Nous fêtons ce Jeudi Saint en cette année de la miséricorde que le pape François a voulu pour toute l’Eglise. Et nous nous rappelons qu’il avait souhaité qu’en ce temps de Carême, nous célébrions et expérimentions cette miséricorde, dont le Seigneur Jésus Christ est le visage parlant et agissant.
Et ce soir, nous voici dans ce repas pascal de Jésus, où il annonce l’offrande miséricordieuse de lui-même dans sa Passion, mais aussi où il institue le sacrement de sa miséricorde dans l’Eucharistie et dans le ministère ordonné.
Vous vous souvenez peut-être d’une citation du pape François où il précise que « la miséricorde et l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre ». Et ce soir, nous percevons comment et à quel point jésus vient à notre rencontre. Il partage le pain et le vin de la Pâque juive en signe de l’Alliance nouvelle. Il s’abaisse devant ses disciples pour leur laver les pieds. La miséricorde prend le chemin du silence pour se poster devant chacun des disciples et leur manifester cette sollicitude à laquelle ils seront eux-mêmes appelés. La miséricorde de Dieu se laisse à voir ce soir, il n’y a plus rien d’autre à écouter ou à regarder. Il suffit d’écouter cette eau qui coule, qui lave et qui chante.
Une eau qui coule. Cette eau coule, parce que la miséricorde coule sur nous. Le pape François le rappelle : « la miséricorde est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre ». En Jésus, Dieu est le Dieu qui vient. Il vient par amour, et dont parce il en a seul l’initiative. Et comment en serait-il autrement ? C’est lui qui crée, c’est lui qui sauve, c’est lui qui intervient comme il veut, quand il veut. Et donc, c’est lui qui prend l’initiative folle de se mettre à genoux devant sa créature pour lui laver les pieds avec cette eau qui coulera jusqu’à la fin des temps. Elle coulera eau et sang à la Croix, rayons rouge et blanc sur l’icône dessinée par Ste Faustine, Elle a coulé sur nous à notre baptême. Elle coulera à chaque acte, geste de miséricorde sur tous ceux à qui nous en ferons le cadeau, à condition que nous en prenions l’initiative. Pour le moment, nous l’accueillons chacun tels que nous sommes.
Une eau qui lave. Et j’aurais du commencer par là. Une eau qui lave les pieds de ceux qui ont marché dans la poussière et la chaleur du jour. Une eau qui console et apaise. Une eau qui purifie et qui pardonne. Certes les disciples avaient pris le bain rituel, mais cette eau là annonce la sueur et le sang de la passion qui nous laveront définitivement, eau et vin qui nous désaltéreront pour toujours. L’eau qui lave qui introduit à l’expérience de la miséricorde qui , selon le pape François, « est le chemin qui unit Dieu et l’homme pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de son péché ». Dieu, qui est plus grand que notre cœur, ne pose pas de condition ce soir : il prend dans son offrande pascal tous ceux qui ont fait l’effort simple et généreux d’être là, de se présenter à lui. Et même dans la nuit de la Passion, sa prière salvatrice nous prend tous, ses disciples, ceux qui les suivront, ceux de tous les temps, de toues les langues de toutes les cultures.
Une eau qui chante. Dans les communautés de l’Arche, e geste du lavement a une grande place et Jean Vanier ajoute qu’il ne pas y avoir d’autre musique que le chant de l’eau qui coule au fond des bassines. Tout à l’heure nous allons chanter. Mais vous garderez au cœur ce bruit de l’eau qui coule au fond de cette petite cuve. C’est l’eau de la charité qui chante pour emporter notre êtres un peu engourdis dans la danse avec Dieu. Alors il pourra dire : nous avons entonné des chants de danse et vous vous êtes réjouis et vous avez dansé avec moi. Vous êtes entrés dans ma joie de Père, celle qui d’avoir retrouvé mes enfants qui étaient perdus et qui sont revenus, qui étaient morts et qui sont revenus à la vie. Ce soir, l’eau chante, parce que Dieu se réjouit de cette Pâque qu’il veut pour nous et pour notre salut. C’est au prix de la Passion volontaire de ce Fils aimant. L’eau chante et elle nous invite à chanter et à faire chanter avec elle. L’eau chante et elle vient enchanter notre cœur du salut et de la joie de Pâques désormais si proche.
Les fils des Hébreux ont entonné un chant d’action de grâce après le passage de la Mer Rouge. Dans 2 jours, dans la nuit de Pâques, nous joindrons nos voix à ce chant. Pour le moment, c’est simplement ce petit filet d’eau qui chante et qui nous dis : ne crains pas, je suis ton Dieu, c’est moi qui t’ai choisi, appelé par ton nom. Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Ne crains pas, car je suis avec toi.