geste d’hospitalité n’est pas seulement de proposer à l’hôte de se laver les mains, mais de lui permettre de se laver les pieds. Pour honorer son invité, on le fait soi-même, ou plutôt on le fait faire par un esclave, et même par un esclave non-juif. Jésus reçoit ce geste de sa culture. Mais il le reçoit également d’une femme qui l’avait fait à Béthanie, au yeux de tous pendant un repas. Comble de l’indignation des témoins, elle a lavé les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix, de ses propres cheveux. Ce geste annonçait ce qui ce vit dans la passion : son sacrifice, sa mort, sa mise au tombeau. Il est l’esclave qui lave les pieds de ses apôtres et se livre pour tous.

    Ce soir, comme des pauvres, nous recevons ces deux gestes. Certes, on aurait pu en imaginer d’autres, plus parlants, plus actuels. Le pain et vin ne sont pas les symboles les plus universels ; le lavement des pieds de quelques hommes pourrait être considéré comme réducteur, mais l’Eglise les garde pour marquer l’enracinement concret, l’incarnation de ce que le Christ institue. En ce sens, l’Eglise obéit aux deux consignes données aux apôtres au cœur de ce repas pascal, avant le drame de la Passion volontaire. Deux consignes simples, mais exigeantes : « vous ferez cela en mémoire de moi », et « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

    La portée de ces 2 gestes est immense : ils sont instituants, fondateurs de la vie même de l’Eglise qui reçoit de son Maître et Seigneur ce qu’elle est : le sacrement du salut pour tout homme. Par le geste du pain et du vin consacré, c’est le sacrement de l’Eucharistie qui est tout à la fois repas du Seigneur, sacrifice du Christ et lieu de constitution de l’Eglise. C’est le signe et le moyen efficace que nous recevons pour devenir ce que nous sommes : le Corps du Christ. Comme au Séder pascal, celui que célébreront nos frères juifs samedi soir, advient jusqu’à nous la fécondité de l’évènement que célèbrent ce pain rompu et ce vin partagé. C’est le sens du mémorial, qui n’est pas la commémoration d’un évènement lointain. Non, c’est justement l’actualisation, l’avènement de l’évènement.

    Et de même, pour le geste du lavement des pieds qui est reçu comme le sacrement de la charité pastorale du Christ. En ce soir où il institue le sacrement de l’Ordre, il rappelle à ceux qu’il a choisis pour être au service de la grande Eglise, quelle est la règle de leur service : l’amour fraternel, et plus que tout le don total de soi, la configuration au Maître venu non pour être servi, mais pour servir.

    Les uns et les autres, ce soir, nous voici comme des pauvres qui accueillons ces 2 gestes de Jésus et qui allons recevoir tout de Lui : Sa vie offerte dans ce pain et ce vin ; Sa charité au service de notre existence.

    Sois béni, Seigneur Jésus, Ce soir, nous avons l’assurance que Tu es avec nous jusqu’à la fin des temps. Nous recevons te Toi une vie que nous ne pouvions pas nous donner à nous-mêmes. Et nous recevons ta présence nourrissante et aimante de ceux que nous ne pouvions nous donner à nous-mêmes. Viens encore susciter de nouveaux ministres pour que ta vie et ta charité continue à nous nourrir et à nous servir.

  • Vive Jésus ! A mort !

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    Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville
    Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
    Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ?

    C’est fini. Jésus est au tombeau. Seuls quelques intimes l’ont accompagné là où personne n’aurait imaginé que cela se termine. D’une façon très extérieure à la foi, on pourrait ajouter : l’espérance est morte, on n’en parle plus. On ajouterait même : l’immense élan que le Christ avait suscité, les foules déplacées, les miracles, les enseignements, les nuits de prière, les espoirs soulevés… de tout cela il ne reste plus rien. Un cadavre, un tombeau, une pierre roulée. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

    Justement une semaine avant, quel contraste ! Souvenez-vous c’est l’Evangile que nous avons entendu dehors. C’était justement la ferveur des grands jours, l’enthousiasme d’une foule qui avait déroulé le tapis rouge. Hosanna au Fils de David ! Vive Jésus ! Qu’il soit béni celui qui vient au nom du Seigneur. Parce que justement le voici Celui qu’annonçaient les prophètes, Celui vers qui toute la foi d’Israël était tendue : le Messie. Comme on a raison de l’acclamer : Il vient rétablir toutes choses. Il vient enfin établir son royaume de justice et de paix. Les espoirs étaient vifs !

    Ils avaient acclamé un Messie triomphant, et voici qu’il ne rétablit pas la royauté d’Israël, qu’il ne chasse pas l’occupant. Les disciples d’Emmaüs se feront l’écho de cette déception. Cette même foule venue à Jérusalem pour la fête de Pâque s’est retournée ; elle a demandé la crucifixion du Messie, Fils de David. Ce sont sans doute les mêmes qui vont hurler à mort, jurant qu’ils ne veulent pas d’autre roi que César, qu’ils préfèrent qu’on leur relâche Barrabas, un criminel. Ils attendaient un Messie triomphant, et ils n’ont pas reconnu le Messie souffrant. Pire, ils ont conduit le Messie à la souffrance qu’il avait pourtant annoncé à ses propres disciples. Ils attendaient l’objet de leurs espoirs trop humains et trop terrestres de gloire et de succès. Et voilà qu’il est venu sur un ânon, et non sur un char ou sur un fier destrier.

    Pour cette foule, mais peut-être aussi pour nous-mêmes, il est plus facile, plus sage de miser sur quelqu’un qui réussit. Il est plus confortable de suivre un leader, un chef qui suscite une espérance forte, positive, qui nous permet de penser que les choses vont vraiment changer, et en bien. Or, nous sommes les disciples de quelqu’un qui n’a pas réussi, tout du moins aux yeux humains. Nous sommes les disciples de Celui qui est venu pour servir et non pour être servir, de Celui qui s’abaissa plus encore jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Avec le regard de la foi, nous croyons et nous espérons que nous sommes sauvés par cet abaissement que nul homme ne pouvait connaître, qu’au moment où la mort semble avoir englouti celui-là même qui y consent et qui s’y livre, une porte s’ouvre : celle de la victoire à venir. La voilà l’unique espérance de la Croix : Ave spes unica dit un hymne grégorien.

    Quelques faibles indices nous y aident : ces palmes frappés à terre comme à la fête des Tentes anticipant la fin du mal et du péché instauré par l’arrivée du Messie ; le pain et le vin offerts au soir de la Pâque en signe d’une alliance nouvelle ; la foi des quelques intimes qui l’entourent et l’ensevelissent avec beaucoup de charité corporelle. Et surtout l’attente de Marie, la mère des douleurs. Avec toute l’Eglise, elle veille. Avec toi Marie, nous croyons que tout commence.