Comme vous le savez, la date du 26 mai est celle de la mort, c'est-à-dire de la naissance au Ciel de Saint Philippe Néri. Le lendemain de sa mort en 1595, un de ses proches, Cesare Baronio a formulé une prière à Philippe à partir du psaume 80 : « du haut des cieux, regarde et vois, visite cette vigne et protège la, celle qu’a planté ta main puissante ».
Dans l’Oratoire, saint Philippe est donc regardé, vénéré comme un père, comme un fondateur. L’Oratoire, et en particulier la Congrégation de l’Oratoire de Rome, est né de son intuition, plus que de son intention. Il est né de ces échanges familiers autour de la Parole de Dieu, de cet apostolat de rues, de cet ferveur contagieuse, de cet amour de l’Eglise des saints et des martyrs, bref de ce cœur enflammé du feu de l’Esprit qu’est Saint Philippe.
Voici que nous avons la joie de célébrer Saint Philippe ici pour la 4ème année de notre présence, et la 1ère année de la fondation de l’Oratoire de Dijon. L’image de la vigne, utilisée par Cesare Baronio, peut être à nouveau utilisée ici. Depuis le 15 juillet 2011, l’Oratoire a été planté par Saint Philippe sur cette terre de Bourgogne et se confie à lui pour qu’il le visite et le protège.
Peut-être qu’après 4 ans de fréquentations réciproques vous demandez vous ce qu’est l’Oratoire ? Vous avez devant vous et au milieu de vous 3 prêtres assez différents quoiqu’habillés de la même manière, 3 prêtres difficilement séparables, 3 visages et 3 voix vivant et travaillant en communauté. Ils semblent plus près des prêtres diocésains que des moines. Et pourtant, ils ne cessent de vous parler de leur charisme. Non pas des dons personnels exceptionnels, mais plutôt, une note propre, couleur propre dans l’arc en ciel des différentes formes de vie et d’apostolat dans l’Eglise.
Au fond, notre charisme, c’est la Parole de Dieu et la vie fraternelle. Dès les débuts romains dans la petite chambre de Philippe, puis dans la pièce du grenier de l’église où il habitait, notre fondateur a voulu qu’on se réunisse autour de la Parole de Dieu. Ainsi il disait qu’il fallait d’abord lire les livres qui commence par un « S » : les Saintes Ecritures, les enseignements des saints Pères, la vie des Saints. Quelques traits de cette Parole de Dieu au cœur de l’Oratoire.
Une Parole écoutée, méditée. A l’Oratoire, on lit aussi bien des pages de l’Ecriture, que des lettres des premiers missionnaires aux Indes. On va aux sources du témoignage des premiers martyrs, comme on se met à l’école des maître spirituels de la devotio moderna toute proche. On ne ait pas qu’écouter passivement, on parle, on échange. Cette Parole circule : on échange, on chante, on prie. Un texte interne aux Congrégations dit : « Dans l’Oratoire, depuis ses débuts, primait l’entretien tout simple sur la parole de Dieu, dans une ambiance familière, où personne ne se sentait étranger, où tous se proposaient de rendre heureux ceux qui les entouraient en créant un climat propice à l’accueil de la Parole de Dieu » (IS 42)
Une Parole vivante. Elle est vivante si elle est reçue pour être transmise. Elle est d’autant plus vivifiante qu’elle permet une rencontre fervente avec le Christ en conduisant à la prière personnelle et commune, ainsi qu’à une charité concrète et effective. Le même texte dit : « On préférait la méditation de la parole de Dieu qui devenait vie et formait de cette manière l’histoire même de l’Eglise : l’histoire incarnée et vécue par les saints/ Ainsi méditée, la parole vient en aide au frère et, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, nous fait être serviteur du prochain. » (IS 45)
Parce qu’elle est vivante et ainsi célébrée, elle s’incarne concrètement dans le groupe plus ou moins formel qui se réunit autour de Philippe ; Il suffit de les regarder : jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, employés de boutique et prélats de la Cour pontificale, jeunes musiciens et à leur service prêtres de la Congrégation.
La visée est toute simple pour notre fondateur. L’Oratoire va naître de là et l-a Congrégation devra se mettre au service de cette œuvre : « le devoir de notre institut est de parler au cœur ». Ni plus, mais ni moins. « On ne discute pas, on excite seulement par des exhortations la ferveur de ceux qui assistent » (IS 44). Le cœur parle au cœur, et il sait écouter et reconnaître les cœurs où Dieu parle.
Chers amis, vos 3 pères de l’Oratoire ont bien conscience d’être attendus ici par Saint Philippe. Nous nous confions à sa prière pour qu’il regarde et voie cette vigne que sa main a plantée. Sans aucun doute, attend-il des cœurs d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes qui désirent, sans le savoir encore, entrer dans la grâce de cette ferveur vivante que la Parole de Dieu. Alors l’Oratoire deviendra ce qu’il est : une école où tous ensemble nous progresserons dans la charité.