Ce dimanche, comme tous les autres dimanches de l’année, et même tous les jours, ces paroles de Jésus vont à nouveau être prononcées ici. Quel corps et quel sang ? L’Evangile précise et nous allons également l’entendre : Corps livré pour nous, sang répandu pour la multitude. Qu’est-ce qu’il faut comprendre aujourd’hui, alors que nous fêtons le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
Premier élément. Pour qu’il y ait corps et sang , il faut qu’il y ait pain et vin. Ils vont être apportés dans un instant. Ce sont le pain et le vin de nos tables et de nos fêtes humaines. Deux aliments tout simples, tout modestes, mais qui deviennent Corps et Sang du Christ. Remarquez bien qu’il n’y a rien d’autre. Sur les tables de la Pâque juive dont viennent ce pain et ce vin, il y a d’autres aliments : des herbes amères, symbole de l’amertume de la vie d’esclavage ; un agneau pascal, symbole de cette vie que Dieu a prise puis redonné pour tout le peuple ; et d’autres éléments encore. Ici, il n’y a pas d’animaux offerts, pas de sang répandu. Il n’y a que ce pain fait de grains de blé broyés, mélangés à l’eau et au sel, cuits pour devenir nourriture des riches comme des pauvres. Il n’y a que ce vin fait de raisins vendangés, broyés, vinifiés pour devenir ce vin de la joie et de l’ivresse.
Deuxième étape. Pourquoi le pain et le vin deviennent-ils Corps et Sang du Christ ? Parce qu’au soir de sa Passion, au moment même où il donnait sa vie par amour, au moment où il s’offrait en sacrifice pour nous, Le Christ Jésus institue ce sacrement, ce geste et cette réalité qui font que le pain et le vin deviennent le sacrement de son Corps et de son Sang, donnés pour nous. Pour le dire autrement, quand on aime quelqu’un, on donne, on offre quelque chose. Si on aime vraiment, totalement, exclusivement, le bien et le bonheur qu’on veut pour l’autre, on le lui donne en offrant tout, jusqu’à se donner soi-même. C’est le sommet de l’amour du Christ pour nous. Comme les grains de blé et les grappes de raisin, il est broyé dans sa Passion pour être donné en nourriture et en breuvage à tous ceux qui croiront en lui, et recevront ainsi de lui Sa vie. Mais attention, il consent à cette offrande de lui-même dans un geste qui a une portée de sacrifice. Le mot n’est pas très tendance, mais je l’utilise quand même. Il s’offre pour nous et pour notre salut. Pour nous, c'est-à-dire en notre faveur, mais également à notre place.
Les sacrifices de l’Alliance avaient pour fonction de rétablir la communion entre Dieu et son peuple. On utilisait des animaux, le bien le plus précieux après les vies humaines. Point central du sacrifice, c’est la vie offerte, matérialisée par ce sang versé. Ici, pas d’animaux, pas de sang répandu, je vous rassure. Mais dans ce pain rompu et ce vin donné, il y toute la puissance symbolique de ce sacrifice du Christ où il s’offre pour nous. On comprend alors pourquoi c’est le pain de la vie et la coupe du salut. On comprend mieux pourquoi c’est le Sang de l’Alliance, répandu pour la multitude, en faveur du plus grand nombre, mais aussi à la place de ceux qui ne pouvaient plus rétablir cette communion d’amour avec le Père qui avait été rompu de la part de l’homme. En Jésus, Dieu se réconcilie avec Dieu. Le Très-Bas s’offre au très Haut et nous prend dans cette magnifique offrande.
Vous allez communier aujourd’hui, et pour la première fois, et je vous souhaite de découvrir un peu plus à chaque communion, chaque dimanche, ce que cette communion signifie. Je vous donne une piste : nourriture et offrande. Vous recevez ce pain et ce vin consacré comme nourriture. Mais attendez-vous de Jésus qu’il vous nourrisse, qu’il comble votre attente ? Quel est votre désir en cet instant ? Qu’attendez-vous de lui ? Vous recevez ce Corps et ce Sang offerts. Il s’offre et il attend de vous que vous participiez à cette offrande, en lui présentant votre vie telle qu’elle est. Le ferez-vous ? Nourriture qui comble notre attente et offrande qui suscite la nôtre. Voilà les 2 mots à retenir. Voilà le cadeau que Jésus vous fait en ce jour. Soyez heureux.