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Homélies - Page 54

  • Christ-Roi

    n656172207_951811_6769.jpgDans l’Évangile selon saint Matthieu que nous avons entendu tout au long de cette année A, nous sommes rendus au chapitre 25 : le Christ est entré à Jérusalem, y subit la controverse rude et piégée des pharisiens et des docteurs de la Loi, juste avant les événements déterminants de la Passion, où le Fils de l’homme vient pour juger du trône de la Croix. La liturgie nous fait lire cet évangile dans la perspective eschatologique du Christ Roi. Roi de l’univers, Roi de la Création, Roi d’amour et Roi de gloire, Roi de toute puissance et de toute l’humanité, qui à la fin des temps vient juger et tout remettre à son Père.
    La perspective plonge et soutient notre regard de foi dans cette direction, chose à laquelle nous ne sommes pas naturellement enclins. Le Christ qui vient de la fin des temps. La science fiction nous présente souvent un futur très loin, une galaxie perdue et des personnages qui traversent le temps menaçant tel ou tel équilibre, finalement un gentil réussit toujours (même si c’est au dernier) à contrer une menace qui nous a fait tant tremblé. Il ne s’agit pas de cela : il s’agit du vrai Dieu, du Christ annoncé par les prophètes, du Seigneur Jésus advenu lorsque les temps étaient accomplis pour inaugurer un règne de grâce. Il viendra à nouveau, comme il l’a annoncé, dans sa gloire pour établir définitivement son règne de justice et de paix, d’amour et de vérité.
    Aujourd’hui, nos regards sont tournés vers cette fin qui vient à nous, vers cette royauté instaurée où le royaume nous est donné en héritage. Mais nos regards sont également tournés vers nous-mêmes, vers la manière dont nous avançons les arrhes de cet héritage. Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. St Jean de la Croix commente à sa manière cette sentence du Christ : c’est sur l’amour que nous serons jugés.
    L’eschatologie est donc en germe dès ici-bas, dès maintenant. Ce que nous serons dans et avec le Royaume du Père Céleste, dépend dès aujourd’hui de ce que nous faisons. Et c’est bien en ce sens précis qu’il faut comprendre la royauté sociale du Christ, qui est un autre aspect de cette fête. Le Pape Pie XI a institué cette fête liturgique en 1929 en souhaitant que les hommes en viennent à « reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique ». L’autorité sociale du Christ est bien là : parce que nous sommes des personnes, c'est-à-dire des êtres sociaux (un animal social), le déploiement de notre vocation à recevoir l’héritage du Royaume passe nécessairement par la vérification de notre toute notre vie à l’aune de la royauté du Christ : Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Cette sentence du Christ vient après la question : Quand t’avons-nous vu nu, en prison, affamé ? Les réactions des uns et des autres sont relativement touchantes, elles traduisent soit une certaine candeur, soit un certain aveuglement.
    La voilà la vraie royauté sociale du Christ : agir comme si nous avions envers le Christ ou comme si le Christ agissait en nous. Agir comme si nous servions le Roi, ou comme si le Roi agissait par nous mains et nos lèvres.
    Beaucoup de systèmes politiques ou idéologiques ont voulu résumer, même incarner, la royauté sociale du Christ. Royauté de droite ou de gauche, mais toujours royauté défigurée. Il est plus exigeant, et sans doute plus conforme à la vigueur de l’Évangile que cette royauté sociale commence avec la dimension intérieure et sociale de chaque cœur et d’abord (pourquoi pas ?) par ceux qui ont la charge du bien commun. De là, la royauté sociale du Christ peut alors toucher peu à peu, comme un feu qui court sur les chaumes, une famille, une communauté de travail humaine, une culture, un peuple. Il ne suffit pas de mettre une croix sur un drapeau pour étendre la royauté sociale du Christ. On ne baptise pas les nations, les entreprises comme on baptise les personnes. Souvenons-nous du slogan de l’action catholique : nous referons chrétiens nos frères : Nos frères, et pas nos institutions ou nos sociétés.
    Et pourtant, le paradoxe est que, à la lumière de l’Évangile de ce dimanche, nous découvrons que ce que nous réalisons, construisons dès ce monde-ci anticipe et annonce le Royaume à venir. Jean-Paul II résumait ce paradoxe dans un très beau passage de son encyclique Sollicitudo Rei Socialis de 1989 : L’Église sait qu’aucune réalisation temporelle ne s’identifie avec le Royaume de Dieu, mais que toutes les réalisations ne font que refléter et, en un sens, anticiper la gloire du royaume que nous attendons à la fin de l’Histoire, lorsque le Seigneur reviendra.
    Dans cette Eucharistie, sur cet autel même, c’est ce Seigneur de gloire qui dans un instant va venir de la fin des temps. Dans un instant nous allons anticiper l’histoire et accueillir le Maître des temps et de l’Histoire. Il va venir sur le trône de nos mains et de nos lèvres pour nous communiquer son Royaume et dire à chacun de nous : Venez les bénis de mon Père, recevez le seul, l’unique royaume celui qui ne passe pas, préparé pour vous depuis la création du monde.

  • La nuit comme le jour est lumière

    nepleurepasomere.jpgAujourd’hui, nous sommes invités à prière de façon plus soutenue pour tous les fidèles défunts. Tous ceux qui nous précèdent sur le chemin de la sainteté que nous avons célébré hier. Tous ceux de nos familles, de nos amis, de nos connaissances, de nos communautés, tous ceux connus ou inconnus qui nous ont quittés et pour lesquels nous demandons à Dieu qui les accueille. Donne-leur, Seigneur le repos éternel. Nous veillons avec eux, nous veillons pour eux. C’est donc une œuvre de charité, d’ultime manifestation de notre amour pour eux que de demander pour eux ce que nous souhaitons pour nous-mêmes : être avec Dieu, demeurer en Lui.

    Au début de notre route, comme de la leur, il y la naissance. L’expérience humaine nous enseigne qu’au terme de ce pèlerinage terrestre il y a la mort, violente et brutale certaine fois, douce et paisible d’autre fois. Mais il y cette borne commune pour chacun. Or, nous ne pouvons en rester à cette simple expérience humaine. C’est d’ailleurs le sens de la première lecture que nous avons entendue tout à l’heure : Dieu nous a créé pour une existence impérissable. Celui qui ne réfléchit pense que les morts sont morts, alors qu’ils sont dans la paix. Ceux qui sont fidèles resteront avec lui dans son amour. Je ne sais pas ce comment ces quelques lignes de la Parole de Dieu résonne en vous. Mais elles me font l’effet d’une douce conviction qui est présentée avec force et simplicité. Il faut imaginer le contraste ! La foi juive jusqu’alors pensait qu’il n’y avait d’autre espérance, d’autre récompense, d’autre rétribution à attendre que le bonheur dans cette vie, voilà que le ciel s’ouvre. Il y a autre chose à espérer : paix de ceux qui demeurent auprès de Dieu, qui accorde grâce et miséricorde. Au lieu d’une vie bornée par la mort, il y a la promesse d’une immortalité.

    A ce moment-ci, il faudrait déjà souligné l’extraordinaire actualité de cette affirmation. Il y a autre chose à attendre au-delà des portes de la mort. La mort physique ne vient pas clore une histoire personnelle. Elle ne vient pas tarir la source de ce qui nous est promis. Voilà qui pourrait éclairer tout à fait différemment une culture contemporaine qui veut jouir au maximum des biens de cette vie, avant que la mort ne vienne comme nous les dérober. Le consumérisme ambiant, celui qui s’étale dans les zones commerciales, ou dans les différents espaces publicitaires, vient aviver presque frénétiquement notre désir humain d’être rempli dès ici-bas, et même uniquement ici-bas. Mangeons et buvons car demain nous mourrons dit le prophète Isaïe. Décidément non, la foi biblique vient renverser ouvrir une histoire personnelle en nous désignant une lumière et une promesse bien au delà des frontières visible de nos pèlerinage terrestre. La ténèbre n’est point ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.

    Mais il y a un second aspect sur lequel je veux m’arrêter. Notre naissance a ouvert un chemin qui nous conduit à la mort physique. Mais le baptême a fait l’inverse : il nous a retourné ce cycle pour aller vers la vie. De la mort à la vie. Le baptême est précisément ce plongeon dans les eaux de la mort en vue de renaître à une vie nouvelle dans le Christ. Le P. Dufour le disait hier à propos de chemin de sanctification : perfectionnement de la charité qui passe par un combat, une mort.

    Avec ses différents rites, le baptême déploie cette réalité du passage de la mort à la vie : passage par l’eau pour une vie nouvelle, le vêtement blanc, le parfum de bonne odeur, la lumière du Christ. Ces symboles qui nous ont introduit à la vie nouvelle nous habitent et restent présents tout au long de nos vies de baptisés. Il n’est pas étonnant de les retrouver dans la célébration des funérailles chrétiennes : l’aspersion par l’eau bénite qui rappelle celle de notre baptême et de nos professions de foi pascales ; le parfum de bonne odeur de l’encens qui monte comme notre prière et qui se répand comme le parfum répandu sur les pieds du Christ par la pécheresse ; enfin la lumière du Christ qui vient éclairer la nuit de ceux dont les yeux se sont fermés. La ténèbre n’est point ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.

    Voilà l’espérance dont parlait saint Paul dans la seconde lecture : ceux qui se sont endormis, Dieu à cause de Jésus les emmènera avec son Fils. Parce qu’ils ont été plongés dans la mort et la résurrection de son Fils, dans la mesure où ils ont été configurés à lui dans une vie de charité, Dieu les emmènera. Il les ressuscitera.

    Cette espérance nous confère une grande responsabilité : celle d’être des veilleurs pour nous-mêmes et pour les autres. Être des veilleurs pour nous-mêmes, parce que nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre passage. Être des veilleurs pour les autres, en particulier pour notre frères et sœurs défunts, parce que nous voulons pour eux, ce que nous désirons pour nous-mêmes : qu’ils demeurent en Dieu, qu’ils soient purifiés comme l’or au creuset et que brille leur charité.

    La lampe qui brille sur les tomes de nos défunts en est le signe : signe de notre foi et de notre prière vive pour eux, signe de notre affection pour eux, signe de e que nous voulons pour eux : La ténèbre n’est point ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.

     

     

  • Mon repas est prêt : venez aux noces

     

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    28ème dimanche du Temps ordinaire : nous voici avec une nouvelle parabole du Royaume (Mt 22, 1-14), comme le précise le début du passage choisi par la liturgie : « Le Royaume des cieux est comparable à… ». Comme dimanche dernier, il s’agit d’une parabole où Jésus veut introduire ses auditeurs à la réalité de sa présence, la réalité de ce qu’Il est : le Royaume de Dieu parmi vous. Contexte très polémique, parce qu’Il n’est pas reçu. Contexte dramatique parce que cette réalité ne se fait pas sans opposition. La parabole de dimanche dernier annonçait le meurtre du Fils par les vignerons homicides. Celle de ce dimanche, dans un même climat de meurtre et de refus, annonce que le Royaume sera donné à d’autres que les invités premiers, dédaigneux et méprisants de l’invitation du Roi. Mais entrons plus avant dans l’intelligence spirituelle de cette parabole.

    Il s’agit donc d’un banquet dressé et offert. Banquet qui est l’expression de la bonté et de la générosité du Roi. Cette bonté généreuse, magnanime et gratuite est déjà évoqué dans la première lecture où la Sagesse annonce le festin de viandes grasses et de vins capiteux préparé sur la montagne. Tous sont invités, nul n’est rejeté. Comme pour nos tables domestiques, la joie de l’hôte est la réponse de ceux qui y sont invités. C’est là que le drame pointe. Les invités tardent, ils renâclent, finalement ils refusent, dédaignent l’invitation pour des motifs temporels et vont jusqu’à tuer les serviteurs envoyés vers eux, attirant par là une sanction terrible, jusqu'à l’incendie de leur ville. Les témoins des épisodes de 70 ap JC ont du lire l’évènement en lien avec ces paroles de Jésus. C’est dire combien, à la bonté généreuse du Roi, répond l’ingratitude folle et mortifère de ceux qui en étaient pourtant les bénéficiaires.

    Dans sa montée vers sa Passion, qui est le cadre et le contexte précis de ces paraboles du Royaume, le Seigneur Jésus annonce le rejet dont il est déjà la victime. Voici donc que s’approche le banquet préparé par Dieu, le repas des Noces du Fils unique, le repas des Noces de l’Agneau. L’invitation est large, nul n’en exclu, nul n’en est indigne. Juifs et non-juifs dit la première lecture. Bons et méchants dit l’Evangile. Parce les pensées de Dieu sont plus grandes que nos pensées, il nous faut comprendre combien la magnanimité de Dieu est large et généreuse. Elle se déploie jusqu’à aujourd’hui et cette table eucharistique où il ne dédaigne pas ni nous inviter, ni faire de nous des commensaux, ceux pour qui il prépare lui-même le festin. Heureux tous ceux qui y sont invités, voilà qui pourra habiter notre prière au long de cette semaine de prière pour la mission de l’Eglise. Tous y sont invités.

    Mais, il y a plus : Bienheureux ceux qui consentent à y participer. Il y a un autre aspect sur lequel je ne veux pas passer trop vite. La fin de la parabole présente un homme qui n’a pas revêtu le vêtement de noces et qui ne répond pas à l’interpellation du Roi.

    Vous savez comme moi combien la liberté humaine est tortueuse à certains moments. Le cœur de l’homme et compliqué et malade dit le ptophète Jérémie. C’est donc une chose belle et grande d’être invité. Mais c’est autre chose de répondre à cette invitation, non seulement extérieurement, mais également en y accordant nos sentiments et nos dispositions intérieur. Cet homme n’avait pas le vêtement de noces et en plus il n’a pas répondu à l’interpellation du Roi, en gardant le silence. Saint Augustin s’interroge longuement sur ce vêtement de noces. Quel est-il ? Paraphrasant St Paul dans l’hymne à la charité, il commente donc. S’il me manque l’amour, je ne suis rien. S’il me manque une réponse d’amour à l’invitation aimante de Dieu, je ne suis rien. J’aurai beau déployer mon activité, parler toutes les langues, s’il me manque cette réponse aimante à la sollicitation aimante de Dieu, je ne suis rien. Réponse libre et donc d’autant plus précieuse.

    Heureux les invités au festin des Noces de l’Agneau. Bienheureux ceux qui répondent par amour à cette invitation. Ils réjouissent le cœur de Dieu qui veut généreusement nous combler et nous communiquer son amour. Voilà un point important de cette parabole : entrer dans la joie de Dieu, répondre par amour à l’amour prévenant du Père, vouloir que l’amour réponde à l’amour, que l’amour soit aimé. Voici qui pourrait nous faire regarder notre participation dominicale et même quotidienne à l’Eucharistie d’une autre manière. Nous répondons à l’invitation du Père.

  • Croix Glorieuse

    « Croix plantée sur nos chemins, bois fleuri du sang versé, sauve en nous l'espoir blessé »

    Christ-procession.gifCe chant d'entrée exprime bien le sens de la fête de ce jour. Dans la lumière du matin de Pâques, la Croix vénérée dans le climat tragique mais sereine du Vendredi Saint, est glorieuse, elle est triomphante. Elle rayonne aux quatre sens de l'horizon, pour tous les temps et toutes les cultures. Comme un bourgeon empli de promesses, elle fait fleurir le salut, elle fait éclater le mystère de notre salut.

    La date du 14 septembre pourrait paraître un peu contingente ou artificielle. C'est celle de la découverte des reliques de la Croix par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, en 325, il y a 1683 ans. Elle y a fondé la première basilique édifiée sur le Golgotha et le tombeau, le Saint-Sépulcre ou, selon l'expression orientale, la basilique de la Résurrection. Le tombeau n'est pas loin du Golgotha, à peine 150 m. Le triomphe de la Vie n'est pas loin du désastre de la mort.

    C'est bien ce qui est déjà annoncé, comme en filigrane, dans la première lecture. Nous y découvrons les Hébreux au désert, entre leur libération de l'esclavage d'Egypte et l'entrée en Terre promise, 40 ans plus tard. A plusieurs reprises, la mort les guette : la faim, la soif, ici, la morsure des serpents. A chacune de ses épreuves est la tentation d'une révolte et ensuite la manifestation du secours de Dieu. A la faim, Dieu oppose l'abondance de la manne et des cailles. A la soif, Dieu fait surgir l'eau du rocher. Aux morsures des serpents, Dieu élève un trophée où l'ennemi lui-même recule. Le trophée est précisément ce lieu de mémorial où, au coeur de la bataille, l'ennemi a tourné les talons. Le serpent de bronze élevé dans le désert devient le mémorial de l'action de Dieu, le témoin du salut. Dieu agit en faveur de son peuple. Celui qui regarde ce mémorial est guéri.

    Cette page du livre des Nombres nous fait introduit à la fête de ce jour. Nous regardons la Croix, le mémorial de notre salut. La Croix triomphante, celle où le Christ s'abaisse jusqu'à la mort et cette mort-là, celle où le Christ est élevé pour que le monde soit sauvé. Dans la liturgie du Vendredi Saint, le prêtre nous présente la Croix en disant : « Voici le bois de la Croix qui a sauvé le salut du monde ».

    Une antique et pieuse tradition avait pensé que, dans le jardin du Paradis, le même arbre avait fourni le fruit de la connaissance du bien et du mal, donc le fruit défendu, et l'arbre de la Croix. Encore aujourd'hui, on trouve à Jérusalem le sanctuaire qui abrite cet arbre. Derrière cette tradition, la réalité spirituelle est profondément cohérente avec la fête de ce jour. Comme un gant qui est retourné, ce qui apportait la mort devient une source jaillissante de vie. Les blessures apportent le salut. La honte devient motif de fierté. Le scandale fonde la sagesse. Nos crucifix sont quelquefois témoin de ce retournement : on ne sait s’il représentent le Christ mourant ou ressuscitant. Le crucifix de saint Damien, celui qui a parlé au jeune François d'Assise, nous présente un Christ debout, les yeux ouverts, dont on ne saurait dire s'il meurt sur la Croix ou s'il se lève du tombeau. C'est tout un, comme nous allons le redire dans un instant après la consécration : « nous proclamons ta mort, Seigneur ressuscité et nous attendons que tu viennes ».crucifix.gif

    Vous comme moi, nous portons une croix autour du cou, apparente ou non. Le pape Benoît XVI le disait aux jeunes réunis devant Notre Dame vendredi soir : « ce n'est pas un ornement, ni un bijou. C'est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel de notre ralliement au Christ... Pour les chrétiens, la Croix symbolise la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don salvifique du Christ mort et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de chacun et chacune d'entre vous en particulier ». Il m'a aimé et c'est livré pour moi, précise saint Paul. La Croix, chacune de nos croix celles de nos maisons, celles de nos chaînes, nous le rappelle sans cesse. Porter la Croix suppose d'y conformer sa vie à la suite du Christ. Porter la Croix suppose d'accueillir une Vie qui triomphe de la mort, malgré les apparences. Porter la Croix suppose d'espérer quand la souffrance, la maladie, le deuil, la misère, la violence, l'injustice nous éprouvent. Porter la Croix implique de d'accueillir celui qui en fait son trône. Nous allons l'accueillir sur le trône de cet autel, sur le trône de nos mains ou de nos lèvres dans un instant. En nous, la Vie va triompher de la mort. En nous le Roi blessé va nous guérir. Présentons-lui toutes nos blessures.