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Vive Jésus ! A mort !

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Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ?

C’est fini. Jésus est au tombeau. Seuls quelques intimes l’ont accompagné là où personne n’aurait imaginé que cela se termine. D’une façon très extérieure à la foi, on pourrait ajouter : l’espérance est morte, on n’en parle plus. On ajouterait même : l’immense élan que le Christ avait suscité, les foules déplacées, les miracles, les enseignements, les nuits de prière, les espoirs soulevés… de tout cela il ne reste plus rien. Un cadavre, un tombeau, une pierre roulée. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement une semaine avant, quel contraste ! Souvenez-vous c’est l’Evangile que nous avons entendu dehors. C’était justement la ferveur des grands jours, l’enthousiasme d’une foule qui avait déroulé le tapis rouge. Hosanna au Fils de David ! Vive Jésus ! Qu’il soit béni celui qui vient au nom du Seigneur. Parce que justement le voici Celui qu’annonçaient les prophètes, Celui vers qui toute la foi d’Israël était tendue : le Messie. Comme on a raison de l’acclamer : Il vient rétablir toutes choses. Il vient enfin établir son royaume de justice et de paix. Les espoirs étaient vifs !

Ils avaient acclamé un Messie triomphant, et voici qu’il ne rétablit pas la royauté d’Israël, qu’il ne chasse pas l’occupant. Les disciples d’Emmaüs se feront l’écho de cette déception. Cette même foule venue à Jérusalem pour la fête de Pâque s’est retournée ; elle a demandé la crucifixion du Messie, Fils de David. Ce sont sans doute les mêmes qui vont hurler à mort, jurant qu’ils ne veulent pas d’autre roi que César, qu’ils préfèrent qu’on leur relâche Barrabas, un criminel. Ils attendaient un Messie triomphant, et ils n’ont pas reconnu le Messie souffrant. Pire, ils ont conduit le Messie à la souffrance qu’il avait pourtant annoncé à ses propres disciples. Ils attendaient l’objet de leurs espoirs trop humains et trop terrestres de gloire et de succès. Et voilà qu’il est venu sur un ânon, et non sur un char ou sur un fier destrier.

Pour cette foule, mais peut-être aussi pour nous-mêmes, il est plus facile, plus sage de miser sur quelqu’un qui réussit. Il est plus confortable de suivre un leader, un chef qui suscite une espérance forte, positive, qui nous permet de penser que les choses vont vraiment changer, et en bien. Or, nous sommes les disciples de quelqu’un qui n’a pas réussi, tout du moins aux yeux humains. Nous sommes les disciples de Celui qui est venu pour servir et non pour être servir, de Celui qui s’abaissa plus encore jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Avec le regard de la foi, nous croyons et nous espérons que nous sommes sauvés par cet abaissement que nul homme ne pouvait connaître, qu’au moment où la mort semble avoir englouti celui-là même qui y consent et qui s’y livre, une porte s’ouvre : celle de la victoire à venir. La voilà l’unique espérance de la Croix : Ave spes unica dit un hymne grégorien.

Quelques faibles indices nous y aident : ces palmes frappés à terre comme à la fête des Tentes anticipant la fin du mal et du péché instauré par l’arrivée du Messie ; le pain et le vin offerts au soir de la Pâque en signe d’une alliance nouvelle ; la foi des quelques intimes qui l’entourent et l’ensevelissent avec beaucoup de charité corporelle. Et surtout l’attente de Marie, la mère des douleurs. Avec toute l’Eglise, elle veille. Avec toi Marie, nous croyons que tout commence.

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