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Homélies - Page 53

  • Vous avez dit jeûne ?

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    1. Chers amis, nous voici donc embarqués, tous ensemble, dans cette montée vers Pâques. Dans quarante jours, nous serons au seuil du mystère pascal, mourrant et ressuscitant avec le Christ. Largement et comme une mesure débordante, la grâce pascale inondera nos pieds au soir du Jeudi-Saint, elle illuminera nos visages au seuil de la Vigile pascale, elle nous rassasiera de son amour au matin de Pâques. Au long de ces quarante jours, grâce et avec tous les catéchumènes, nous allons nous y préparer activement.

    2. Pour l'heure, nous nous mettons en route pour cette montée, avec finalement peu de bagages.  L'Évangile du jour des Cendres semble n'en admettre que trois : l'aumône, la prière et le jeûne. Trois bagages qui sont là pour nous alléger dans cette montée à Jérusalem. Et même, ces trois bagages n'ont qu'une seule fonction : nous désencombrer de tout ce qui nous empêche d'accueillir la grâce pascale. Nous n'aurons pas trop que ces 40 jours pour ce vaste travail de désencombrement, avec ces seuls bagages. Si vous le voulez bien, c'est à propos du jeûne que je vous voudrais m'arrêter. Le message de Carême de Benoît XVI sera plus explicite encore.

    3. Qu'est-ce que jeûner ? Jeûner, c'est se priver de tout aliment pendant un espace donné (une journée, une semaine...) ou encore ne manger qu'une seule fois par jour; c'est le sens du jeûne que demande l'Église pour deux jours de l'année: le Vendredi-Saint et le mercredi des Cendres. Concrètement, si vous avez déjà fait un repas ce midi, inutile de vous encombrer l'imagination (carpe farcie ou quiche aux deux saumons,...) pour ce soir. Le jeûne est donc différent de l'abstinence des vendredis de Carême (et même de tous les vendredis de l'année sous certains aspects) consiste à s'abstenir de certains aliments plus substantiels (ce qui est pratiquement défini pour la viande). Voilà le minimum défini par l'Église. Charge à chacun d'en faire sa loi et d'y ajouter ce qui lui semble approprié pour cette tâche de désencombrement.

    4. C'est que le jeûne a quelque chose qui relève de l'expérience spirituelle et non pas de la thérapie de bien-être corporel ou de l'héroïsme. Il s'agit de se priver de nourriture pour être empli d'une nourriture spirituelle. Être en quelque sorte creusé pour manifester notre ouverture, notre disponibilité à ce que Dieu veut mettre en nous. Dans son message de Carême 2009, le pape Benoît XVI ajoute : "nous Lui permettons de venir rassasier une faim plus profonde que nous expérimentons au plus intime de nous : la faim et la soif de Dieu". Vous pourriez me dire que l'intention suffirait, que tout cela se passe entre Dieu et moi, et qu'il voit bien le fond de mon cœur et de mon âme. Ce serait perdre de vue trois aspects du jeûne.

    5. Le premier est qu'il implique notre corps. C'est bien parce que notre personne unifiée, corps et âme, qui est en relation avec les autres et avec Dieu. Or, le corps est le support concret de ma relation aux autres qu'il est également le moyen de ma relation à Dieu. Tout passe par la médiation de notre corps : nos sentiments, nos émotions, nos paroles, nos actes, notre travail,... Et même notre relation à Dieu passe par cette médiation corporelle. Notre rapport à la nourriture exprime quelque chose de nous-mêmes, tous les psychologues le savent. Or, cela exprime également quelque chose de notre âme. C'est pour cela que le jeûne, comme pratique de pénitence corporelle, fait partie de cette médiation-là.

    6. Le second élément va plus loin. C'est que notre jeûne est un acte de solidarité. Par notre jeûne, nous nous souvenons que des millions de nos contemporains n'ont pas de quoi manger. Dans cette société faite de consommation et de distraction, de pain et de jeux, nous dosons notre nourriture et notre boisson. Par là, nous expérimentons librement ce que tant d'hommes et de femmes subissent, quelque fois à quelques dizaines de mètres de nous. Et nous nous plaindrions de ces quelques efforts qui nous ouvrent corporellement à la souffrance d'autrui. Isaïe le prophétisait déjà quand il disait que le jeûne qui plaît à Dieu c'est de « partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres, vêtir celui qui est nu, ne pas se dérober devant celui qui est ta propre chair » (Is 58,7) Par le jeûne et le partage qui en découle, nous nous désencombrons de l'égoïsme, nous acceptons d'être le gardien de notre frère. Nous nous rendons sensibles à sa souffrance et nous proclamons l'injustice.

    7. Le dernier élément est le sens ecclésial du jeûne de ce jour et du Carême : c'est l'ensemble de toute l'Église qui aujourd'hui se prive de nourriture pour s'entraîner au combat spirituel comme le disait la prière d'ouverture. Chacun est libre d'y ajouter un jeûne d'ordinateur, de voiture, de tabac, de paroles, que sais-je encore. L'aspect ecclésial de notre jeûne est à prendre à compte, parce ce Carême concerne toute l'Église qui veut revenir au Seigneur son Dieu de tout son cœur. Toute l'Église reçoit les Cendres sur son front en signe de pénitence, toute l'Église prie et toute l'Église jeûne. L'émulation communautaire est donc une aide puissante pour ce jeûne et ce Carême. C'est ensemble que nous serons renouvelés dans notre foi pascale. C'est ensemble que nous nous y désencombrerons. C'est ensemble que nous jeûnons aujourd'hui. Et déjà cela nous aide.

     

  • Présentation au Temple

    100_6437.JPG« Joyeux nous aussi d’aller à la rencontre du Sauveur, nous te chantons… » (préface de la Présentation du Seigneur)

    Quarante jours après Noël, la liturgie nous entraîne au Temple pour la Présentation du Seigneur. Acte rituel d’offrande du premier-né (Ex 13, 1), pour lequel la législation mosaïque (Lv 12, 8) permettait aux parents modestes d’un simple couple de colombes. Acte familial d’une solennité bien restreinte. Acte d’une portée messianique qu’il faut méditer.

    « Soudain viendra dans mon Temple celui que vous cherchez » (Ml 3, 1)

    Dans l’évènement de cette présentation se noue une réalité d’une immense portée : la Gloire de Dieu, sa Présence qui avait quitté le Temple, selon la vision d’Ezéchiel (Ez 11, 22), cette Présence entre dans le Temple. Les portes peuvent s’ouvrir et élever leurs frontons, selon le psalmiste. Les Chérubins peuvent se crier l’un à l’autre : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur de l’univers » (Is 6, 1). C’est que Dieu entre dans son Temple.

    L’évènement est certes discret. Les montants des portes ne tremblent pas. Les Chérubins ne crient pas. Pas de théophanie. Pas de liturgie solennelle. Pas de cors, ni de harpes, ni de cithares. Et pourtant, Dieu entre dans son Temple. Et il y entre parce qu’il assume le temple d’un corps humain. Le lien entre la Nativité et la Présentation apparaît plus en lumière. « Il parlait du Temple de son corps » (Jn 2, 21). Par cohérence de la révélation, l’évènement enseigne aux témoins et aux lecteurs que l’achèvement est réalisé dans la personne de Jésus, fils de Marie de Nazareth. Discrètement, mais réellement, Dieu qui est entré dans le sanctuaire de l’humanité, entre dans son Temple.

    « Voici la lumière qui éclaire les nations » (Lc 2, 32)

    La lumière ne pouvait être cachée. Certes, elle a illuminé la grotte ou la crèche de Bethléem, ville royale. Certes, elle a reçu, comme en miroir, l’éclat des cadeaux des mages, prémices des nations. Il faut qu’elle soit mise sur le lampadaire pour qu’elle éclaire. Syméon le prophétise, parce que c’est bien ce qui se réalise à ses yeux fatigués d’avoir attendu, mais espérant contre toute évidence humaine.

    La lumière devra être mise sur le lampadaire. Ce ne sera pas les bras du vieillard qui élève l’enfant en cet instant. Ce ne sera pas non plus ceux d’une mère qui apprendra à devenir disciple de Celui qui est la lumière du monde. Ce sera encore moins la montagne où il apparaîtra transfiguré aux yeux endormis de ses apôtres. Ce sera le lampadaire de la Croix où elle-même un glaive lui transpercera le cœur (Lc 2, 35).

    La rencontre entre la lumière et celui qui la reconnaît est précieuse : c’est une rencontre de foi où le vieillard reçoit toute l’expérience croyante d’Israël. En cet instant, sa voix rassemble celle de tous les prophètes. Ses yeux condense le regard de foi de tout l’Ancien Testament pour discerner, comme un veilleur attend le jour (Ps 130 (129), 6), l’arrivée du Messie. Heureuse rencontre, parce que nous y sommes comme convoqués.

    « Joyeux nous aussi d’aller à la rencontre du Seigneur… » (préface du jour)

    Il entre dans son Temple et nous convoque à l’accueillir, telles les vierges sages courrant à la rencontre de l’Epoux qui vient au milieu de la nuit (Mt 25, 10). La liturgie du baptême nous y invite déjà, quand en confiant la lumière du Christ au baptisé ou à ses parents, parrains ou marraines, le ministre précise : « Veillez à l’entretenir : que cet enfant, illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. Ainsi, quand le Seigneur viendra, il pourra aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du ciel » (Rituel du baptême)

    Saint Cyrille de Jérusalem condense en quelques oppositions denses ce retournement où nous sommes convoqués à cette rencontre. Alors que se consommeront nos chandelles, que son homélie pour cette fête nous invite à la réalité de cette rencontre :

    « Je vois l’enfant s’avancer de Bethléem vers Jérusalem, sans quitter la Jérusalem d’en haut. Je vois l’enfant sur la terre présenter une offrande au temple selon la prescription de la loi ; mais il reçoit au ciel l’adoration de toutes les créatures ; je le vois porté par les bras du vieillard selon le dessein rédempteur, et dans sa majesté reposer sur le trône des chérubins. Il est offert et consacré, mais c’est lui qui consacre et purifie toutes choses ; il est l’offrande et il est aussi le temple ; il est le prêtre et il est aussi l’autel. Il est l’agneau et il est le feu subsistant. Il est l’holocauste et il est le glaive de l’Esprit. Il est le pasteur et il est l’agneau ; il est le sacrificateur et aussi la victime. Venez tous, vous qui aimez le Christ, vous qui aimez Dieu. Accourrons à la rencontre de notre Seigneur et de notre roi, purifiés et éclatants de lumière, non pour obéir à la Loi, mais poussés par l’Esprit. Oui, aujourd’hui, préparons des lampes brillantes et, comme des fils de lumière, offrons des cierges au Christ, lumière véritable, car il s’est manifesté au monde, lui la lumière qui doit éclairer les nations païennes. » (Homélie sur la manifestation du Seigneur, PG 33, 1202)

     

     

  • Ils étaient frappés de son enseignement

    Christ-en-majeste.jpgIl les enseignait comme quelqu’un qui a l’autorité, et non pas comme les scribes. Car il ne disait pas: «Le Seigneur dit ceci», ni: «Celui qui m’a envoyé dit cela»; il parlait en son nom, lui qui primitivement avait parlé par les prophètes. Il y a une nuance entre les expressions: Il est écrit et: Le Seigneur dit cela; mais il est encore différent de dire: En vérité, je vous le dis. Voyez par exemple: Il est écrit dans la Loi: «Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas l’adultère.» Il est écrit; mais par qui? Par Moïse, Dieu le faisant son mandataire. Si cela est écrit de la main de Dieu, comment oses-tu dire, toi: En vérité, je vous le dis, dans la mesure où tu n’es pas le premier à avoir formulé la loi? Nul n’est habilité à changer la loi, hormis le roi en personne. Mais est-ce le Père ou le Fils qui a donné cette loi? Pour moi, c’est équivalent. Si le Père a donné cette loi, c’est également lui qui la transforme; or le Fils est son égal, lui qui change ce que l’autre a ordonné. Que ce soit lui qui ait donné la loi ou qui l’ait transformée, il faut une égale autorité pour donner et pour modifier: nul ne peut le faire hormis le roi.

    Et ils étaient frappés de son enseignement. Qu’avait-il donc enseigné de nouveau? Qu’avait-il proféré d’inouï? Il disait, lui personnellement, ce qu’il avait fait dire auparavant par les prophètes. Et ils s’étonnaient, car son enseignement donnait à penser qu’il détenait l’autorité, contrairement aux scribes. Il ne parlait pas comme un maître, mais en tant que Seigneur. Son propos ne se référait à aucune autorité supérieure, il parlait en son nom propre. Il le disait d’ailleurs; lui qui s’adressait à eux en ce moment était celui qui avait parlé par les prophètes: Je suis celui qui parlais: me voici.

    Mais il se trouvait un esprit impur qui avait été le premier dans la synagogue, qui avait conduit tous ces hommes à l’idolâtrie et à propos duquel il est écrit: Un esprit de fornication vous égare; il s’agit de cet esprit qui était sorti de l’homme et s’en allait dans le désert en quête d’un repos qu’il ne trouva pas, et qui revint dans sa demeure primitive en compagnie de sept autres démons. Quelle entente entre le Christ et Béliar? Le Christ et Béliar ne pouvaient être associés l’un à l’autre.

     

    Homélie de saint Jérôme, prêtre (Homélies sur Marc 1, 21-24)

  • Gloire à Dieu au plus haut des cieux !

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    Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus Christ et pour les siècles des siècles.

    1. Cette citation de l’Ecriture vous surprend peut-être. Nous venons de l’entendre à la fin de u passage de la lettre de Paul aux Romains. Paul semble être comme ravi par le fait que Dieu s’est manifesté. Resté dans le silence depuis toujours, voilà qu’aujourd’hui, dans l’incarnation de son Fils, il s’est manifesté en notre faveur. Et ceci est motif de louange. Gloire à Dieu au plus haut des cieux chanterons-nous mercredi soir.

    2. Justement, dans notre méditation des différentes parties chantées de la messe, nous en arrivons ce dimanche au chant du Gloria. Nous en sommes un peu privés en ce temps d’Avent, pour que justement nous le goûtions avec le chant des anges à Noël. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.

    3. Je pourrais vous en parler de façon plus historique : une hymne dont on trouve déjà trace au IV° siècle, comme prière du matin ; un chant liturgique adopté très vite dans la liturgie de Noël et étendu ensuite au reste des dimanches de l’année. Je pourrais vous en parler de façon plus détaillée : louange au Dieu Trinitaire pour ce qu’Il est, louange au Dieu Créateur et Rédempteur pour ce qu’il fait en notre faveur. En ce temps de l’avent, je choisis de regarder avec vous l’attitude qu’il suppose : la louange.

    4. Il s’agit donc de louer. Mais qu’est-ce que louer ? me direz-vous. Selon le Petit Robert, c’est déclarer quelqu’un de grande estime. Estimer quelqu’un et le lui dire. Aimer, c’est être séduit par l’autre qui est beau et aimable, digne d’amour. L’amour pousse à cette estime de l’être aimé, et à le lui dire, d’une manière ou d’une autre, sinon il manque quelque chose. Pour Dieu, les motifs de cette estime peuvent être divers, j’en relève deux.

    5. Louer Dieu pour ce qu’Il fait pour nous. C’est justement le cri de saint Paul. Une lecture des lettres de cet apôtre pourrait relever toutes les occasions où sa lettre se fait louange et prière, à cause des œuvres de Dieu. Œuvre de création de celui qui a fait le ciel et la terre. Œuvre de rédemption, de salut parce qu’il a envoyé son Fils par tendresse envers nous. « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » dit-il aux Galates (2,20). Cette louange, cette bénédiction de Dieu est typique de la prière juive. Tout évènement, toute liturgie commence d’abord par remercier et louer Dieu pour ses multiples dons, pour son intervention constante en faveur du peuple, et même pour le fait qu’il nous ait fait parvenir à ce jour. Avec confusion devant la grandeur de ce qu’il fait, la louange non seulement regarde ses hauts faits, mais remercie Dieu pour ce motif. Toute l’Ecriture en est le témoin, en particulier les psaumes. Marie dans son Magnificat laisse elle-même monter ce chant de louange : il élève les humbles, il renverse les puissants de leur trône, le puissant fit pour moi des merveilles, il se souvient de la promesse faite à nos pères. En nous préparant à Noël, nous pourrions énumérer nos motifs d’action de grâce : ce qu’il a fait pour nous. Ce travail de mémoire sera précieux pour notre prière.

    6. Louer Dieu pour ce qu’Il est. Il ne s’agit plus de regarder les dons que la main nous tend, mais la main qui nous donne ses dons. Passer des dons au donateur. Passer des cadeaux à celui qui les offre. Voilà le travail spirituel que nous pourrions faire en ce fête de Noël. Je sais bien que dans la foi, nous affirmons que Dieu se donne lui-même, et que c’est le sommet de l’amour. Mais en cet instant distinguons. Dieu grand, Dieu fort, Dieu immortel, comme le chante la liturgie orientale. Dieu trois fois saint, comme nous l’a commenté le P. Matthieu. Dieu est digne de louange et il nous faut lui dire, lui chanter : nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire,. Vous le voyez : louange gratuite, louange libre : car toi seul est saint, toi seul est Seigneur

    7. Je vous propose de ne passer cet avent, de ne pas arriver à Noël sans activer ou réactiver cette louange. Louange pour ce qu’il fait, louange pour ce qu’il est. La prière de chacun puisera trouver des motifs personnels à cette louange. La prière communautaire prendra le relais, parce que les motifs peuvent quelquefois faire défaut à notre conscience. Cette louange dilatera notre prière d’intercession ou de demande. Elle nous entraînera tantôt vers le ciel avec tous les hommes de tous les temps et de toutes les cultures (gloire à Dieu au plus haut des cieux), tantôt vers la terre illuminée par le ciel, vers tous les hommes de bonnes volontés connus ou inconnus. (et paix sur la terre aux hommes qu’il aime). Comme les anges sur l’échelle de Jacob, notre prière et toute notre montera et descendra sans cesse. Le chant des anges à Noël nous y prépare déjà

  • "Tu es bénie entre toutes les femmes"

    que_so14.jpg « Il nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard »

    Vous connaissez peut-être ce verset de l’hymne aux Ephésiens, que je choisis parce qu’il exprime d’une manière très dense le sens de la solennité de l'Immaculée Conception.

    La clarté du mystère de notre salut est telle, que nous ne pouvons y accommoder notre regard qu’en le contemplant par de multiples facettes. Déjà la fête de Noël nous permet une forme d’anticipation de la célébration du mystère pascal, sous l’angle de l’Incarnation et de notre divinisation. Mais la liturgie est très miséricordieuse pour nous. Elle nous présente aussi loin que possible les préparatifs de ce mystère : l’annonciation de Marie, et même sa naissance, et aujourd’hui le mystère de son Immaculée Conception.

    Aujourd’hui, il nous est donnée de pouvoir dire avec l’ange Gabriel : « tu as trouvé grâce auprès de Dieu », ou avec Elisabeth «  Tu es bénie entre toutes les femmes ». Aujourd’hui, nous fêtons l’aurore du salut. L’aurore avant l’aube, certes, avant même le lever du Soleil du justice, mais l’aurore tout de même. Et il nous faut entrer de plein pied dans la joie de Dieu quand il a posé son regard sur son humble servante.

    Aujourd’hui s’ouvre donc la porte du Paradis fermée par le péché d’Adam. Le péché du premier couple, des premières créatures humaines avait fermé l’accès à la gloire du ciel. Aujourd’hui nous fêtons Marie, créature de Dieu, qui est introduite dans cette gloire et nous ouvre le chemin. Ces deux aspects sont intimement liés dans la fête de ce jour. Marie est à la fois celle qui est introduite dans la demeure céleste et celle qui nous donne une promesse de résurrection. Parce qu’elle est la première des sauvés, elle laisse derrière elle un chemin qui nous est offert.

    J’insiste : par le Christ et avec Marie, nous avons à nouveau accès à cette sainteté immaculée promise aux enfants de Dieu. Parce qu’il nous destine à sa ressemblance, Dieu nous appelle, il fait de nous des justes et il nous donne sa gloire. Cette vocation à la gloire, Marie la réalise parfaitement dès l’instant de sa conception et chaque jour de son existence terrestre jusqu’au jour de son élévation, de son assomption.

    Nous ne pouvons vraiment percevoir la sainteté immaculée à laquelle nous sommes appelés, qu’en regardant la Vierge Marie dans la splendeur même de sa virginité et de sa maternité. Pour la percevoir, il faut scruter attentivement la présence discrète de Marie dans l’Evangile. Un verset de l’Ecriture me ravit toujours à son sujet, vous le connaissez, c’est celui qui précise que Marie gardait toutes ses choses et les méditait dans son cœur. L’intériorité de Marie, voilà bien un secret auquel seul Dieu a accès, et ce depuis (et même à cause) de son immaculée conception. Cette intériorité, je vous propose de la regarder comme son trésor, sa beauté, qui justement a trouvé grâce aux yeux du Seigneur, au point de la bénir entre toutes les femmes pour être la mère du Sauveur. De cette intériorité, qui a ravit le cœur de Dieu, je veux retenir deux traits.

    C’est d'abord l’intériorité d’un être qui appartient à son Seigneur, sans retenue, sans réserve, sans mesure. Elle est devenue mère, parce qu’elle est fille, et pas seulement fille d’Israël au sens générique, mais vraiment fille, vraiment vierge. Puisse la Vierge Marie nous enseigner cette offrande sans réserve de nous-même au Seigneur. Puisse-t-elle nous apprendre ce don généreux qui réjouira le cœur de Dieu.

    Cette intériorité est également le fruit d’une grande humilité, d’une grande patience, d’une grande pauvreté. L’Ancien Testament montre une certaine prédilection de Dieu pour les pauvres. Il ne s’agit non pas tant des indigents matériellement parlant, que des pauvres de cœur, ceux qui attendent tout de leur Seigneur. La Vierge Marie est de ces pauvres-ci, de ceux qui ont mis leur unique espoir dans le Seigneur, lui qui renverse les puissants de leur trône et qui élève les humbles. Puisse la Vierge Marie nous enseigner cette humilité de l’esprit, cette pauvreté de cœur, qui nous fera trouver grâce auprès de Dieu. Puisse-t-elle nous apprendre à aimer la pauvreté et l’humilité !

    Aujourd’hui, plus que jamais, Marie se tient à la droite du Fils. Dans son intériorité glorifiée, elle n’est pas qu’un lointain exemple, Vierge et Mère, elle devient notre Mère qui intercède pour nous et qui nous obtiendra cette sainteté immaculée à venir, maintenant et à l’heure de notre mort.