UA-63987420-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Homélies - Page 39

  • Vivre, c'est changer

    le-christ-et-la-femme-adultere---giovanni-cariani.jpg

    C’est notre cher cardinal Newman, l’oratorien de Birmingham qui dit cela. Vivre c’est changer. Après un parcours de Carême où nous avons reçu différentes figures pour nous aider à avancer sur ce chemin de la conversion, le chemin du changement intérieur, nous voici avec cette femme, la femme adultère.

    Abraham, le sédentaire apatride et sans enfant s’était mis en route vers une terre et une descendante promises. Pour lui, changer, ce fut de donner sa foi en Dieu. Pour Moïse, ce fut de conduire le peuple à travers l’épreuve du désert. Pour le fils prodigue, ce fut ce retour sur lui-même et ce chemin de retour vers la maison du Père. Et voici ce dimanche cette femme qui ne demande rien, qui arrive devant Jésus pas tellement pour être accusée, mais plutôt pour être l’instrument d’une condamnation qui la dépasse : celle de Jésus par les scribes et les pharisiens. Elle ne dit presque rien. Elle est témoin de quelque chose qui la dépasse complètement, et pourtant, une phrase de Jésus, cette phrase finale que nous connaissons par cœur : « Va et désormais, ne pèche plus ».

    Pour elle, et en cette instant précis, vivre c’est vraiment changer. Et le changement en cet instant précis, c’est une vie redonnée, une beauté renouvelée, un chemin qui se réouvre dans une existence comme arrêtée, figée, tétanisée par cet enfermement.

    Les autres lectures de ce jour nous y aident, et comment. Isaïe : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé ». La vie est devant, elle n’est pas en arrière. Cela paraît une évidence. Mais il faut le réentendre. Le péché a quelque chose de statique. Alors que la grâce met en mouvement. Seule la grâce crée, seule la grâce fait du neuf, seule la grâce met en mouvement. Dès lors il n’y a plus à se tourner vers le passé. Dieu qui nous change en nous sauvant nous met en mouvement.

    Nous pourrions ce matin nous interroger sur notre capacité à changer. Sur notre capacité, notre disponibilité à nous mettre en mouvement intérieur. Sur notre capacité à accueillir ce qui nous altère. Tout cela est bien et nécessaire. Cela fait partie de notre chemin de Carême. Mais en ce dimanche, je voudrais nous rendre attentifs à cette réalité possible du dynamisme, du changement (sans aucune allusion politique, évidemment). On peut changer. La grâce nous change. Et la vie, c’est changer.

    Saint Paul vient conforter cette réalité en prenant l’image de la course. « Je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela… Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » (Ph 3,12-14).

    Que nous le voulions ou non, la foi de notre baptême nous a mis en mouvement vers la vie, alors que la réalité humaine va de la vie vers la mort. Le baptême a renversé cette réalité, c’est ce que nous célébrons à chaque funérailles. Par le baptême, nous sommes lancés en avant, propulsés de l’intérieur vers Celui qui nous attend, comme le Père de la parabole du fils prodigue. La scène de la femme adultère, lue ce dimanche, nous redit à quel point ce dynamisme appartient à Dieu. Parce qu’il est seul à nous relancer vraiment, à nous remettre en route quand nous sommes en panne. Cette femme qui n’avait rien demandé, s’entend dire « Va et désormais ne pèche plus ». La voici relancée sur le chemin de sa vie. Peu à peu, il lui faut quitter ses oripeaux. Il lui faut se délester de ce qui encombre la manifestation de son identité, de sa vocation à la joie et au bonheur. Peu à peu, il lui faut changer pour devenir ce qu’elle est.
    Quant à nous, qui sommes engagés sur ce chemin de Carême, une espérance nouvelle se dévoile : nous pouvons changer, devenir meilleurs. Ce Carême 2013 nous progressons. Ce Carême 2013, la grâce nous dynamise, et c’est la réalisation profonde de ce que nous sommes, appelés à changer sans cesse. L’enfant n’imagine pas qu’il va changer, parce que son univers lui suffit. Le jeune adulte avance dans cette nouvelle étape de sa vie avec beaucoup d’entrain ou d’appréhension dans ce changement. La personne âgée peut penser ne plus rien espérer de neuf, blasé qu’elle est de tout ce qu’elle a vu et connu. Or, notre identité la plus profonde, celle que Dieu nous a confié, ne se révèle que dans le changement, un changement qui est à l’œuvre toute notre vie, et donc en ce Carême 2013. Je le redis avec le cardinal Newman en ce jour : « Vivre, c’est changer ; être parfait, c’est avoir changé souvent

  • Un père avait deux fils…

    A0214.jpgS’il est une parabole (parce que c’est une parabole et non un récit historique, encore que… pourquoi pas ?) que nous connaissons bien, c’est celle-ci. Celle du fils prodigue, appelé encore du fils perdu, ou du père prodigue. Les images viennent tout de suite, et le tableau de Rembrandt, les deux mains du père presque aveugle d’avoir trop attendu et trop pleuré, les deux mains l’une plus masculine, plus forte, l’autre plus féminine plus délicate et miséricordieuse… Bref on sait déjà tout.

    Pourtant, nous lisons cette parabole pendant ce temps du Carême, pendant ce temps où nous cheminons dans la foi, les uns avec les autres, vers cette Pâque à venir, vers cette communion renouvelée avec le Père en son Fils. Et Saint Paul d’insister en ce jour : un monde nouveau est déjà né… un ministère de réconciliation… laissez vous réconcilier avec Dieu !

    Ce dimanche est donc placé sous le signe de la réconciliation. Et pour se réconcilier, il faut 3 choses : au moins 2 personnes, un dommage, une démarche.

    Au moins 2 personnes. Et les voici superbement décrite dans cette parabole. Les 2 fils, un qui vit sa vie loin du père ; l’autre qui vit sa vie avec son père. Il qui vit par lui-même ; l’autre qui vit en référence, en totale dépendance du père. Les 2 vivent en fait pour eux-mêmes. Et le père. Un père qui ne pose pas de questions, un père qui donne, un père qui ne fait pas de différence, un père qui attend, un père qui accueille,… un père prodigue !

    Un dommage. Pas facile. Pour le fils aîné, le dommage est simple : il refuse d’entrer dans la joie de son père. Il garde jalousement sa rancune pour lui, refusant d’entrer dans la joie de celui qui a retrouvé le fils perdu. Pour le fils aîné ? Le dommage d’avoir dilapidé son argent ? Le dommage d’avoir laissé la maison du père ? Le dommage d’avoir préféré faire son bonheur seul, plutôt que dans la maison du père ? La parabole ne nous dit pas plus, parce qu’au fond c’est à la fois trop clair, et trop marginal. Le plus important, c’est la démarche de retour, de conversion, de réconciliation ;

    La démarche. Je dis démarche, parce que c’est quelque chose de dynamique. Pensez donc un type rentre en lui, réfléchit, fait retour sur son expérience, sur la situation où il est et se lève, pour humblement et simplement revenir dans la maison de son père, où tant ont à manger. Il a en lui le souvenir brûlant de la maison  du père, des biens partagés. Et le voilà qui prépare même son laïus, il renonce à sa qualité de fils. Il accepte même d’être un ouvrier. Pourvu d’être en vie, vie reçue du père. Pourvu d’être dans la maison du Père. Et le voici sur la route.

    Démarche du fils, démarche du Père. J’insiste démarche du Père. Regardons : il voit le fils arriver au loin, c’est donc qu’il attendait. Il court, il le prend dans ses bras et le couvre de baiser. Son fils est revenu ! Ils courent l’un vers l’autre. Comme dans n’importe quel film ! La communion qui s’établit à ce moment là est au prix de l’éloignement, mais surtout de la qualité de la démarche du retour. Peu importe les excuses, les justifications. Il est là, il est revenu.

    L’amour ne pose pas de conditions, elle se donne gratuitement, alors que nous nous vivons dans la peur. Peur de décevoir, peur d’avoir mal agi. Peur de la réaction de l’autre. Peur de perdre la face. Comprenons que la joie du Père absorbe, intègre toutes ces peurs. Comme dit Ste Thérèse de Lisieux « moi si j’avis commis tous les crimes du monde (pensez-donc, Ste Thérèse !), je ne me repentirais pas de m’être livré à l’amour car je sais bien que tout cela n’est qu’une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent ». Le plus beau est donc que la réconciliation, et la confiance qu’elle révèle, efface toutes ces peurs, tous ces quant à soi.

    La preuve en est : le fils aîné, dont on ne sais s’il va rester sur le pas de la porte. Notre espérance est vive pour lui, et pour tous les fils aînés que nous sommes. Parce qu’il est trop clair que cette parabole nous concerne directement. Nous avons tous les ingrédients. Au moins 2 personnes : chacun de nous et le Bon Dieu. Un dommage : nous nous sommes éloignés du Père. Reste la démarche. Elle dépend de chacun, aidé par le témoignage des autres. Aidés par la sollicitation vive de l’apôtre : nous vous en supplions au nom du Christ, laissez vous réconcilier avec Dieu !

  • "La ruse suprême du démon, c’est de faire croire qu’il n’existe pas" Sempé

    image003.jpgUne anecdote tout d’abord. J’ai souvenir d’un dessin de Sempé. On voit un superbe appartement parisien où se tient un cocktail, avec beaucoup de monde. A la fenêtre ouverte du balcon, devant la Tour Eiffel, un homme bedonnant entouré de femmes et une coupe de champagne à la main, dit négligemment : « la ruse suprême du démon c’est de faire croire qu’il n’existe pas ».

    Dans notre chemin de Carême de cette année, voici que 5 figures nous sont proposées. Cinq figures bibliques qui vont nous aider chaque dimanche à mieux baliser notre marche vers Pâques. Celle de ce dimanche est directement issue de l’Evangile de ce jour, et plus largement de toute l’Ecriture et de sa tradition d’interprétation. L’adversaire, le démon, le père du mensonge. Pas simple.

    Voici que, au tout début de son ministère public, Jésus part au désert. Comme Israël qui erre dans le désert pendant ces 40 années de lente marche, de purification, et finalement d’adhésion fervente à La Parole que Dieu veut lui donner, voici que Jésus part au désert, jeûnant 40 jours. Vous vous souvenez à quel point la marche dans le désert avait été une épreuve pour Israël : ils ont faim, ils ont soif, ils contestent l’autorité de d’Aaron, puis celle de Moïse, ils adorent un veau d’or, et d’autres choses encore. L’épreuve est à son comble. Elle vient tester  et fortifier la relation du peuple avec son Seigneur. Elle vient étayer l’Alliance et la foi.

    Jésus vient également au désert en grande solidarité avec Israël et finalement avec toute l’humanité. Une humanité aux prises avec sa fragilité et son indigence, avec sa vulnérabilité et ses blessures, aux prises avec ses rêves et ses fantasmes, et finalement avec ses propres démons. Et c’est bien notre expérience quotidienne : celle d’être confrontés à tout cela, sans compter les adversités, l’ambiguïté de nos désirs contradictoire, et finalement un dialogue quelque fois conflictuel en nous.

    La psychologie a sans doute des choses à nous dire sur le labyrinthe de la boîte noire de notre psychisme. La sociologie pourrait nous enseigner sur nos conditionnements sociaux. L’histoire pourrait nous instruire tout aussi bien sur ce qui habite le cœur de l’homme. Mais il n’empêche que résiste en nous une adversité, une légère séduction à un autre que nous même, à un autre que Dieu.

    Un autre. Oui, un autre. Osons en parler. Toute l’Ecriture, et l’Evangile de ce jour en tête, parle de la figure de cet Adversaire. Il est sournois dans le Jardin du Paradis, susurrant à Eve la séduction du fruit de l’arbre de vie ; il est à visage découvert ici devant le Fils de Dieu ; il est engagé dans un combat terrible dans le livre de l’Apocalypse.

    Il nous faut entendre qu’au-delà de nous-mêmes, qu’au-delà du monde dans lequel nous sommes, il y a un adversaire qui fait obstacle à notre relation à Dieu, parce que, selon l’expression du P. Garrigues, il ne s’en prend qu’à ce qui n’en vaut la peine. Dans le désert, il vient fait obstacle à la relation du Fils au Père, lui promettant des milles et des cents si le Fils se détourne du Père. « Si tu te prosternes devant moi, susurre-t-il… ». Ben voyons !

    Il fait obstacle et comment fait-il : il ment. Il est le père du mensonge (Jn 8,44). Il montre beau ce qui est laid. Il montre bien ce qui est mal.  Il montre vrai ce qui est faux. C’est bien ce qui fait qui le petit mensonge devient si facile, si confortable, si désirable. A défaut de changer la réalité, il change les mots. Comment pourrait-il donner les royaumes du, monde qu’il promet au Fils de Dieu ? Père du mensonge. Ne l’oublions pas, alors que le Christ est chemin, vérité et vie.

    Enfin, il griffe et fait chuter. Parce que nous sommes un peu sensibles, séduits par ce qu’il nous suggère, il nous ravit et nous rapte. Il nous fait chuter. St François de Sales dit qu’il suffirait de sentir ces tentations sans y consentir. Plus facile à lire, qu’à faire. Et pourtant qui voulons-nous suivre ? C’est la phrase qui est en exergue de cette messe. St Ignace pose la question aux retraitants de ces exercices spirituels. Prenant l’image militaire, il demande : sous quel étendard veux-tu servir ? Qui est ton Maître. Voici 2 voies : celle de la vie et celle de la mort. Choisis donc la vie ! Choisissons le Christ !

  • Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de tendresse

    14823_careme_440x260.jpgLe ton de ce soir est un peu solennel. C’est l’appel du prophète Michée qui a retenti tout à l’heure. C’est que Dieu parle, et il se fait demandeur ; il se fait suppliant, mendiant. Revenez à moi de tout votre cœur. Et il ajoute, revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux. Qui aura envie de se dérober à une telle invitation, à une telle demande ? Voilà qui peut éclairer la liturgie de ce soir.

    A un moment que personne d’entre nous n’aurait choisi, nous voici 40 jours (46 en fait...) avant Pâques. C’est donc le début d’un chemin qui va nous acheminer tous à la nuit de Pâques, cette merveilleuse nuit où nous allons solennellement fêter la victoire du Christ sur la mort et en même temps, la restauration profonde de notre communion avec Dieu. Voilà le terme, voici la cible.

    Entre temps, il faut bien avancer sur ce chemin avec les moyens qui nous sont donnés. La palette est vaste, vous la connaissez suffisamment pour que je n’y revienne pas : le jeûne, la prière, le partage. Le jeûne, parce qu’il faut bien désidolâtrer notre rapport aux biens matériels et en particulier à la nourriture ; la prière, parce qu’il faut bien prendre du temps pour Dieu et avec Lui ; le partage, parce qu’il faut bien que nos mains et nos cœurs s’ouvrent pour vivre au diapason d’autrui, de tout autre.

    Mais ce soir, il s’agit de prendre la route. Et c’est sur ce point que je voudrais insister. Prendre le chemin du Carême pose 3 questions :

    1. Qu’attendons-nous du Carême ? Ou plutôt qu’attendons-nous de ce Carême 2013. Pour certains ce sera le premier vrai Carême. Pour d’autres le deuxième, pour d’autres le 20ième, le 40ième, le 60ième,… Les Carêmes se suivent. On a entendu des homélies, des enseignements. On a un des listes de petits efforts, ou de grandes résolutions. Certaines ont tenu 40 jours, d’autres à peine 4 heures. On a eu de nombreuses initiatives en matière de jeûne, de prière, de partage, et au fond, rien n’a vraiment changé, ni en nous, ni autour de nous.

    En sommes-nous si sûrs ? Pourquoi faudrait-il le voir ? Qu’est-ce qui importe le plus dans ce chemin : qu’il nous fasse avancer dans la communion avec Dieu et nos frères ? Ou que nous nous regardions en plus grande communion avec Dieu et nos frères ? D’où ma première question : qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ?

    2. Qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ? Vous avez entendu St Paul relayer cette invitation pressante du Seigneur : c’est aujourd’hui le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Aujourd’hui. Ste Thérèse de Lisieux disait la même chose à sa manière : « Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit  Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre Je n’ai rien qu’aujourd’hui ! » (poésie 'Rien que pour aujourd'hui'). Rien qu’aujourd’hui. Notre liberté ne porte que sur cet aujourd’hui. Cet aujourd’hui qui nous appartient et qui est dans la main de Dieu. Cet aujourd’hui où je peux désire que quelque chose change, pour me présenter à Pâques avec ces petits moyens qui auront contribué à faire advenir ce désir, avec sa grâce et son aide.

    Qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ? La réponse appartient à chacun. Je puis vous dire quelle est l’attente du seigneur : voir des cours libres et adultes se tourner vers Lui, pour une relation personnelle qui gagne en profondeur, en intimité,  en abandon, en coopération. Bref, une vraie relation de cœur à cœur en attendant de le voir face à face. Le voulez-vous ?

    3. Que ferons-nous de ce Carême ? Concrètement, nous allons recevoir les Cendres sur notre front. Avec humilité et aussi avec fierté, nous allons nous dire les uns aux autres que nous désirons nous convertir. Nous pourrons nous ne rappeler mutuellement au long de cette quarantaine. Mais, ce soir, quand nous aurons déjà effacé la marque de ces cendres, demain pour cette 2ème journée de Carême (aïe, encore 39… 45 en fait…), et après-demain… que ferons-nous ? Les 3 piliers que sont le jeûne, la prière et le partage ne sont pas inutiles. Une petite résolution dans chacun nous aidera à être fidèle. Le but visé n’est pas la performance ; non, le but visé est cette lente disposition où nous nous mettons ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu, où nous nous offrons au travail de la grâce en nous. Je ne demande pas à voir les horizons lointains, un seul pas à la fois c’est assez pour moi.

    Convertissez vous et croyez à l’Evangile. L’invitation de celui qui nous impose les cendres est sans maquillage. Aujourd’hui, on ne prend pas de gants. Aujourd’hui, un chemin nouveau s’ouvre. Nous commençons à devenir ce que nous sommes. Et c’est aujourd’hui.

  • Avec tout le peuple, Jésus aussi se fit baptiser

    Theophanie_Boussaev.jpgAussi surprenant que cela puisse paraître, les Evangiles, et les 4 cette fois ci, nous parlent, chacun à leur manière du baptême du Christ. Non pas celui qu’il donnerait, ou celui qu’il instituera plus tard. Non, du baptême d’eau, du baptême de purification et de conversion en vue de la rémission des péchés. Baptême que donnait Jean et d’autres d’ailleurs au bord du Jourdain, bien loin du lieu traditionnel pour les Juifs pour la rémission des péchés, à savoir le Temple et ses sacrifices.

    Je dis surprenant, parce que le Christ semble désobéir à la loi juive qui justement faisait du Temple le seul lieu de pardon des péchés. Il semble donner raison à ces prophètes qui contredisent la religion instituée par Dieu  lui-même, dans la loi donnée à Moïse. Mais surprenant à un autre titre : lui qui est Fils de Dieu, lui qui vient renouveler l’Alliance entre Dieu et les hommes, lui qui justement est la Saint de Dieu, l’Agneau sans péchés, voilà qu’il descend dans les eaux du Jourdain, comme les autres le font en signe de conversion.

    Plusieurs éléments pour nous aider à comprendre :

    1. L’endroit où se passe la scène n’est pas neutre du tout. C’est la vallée du Jourdain, située à près de 200 m sous le niveau de la mer. La dépression du rift africain. C’est l’endroit le plus bas de la planète. Lui qui est le Fils de Dieu, qui s’est abaissé pour prendre notre nature humaine, voilà qu’il s’en fait solidaire au point de descendre au plus bas, physiquement, mais surtout spirituellement. Au plus bas de nos détresses, au plus bas de nos souffrances, au plus bas de nos péchés. 

    Autrement dit, si Jésus consent à descendre dans les eaux du Jourdain, c’est sans doute pour manifester sa profonde solidarité avec tout l’humanité, telle qu’elle est, séparée, désunie, souffrante et oppressée. Telle elle est. Telle il l’assume. Il s’est fait péché pour nous dira St Paul à propos du mystère pascal que ce baptême anticipe.

    2. Ensuite, il faut noter que Jean Baptiste annonçait un baptême de repentir pour se préparer à la venue du Messie. Nous avons lu ses enseignements vigoureux pendant l’Avent. Préparer les chemins du Seigneur, du Messie, de l’Envoyé du Père. S’y préparer par une attitude résolument neuve, purifiée, convertie. Or, Jésus descend dans les eaux du Jourdain, pour se présenter à Jean Baptiste. Sans parole, avec sa seule présence, il vient annoncer au Précurseur que les temps messianiques sont arrivés. Il est le Messie annoncé et attendu. Il est celui dont ces foules ont préparé la venue.

    3. Dernier point : Jésus reçoit le baptême de Jean Baptiste et la voix du ciel se fait entendre. Elle déchire les cieux. Celui qui a parlé au buisson ardent et au Sinaï, voilà qu’il fait entendre sa voix à Jésus, le fils de Marie, le Messie : « Tu es mon Fils en qui j’ai mis tout mon amour ». Le psaume 2 l’avait prophétisé, mais voici en ce jour du baptême la réalisation, l’authentification. Dans son humanité, Jésus reçoit ce sceau qui le consacre au début de son ministère public. Toute son humanité est unie à sa divinité au moment où il début cette œuvre de prédication, de guérison, de miracle et finalement de salut. Toute son humanité en est consacrée. Et déjà, c’est toute notre humanité qui en lui en sera consacrée. Notre humanité, telle qu’elle est promise à cette consécration. Ce baptême annonce le nôtre. Cette consécration annonce la nôtre, mais à quel prix, au prix de son baptême à lui, baptême dans le feu du mystère pascal. Baptême dans le feu de la Passion, de la Croix et du tombeau. Baptême de la mort et de la résurrection. C’est en celui là que nous avons été plongés, pour notre vie, et quelle vie !

    La fête de ce jour parle du baptême du Christ, mais il parle déjà du nôtre. Et c’est là que je voudrais en terminer. Où en sommes nous de notre baptême ? Où en sommes nous de cette conscience d’être des enfants bien-aimés du Père ? Si nous ne l'avions pas été au matin de notre vie, demanderions-nous aujourd'hui le baptême ?