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Homélies - Page 37

  • Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple

    57c87ccdb68ddd9ea04bc4f9198c6cb7fc834ed0Aux foules qui le suivent, le Christ annonce la couleur. Suivre Jésus, c’est bien, c’est beau, c’est même ce qu’il attend, mais il annonce la condition essentielle du disciple. Porter la croix, renoncer à tous ses biens, le suivre là où il va.

    Peut-être que Jésus avait perçu l’ambiguité dans laquelle les foules nombreuses s’étaient mises en marche derrière le Maître de Galilée. Les miracles, (ah les miracles), les belles paroles d’enseignement (heureux…), le pardon des péchés, l’expulsion des démons et tant d’autre faits merveilleux qui viennent souvent réenchanter la vie et l’attente de tous ces gens. Et fait, comme on les comprend. A ceux qui ont faim, il donne à manger. Et comment ! A ceux qui sont oppressés par la maladie ou le deuil, il donne une guérison, il donne une consolation. Ce qui n’est pas rien. Il semble qu’il ouvre le ciel, il redonne l’espoir du Royaume de justice et de paix. Il fait place aux petits, aux pauvres, aux exclus de toutes sorte. Qui dit mieux ? Qui fait mieux ?

    Et les foules le suivent… Nombreuses, venant des régions environnantes. Je dis qu’elles le suivent, parce que l’Evangile le précise. On ne vient pas simplement à lui qui serait statique et sédentaire ; on le suit, parce qu’il est itinérant, et c’est bien sans condition première : il est en marche vers Jérusalem, et il attend qu’on le suive.

    Suivre quelqu’un suppose de ne le voir que de dos, en faisant confiance à la route qui s’ouvre sans cesse devant nous.

    Suivre quelqu’un suppose d’aller là où il décide d’aller. Ce n’est donc pas nous qui traçons l’itinéraire, ni choisissons le terme. Et c’est bien là que les choses se corsent. « Vous voulez me suivre ? » semble-t-il prévenir, « mais savez vous bien qu’elles en sont les conditions ? ».

    A Pierre qui avait promis qu’il suivrait le Messie partout où il irait, Jésus demandera s’il en est si sûr. A la mère de Jacques et de Jean qui demande une place pour ses fils, l’un à droite et l’autre à gauche, Jésus demandera s’ils sont sûrs d’accepter de partager son destin, boire à sa coupe.

    Mieux s’arrêter tant qu’il est encore temps, pour réfléchir, avant d’aller plus avant sur le chemin de la suite de Jésus. Faute de quoi, on est téméraire, présomptueux, et surtout publiant une fausse monnaie en rebroussant chemin dès que la suite de Jésus s’avérera difficile.

    Et elle est difficile. Vous avez remarqué que suivre Jésus n’est pas une assurance contre les maladies. C’est bête et trivial à dire. Mais c’est comme ça. Suivre Jésus n’est pas une assurance contre les soucis, les contrariétés et les épreuves de la vie. A nouveau, c’est comme ça. Suivre Jésus n’est pas une assurance contre la mort physique. Franchement, vous ne croyez pas que cela serait plus marketing qu’il en soit autrement ? Comme il serait plus facile d’être croyant, si la foi nous prémunissait de toute cette source de souffrance dans nos vies ?

    Non, décidément non. Le Christ est venu pour notre salut, pas pour notre santé, de quelque nature qu’elle soit. La communion avec le Père et la communion des uns avec les autres, ni plus, ni moins.

    Nous qui suivons Jésus, nous pourrions profiter de ce dimanche, et de ces lectures, pour nous interroger sur nos motivations profondes. Qu’est-ce qui nous fait le suivre jour après jour. Sans doute, demeure-t-il un peu d’ivraie avec le bon grain. Finalement peu importe. Déjà nous en serons conscients. Et surtout nous renouvellerons notre désir de le suivre. Je te suivrai Jésus, là où tu iras. Montre-moi le chemin.

  • Va et fais de même

    images?q=tbn:ANd9GcRx04INVweGLZloumIszOFLKr8srSyyQUt57cJWv6FYUkYFmcKClZIH8JY6PAUn homme descendait de Jérusalem à Jérico.

    C’est le début de cette magnifique parabole du Bon Samaritain, que seul l’Evangile selon saint Luc rapporte. C’est la réponse du Christ à la mise à l’épreuve. Vous me demandez qui est mon prochain. Je vais vous dire de qui vous êtes le prochain. Retournement complet auquel le docteur de la Loi ne s’attendait pas d’autant plus que le voilà concerné. Deux fois de suite le Seigneur lui dit : « fais de même ». Retournement que nous connaissons (ou nous découvrons), retournement auquel il ne faudrait pas nous habituer, parce qu’évidemment cela nous concerne et cela concerne celui qui livre cette belle parabole. Cela Le concerne parce que la parabole parle d’abord de Lui, avant de parler de nous. Mais n’anticipons pas.

    C’est donc l’histoire de 4 hommes. Le premier est à demi-mort au bord du chemin. Rien ne ressemble plus à un mort qu’un demi-mort, c’est important pour la suite. Le deuxième est un fils d’Aaron, un prêtre. Les règles de pureté rituelle l’empêchent d’avoir le moindre contact avec un mort. Mort, à demi-mort, dans le doute il change de trottoir, avec une certaine énergie sportive quand on connaît les lieux, et celui qui raconte le récit connaît les lieux, tout comme ceux qui écoutent. Le troisième, un lévite, c'est-à-dire un fils de la vaste tribu de Levi. Même règles pour lui. Même observance. Même prudence. Circulez, il n’y a rien à voir.

    Et le quatrième : un Samaritain. Que vient-il faire sur cette route de coupe-gorge, dans la vallée étroite du Wadi Kelt, loin de sa terre refuge de Samarie. Voyage improbable pour une rencontre improbable. Voyageur improbable parce qu’il n’a rien à faire en Judée. Voyage improbable, parce que ce n’est pas le chemin de sa patrie. Or dans cette épopée improbable, il rencontre un demi-mort et il voit un demi-vivant. Il panse ses plaies. Il le porte sur sa monture. Il le mène à l’auberge et il paie pour deux jours supplémentaires.

    Là où la Loi voit un demi-mort, il voit un demi-vivant. Et un demi-vivant, c’est un vivant. Le texte ajoute qu’il fut saisit de pitié. Traduction bien misérable pour une expression forte de la tendresse et de la compassion : il fut remué jusqu’au entrailles. Ce mot doit nous arrêter. A plusieurs reprises dans l’Evangile, il est utilisé soit pour le Christ, soit pour un personnage central d’une parabole, comme le père dans celle du fils prodigue. Remué dans ses entrailles de miséricorde. Profondément blessé d’amour et de tendresse devant la situation de cet humanité blessé, laissé à demi-mort, mais dont le demi-vivant aspire à ressusciter. L’Ancien Testament rayonne de cette expression de la tendresse de Dieu pour les hommes, et en particulier pour Israël. Dieu proche qui s’abaisse. Dieu, le Très-Haut, qui attire ses enfants sur ses genoux ou contre sa joue. Dieu qui écoute et répond aux prières. Dieu qui se laisse fléchir.

    C’est ici que les traits de ce voyageur improbable s’éclaircissent. Jésus se met en scène dans cette parabole, qui parle de sa mission. Dans l’Incarnation, et par miséricorde, le Très-Haut se fait se fait Très-Bas. Il descend, c'est-à-dire qu’il s’abaisse vers notre humanité, de la Jérusalem céleste à la Jérico de notre condition humaine. Il prend la route de l’homme pour se pencher vers lui, déployer sa tendresse et sa miséricorde, soigner ses plaies par l’huile et le vin des sacrements, le porter sur sa propre monture, et enfin l’emmener à l’auberge de l’Eglise.

    Paraphrasant l’Evangile selon saint Matthieu, on pourrait ajouter : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, vous les demi-morts. Vous êtes des demi-vivants que je veux soulager, par ma tendresse et ma miséricorde ».

    On pourrait ajouter une dernière chose. Le Très Haut qui devient le Très bas accepte même d’être de devenir cette humanité blessée au bord du chemin. Il y aura un jour où le Seigneur deviendra ce demi-mort. Sauf qu’il ne fera pas semblant. Il sera un vrai mort dont tous se détourneront, sauf quelques hommes et femmes qui lui prodigueront la miséricorde qui lui est due. Au pied de la Croix, Marie, Jean, Marie Madeleine, Joseph d’Arimathie panser ses plaies, le déposeront au tombeau pour les 3 jours à venir.

    Va et fais de même, dit le Christ au docteur de la Loi qui pensait le mettre en défaut. Fais de même. Imite-moi. Ce que je fais, je le fais pour que vous le fassiez les uns aux autres (cela ne vous rappelle rien ?). Consents à descendre vers le demi-mort qui reste un demi-vivant. Communie à son état intérieur et montre le lui par un geste, une parole, une présence, que sais-je encore. C’est le sacrement de l’amour par excellence, celui d’une charité qui descend et qui consent. Qui s’abaisse devant celui qui en a besoin et qui consent à agir pour lui. C’est cette fresque qu’on retrouve au dessus du tombeau de Frédéric Ozanam. Le Bon Samaritain, c’est le Christ. C’est toi si tu le veux. Va et fais de même.

  • Il prit avec courage la route de Jérusalem

     marche%20pt.pngAprès les miracles qui guérissent les corps, après les enseignements qui enflamment les cœurs, après les foules qui le suivent en Galilée et dans toute la région, voici une nouvelle étape dans l’Evangile. Jésus monte à Jérusalem. Avec noblesse, avec détermination, peut-être avec gravité, il prend résolution le chemin de Jérusalem. C’est le chemin de la Croix, celui de la Passion et de la Résurrection. Il le sait. Il le prend. N’avait-il pas dit que pour le suivre il fallait renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre ?

    Jésus prend avec courage la route de Jérusalem. Littéralement, il durcit sa face. C'est-à-dire qu’avec détermination, il consent et emprunte ce chemin, et ce sans regarder en arrière. L’enseignement arrive tout de suite. Vous avez entendu chacun de ses trois hommes présenter des objections légitimes à cette suit du Christ.

    Le premier confesse généreusement qu’il ira partout où Jésus ira. Les disciples n’en diront-ils pas autant à la Passion. Le Christ prévient : Le Fls de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête, tout au plus le linteau d’une Croix, où la pierre d’un tombeau. Partout où il ira ? En est-il encore sûr cet homme téméraire ?

    Le deuxième veut remplir son devoir de fils en honorant la sépulture de son père. Tobie n’en faisait-il pas autant quand il enterrait les morts au risque même de sa réputation et de sa propre vie ? Pourtant, l’urgence est posée. Laisse les morts enterrer leurs morts. C’est la vie du règne de Dieu qui urge. La vie des pécheurs qui attendent un pardon, la vie des malades qui attendent une guérison, la vie des possédés qui espèrent une délivrance. Bref, la vie de tous ceux qui attendent le salut.

    Le troisième demande un peu de temps pour embrasser les siens. Elisée n’en a-t-il pas fait autant, exerçant la patience d’Elie, qu’il a rejoint ensuite. Et la remarque tombe, cinglante : Celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. Dieu l’avait dit à Lot et sa famille qui fuyait Sodome. Sa femme a été changée en statue de sel pour avoir désobéi à l’ordre divin. Les Hébreux eux-mêmes ont connu cette tentation au désert.

    Alors, comment comprendre cette exigence radicale que pose le Seigneur Jésus, au long de ce chapitre 9 ? Exigence de le suivre sans condition, sans préalable, dans une obéissance, une pauvreté et une disponibilité sans réserve, ni retour sur soi ?

    Après tout, ceux qui, dans l’Eglise, vivent une vie consacrée ne sont-ils pas les premiers et les seuls concernés ? Les vœux qu’ils prononcent ne réalisent-ils pas cette radicalité de la condition du disciple par excellence, celle du Christ lui-même ? Qu’ils vivent cette exigence au milieu de nous. Qu’ils en témoignent, et cela rayonnera dans l’Eglise.

    Non, non. Il n’est pas possible que cet Evangile nous laisse indemnes, qui que nous soyons. Il n’est pas possible que cet Evangile ne nous altère pas un peu.

    Il y a en nous quelque chose de ce premier téméraire en nous, qui veut bien suivre Jésus, mais qui rebroussera chemin dès que cela ne sera plus confortable, dès que cette suite suppose une conversion : aller où Jésus veut nous emmener. Quand tu seras vieux,…

    Il y a en nous quelque chose de ce second, qui dit oui et qui dit non, qui ne voit pas l’urgence parce qu’il est tiraillé intérieurement par ses différents devoirs et qui n’entend pas l’imminence de l’appel du Christ à le suivre et à se mettre au service d’une vie plus grande que les petites morts quotidiennes.

    Il y a en nous quelque chose de ce troisième, qui exerce la patience de Dieu, alors que cela urge. Cœur lent et partagé, cœur double et nostalgique, cœur attaché à ce qui est vieux et connu, alors que ce qui est neuf et inconnu lui fait peur.

    Prendras-tu avec courage la route du Christ, sans te soucier du respect humain, même dans ta famille, dans ton groupe d’ami, dans ton milieu professionnel. Prendras-tu avec courage la suite du Christ, qui t’appelle à infiniment plus que tu ne sauras te donner à toi-même ?

  • Le Seigneur fut saisi de pitié pour cette femme

    r8.gif« Le Seigneur fut saisi de pitié pour cette femme », pour cette veuve qui vient de perdre son fils, son unique. Voilà un Evangile qui nous parle concrètement en ce retour du temps ordinaire, du vert, signe de la lente maturation du Royaume de Dieu. Voici donc Jésus dans la simplicité de son ministère public. Il va et il vient, libre de dispenser sa parole, faire des miracles qui restaure et redonne vie. Comme on a raison de l’écouter et de le suivre.

    Ici le voici au pied du mont Tabor, dans ce petit village de Naïm qui existe toujours. Et la scène est toute simple comme nous venons de l’entendre. En entrant dans la ville, Jésus voit et entend cette foule qui accompagne la femme qui enterre ce qui lui reste de plus précieux, son fils unique. La scène est poignante. Elle n’a plus rien qu’elle seule. Comment va-t-elle vivre ? Qui va l’aider ? L’arrivée de Jésus renverse de façon si radicale la vie de cette femme. A la place de la tristesse, il met la joie. A la place de la solitude, il met la présence de son fil. A la place de la mort, il met la vie. La vie du mort, la vie de la femme, la joie de tous et surtout la glorification de Dieu : seul Dieu peut faire un tel miracle. Dieu a vraiment visité son peuple.

    En écoutant le récit et surtout le renversement qu’opère le miracle, nous sommes peut-être admiratifs. Nous sommes peut-être envieux : pourquoi Dieu ne le ferait-il pas pour ma sœur, pour ma voisine, pour moi-même ? Nous sommes peut-être en colère : et pourquoi donc Dieu ne l’a-t-il pas fait pour ma sœur, pour ma voisine, pour moi-même ? Pourquoi est-il resté impuissant devant ces détresses, devant ce mal qui semble l’emporter, surtout au journal de 20h. Pourquoi est-il si loin ? Pourquoi ne répond-il pas à mes demandes, à mes prières ? A quoi bon ?

    J’entends, nous entendons ces questions, ces reproches plus ou moins exprimés. Et il faut les entendre. Et il faut bien faire droit. J’essaie donc.

    Vous avez peut-être remarqué que Le Seigneur guérit l’enfant de cette femme, et une autre, la fille d’un chef de synagogue. Il ressuscite encore Lazare. Et c’est tout. C'est-à-dire qu’il ne ramène pas à la ville tous les morts qui lui sont contemporains. Il est bon, miséricordieux, profondément touché par la souffrance des uns et des autres, mais pas au point d’être un distributeur automatique de miracle, quand on lui demande, comme on lui demande. Cela veut sans doute dire que le miracle indique autre chose que la simple réanimation de ce fils unique.

    « Il fut saisi de pitié ». Littéralement, il fut remué jusqu’au entrailles, comme quand il voit les foules sans berger et qu’il va nourrir de sa parole et de son pain ; comme le père du fils prodigue qui le voit revenir vers lui ; comme le bon samaritain qui se penche sur l’homme à demi-mort au bord du chemin. Voilà donc Jésus, tendresse du Père pour l’humanité, au point d’agir pour elle, pour nous, pour chacun de nous. Jésus est assez Dieu pour s’occuper de nous, pour se pencher vers nous, par amour. Ce qu’il fait pour cette femme. Mais ce qui compte ce n’est pas ce qu’il fait (il ne le fera que 3 fois), mais pourquoi il le fait : par profonde compassion envers l’humanité blessée, souffrante.

    « Le mort se redressa, s’assit et se mit à parler ». Cette résurrection (ou plutôt réanimation) en annonce une autre. Sur le Mont Thabor, Jésus avait dévoilé de façon très fugace sa gloire. Il avait imposé le silence aux apôtres sur l’évènement jusqu’à ce qu’il soit ressuscité. Ils n’avaient pas compris. Et voici qu’au pied de cette montagne, la résurrection de ce fils unique annonce la sienne. Le miracle appelle la foi en lui, en sa résurrection au moment où tous pleureront sa mort, certains même l’ayant trahi ou quitté aux heures de la détresse et de la Passion.

    Et la voici la réalité de ce texte : Jésus est assez Dieu non seulement pour ressusciter un enfant, mais aussi pour être le Maître de la vie et donc victorieux sur toute mort. Voilà qui consolide notre foi, et qui alimente notre espérance, spécialement quand tout semble particulièrement sombre et voilé à nos yeux. Il est le Maître de la vie. Sur lui, la mort n’a pas d’emprise. Et si nous mourrons, nous ressusciterons avec lui. Et de même, toutes nos morts quotidiennes attendent une résurrection, une vie redonnée chaque jour, à condition de le laisser agir dans sa tendresse pour nous. Ce n’est peut-être pas là où nous l’attendons, c’est là où il veut agir et nous conduire.

  • C’est Toi, Seigneur le pain rompu

    image_preview« C’est Toi, Seigneur le pain rompu » c’est ce que nous avons chanté à l’entrée de cette messe. Le pain rompu, le pain nouveau, le pain qui descend du ciel, le pain des Forts, le pain de la vie,… les expressions ne manquent pas pour essayer de cerner ce sacrement de l’Eucharistie, du Corps et du sang du Seigneur. Et la fête de ce jour vient nous aider, pour mieux nous approcher de ce cadeau inestimable, auquel vont communier les enfants de la paroisse, à l’église St Paul.

    Si en 2 mots, nous avions à dire ce qu’est l’Eucharistie, nous serions peut-être prolixes, et à court. Prolixes parce que la catéchèse reçue et donnée nous a donné des mots, des portes d’entrée denses, denses, variées. A court, parce que le langage humain est trop faible pour parler de la manière dont Dieu s’approche de l’humanité pour lui communiquer sa vie et sa joie, en un mot, sa grâce. Et pourtant, il nous faut bien essayer.

    L’Eucharistie comme nourriture, comme pain de la fête ? Nos tables humaines savent bien ce que sont le pain, le vin, les aliments de nos fêtes humaines. Ils nous mettent en communion, dans la joie de donner et de recevoir, dans la joie de partager. Cette petite hostie, ces quelques gouttes de vin sont un peu à l’image de ces aliments de nos tables humaines, partagés en signe d’hospitalité et de communion. Mais nous pressentons qu’ils sont plus, bien plus. Sinon pourquoi si peu en quantités, et pourquoi tout ce respect. Déjà le signe semble déborder les catégories humaines que nous avons. Il faut chercher ailleurs.

    L’Eucharistie comme souvenir de la Passion ? L’Eucharistie ne se présente pas comme un repas ordinaire. Les ingrédients sont les mêmes. Du pain non levé, du vin, ceux-là mêmes que le Christ prend dans son repas pascal précédant sa Passion. En plus, il commande que l’on renouvelle, en mémoire de lui. Le geste de Jésus qui exprime le sens de ce qui va se passer : il rompt le pain et partage la coupe. Il rompt le pain comme sa vie va l’être, Il partage la coupe pour signifier que nous avons part à son destin, à la vie qu’il donne. Corps livré pour nous. Sang versé pour nous. On comprendrait que régulièrement, on fasse l’anniversaire de ce repas si particulier. Mais l’Eucharistie n’est pas un repas d’anniversaire, c’est un mémorial, c'est-à-dire un repas rituel qui fait advenir l’évènement qu’il commémore. La pâque de jésus n’est pas derrière, dans un passé lointain. Elle est présente, elle est là, elle est efficace.

    L’Eucharistie est présence ? L’évènement est présent. L’évènement du salut, de la grâce donnée en plénitude pour tous ceux qui s’y approchent. Voilà qui nous est familier. L’Eucharistie est présence. Présence sacramentelle, mais présence qui touche à la réalité en acte de l’évènement du salut, ici et maintenant. C’est ce que veut dire le concile de Trente, du XVIème siècle quand il précise présence réelle.

    Nous nous arrêtons ce jour pour méditer, contempler et même adorer ce Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. C’est inouï, on ne le fait pour aucun autre sacrement. C’est que la fête de ce jour a été instituée alors que justement d’un côté des doutes s’étaient élevés au XIème siècle. D’un côté des doutes  sur la présence réelle : est-ce que réellement l’évènement est présent ? De l’autre, des doutes sur la communion au Corps et au Sang (ne faudrait-il pas nécessairement communier au Corps ET au Sang ?).

    L’Eucharistie est présence parce que le Christ est réellement présent dans ce sacrement. Ce sacrement renvoie à sa présence dans son Incarnation, lui qui s’est fait l’un de nous. Ce sacrement renvoie à sa présence spirituelle au long de l’histoire humaine, lui qui a assuré être présent avec nous jusqu’à la fin des temps. Ce sacrement renvoie à sa présence dans la gloire, celle dont nous attendons la venue, et que nous célébrons à chaque Eucharistie.

    L’Eucharistie est donc présence pour nous de ce Christ, mais sous un voile sacramentel. Ce n’est pas la présence du corps humain de Jésus, c’est une présence sacramentelle. On ne le voit pas, on ne voit que du pain. On ne l’entend pas. On ne le touche pas, on ne touche que du pain. Mais c’est sa présence sous la forme du sacrement, pain nouveau pour un monde rompu ; vin de joie pour un monde désenchanté.

    Nous n’en aurons jamais fini avec cette présence. Qui s’en étonnerait ? Il l’a dit, promis. Cette présence, nous l’accueillons, nous la célébrons, nous l’attendons. Nous sommes présents à lui qui est présent. Nous essayons d’être présents en attendons d’être au banquet du ciel, avec Lui, avec tous. Alors nous n’aurons plus besoin de la présence sacramentelle, nous aurons sa présence glorieuse.