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Caritas Christi urget nos ! - Page 50

  • La dernière visiteuse

    m503604_89ee1720_p.jpgC’ÉTAIT à Bethléem à la pointe du jour. L’étoile venait de disparaître, le dernier pèlerin avait quitté l’étable, la Vierge avait bordé la paille, l’enfant allait dormir enfin. Mais dort-on la nuit de Noël ?...

    Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus.

    En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait ! L’âne et le boeuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles.

    La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël ?...

    Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance.

    La vieille alors se pencha sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver.

    Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant.

    Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent ? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le boeuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas.

    Cela encore dura bien longtemps. Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent.

    Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !) Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui.

     Jérôme et Jean THARAUD, Les contes de la Vierge,
    Plon, 1940.

  • Deuxième bougie de l'Avent

    deux-bougies-4.jpgDeuxième dimanche. Deuxième étape dans notre marche de l’Avent. Deuxième bougie d’une couronne déjà à moitié éclairée, encore à moitié éteinte, chacun choisira.

    Et aujourd’hui, Maelys, tu vas communier pour la première fois. Tu l’as choisi, tu t’es préparé, tu le désires. Communier, c’est participer pleinement à l’Eucharistie du Seigneur en recevant son Corps qui est nourriture, présence et offrande. Mais tu vas communier pour la première fois, précisément en ce temps de l’Avent, temps de l’attente de sa présence. On dit de l’Avent que c’est l’attente de la venue du Seigneur, à travers 3 venues justement : celle dans l’histoire il y a 2000 ans, ce que nous allons fêter à Noël ; celle de la fin des temps, lors de son avènement dans la gloire ; et celle de chaque instant, dans notre vie, dans celle de l’Eglise, dans les sacrements. Il est venu, il viendra et il vient.

    Donc, dans un instant, en ce temps de l’attente, tu vas communier à la présence du Christ, à la présence de celui vient.  Mais à quelle présence, je t’en propose 3.

    Tout d’abord la présence de celui qui est là. On va apporter le pain et le vin, ce pain et le vin de nos fêtes humaines, fruit de la terre et du travail des hommes. Ils vont être pris, bénis, rompus, donnés. Offerts pour être sacrifiés. Donnés pour être consommer. Et toute l’Eglise nous dit, ce pain, c’est le Corps du Christ. Il te faut le recevoir, pour qu’il soit ta nourriture et ta vie, pour qu’Il soit présent au plus profond de ton être comme toute nourriture qui est assimilé participe à notre vie biologique de chaque jour.

    Ce pain de l’autel, il est la présence de Celui qui le donne. Le Christ vient dans ce pain pour être là, ici et maintenant, donné et livré pour nous. Voilà l’Eucharistie, qu’aucun autre geste de fraternité, si beau soit il, ne pourra remplacé. Il est là et il vient.

    Mais c’est aussi la présence de Celui qui est déjà venu. Dans quelques semaines, la couronne de l’Avent sera entièrement illuminée, la crèche va être installée dans cette égalise, et nos chants de la nuit de Noël vont acclamé Celui qui est venu dans l’histoire de toute l’humanité dans cette nuit de Bethléem. Il est venu aux jours d’Hérode et de Ponce Pilate. Il est venu sur une terre du fin fond du Proche-Orient. Il est venu sur les rives verdoyantes de Galilée et dans les rues pavées de Jérusalem. Il est venu et les siens ne l’ont pas reçu. Il est venu dans la chair pour nous ouvrir le chemin vers Dieu. Il est venu en donnant sa chair en nourriture et son sang en boisson. Le repas de la Cène, repas du mémorial de la Pâque juive, inaugure et instaure ce mode de présence réelle et continue pour tous les temps. Mais cela n’était possible que parce qu’il est réellement venu en naissant de la Vierge Marie et en s’en offrant pour que tous les hommes aient la vie.

    C’est enfin la présence de Celui qui viendra. Il est venu, il vient, et il viendra. « Nous attendons ta venu dans la gloire ». Tu communies pour la première en ce dimanche de l’Avent où nous faisons un peu plus attention à cette présence qui vient de la fin des temps, de la fin de l’Histoire des hommes. Ce n’est pas un scénario catastrophe comme n’importe lequel des films américains récents, je pense à 2012 ou Independance Day, ou Le Jour d’après. Non, c’est la venue glorieuse de Celui qui vient tout rassembler en lui.

    Et toi, tu communies à ce pain du Ciel, qui vient justement du ciel et pas seulement de la terre ; Tu communies à celui qui vient de la fin et pas seulement du Cénacle de Jérusalem, et pas seulement de notre célébration de ce dimanche. Il vient du Royaume à venir, le Royaume qui est proche et qui s’approche un peu plus de nous à chaque jour, à chaque Eucharistie. Wait for the Lord, whose day is near. Very near, pas plus loin que l’Eucharistie qui te sera présentée tout à l’heure.

    Aujourd’hui, c’est dimanche, c’est le jour du Seigneur. Jour où l’Eglise se réunit parce qu’elle célèbre à la foi la venue de Celui qui est venu, la présence de Celui qui est là, l’attente de Celui qui vient. Dans cette petite hostie ronde, tout ton être va communier à la présence de Celui qui est venu dans la chair, à la présence de celui qui est là, à la présence de celui qui vient de la fin. Sois heureuse et nous te remercions, parce que, ce dimanche, tu nous permets de le réaliser.

    Viens Seigneur Jésus !

  • C'est le 6 décembre

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    Celui qui n'a pas connu l'attente du 6 décembre, enfant dans sa classe de maternelle ; celui qui n'a pas goûté la joie d'avoir des cadeaux bien avant Noël ; celui qui n'est pas lorrain, ni alsacien, ni flamand, ni belge, ni allemand, ni polonais, ni hongrois, ni boulgarre, ni... ; celui qui n'a pas le souvenir des brioches et des mandarines apportées par le même personnage ; celui qui n'a pas chanté à tue tête l'hymne de St Nicolas ; celui-là ou même un autre, ne sait pas ce qu'est d'en être privé !

    Bonne fête de Saint Nicolas !

  • Nous sommes faits pour l'Alliance, qui que nous soyons

    images?q=tbn:ANd9GcT1Mz8rgJzI9Zq5H3DdOpGO-PgWOImGPMZPYpvJt9ICG5yVPDyOaOoeypfwPour certains, le célibat n’a pas été choisi et c’est une souffrance. Une souffrance de supporter une solitude qui ne semble pas être habitée, une souffrance de ne pas vivre de fécondité visible, une souffrance que de multiples amitiés (s’il y en a) ou beaucoup d’engagements (quand il y en a) n’arrive pas à panser.

    Pour ceux, le Seigneur indique qu’il est proche d’eux dans leur solitude. Il leur redit qu’il les appelle à l’Alliance, anticipées ou différées. Que cette Alliance prendra des formes qu’ils ne perçoivent pas, et que l’espérance est un chemin possible pour assumer cette situation.

    Je tremble en disant cela parce que je pense à tous ceux qui ont eu l’impression d’attendre le ou la bien-aimé(e) et qu’il ou elle n’est pas venue, et que c’est une grande blessure. Je pense à tous ceux qui ont été engagé généreusement dans le mariage, et pour lesquels ce mariage a le goût amer de l’échec, de la séparation, du divorce. Je pense à ceux qui ont perdu trop brutalement leur conjoint, ou ceux qui l’ont accompagné avec beaucoup de courage au seuil de la mort, de la rencontre avec le Seigneur, et pour lesquels la solitude quotidienne est le rappel blessant de cette promesse faite d’être ensemble pour toute la vie.

    Les Noces peuvent être malmenées, blessées, interrompues, que sais-je encore… Pourtant, une promesse d’alliance est toujours active dans la situation que vous vivez, quelle qu’elle soit. Je sais bien que c’est facile à dire, alors que la promesse d’alliance pour les êtres de chair et de sang que nous sommes est source de souffrance quand justement manque ce désir d’être uni de cœur, de désir, d’âme, de corps avec un être aimé. Je le dis en tremblant : il y a sans doute à consentir à ce chemin sans en savoir ni le but, ni le sens ; consentir à chercher l’époux ailleurs ; à chercher une fécondité ailleurs.

    Pour m’expliquer, et pour terminer, je vous laisse cette très belle prière trouvée récemment dans le livre de Jean Vanier, La communauté lieu de la fête et du pardon (p. 67). Jean Vanier explique qu’il en a eu le cœur transpercé en écoutant une femme assistante au foyer de l’Arche la rédiger et la lire lors d’une veillée de prière.

    Nous qui ne sommes pas consacrés près de toi, Jésus, dans un célibat consacré ni dans le mariage, qui ne sommes pas engagés auprès de nos frères dans une communauté, nous venons renouveler notre alliance avec toi.

    Nous continuerons à suivre cette route sur laquelle tu nous as appelés, mais dont tu ne nous donnes pas le nom, nous portons cette pauvreté de ne pas savoir où tu nous conduits.

    Sur cette route, il y a la blessure de n’être pas choisi, pas aimé, pas attendu, pas touché ; il y a la blessure de ne pas choisir, de ne pas aimer, attendre, toucher. Nous n’avons pas d’appartenance. Notre maison n’est pas un foyer : nous n’avons pas où reposer la tête.

    S’il nous arrive devant les choix des autres, d’être impatients et dépressifs, malheureux devant leur efficacité, nous redisons cependant oui à ce chemin. Nous croyons qu’il est celui de notre fécondité, parce que c’est par lui qu’il faut passer pour grandir en toi. Parce que nos cœurs sont pauvres et vides, ils sont disponibles. Nous les faisons espace d’accueil pour nos frères. Parce que nos cœurs sont pauvres et vides, ils sont blessés. Nous laissons monter vers toi le cri de notre soif.

    Et nous te rendons grâce, Seigneur, pour le chemin de fécondité que tu as choisi pour nous.

  • Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes ?

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    Chaque année, au seuil de l’hiver, alors que l’automne rayonne encore de mille feux, nous voici avec cette fête de tous les Saints. Alors que, comme tous les ans, toute la nature semble se préparer à une longue hibernation, alors que nous mesurons peu à peu la diminution de la lumière du jour, alors que l’hiver s’est installé sur l’heure de nos pendules et de nos montres, voici que la liturgie nous fait regarder plus haut et plus loin que ce monde créé.

    De la fête de Tous les Saints, un voile semble s’entrouvrir et vient une autre lumière, un autre temps, un autre ciel et une autre terre, celle du monde à venir où les saints nous précédent. Oui, la liturgie de ce jour nous l’affirme d’une façon finalement prophétique : ils nous précèdent.

    Un voile s’entrouvre. C’est bien ce que nous pressentons quand nous accompagnons un défunt de nos famille ou dans nos amis. Il, elle quitte ce monde visible, pour un autre monde. Il ou elle nous précède dans ce monde à venir, après un pèlerinage terrestre. C’est ce que nous allons commémorer demain en priant pour tous nos fidèles défunts, en demandant à Dieu qu’il les accueille, comme nous espérons qu’Il nous accueillera au soir, à l’hiver de notre vie terrestre.

    Pour ces saints, canonisés ou connus de Dieu, ce n’est plus l’hiver, c’est l’éternel été de la vie sans fin, de la gloire de Dieu à laquelle ils sont associés, la vie sans fin du face à face avec Dieu dont ils font leur nourriture et leur louange sans fin. Oui, nous avons raison de nous réjouir de les voir nous précéder dans ce monde invisible où la lumière a pris toute la place, et pour cause ! Aujourd’hui, nous avons donc un moment de nous réjouir : le voile qui nous sépare de ce monde invisible s’entrouvre légèrement pour nous faire regarder ceux qui y ont déjà part.

    Mais il y a plus : les saints ne font pas que nous précéder, nous laissant entrevoir ce qui pourra être notre propre destinée. Ils nous attendent, ils nous invitent à leur suite, et ils y nous entraînent. Saint Bernard le dit dans une belle homélie pour ce jour : « Elle nous attend, cette Eglise des premiers nés, et nous n’y prêtons pas attention. Ils nous désirent, les saints, et nous n’en faisons guère de cas. Ils comptent sur nous, les justes et nous restons indifférents ». Voilà qui nous interroge en ce jour : les saints qui nous précèdent, nous invitent, un peu comme des premiers de cordée qui nous aident dans ce pèlerinage de la vie, lente ascension dans une course en haute montagne. Dans cet éternel été de la vie éternelle, ils sont présents à toutes les saisons de notre vie. Présents à tous les magnifiques printemps de nos débuts ; présents à tous les étés de nos progressions ; présents à tous les automnes et les hivers de nos piétinements ou de nos épreuves. Bref, ils nous sont un appui, des frères et des sœurs qui nous accompagnent. Dans une audace inouïe, nous les prions pour qu’ils nous aident à vivre déjà de ce monde invisible, en attendant d’y vivre avec eux.

    Pour être fidèle à la citation de Saint Bernard, il faut dire plus. Ils nous précèdent, certes. Ils nous accompagnent certes. Mais ils nous attendent et nous désirent ! L’amour qui les illumine veut se communiquer. Saint Bernard insiste : « Ce n’est pas seulement la compagnie des saints, c’est aussi leur bonheur qu’il nous faut souhaiter pour nous, de manière à ambitionner avec une extrême ferveur leur gloire, tout comme déjà nous désirons leur présence ».

    Ils nous attendent, et nous n’y prêtons pas attention. Chers amis, l’horizon de notre vie, n’est pas uniquement cet aujourd’hui fugace qui demain ne sera déjà plus. Il n’est pas non plus le mur froid et hivernal d’une mort physique que nous devrons bien vivre d’une manière ou d’une autre. L’horizon de notre vie est cette magnifique compagnie des saints, foule immense que nul ne peut dénombrer.

    Ils comptent sur nous ces justes, et nous resterions indifférents… Et pourquoi cela ? Pourquoi nous priver de ce cadeau de leur présence et de leur aide, alors que nous pouvons dès aujourd’hui vivre de cette lumière du monde invisible, de cette joie des Béatitudes. Dès aujourd’hui, l’éternel été s’offre à nous. Dès aujourd’hui, la lumière à venir éclaire nos pauvres existences. Dès aujourd’hui, Dieu fait de nous des saints en puissance. Pourquoi tarder à devenir ce que nous sommes depuis l’éternel printemps de notre baptême ?