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Deux gestes de Jésus

.Cene_champaigne_m.jpg« Faites cela en mémoire de moi ».Ce soir, nous réitérons 2 gestes de Jésus : le partage du pain et du vin, le lavement des pieds. Nous les réitérons parce qu’il l’a demandé, parce qu’il a confiés à ses apôtres qui les ont transmis, de sorte que ils ont été fidèlement accomplis jusqu’à ce jour.

Deux gestes simples : du pain et du vin, de l’eau dans une bassine. Deux gestes pauvres qui ne nécessitent pas des biens rares ou précieux qui seraient réservés à quelques uns. Deux gestes domestiques qui ne demandent pas à se déplacer dans un sanctuaire, dans un temple. Deux gestes quotidiens dans la culture contemporaine au Christ.

Le pain et le vin, ce sont les aliments de base du monde méditerranéen où le blé et la vigne poussent si facilement, et où le travail humain sait en tirer le meilleur, le pain de la subsistance et la vin de la fête. Le pain qui nourrit et la vin qui réjouit. Mais ce pain et ce vin, ce sont ceux du repas pascal : pain de misère qui n’a pas levé à cause de la sortie rapide d’Egypte ; vin de libération qui accomplit les promesses de Dieu. Pain de la sortie de l’esclavage. Vin de l’entrée dans le salut. Pain et vin de l’alliance que Dieu vient puissamment renouveler. Le Christ reçoit ce pain et ce vin pour en faire, ce soir même, le sacrement, le mémorial de l’alliance en sa personne. Il devient ce pain de sortie du péché, ce vin de l’entrée dans la communion avec le Père.

Autre geste : le lavement des pieds. Dans une civilisation où l’on marche, le geste d’hospitalité n’est pas seulement de proposer à l’hôte de se laver les mains, mais de lui permettre de se laver les pieds. Pour honorer son invité, on le fait soi-même, ou plutôt on le fait faire par un esclave, et même par un esclave non-juif. Jésus reçoit ce geste de sa culture. Mais il le reçoit également d’une femme qui l’avait fait à Béthanie, au yeux de tous pendant un repas. Comble de l’indignation des témoins, elle a lavé les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix, de ses propres cheveux. Ce geste annonçait ce qui ce vit dans la passion : son sacrifice, sa mort, sa mise au tombeau. Il est l’esclave qui lave les pieds de ses apôtres et se livre pour tous.

Ce soir, comme des pauvres, nous recevons ces deux gestes. Certes, on aurait pu en imaginer d’autres, plus parlants, plus actuels. Le pain et vin ne sont pas les symboles les plus universels ; le lavement des pieds de quelques hommes pourrait être considéré comme réducteur, mais l’Eglise les garde pour marquer l’enracinement concret, l’incarnation de ce que le Christ institue. En ce sens, l’Eglise obéit aux deux consignes données aux apôtres au cœur de ce repas pascal, avant le drame de la Passion volontaire. Deux consignes simples, mais exigeantes : « vous ferez cela en mémoire de moi », et « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

La portée de ces 2 gestes est immense : ils sont instituants, fondateurs de la vie même de l’Eglise qui reçoit de son Maître et Seigneur ce qu’elle est : le sacrement du salut pour tout homme. Par le geste du pain et du vin consacré, c’est le sacrement de l’Eucharistie qui est tout à la fois repas du Seigneur, sacrifice du Christ et lieu de constitution de l’Eglise. C’est le signe et le moyen efficace que nous recevons pour devenir ce que nous sommes : le Corps du Christ. Comme au Séder pascal, celui que célébreront nos frères juifs samedi soir, advient jusqu’à nous la fécondité de l’évènement que célèbrent ce pain rompu et ce vin partagé. C’est le sens du mémorial, qui n’est pas la commémoration d’un évènement lointain. Non, c’est justement l’actualisation, l’avènement de l’évènement.

Et de même, pour le geste du lavement des pieds qui est reçu comme le sacrement de la charité pastorale du Christ. En ce soir où il institue le sacrement de l’Ordre, il rappelle à ceux qu’il a choisis pour être au service de la grande Eglise, quelle est la règle de leur service : l’amour fraternel, et plus que tout le don total de soi, la configuration au Maître venu non pour être servi, mais pour servir.

Les uns et les autres, ce soir, nous voici comme des pauvres qui accueillons ces 2 gestes de Jésus et qui allons recevoir tout de Lui : Sa vie offerte dans ce pain et ce vin ; Sa charité au service de notre existence.

Sois béni, Seigneur Jésus, Ce soir, nous avons l’assurance que Tu es avec nous jusqu’à la fin des temps. Nous recevons te Toi une vie que nous ne pouvions pas nous donner à nous-mêmes. Et nous recevons ta présence nourrissante et aimante de ceux que nous ne pouvions nous donner à nous-mêmes. Viens encore susciter de nouveaux ministres pour que ta vie et ta charité continue à nous nourrir et à nous servir.

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