Est-il permis, oui ou non, pour un homme de répudier son épouse ? La question arrive, cinglante. C’est pourtant la technique de la question, de la disputatio théologique où les interprétations sont sollicitées. Ici, comme dans celui de la résurrection des morts, ou de l’impôt payé à César, on somme Jésus de choisir son camp, ou pire de dévoiler le sien. L’observateur qu’est l’évangéliste ne s’y trompe pas. C’est une épreuve, un piège dans lequel les Pharisiens veulent faire chuter Jésus, pour mieux le convaincre de blasphème, pour mieux l’accuser.
Homélies - Page 31
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Au commencement, il n’en était pas ainsi
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« Qui est le plus grand ? »
Ce dimanche encore, les lectures ne sont pas confortables. Le juste de la première lecture qui est persécuté. L’homme intérieur de la deuxième lecture en proie à un combat intérieur sans relâche. Et puis l’Evangile avec cette deuxième annonce de la Passion (il y en aura trois en tout) et la remontrance faite aux disciples en quête d’une promotion.« Qui est le plus grand ? » s’interrogeaient-ils entre eux.
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Des lèvres au coeur
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi »
Après le long discours sur le pain de vie à la synagogue de Capharnaüm, nous voici ce dimanche avec cette controverse avec les Pharisiens, la partie la plus pieuse, la plus fervente du peuple Juif, celle-là même qui a voulu intérioriser la Loi de Dieu au point de la déployer de façon concrète dans tous les gestes de la vie quotidienne : le rapport à la nourriture, le rapport à la cuisine, le rapport à l’argent, le rapport au travail, le rapport à la sexualité.
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Le pain de vie
Voici déjà le 3ème dimanche que nous lisons un extrait du long discours du pain de vie. Après avoir nourri les foules en multipliant les pains, le Seigneur Jésus revient à la synagogue de Capharnaüm pour les enseigner longuement sur le sens de ce miracle. Et nous aussi avons besoin d’être enseignés longuement.
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1515-2015 : la grâce d'être né
Vous avez compris que ce 26 mai 2015 a une saveur toute spéciale, parce que c’est l’année où nous fêtons le Jubilé des 500 ans de la naissance de St Philippe. La date exacte est le 22 juillet. Sans en faire un anniversaire prématuré, nous anticipons un peu sur l’évènement, en nous unissant par la prière aux 85 autres maisons de la Confédération qui, comme celle de Dijon, entrent dans l’action de grâce pour le don que Dieu nous a fait dans la figure, la vie et la sainteté de notre fondateur.
Et c’est un peu paradoxal en ce jour, qui est en fait le jour anniversaire de sa mort, le 26 mai 1595 à Rome, 80 ans après sa naissance à Florence. Naissance sur terre, naissance au ciel. Pour Philippe, mais pour tous ceux que l’Eglise nous donnent comme modèles et comme compagnons, ces 2 dates jalonnent l’itinéraire d’une vie. 2 naissances qui chacune ouvre une grâce particulière : la grâce d’être né, la grâce d’une vie qui mérite d’être vécue et puis la grâce d’entrer dans ce qui est espéré, la grâce d’accomplir sa course tendue vers ce qui est attendu.
La grâce d’être né. Nous remercions donc le Seigneur de nous avoir donné Saint Philippe. Comme pour chacun de nous, il sera marqué par sa singularité. Il est de quelque part, de Florence, né d’un père notaire désargenté et d’une mère aimante morte trop tôt. Il est d’une époque précise, la fin de la Renaissance, la gloire ambiguë des Medicis, les troubles politiques et sociaux de son époque. Il est d’un tempérament, enjoué, pieux, taquin, facétieux, bref un vrai florentin. En recueillant ce que ses contemporains ont pu dire de lui, on ne peut que remercier le Seigneur de la manière dont il a fait fructifier les dons qu’il avait reçus en venant au monde.
La grâce d’être né au ciel. 80 ans plus tard, au terme de sa course, le voilà qu’il jouit du Paradis, celui qu’il a désiré, celui qu’il a préféré. C’est que pendant toute sa vie, il vit en ayant le Ciel dans le cœur. Et c’est bien dans la juste ligne des choses qu’alors il ait le cœur au Ciel. On peut dire que saint Philippe est l’homme du Ciel. Enfant, il a le regard perdu vers les lointains et sa sœur Elisabeth fera les frais de l’avoir taquiné sur ce point. Avant d’arriver Rome, il passera un temps au pied du mont Cassin, à Gaète entre ciel et mer pour une retraite prolongée qui lui donnera le goût des promesses du ciel. Et à Rome, il s’aura de cesse de se dérober à la ville, à l’agitation, et même à sa communauté (!) pour entrer dans la solitude, dans le cœur à cœur qui l’attachera toujours plus à ce ciel qui sans cesse l’engendre à la condition de disciple. S’il naît au ciel à sa mort, c’est bien pour être pleinement engendré à cette condition d’enfant de Dieu dont son pèlerinage terrestre n’aura été qu’une lente gestation.
Mais il y aura la grâce d’une autre naissance, d’un autre enfantement, celui de tous ceux qu’il aura enfanté au Christ. Ce soir, nous allons entendre le témoignage d’un de ses disciples, de ses fils. Il dit qu’au moment de la mort de saint Philippe « les pères arrivaient les uns après les autres dans la chambre de celui qui en avait tant, et au prix de tant de peines, enfanté au Christ ». La grâce de Philippe, c’est bien c’est d’avoir fait naître, ou plutôt renaître à la vie d’enfant de Dieu. Son charisme, c’est bien celui-ci. Son œuvre, sans qu’il l’ait vraiment projetée, c’est bien celle-là. Faire naître ou renaître à la vie baptismale. Enfanter au Christ et à l’amour de Dieu, avec joie, simplicité et ferveur.
Dans les différents instituts, il est fréquent d’appeler le fondateur « notre Père ». Pour nous, que peut signifier cette expression « notre Père saint Philippe ». Un modèle ? Mais il est plus admirable qu’imitable… Un fondateur ? Mais qui, bien malgré lui, laissera une œuvre et un institut qui va assez s’exporter hors de Rome, lui de l’influence immédiate de ce Père. Un Père très doux comme nous le chantons dans les litanies écrites par le bx John Henry Newman. Un Père qui enfante des disciples, libres et fervents. Un Père pour lesquels ses disciples voueront une certaine gratitude, celle d’être enfanté à leur propre vocation par sa présence et sa prière.
Et le message de ce jour du pape François aux Congrégations de l’Oratoire insiste : « Sa paternité spirituelle transparaît de toute son action, caractérisée par la confiance dans les personnes, la fuite des tonalités sombres et austères, l’esprit de fête et de joie, et la conviction que la grâce ne supprime pas la nature mais l’assainit, la fortifie et la perfectionne ».
Alors en cet instant, monte une prière dans nos cœurs : que ce doux père nous enfante au Christ. Qu’il nous enseigne plus encore sa pédagogie spirituelle. Qu’il nous fasse à ce qu’il nous a appelés. Qu’il nous fasse devenir ce que nous sommes !