« Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à ses apôtres ». 3ème étape dans ce temps pascal où le Christ ressuscité irradie de sa présence glorieuse l’Eglise et toute la création.
Après le long passage de la rencontre avec 2 disciples sur le chemin d’Emmaüs, St Luc les suit dans leur retour à Jérusalem. Le Christ ressuscité apparaît enfin, si j’ose dire, à ses apôtres. Deux verbes dominent ce passage, et finalement les différents récits évangéliques. « Il est ressuscité » et « il est apparu ». Deux verbes, deux réalités, deux piliers de la foi pascale des apôtres et de l’Eglise naissante.
Il est ressuscité. Comme il n’y a pas de mot grec pour parler de ce phénomène si extraordinaire, les Evangiles utilisent tour à tour deux expressions : Il s’est réveillé, ou il s’est dressé, mis debout. Les mots sont imagées, ils veulent rendre compte de l’inédit de l’évènement. Il ne s’agit d’un retour en arrière, d’une simple réanimation comme a pu la connaître Lazare ou le fils de la veuve de Naïm. Dieu le ressuscite son Fils en le poussant en avant, dans une vie glorieuse qui est libre par rapport au temps et à l’espace. Il est ressuscité, c’est une condition nouvelle, mais c’est d’abord un fait brut, massif, incompréhensible aux oreilles et aux esprits humains. Remarquez bien, qu’on ne dit pas qu’il ressuscite, parce que personne n’est témoin de l’évènement, pas plus que de l’Incarnation.
Il est apparu. Si personne n’est témoin de l’évènement, plusieurs sont témoins du ressuscité. On le voit, il se fait rencontrer, toucher. Il vient, il part, il disparaît, il est là, il mange avec eux. Il parle. Ce n’est ni un fantôme, ni un esprit. C’est le Seigneur ressuscité qui apparaît, qui se donne à voir. La réalité est également tout aussi brute, et les évangiles ne sont guère flatteurs pour les apôtres. On ne masque pas leur étonnement, leur incrédulité, leur lenteur à croire le témoignage des femmes.
« Le Seigneur est vraiment ressuscité, il est apparu à Simon ». Par ces deux verbes, il s’agit d’abord d’une réalité historique. Un évènement dont les bénéficiaires auront à être témoins quitte à perdre la face en dévoilant leur propre lenteur à croire dans la réalité historique. Mais l’évènement est là, massif. Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, selon la salutation pascale des Eglises d’Orient. Pierre, comme Paul, n’auront de cesse à fonder leur catéchèse, leur proclamation du Christ sur la dimension historique : Lui qui a vraiment souffert, qui est vraiment mort, il est vraiment ressuscité, il reviendra vraiment, dans la gloire.
Il faut nous habituer à ce que la foi chrétienne ne soit pas fondée sur un mythe, un beau récit des origines, ni même sur un beau catalogue symbolique. Elle est fondée sur une réalité historique. Dans le symbole de Nicée-Constantinople que nous allons proclamer dans un instant, une toute petite assertion va nous rappeler cet ancrage historique de notre salut : crucifié sous Ponce Pilate. Voici que cet obscur procureur romain du Ier siècle a une notoriété qu’il n’aurait pas soupçonné. Cette assertion nous rappelle chaque dimanche cet ancrage historique.
Pour être précis, il me faut ajouter un aspect. La résurrection du Christ se présente à nous avec ce double visage : réalité historique, mais également réalité de foi. Certes, notre foi serait vaine sans fondement historique, mais il faut passer de l’histoire à la foi. Nous n’avons pas à faire la preuve, ni la démonstration de la résurrection. Nous n’avons pas à courir pas à Jérusalem pour y voir les restes du tombeau vide. Encore moins d’attendre pas l’apparition du Christ ressuscité.
C’est que le témoignage de foi des apôtres fonde et permet notre propre foi. Saint Augustin va même jusqu’à affirmer : « Tout le monde croit que le Christ est mort, même les païens. Seuls les chrétiens croient qu’il est ressuscité ; celui qui ne le croit pas n’est pas chrétien. ». La résurrection atteste donc en retour la vérité de tout ce qu’a fait et dit le Christ dans son existence terrestre. Pour les apôtres, s’ouvre un nouveau chemin après Pâques, celui de l’attestation par le Père de la vérité de tout ce qu’a dit et fait le Fils. Voilà le chemin qui s’ouvre pour nous : l’histoire devient objet de foi, au point qu’elle se fait actuelle à chaque instant de nos existences présentes. Oui, vraiment, le Seigneur est ressuscité, et même ici et maintenant, dans l’Eglise et dans les sacrements il m’apparaît dans la foi.