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Homélies - Page 37

  • Une joie qui vient d'ailleurs

    icone-de-la-naissance-de-jesus.jpgLe voici donc arrivé ce beau jour de Noël. Jour de fête pour certains, mais pas pour tous. Jour de rassemblement pour beaucoup, mais pas pour tous. Jour de la Nativité du Seigneur, où une joie nous est donnée. De fait, nos rues se sont s’illuminées depuis quelques semaines ; nos intérieurs se sont même parés de mille et unes décorations. En ces jours, les tables se garnissent. C’est la magie de Noël, comme on dit. Et pourtant, nous pressentons qu’il s’agit finalement d’autre chose. Noël c’est l’affaire d’une autre joie, le cadeau d’une autre joie, et même d’une joie que nous ne pouvions nous faire à nous-mêmesUne joie veut entrer dans nos maisons et mêmes dans nos existences. Accueillons la ce matin.

    Pour m’expliquer, je vous invite à venir à la crèche, celle de cette église, celle de vos maisons. Elle est sur votre buffet, dans votre salon ou dans votre chambre. D’une manière toute simple, toute figurative, ces personnages, ces santons sollicitent notre imagination et notre prière. Ils viennent chacun pour sa part composer cette scène de la naissance de Jésus, l’entrée dans le monde du Verbe incarné. Et la voici la joie que rien ne peut nous ravir. C’est celle que Jésus apporte, ou plutôt c’est la joie qu’est Jésus. Il est la joie de Dieu pour nous. Il est le sourire de Dieu pour l’humanité, pour le peuple qui marchait dans les ténèbres comme le disait le texte lu dans la nuit. Il est le sourire de Dieu pour chacun de nous, alors que nous voudrions nous procurer à nous-mêmes un sourire qui nous déride, un sourire que les autres attendent de nous, un sourire commercial certaines fois, un sourire forcé d’autres, surtout quand notre cœur n’y est pas, pour toutes les raisons que la vie et les épreuves de la vie nous imposent.

    Devant nos crèches, nous voici donc devant l’enfant, le cadeau de Dieu, l’amour de Dieu qui s’abaisse à nous, le baiser de Dieu fait à l’humanité. Dieu nous visite dans la faiblesse de notre chair. En ce jour, nous ressentons avec joie que Dieu s’est penché vers nous. Je dis que nous le ressentons, et c’est même plus : nous le croyons. Vous voulez un indice qui vous aide à percevoir que Dieu s’est vraiment penché vers nous. L’indice est tout simple, et même désarmant : c’est la réalité de cet enfant de Bethléem. C’est l’enfant promis. C’est l’enfant que chantent les anges. C’est l’enfant devant lequel les bergers viennent. Celui que les mages viendront adorer. C’est l’enfant donné de façon si inattendue à Marie, la jeune femme de Nazareth. Prenons donc le temps de le regarder cet enfant.

    Je vais vous faire une confidence. J’aime beaucoup ces enfants Jésus de nos crèches, et plus particulièrement ceux qui ouvrent les bras. En poupée de cire ou en santon de Provence, l’enfant semble dire à chacun de nous : « Viens ». « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos ». « Venez à moi » insiste-t-il C’est bien ce qu’il dira tout au long de son pèlerinage terrestre, au bord du lac, sur les sentiers de Galilée, dans les villes et villages et dans les rues de Jérusalem. Venez à moi pour recevoir de moi une joie que rien ne pourra vous ravir, alors que vous cherchez partout ailleurs les raisons d’être et d’agir. Venez à moi pour être guéris, consolés, pardonnés, sauvés. Venez à moi. Je sais bien que cela n’est pas si facile. Lui-même en a fait l’expérience qui l’a mené à la Croix. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli.

    A l’entrée de cette messe, nous avons chanté la version française de l’Adeste Fideles. Déjà ce chant nous a invité de façon pressante à venir à la crèche pour « voir le Roi du monde «  et pour « reconnaître ton Dieu, ton Sauveur ». Ce chant, comme nos crèches, tout comme nos liturgies de ce jour ou de chaque dimanche. Tout cela est bien réel. Réellement il s’est incarné pour nous et pour notre salut. Ce n’est pas qu’une belle idée, et encore moins un mythe symbolique. Non réellement, il a pris chair de notre humanité. Réellement, il prend notre condition humaine pour nous communiquer cette vie divine, qui est joie et quelle joie. Lui qui est paix, qui est douceur, qui est amour. Il vient d’un pays étranger pour nous communique cette joie autre.

    Alors, réellement, nous allons venir à Lui. J’insiste : en quittant l’église tout à l’heure, prenant le temps de venir à la crèche pour lui dire à quel point vous désirez venir à Lui. Ou ce soir, devant, la petite crèche de votre salon, prenez le temps de renouveler cette réponse amoureuse à l’invitation qui vous est faites par le petit santon qui vous tend les bras.

    Alors, ce sera vraiment Noël pour vous. Vous serez source de joie pour les autres et pour le monde.

  • Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume

    dsc-0307.jpgPeut-être que, comme moi, vous êtes surpris que, à l’occasion de cette fête du Christ Roi, nous soyons ramenés à l’évènement de la Passion. On nous a dit que c’était la fin de l’année liturgique, la fin de ce cycle qui depuis le 1er dimanche de l’Avent nous a faits regarder, méditer et contempler tous les mystères du Christ et de notre salut. La chronologie nous aidait bien jusqu’à aujourd’hui : Noël, le ministère public, la Pâque, la Pentecôte, le développement de l’Eglise, la Toussaint, la fin des temps, le retour glorieux du Christ dans la gloire. Et aujourd’hui, retour à la Croix, à la Passion, à l’humiliation du Christ. Qu’est-ce que cela a à voir avec le récit de l’intronisation de David comme Roi, ou encore avec la belle contemplation de St Paul, qui regarde le Christ le Premier Né, le principe et le Chef de toutes choses.

    Toute la liturgie de ce jour ne nous dit qu’une chose : il est Roi. Le mot est dense, rempli d’une grande équivoque aussi. Roi des Juifs ou Roi de l’Univers. Roitelet ou roi de gloire. Roi terrestre ou Roi céleste. A la Croix, rien ne permet d’élucider cette équivoque. A vrai à la Passion, à ce moment précis de l’histoire du salut, la lumière de la foi semble s’être éteinte pour beaucoup. On raille le Roi des Juifs. On se moque de lui, on le bafoue. Même ses compagnons d’infortune l’insulte.

    Sur le trône de la Croix, sous la couronne d’épines, voici donc le roi humilié, rejeté, incompris, mis à mort pour avoir prêché le royaume, et pas n’importe quel royaume, le royaume de Dieu. Au milieu de cette grande imposture des contemporains du Christ en Croix, voici que rayonne la confession de foi de celui qu’on appelle désormais le bon larron. « Souviens toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Nous voudrions lui poser de nombreuses questions. Comment a-t-il pu pressentir la divinité de celui qui meurt à ses côtés ? Qu’est-ce que ce royaume qu’il pressent ?

    La réponse du Christ est tout aussi déconcertante à vue humaine au moins. « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Bossuet, le dijonnais devenu évêque de Meaux, pouvait dire « Aujourd’hui, quelle promptitude ; avec moi, quelle certitude ; au Paradis, quelle béatitude ». Le larron veut le royaume. Le Christ lui promet le paradis. L’homme se contente du souvenir. Dieu lui promet la communion.

    Et le voilà notre Roi. Librement et par amour, il fait entrer qui il veut, et qui le veut, dans sa communion. Il lui importe non seulement de vivre avec les siens, mais surtout de régner dans leur cœur pour que chacun s’ouvre au trésor de bonheur et de joie qui sont à partager. Le voici donc le royaume qui n’est pas de ce monde, règne de justice et de paix, d’amour et de vérité.

    Ce Royaume est et reste à venir, même il restera toujours un certain paradoxe : ce que nous réalisons, construisons dès ce monde-ci anticipe et annonce le Royaume à venir. Le bx Jean-Paul II  résume ce paradoxe dans un très beau passage de son encyclique Sollicitudo Rei Socialis de 1989 : L’Église sait qu’aucune réalisation temporelle ne s’identifie avec le Royaume de Dieu, mais que toutes les réalisations ne font que refléter et, en un sens, anticiper la gloire du royaume que nous attendons à la fin de l’Histoire, lorsque le Seigneur reviendra.

    Certes, aucune réalisation n’est satisfaisante. L’histoire et l’actualité nous le rappellent sans cesse. De fait, le Christ ne règne pas socialement, ni économiquement, ni politiquement, ni même dans le droit naturel. Mais, en attendant, il veut régner dans des cœurs qui sauront, même humblement et sur le bout des lèvres, se livrer à sa présence dans un consentement d’amour digne de celui du bon larron.

    Finalement, ces lectures, comme toute la fête de ce jour, nous parlent plus du Roi que du Royaume. Et c’est bien ainsi. D’une manière simple, cet ultime dialogue terrestre entre 2 crucifiés nous invitent à contempler comment le Christ introduit dans sa communion les cœurs qui se tournent radicalement vers Lui. C’est le but de cette fête. C’est le but de l’Avent qui va s’ouvrir la semaine prochaine. Que nous levions les yeux vers celui qui vient de la fin pour nous attirer à Lui. Que nous désirions qu’il soit tout en tous. Que nous consentions à ce qu’il soit le Maître. Et cela commence aujourd’hui.

  • Nous serons semblables à Lui

    angelico.jpegComme chaque année, nous voici avec cette belle fête. Fête lumineuse, fête joyeuse où le Ciel semble s’ouvrir pour nous faire regarder ceux qui nous précédent sur ce chemin de la vie chrétienne.

    Fête des saints. La Toussaint est la fête de tous ces hommes et femmes, de touts temps, de toutes langues, de toutes nations qui ont achevé leur course de disciple du Seigneur. C’est une foule immense que nul ne peut dénombrer. Nous en portons les noms, Des noms prestigieux nous sont connus, récents ou moins récents. Mais c’est encore plus large, aussi vaste que le ciel étoilé par une belle nuit dégagée de tout nuage. Ils sont aussi nombreux que le sable au rivage des mers ou que les étoiles que le Seigneur faisait contempler à Abraham en signe de la descendance nombreuse qu’il aurait. Fête des saints d’ici et d’ailleurs. Fête des saints connus et inconnus. Fête des petits et des grands. La sainteté ne connaît aucune barrière ni de classe, ni de milieu, ni de sexe, ni de quoi que ce soit.

    Ce matin, nous rendons grâce à Dieu pour cette assemblée immense qui nous est une compagnie heureuse, un modèle stimulant, une aide précieuse.

    Fête de l’Eglise. Dans cette belle mosaïque où chaque tesson resplendit de la sainteté de Dieu, l’ensemble lui-même compose la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle, l’Eglise parée comme une épouse pour les Noces avec son Epoux. Fête de tous, fête de tous les états de vie, fête de cette belle communion qu’est l’Eglise, où ce qui nous rassemble dépasse tout motif humain.

    C’est l’unique foi au Christ qui nous réunit, et pas seulement dans la petite église de ce jour, mais à travers tous les temps et toutes les cultures. Heureuse Eglise qui peut rassembler tant d’hommes et de femmes aussi différents pour leur donner un dessein et un projet commun : la sainteté pour chacun, ni plus mais ni moins.

    Fête de chacun. Chers amis, il convient de se réjouir de ce que ce jour est notre jour de fête. Aujourd’hui, nous découvrons notre identité profonde, le dessein de Dieu pour nous. Peu importe que nous ayons inscrits dans un missel, le nôtre est déjà inscrit dans les cieux, comme celui de tant d’autres qui nous ont précédés.

    Fête des saints que nous sommes appelés à devenir. Vous vous souvenez que, dans le livre de la Genèse, le premier récit de la Création indique que Dieu créa l’homme à son image. St Irénée commente en précisant « Dieu a créé l’homme à son image en vue de la ressemblance ». Nous avons à devenir ce que nous sommes. Nous le savons déjà à l’échelle humaine. Nous avons à devenir adulte, à devenir autonomes, libres. C’est encore plus vrai dans la foi. Nous avons à devenir ce que nous sommes. Des enfants de Dieu. Des miroirs qui reflètent la beauté et la bonté de Dieu. Avouez qu’il y a un peu de chemin, et un peu de travail.

    Quel beau réconfort de cette fête qui nous laisse entrevoir le terme du pèlerinage, avec cette assemblée des saints qui nous attendent et nous font désirer leur compagnie. La préface que je vais chanter tout à l’heure le dit encore d’une autre manière : « nous fêtons aujourd’hui la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut ; c’est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange. Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Eglise que tu nous donnes en exemple ».

    Nous hâtons le pas… Nous hâtons quand nous voyons ceux qui sont déjà arrivés. Nous hâtons le pas quand nous pressentons dans nos vies ce que peut-être la plénitude du Royaume à venir. Je sais bien que beaucoup d’évènements de nos vies et de ce qui nous entoure peuvent démentir ce dessein, cette ressemblance avec Dieu, ou encore ce bonheur des Béatitudes. Mais aujourd’hui, ne soyons pas trop rabat-joie. Goûtons avec paix cette joie d’être semblables à Lui. Son portrait nous est tout tracé c’est celui des Béatitudes que nous venons d’entendre.

    Pour chacun de nous comme pour toute l’Eglise, elles n’ont pas fini de faire leur chemin en nous, pour nous acheminer à la ressemblance parfaite. En attendant, nous hâtons le pas. Dans la nuit de la foi, dans le silence de Dieu, dans la pénombre de nos solitudes, nous hâtons le pas, confiants et plein d’espérance. Oui, nous serons semblables à Lui

  • Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?

    pri%C3%A8re.jpgLa question, la dernière de l’Evangile lue à l’instant, est insistante et terrible. Elle peut éclairer notre intention profonde en ce jour où nous clôturons la semaine missionnaire. Que la foi soit diffusée sur toute la surface de la terre. Que le nom du Christ soit connu, annoncé, proclamé. Que la Parole soit annoncée à temps et à contre temps. Qu’elle résonne dans les cœurs, sur les places et au plus profond des familles, des quartiers, des lieux de travail et de vie d’un plus grand nombre. Voilà bien l’intention précise de l’Eglise en ce jour. Elle rejoint ce à quoi depuis plusieurs années nos pasteurs, évêques et papes, veulent nous rendent sensibles, à savoir la nouvelle évangélisation. La mission nous concerne ici, parce qu’il importe au Seigneur qu’ici, il soit connu, annoncé, aimé, proclamé. Le dernier synode des évêques, les initiatives ça ou là, mais également toute la vie de l’Eglise, et finalement notre vie à chacun tournée vers cette intention : que le Christ soit proclamé

    « Le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Mais on peut entendre cette question du Seigneur d’une autre manière, plus inquiète, plus insicise. Quand il viendra, trouvera-t-il encore un croyant ? Pas 50, pas 40, pas 10 comme le marchandait Abraham, mais un croyant ? Trouvera-t-il la confiance, la ferveur, l’abandon, l’espérance ? Trouvera-t-il des cœurs prêts à l’aventure de la foi, à l’audace de la charité, au pari de l’espérance ? La question est posée pour chacun de nous. Et un marqueur tout simple est proposé par les lectures de ce jour.

    Dans l’Evangile, la question du Christ fait immédiatement suite, vous l’avez entendu, à un encouragement à prier sans se décourager. Saint Paul le dit lui-même : priez sans cesse. Et la 1ère lecture nous a montré la puissance de la prière d’intercession de Moïse, malgré sa fatigue et son découragement.

    Prier sans se décourager, prier sans se lasser,… voilà qui nous est doux à entendre et finalement pas si confortable. Doux à entendre parce que, finalement, à force d’entendre que la prière ne doit pas être seulement une prière de demande, mais également une prière de remerciement, d’action de grâce ou encore de louange gratuite, nous en étions (peut-être) à nous interroger sur notre prière. Suis-je encore en droit de demander ? Pour moi ou pour les autres. Merci, pardon, s’il te plait. Si j’ai tant de mal à dire merci ; s’il m’est difficile de demander pardon, puis-je encore demander quelque chose à Dieu ? Finalement ce que dit le Christ nous est doux à entendre. J’ai le droit de demander.

    Doux, mais pas si confortable. J’ai le droit de demander, de supplier. J’ai même le devoir d’intercéder, le devoir de lasser Dieu par mes demandes répétées. Dieu veut être sollicité par nos libertés en devenir. Il consent à être importuné jour et nuit par nos demandes, quelles qu’elles soient, même si elles sont mêlées de bon grain et d’ivraie. Il le dit d’ailleurs dans un autre passage « Si donc, vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ? » (Lc 11,23).

    Et voici qu’en ce dimanche des missions, nous sommes simplement renvoyé à notre prière, et à notre prière de demande. Où en sommes-nous ? Nous pouvons nous raconter des histoires sur notre foi. Le Seigneur nous interpelle ce dimanche sur la réalité de notre prière de demande. Es-tu assez humble et petit pour demander ? Es-tu assez confiant pour oser t’en remettre à un autre que toi ? Oseras-tu descendre de ton piédestal pour t’abandonner à moi ? Oseras-tu me présenter tes désirs, tes angoisses, tes soucis, tes peurs, tes demandes. Oseras-tu me solliciter. Il y a un orgueil sournois à s’en remettre à soi-même, pensant secrètement que l’on se débrouillera bien seul, psychologie pas seulement masculine.

    Pour finir, je laisse cette belle prière que m’habite depuis que je l’ai reçu d’un moine d’une abbaye cistercienne. Elle m’aide à porter au Seigneur tout ce que je ne peux pas dire ou faire :

    Ce que mon cœur désire pour ceux que j'aime, d'une ardeur inquiète et impuissante, Seigneur Jésus, Tu le leur donneras mieux que moi, si cela est bon pour eux. Ce que ma bouche ne saurait leur faire comprendre, j'ai la ressource de Te le confier, ô Christ, qui le leur diras quelque jour à leur cœur. C'est sur cette réalité invisible de la grâce divine et de Ton action toute puissante, Seigneur Jésus, que sont fondées ma foi et ma prière.

  • Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple

    57c87ccdb68ddd9ea04bc4f9198c6cb7fc834ed0Aux foules qui le suivent, le Christ annonce la couleur. Suivre Jésus, c’est bien, c’est beau, c’est même ce qu’il attend, mais il annonce la condition essentielle du disciple. Porter la croix, renoncer à tous ses biens, le suivre là où il va.

    Peut-être que Jésus avait perçu l’ambiguité dans laquelle les foules nombreuses s’étaient mises en marche derrière le Maître de Galilée. Les miracles, (ah les miracles), les belles paroles d’enseignement (heureux…), le pardon des péchés, l’expulsion des démons et tant d’autre faits merveilleux qui viennent souvent réenchanter la vie et l’attente de tous ces gens. Et fait, comme on les comprend. A ceux qui ont faim, il donne à manger. Et comment ! A ceux qui sont oppressés par la maladie ou le deuil, il donne une guérison, il donne une consolation. Ce qui n’est pas rien. Il semble qu’il ouvre le ciel, il redonne l’espoir du Royaume de justice et de paix. Il fait place aux petits, aux pauvres, aux exclus de toutes sorte. Qui dit mieux ? Qui fait mieux ?

    Et les foules le suivent… Nombreuses, venant des régions environnantes. Je dis qu’elles le suivent, parce que l’Evangile le précise. On ne vient pas simplement à lui qui serait statique et sédentaire ; on le suit, parce qu’il est itinérant, et c’est bien sans condition première : il est en marche vers Jérusalem, et il attend qu’on le suive.

    Suivre quelqu’un suppose de ne le voir que de dos, en faisant confiance à la route qui s’ouvre sans cesse devant nous.

    Suivre quelqu’un suppose d’aller là où il décide d’aller. Ce n’est donc pas nous qui traçons l’itinéraire, ni choisissons le terme. Et c’est bien là que les choses se corsent. « Vous voulez me suivre ? » semble-t-il prévenir, « mais savez vous bien qu’elles en sont les conditions ? ».

    A Pierre qui avait promis qu’il suivrait le Messie partout où il irait, Jésus demandera s’il en est si sûr. A la mère de Jacques et de Jean qui demande une place pour ses fils, l’un à droite et l’autre à gauche, Jésus demandera s’ils sont sûrs d’accepter de partager son destin, boire à sa coupe.

    Mieux s’arrêter tant qu’il est encore temps, pour réfléchir, avant d’aller plus avant sur le chemin de la suite de Jésus. Faute de quoi, on est téméraire, présomptueux, et surtout publiant une fausse monnaie en rebroussant chemin dès que la suite de Jésus s’avérera difficile.

    Et elle est difficile. Vous avez remarqué que suivre Jésus n’est pas une assurance contre les maladies. C’est bête et trivial à dire. Mais c’est comme ça. Suivre Jésus n’est pas une assurance contre les soucis, les contrariétés et les épreuves de la vie. A nouveau, c’est comme ça. Suivre Jésus n’est pas une assurance contre la mort physique. Franchement, vous ne croyez pas que cela serait plus marketing qu’il en soit autrement ? Comme il serait plus facile d’être croyant, si la foi nous prémunissait de toute cette source de souffrance dans nos vies ?

    Non, décidément non. Le Christ est venu pour notre salut, pas pour notre santé, de quelque nature qu’elle soit. La communion avec le Père et la communion des uns avec les autres, ni plus, ni moins.

    Nous qui suivons Jésus, nous pourrions profiter de ce dimanche, et de ces lectures, pour nous interroger sur nos motivations profondes. Qu’est-ce qui nous fait le suivre jour après jour. Sans doute, demeure-t-il un peu d’ivraie avec le bon grain. Finalement peu importe. Déjà nous en serons conscients. Et surtout nous renouvellerons notre désir de le suivre. Je te suivrai Jésus, là où tu iras. Montre-moi le chemin.