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Homélies - Page 43

  • Nous avons trouvé le Messie !

    avancez%20au%20large.jpgVoici donc André qui débarque chez son frère Simon avec cette nouvelle inouïe. Nous avons vu, nous avons reconnu, nous annonçons ! Qu’ont-ils vu ? Jésus de Nazareth le long du lac. Qu’ont-ils reconnu ? l’Agneau de Dieu, le Messie attendu par Israël ? Et ils ne peuvent garder cette découverte. La rencontre fulgurante embrase leurs cœurs en attente. La rencontre transformante doit se communiquer, comme un feu dans les herbes sèches en été. Je vous propose de suivre ces disciples, qui deviendront bientôt les apôtres du Christ ressuscité. En ces débuts du temps ordinaire, ils prennent un chemin qui peut devenir leur nôtre, si nous nous laissons enseigner.
    Ils cherchent. Pour trouver, il faut chercher et attendre, c’est presque une évidence. Disciples de Jean le Baptiste, ces pécheurs de la belle saison, s’étaient mis à son école dans les moments libres. Ils avaient entendu l’appel à la conversion. Ils avaient appris en sa compagnie à attendre le Messie, à scruter les moindres signes de sa présence. Avec eux, c’est toute l’histoire d’Israël qui attend son accomplissement. Sans le savoir, ils portent en eux-mêmes l’attente de la réalisations des promesses de Dieu, l’actualisation de la fidélité de Dieu. Sans le savoir, ils interrogent notre propre quête, notre propre attente.
    Ils regardent. Attendre est une chose, encore faut-il regarder, scruter, deviner. Avec Jean-Baptiste, ils voient un homme, pensez donc un Nazaréen (de là bas que peut-il sortir de bon ?). Mais Jean-Baptiste pose son regard sur lui et les invite à le regarder, non plus à la manière humaine, mais déjà avec le regard de la foi d’Israël. L’inconnu les invitera même à voir de façon plus intime. Venez et voyez. Et ils virent. Et ils restèrent auprès de lui. A ton tour, dépouille-toi de ton propre regard, de tes propres préjugés. Regarde donc, viens et vois. Accepte d’être regarder par celui que tu regardes.
    Ils écoutent. Jean l’évangéliste a gardé la mémoire vive de ce jour où ils entendent de Jean baptiste cette phrase : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ce qu’il avaient appris de lui, voilà ce que cela se réalise sous leur yeux. Ils voient, et ils reconnaissent. Voici qu’ils vont se mettre à une autre école, celle du Maître par excellence, celle du Christ. Ils se font écoutants, apprenants. Le terme de disciple est justement de cette étymologie.
    Pour des fils d’Israël, rien de surprenant. C’est l’ordre de Moïse au peuple, qui deviendra la confession de foi juive. Sh’ma Israël, Adonaï ehohenou, Adonaï ehad. Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN. Ecoute. Ouvre l’oreille de ton cœur. Ecoute et obéis. Ecoute et mets en pratique. Fais silence de tes propres paroles. N’allègue pas ton propre savoir. Accepte d’être formé et éduqué. Baisse la garde et dépose les armes. Ecoute.
    Ils suivent. Chercher est une chose. Trouver en est une autre. La rencontre est loin d’être banale. Ils en sont suffisamment transformés pour suivre et appeler d’autres à cette suite. La rencontre avec le Christ ne laisse pas indemne. Pour eux, ce fut la vocation singulière à tout quitter pour le suivre. Peu importe ce qu’il y aura en retour. Il s’agit de le suivre sans regarder en arrière, Le suivre partout où il ira, du baptême à la résurrection. Peu importe qu’ils le suivent sans voir tout à fait son visage, sans comprendre complètement son identité. Les évènements à venir contribueront à ce chemin de foi.
    Ce chemin intérieur des disciples (ils cherchent – ils regardent – ils écoutent – ils suivent) me suggère deux réflexions que je vous livre :
    La première serait un travail de mémoire spirituelle. Chacun de nous, parce qu’il est ici ce matin, a sans doute fait une telle rencontre avec le Christ. Rencontre récente ou rencontre ancienne. Rencontre paisible ou bouleversante. En tous états de cause, rencontre transformante. Pour chacun, elle aura une couleur propre, une note propre. Comme saint jean qui en a le souvenir spirituel vif, je vous propose d’en cultiver la mémoire. C’est le moment où il s’est approché de nous, où il nous a attirés à lui,
    La seconde est une certitude de foi. Le Christ est séduisant. ? il l’est pour les pécheurs de Galilée. Il peut l’être encore en cet instant, pour des cœurs qui le cherchent. Il continuer à se laisser trouver. Il continue à appeler ceux qu’ils veut à sa suite. Cette certitude de foi doit nous habiter, pour nous même, là où nous en sommes, pour surtout pour tous les jeunes que nous connaissons. Dieu appelle et est séduisant. Toute rencontre avec le Christ comble une vie, quelle qu’en soit la forme. Certains sont appelés à le suivre radicalement. Nous avons à être extrêmement délicats avec cet appel ; pour permettre une écoute libre et donc une réponse libre. Que nos communautés, que nos familles puissent désigner l’Agneau de Dieu à des cœurs qui le cherchent, le regardent et le suivent.

  • "Peu importe le flacon, pourvu qu'il ait l'ivresse !"

    creche.jpgEn cette nuit d’hiver, c’est Noël ! Dans nos maisons, les sapins ont été décorés, ils illuminent nos salons, nos fenêtres. La table est dressée pour un repas familial. Depuis des jours, des semaines mêmes, on a acheté, on a couru les magasins. Les cadeaux sont prêts. On parlera de trêve des confiseurs, de fête de fin d’année. Le voilà donc, cet emballage avec lequel on nous présente cette nuit d’hiver. Emballage de lumière, emballage de décorations, emballage de consommation.

    Depuis des semaines, nos rues, nos places, nos écrans de télévision ont revêtu des habits de lumière, toutes sortes de décoration nous le rappellent : c’est Noël. L’expression est même lancée : c’est la magie de Noël ! Sans doute, ce désir de fête et de lumière vient au cœur de l’hiver pour manifester que nous ne sommes pas faits pour la nuit et la solitude. Sans doute, Noël fascine nos contemporains, parce que, d’une manière ou d’une autre, ils perçoivent, et nous avec eux, que cet évènement a quelque chose à voir avec une certaine nostalgie, une certaine aspiration profonde qui reste active, que nous n’avons pas oublié. La lumière dans la nuit, la paix au milieu du vacarme, l’innocence de l’enfance au milieu du désenchantement de l’adulte. L’emballage recèle un cadeau, le contenu d’un cadeau que nos cœurs désirent encore. Ce cadeau de Noël est beaucoup plus simple. Plus simple en cette nuit. Simple comme la crèche et comme nos sapins.

    En cette nuit de Noël, nous voici donc devant cette crèche. Au XIIème siècle, François d’Assise avait un grand amour pour l’humanité de Jésus, Dieu qui se fait homme, pour que l’homme reçoive la divinité. Pour St François comme pour toute l’Eglise, l’incarnation du Fils de Dieu, ce n’est pas un beau mythe, ou une belle philosophie de l’existence, c’est d’abord une réalité, une réalité historique. Aux temps d’Hérode le Grand, dans une obscure province romaine du bassin méditerranéen, une naissance inouïe annonce des temps nouveaux, un monde nouveau. Dieu se fait petit d’homme, après des mois de présence cachée dans le sein d’une femme de Galilée.

    La crèche de Saint François, celle de nos maisons et celle de cette église, c’est celle qui nous présente cet enfant, pauvre parmi les pauvres du Seigneur, dépouillé de tout à commencer par la gloire du Ciel, livré aux mains des hommes, pour leur communiquer la vie de Dieu. Ni plus, ni moins. La réalité de la crèche, elle est très grande, mais toute simple : une mère, un père des bergers accourus à l’appel des anges (excusez du peu), bientôt des mages amenés là par leur recherche et guidés par une étoile, des animaux qui peuplent déjà ce monde nouveau, nouvelle arche de Noé. Ici, pas de miracle autre que cette lumière qui vient éclairer notre nuit.

    Dans cette nuit de Noël, nous allons communier à la présence de celui qui vient habiter notre Monde ; St François avait justement mis cette crèche au pied de l’autel, pour bien montrer le lien entre la pauvreté glorieuse de cet enfant dans la crèche et celle qui vient sur l’autel et à laquelle nous communions.

    Pauvre crèche qui veut refléter la réalité historique de l’évènement. Pauvre sapin, que vient-il faire là d’ailleurs ? Pourquoi donc ces sapins si incongrus dans nos salons ? C’est qu’il vient refléter la réalité symbolique, théologique pour mieux dire, de l’évènement. Ce sapin n’est pas seulement l’arbre vert qui est une promesse d’immortalité au cœur de l’hiver. La tradition, germanique cette fois-ci, avait compris qu’à Noël un monde nouveau commence, celui où l’on est relancé dans son amitié avec Dieu. Monde nouveau, humanité nouvelle avec cet enfant, paradis nouveau, du coup nouvel arbre de vie, nouveaux fruits de cet arbre. C’en est bien fini du monde ancien, au moment où pointe ce monde nouveau. Nos ancêtres les germains accrochaient des pommes, le fruit du monde ancien, et des hosties, le fruit du monde nouveau. Depuis, la disette et l’esthétique nous font accrocher des boules multicolores.

    Devant ce sapin, devant cette crèche, se dévoile le monde nouveau, dans lequel nous sommes introduits. Voilà la réalité, que notre cœur pressent et à laquelle il a accès s’il se laisse toucher en cette nuite sainte. Peu importe l’emballage et la flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse et le merveilleux cadeau de ce soir. Il se fait l’un de nous, pour que nous soyons uns avec Lui.

    Joyeux et saint Noël à tous !

  • Deuxième bougie de l'Avent

    deux-bougies-4.jpgDeuxième dimanche. Deuxième étape dans notre marche de l’Avent. Deuxième bougie d’une couronne déjà à moitié éclairée, encore à moitié éteinte, chacun choisira.

    Et aujourd’hui, Maelys, tu vas communier pour la première fois. Tu l’as choisi, tu t’es préparé, tu le désires. Communier, c’est participer pleinement à l’Eucharistie du Seigneur en recevant son Corps qui est nourriture, présence et offrande. Mais tu vas communier pour la première fois, précisément en ce temps de l’Avent, temps de l’attente de sa présence. On dit de l’Avent que c’est l’attente de la venue du Seigneur, à travers 3 venues justement : celle dans l’histoire il y a 2000 ans, ce que nous allons fêter à Noël ; celle de la fin des temps, lors de son avènement dans la gloire ; et celle de chaque instant, dans notre vie, dans celle de l’Eglise, dans les sacrements. Il est venu, il viendra et il vient.

    Donc, dans un instant, en ce temps de l’attente, tu vas communier à la présence du Christ, à la présence de celui vient.  Mais à quelle présence, je t’en propose 3.

    Tout d’abord la présence de celui qui est là. On va apporter le pain et le vin, ce pain et le vin de nos fêtes humaines, fruit de la terre et du travail des hommes. Ils vont être pris, bénis, rompus, donnés. Offerts pour être sacrifiés. Donnés pour être consommer. Et toute l’Eglise nous dit, ce pain, c’est le Corps du Christ. Il te faut le recevoir, pour qu’il soit ta nourriture et ta vie, pour qu’Il soit présent au plus profond de ton être comme toute nourriture qui est assimilé participe à notre vie biologique de chaque jour.

    Ce pain de l’autel, il est la présence de Celui qui le donne. Le Christ vient dans ce pain pour être là, ici et maintenant, donné et livré pour nous. Voilà l’Eucharistie, qu’aucun autre geste de fraternité, si beau soit il, ne pourra remplacé. Il est là et il vient.

    Mais c’est aussi la présence de Celui qui est déjà venu. Dans quelques semaines, la couronne de l’Avent sera entièrement illuminée, la crèche va être installée dans cette égalise, et nos chants de la nuit de Noël vont acclamé Celui qui est venu dans l’histoire de toute l’humanité dans cette nuit de Bethléem. Il est venu aux jours d’Hérode et de Ponce Pilate. Il est venu sur une terre du fin fond du Proche-Orient. Il est venu sur les rives verdoyantes de Galilée et dans les rues pavées de Jérusalem. Il est venu et les siens ne l’ont pas reçu. Il est venu dans la chair pour nous ouvrir le chemin vers Dieu. Il est venu en donnant sa chair en nourriture et son sang en boisson. Le repas de la Cène, repas du mémorial de la Pâque juive, inaugure et instaure ce mode de présence réelle et continue pour tous les temps. Mais cela n’était possible que parce qu’il est réellement venu en naissant de la Vierge Marie et en s’en offrant pour que tous les hommes aient la vie.

    C’est enfin la présence de Celui qui viendra. Il est venu, il vient, et il viendra. « Nous attendons ta venu dans la gloire ». Tu communies pour la première en ce dimanche de l’Avent où nous faisons un peu plus attention à cette présence qui vient de la fin des temps, de la fin de l’Histoire des hommes. Ce n’est pas un scénario catastrophe comme n’importe lequel des films américains récents, je pense à 2012 ou Independance Day, ou Le Jour d’après. Non, c’est la venue glorieuse de Celui qui vient tout rassembler en lui.

    Et toi, tu communies à ce pain du Ciel, qui vient justement du ciel et pas seulement de la terre ; Tu communies à celui qui vient de la fin et pas seulement du Cénacle de Jérusalem, et pas seulement de notre célébration de ce dimanche. Il vient du Royaume à venir, le Royaume qui est proche et qui s’approche un peu plus de nous à chaque jour, à chaque Eucharistie. Wait for the Lord, whose day is near. Very near, pas plus loin que l’Eucharistie qui te sera présentée tout à l’heure.

    Aujourd’hui, c’est dimanche, c’est le jour du Seigneur. Jour où l’Eglise se réunit parce qu’elle célèbre à la foi la venue de Celui qui est venu, la présence de Celui qui est là, l’attente de Celui qui vient. Dans cette petite hostie ronde, tout ton être va communier à la présence de Celui qui est venu dans la chair, à la présence de celui qui est là, à la présence de celui qui vient de la fin. Sois heureuse et nous te remercions, parce que, ce dimanche, tu nous permets de le réaliser.

    Viens Seigneur Jésus !

  • Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes ?

    saints.jpg

    Chaque année, au seuil de l’hiver, alors que l’automne rayonne encore de mille feux, nous voici avec cette fête de tous les Saints. Alors que, comme tous les ans, toute la nature semble se préparer à une longue hibernation, alors que nous mesurons peu à peu la diminution de la lumière du jour, alors que l’hiver s’est installé sur l’heure de nos pendules et de nos montres, voici que la liturgie nous fait regarder plus haut et plus loin que ce monde créé.

    De la fête de Tous les Saints, un voile semble s’entrouvrir et vient une autre lumière, un autre temps, un autre ciel et une autre terre, celle du monde à venir où les saints nous précédent. Oui, la liturgie de ce jour nous l’affirme d’une façon finalement prophétique : ils nous précèdent.

    Un voile s’entrouvre. C’est bien ce que nous pressentons quand nous accompagnons un défunt de nos famille ou dans nos amis. Il, elle quitte ce monde visible, pour un autre monde. Il ou elle nous précède dans ce monde à venir, après un pèlerinage terrestre. C’est ce que nous allons commémorer demain en priant pour tous nos fidèles défunts, en demandant à Dieu qu’il les accueille, comme nous espérons qu’Il nous accueillera au soir, à l’hiver de notre vie terrestre.

    Pour ces saints, canonisés ou connus de Dieu, ce n’est plus l’hiver, c’est l’éternel été de la vie sans fin, de la gloire de Dieu à laquelle ils sont associés, la vie sans fin du face à face avec Dieu dont ils font leur nourriture et leur louange sans fin. Oui, nous avons raison de nous réjouir de les voir nous précéder dans ce monde invisible où la lumière a pris toute la place, et pour cause ! Aujourd’hui, nous avons donc un moment de nous réjouir : le voile qui nous sépare de ce monde invisible s’entrouvre légèrement pour nous faire regarder ceux qui y ont déjà part.

    Mais il y a plus : les saints ne font pas que nous précéder, nous laissant entrevoir ce qui pourra être notre propre destinée. Ils nous attendent, ils nous invitent à leur suite, et ils y nous entraînent. Saint Bernard le dit dans une belle homélie pour ce jour : « Elle nous attend, cette Eglise des premiers nés, et nous n’y prêtons pas attention. Ils nous désirent, les saints, et nous n’en faisons guère de cas. Ils comptent sur nous, les justes et nous restons indifférents ». Voilà qui nous interroge en ce jour : les saints qui nous précèdent, nous invitent, un peu comme des premiers de cordée qui nous aident dans ce pèlerinage de la vie, lente ascension dans une course en haute montagne. Dans cet éternel été de la vie éternelle, ils sont présents à toutes les saisons de notre vie. Présents à tous les magnifiques printemps de nos débuts ; présents à tous les étés de nos progressions ; présents à tous les automnes et les hivers de nos piétinements ou de nos épreuves. Bref, ils nous sont un appui, des frères et des sœurs qui nous accompagnent. Dans une audace inouïe, nous les prions pour qu’ils nous aident à vivre déjà de ce monde invisible, en attendant d’y vivre avec eux.

    Pour être fidèle à la citation de Saint Bernard, il faut dire plus. Ils nous précèdent, certes. Ils nous accompagnent certes. Mais ils nous attendent et nous désirent ! L’amour qui les illumine veut se communiquer. Saint Bernard insiste : « Ce n’est pas seulement la compagnie des saints, c’est aussi leur bonheur qu’il nous faut souhaiter pour nous, de manière à ambitionner avec une extrême ferveur leur gloire, tout comme déjà nous désirons leur présence ».

    Ils nous attendent, et nous n’y prêtons pas attention. Chers amis, l’horizon de notre vie, n’est pas uniquement cet aujourd’hui fugace qui demain ne sera déjà plus. Il n’est pas non plus le mur froid et hivernal d’une mort physique que nous devrons bien vivre d’une manière ou d’une autre. L’horizon de notre vie est cette magnifique compagnie des saints, foule immense que nul ne peut dénombrer.

    Ils comptent sur nous ces justes, et nous resterions indifférents… Et pourquoi cela ? Pourquoi nous priver de ce cadeau de leur présence et de leur aide, alors que nous pouvons dès aujourd’hui vivre de cette lumière du monde invisible, de cette joie des Béatitudes. Dès aujourd’hui, l’éternel été s’offre à nous. Dès aujourd’hui, la lumière à venir éclaire nos pauvres existences. Dès aujourd’hui, Dieu fait de nous des saints en puissance. Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes depuis l’éternel printemps de notre baptême ?

  • Heureux les invités au repas du Seigneur

    tableau_base_gde.jpgVous connaissez cette phrase. Nous allons la réentendre juste avant de communier au Corps du Christ. Heureux les invités au festin des Noces de l’Agneau, pourrait-on traduire pour être plus fidèle à l’original latin.

    Il y a un repas. Et quel repas ! Des viandes grasses et succulentes, des vins capiteux et décantés. Les mots humains du prophètes Isaïe sont faibles pour décrire la réalité de la communion que Dieu veut avec les hommes. Le vocabulaire balbutie devant que l’homme pressent. Or c’est la réalité humaine du repas qui nous aide, parce qu’elle nous parle. C’est le repas de nos fêtes humaines, celui de nos familles, celui nos tables d’amis. Un repas où la première joie est celle de recevoir dans son intimité, et de partager, d’offrir le meilleur de soi. C’est moi qui l’ai fait. Et c’est pour moi, l’expression de mon amour.

    Et vous ne l’avez pas vu venir, et pourtant le voici, un film : le festin de Babette. Film merveilleux où la servante va tout offrir de sa récente fortune pour un repas où les Douze convives reçoivent une joie et un pardon qu’ils n’espéraient plus, prémices de la communion des saints qu’ils doivent devenir.

    C’est en partie ce que la Parole de Dieu veut exprimer quand elle évoque tous ces repas qui sont une esquisse de cette communion que le Seigneur veut nous faire partager. Dans le repas par excellence, il n’y aura plus ni deuil, ni mort, ni larmes, parce que dans ce repas, par repas, il nous sauve. Repas communionnel, repas rédempteur, repas sacrificiel, où nous recevons la vie, où nous devenons la vie de cet aliment. Image magnifique pour cette vie de Dieu qui nous divine. Image magnifique qui se réalise dans le sacrement en attendant la vie où Il nous comblera sans fin.

    Nous sommes des invités. Oui, des invités. Pas des ayant droits, pas des usagers, encore moins des consommateurs. L’invitation que l’Evangile de ce dimanche lance au premier cercle est belle, mais elle se heurte à un refus qui est à la fois ingrat et désinvolte. L’invitation est relancée et élargie. Dieu ne résigne pas aux refus de l’humanité. Souvenez vous du magnifique passage de la PE IV que nous allons réentendre : « Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de toi, tu ne l´as pas abandonné au pouvoir de la mort. Dans ta miséricorde, tu es venu en aide à tous les hommes pour qu´ils te cherchent et puissent te trouver. Tu as multiplié les alliances avec eux, et tu les as formés, par les prophètes, dans l´espérance du salut. Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton propre Fils, lorsque les temps furent accomplis, pour qu´il soit notre Sauveur ».

    Quelque fois nous comprenons mal cette invitation. C’est trop, je n’en suis pas digne. Ce n’est pas assez, qu’en est-il des autres, ceux qui ne sont pas baptisés, ceux qui ne sont pas croyants ? Nous sommes des invités, par amour, par miséricorde envers nous parce que c’est la joie de Dieu dans laquelle il veut nous faire entrer. Que nous soyons confus c’est une chose. Que nous refusions par ce que nus pensons que nous n’en sommes pas dignes, c’est autre chose. Arrêtons de nous regarder, regardons la joie de celui qui nous invite. Tous, vous m’entendez, tous sont invités, le premier cercle, comme le second, comme le troisième. L’invitation est lancée, reste à chacun à répondre, quel qu’il soit, où qu’il en soit. C’est bien le problème de cet homme de la parabole qui ne répond pas, qui n’a pas révêtu le vêtement de noces, qui n’est pas entré dans la joie du Roi qui invite.

    Répondront-ils ? C’est leur problème, pas le vôtre. Comment répondront-ils ? C’est leur problème, pas le vôtre. La théologie peut vous rassurez sur un point : la puissance de Dieu n’est pas enchaînée à la grâce des sacrements. Grâce comme moyen ordinaire, mais la puissance peut prendre les moyens extraordinaires qu’elle veut, quand elle veut comme elle veut. Ce n’est pas notre affaire.

    C’est notre bonheur. Encore faut-il le croire et l’espérer. C’est notre bonheur. Heureux : l’expression revient suffisamment dans la Parole de Dieu, et nous allons le réentendre le jour de la Toussaint. Heureux, mais pas à la manière du monde. Heureux, mais pas forcément à la manière dont nous nous représentons le bonheur. Heureux tout de même : heureux d’être nourris, invités, comblés. Heureux d’être associés à Lui, redonnés à nous, envoyés vers les autres. Heureux tous les invités au repas du Seigneur. Heureux ceux qui répondent. Heureux ceux qui sauront être des invitants à la joie du Père.