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Caritas Christi urget nos ! - Page 46

  • "Vivre, c'est changer !"

    philippe-de-champaigne-le-sommeil-delie-1656.jpgUne fois n’est pas coutume, revenons à la première lecture. Le prophète Elie fuit la reine Jézabel dont il a prophétisé la mort. Le désert accueille sa fuite, avant qu’il n’arrive au terme d’une marche de 40 jours à l’Horeb, la montagne du Sinaï où Dieu avait parlé à Moïse. Au début même de cette marche, voici qu’il est saisi de façon assez naturelle par la fatigue, par un épuisement qui emporte tout : son énergie, son espérance, sa raison de vivre. Lui que le Seigneur a gratifié de miracle et de prodiges, le voici réduit à marcher et à souffrir. Le voilà réduit à la lassitude et à la désespérance que le fait préférer la mort. « Maintenant, Seigneur, c’en est trop, reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères ! ». La vocation prophétique semble être un trop lourd fardeau. Il préfère rendre à Dieu ce qui vient de lui.

    C’est alors que le miracle intervient : du pain, de l’eau et la voix de l’ange. Du ciel, l’intervention divine vient rompre la désespérance d’Elie. Elle vient le remettre en route. C’est le pain de la route qui lui est donnée pour son pèlerinage terrestre en vue de l’accomplissement de sa vocation. Il lui faut devenir ce qu’il est. Et pour cela, le Seigneur donne de manière surnaturelle un simple moyen naturel pour le remettre sur la route de son pèlerinage.

    De la même manière, Dieu avait donné à Israël le pain de la manne. Vous vous souvenez, c’était la première lecture de la semaine dernière. Chaque matin, le peuple en marche dans le désert trouvait la manne pour la journée. Juste pour la journée. A chacun selon ses besoins et ses capacités. Le miracle a duré pendant les 40 années du désert, jusqu’au jour où ils sont entré en terre promise, et où ils ont mangé les premiers fruits de cette terre.

    Voici donc 2 pains de la route donnés sur ce chemin en attendant le but du pèlerinage. La préfiguration de l’Eucharistie est frappante. Le voici le pain du Ciel, le pain des anges, le pain de la route. Le voici ce pain donné pour notre pèlerinage terrestre, en attendant le terme de notre route. Dans ce pèlerinage, on pourrait dire, que le plus important n’est pas tant le terme, que le pas de chaque jour. Notre cardinal Newman disait cela d’une façon ramassée : I don’t ask to see the distant scenes, one step enough for me. Nos vies de compagnonnage avec le Seigneur sont faites de ce lent pèlerinage où nous avançons pas à pas. Et l’important, est justement le pas de chaque jour. Et justement, Dieu se donne chaque jour. Chaque jour, chaque instant, il nous donne de façon surnaturelles les moyens naturels dont nous avons besoin. C’est en cela qu’il est Providence. Et l’Eucharistie en est le magnifique témoignage, le mémorial le plus parlant. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Rien que pour aujourd’hui Dieu nous donne ce pain de la route qui nous fait avancer, qui nous fait devenir ce que nous sommes, des enfants du Père, ou ce que nous recevons des membres du Corps du Christ.

    En ce sens, chaque jour, nous avançons, nous progressons. Chaque jour, à chaque halte, à chaque étape où Dieu nous restaure, nous grandissons et nous changeons. Le même cardinal Newman le dit d’une autre manière : « Vivre, c’est changer ; et pour être parfait, il faut changer souvent ». Vivre, c’est changer. A 10 ans, on ne peut le concevoir. A 20 ans, on le découvre mais c’est trop frais. A 40 ans, on pense que rien ne peut être mieux qu’aujourd’hui. A 60 ans, A 80 ans, peut-être qu’on ne voit plus ce qui pourrait changer, sinon que l’on décline.

    Mais c’est bien tout l’inverse qui se passe, parce que le Seigneur, qui lui ne change pas, nous appelle et nous attire à lui. Et le temps qui passe est ce vecteur merveilleux où notre histoire personnelle se déroule, où nous pouvons, si nous le voulons, avancer vers la réalisation de notre vocation, de notre être spirituel. Vivre, c’est changer en ce sens, qu’il s’agit de faire grandir l’homme nouveau et décliner le vieil homme. Il s’agit qu’il grandisse et que je diminue.

    Pour cela, nous n’avons pas de trop de ce viatique, pain de la route qui nous aide à devenir ce que nous sommes appelés à être. Avec espérance, avec joie également, nous reprenons le pas de chaque jour. Accueillons ce que Dieu donne aujourdh'ui : le pain, le vin, les paroles de l'ange, donnée pour cet instant, rien que pour aujourd'hui.

  • La grâce ne nous demande rien

    « La clémence et la foi se sont rencontrées, mes amis ! dit le général ; la justice et la grâce s’embrassent. (…) L’homme, mes amis, poursuivit le général, l’homme est fragile et manque de bon sens. On nous a dit à tous que la grâce se trouve dans tout l’univers. Mais notre sottise humaine et nos connaissances bornées nous font croire que la grâce divine a des limites, et c’est pourquoi nous tremblons. (…) Nous tremblons avant d’avoir fait notre choix dans la vie, et après, quand ce choix est fait, nous tremblons encore, de peur d’avoir mal choisi. Mais l’heure arrive où nos yeux s’ouvrent , et nous voyons que la grâce n’a pas de bornes.

    La grâce, mes amis, ne nous demande rien : il nous faut seulement l’attendre avec confiance et la recevoir avec gratitude. La grâce, mes frères, ne nous impose pas de conditions et ne distingue aucun de nous en particulier ; elle nous annonce une amnistie générale. Et voyez, ce que nous avons choisi nous est donné, et ce que nous avons refusé nous est accordé en même temps. En vérité ce que nous avons rejeté nous est déversé en abondance. Car la clémence et la foi se sont rencontrées, la justice et la grâce ont échangé un regard »

    Karen Blixen, Le dîner de Babette, Gallimard, 1961, pp. 65-66

  • On mangera et il en restera

    mod_article39510410_4f39983a694a7.jpg?540Au cours de cet été, nous voici au bord du lac de Galilée, avec l’Evangile selon St Jean. Pendant 5 dimanches, nous lisons et méditons ce long chapitre 6, la multiplication des pains au bord du lac et le discours du pain de vie dans la synagogue de Capharnaüm.

    Voici Jésus au milieu des disciples, rattrapée par une foule nombreuse qui le suit et attend de lui des prodiges, en particulier des miracles. Voici Jésus qui semble être maître d’une situation un peu dramatique sur le plan de la logistique des pèlerinages. Pensez-donc : ils sont près de 5.000 hommes, sans compter les femmes et les enfants et ils n’ont rien à manger pour le soir, si ce n’est 5 pains d’orge et 2 poissons. Il est maître de la situation parce qu’il savait ce qu’il allait faire. Et le miracle le voici : il nourrit et il en reste. Déjà le prophète Elisée avait nourrit 100 personnes avec 20 pains d’orge, et il en était resté. Miracle important sur l’on sait qu’un pain, ce n’est jamais qu’une galette cuite sur des pierres chaudes. Ce n’est pas le gros pain d’une livre de nos boulangeries.

    « On mangera et il en restera » prophétise Elisée, et c’est bien ce qui se réalisera. On mangera et il en restera. Et c’est bien ce qui se réalise à nouveau sur les bords du lac, pour cette foule qui ne lâche plus le Maître. Il les a enseigné, il fait des guérisons, il a même chassé des démons. Voici qu’il les nourrit.

    On mangera et il en restera. Voilà qui dévoile quelque chose de la pédagogie de Dieu à l’égard de l’humanité. Il pourrait se contenter de nourrir une foule, cela suffirait. Mais en plus de ce miracle, il ajoute celui de la surabondance. Dieu ne compte pas. Dieu ne donne pas chichement. Dieu est large, magnanime. Le Seigneur l’enseigne lui-même : « Donnez, il vous sera donné : une mesure bonne, bien tassée, secouée, débordante on donnera dans votre tablier. Car la mesure par laquelle vous mesurez, il sera mesuré en retour pour vous » (Lc 6, 38). Il l’enseigne et il le fait lui-même. Il est le Maître de l’impossible, de l’excès, du débordement.

    Il aurait pu créer le monde. De son point de vue, cela nous aurait suffit. Il aurait pu donner restaurer la Création par le don de la Loi. Cela nous aurait suffit. Il aurait pu permettre l’Incarnation de son Fils, cela nous aurait suffit. Il aurait pu permettre la mort et la mise au tombeau de son Fils, cela nous aurait suffit. Il aurait pu le ressusciter pour l’élever à sa droite, cela nous aurait suffit. Mais il a voulu que nous soyons associer à cette amour débordant. Voilà l’immense cohérence de l’amour débordant de Dieu. Voilà ce mouvement inouï de Dieu qui nous sauve et nous libère. Voilà cet amour fou dont nous sommes bénéficiaires en le recevant à mains ouvertes.

    Et où le recevons nous à main ouvertes, sinon dans ce pain partagé et multiplié. Vous avez peut-être remarqué que Jésus nourrit cette foule en prenant le pain, rendant grâce et le donnant. Geste eucharistique avant l’heure. Geste qui annonce le geste débordant d’amour du Fils qui se donne en nourriture. On a beau le consommer, il reste principe actif de vie en nous. On en mangera et il restera. Depuis 2000 ans, la consommation de l’Eucharistie vient en nous produire ses fruits de grâce. Sans cesse, cette nourriture, ce pauvre pain d’orge est multiplié par les paroles eucharistiques. Il est distribué. Il est consommé dans ce beau geste du partage et de la communion. Et il en reste, parce qu’il ne cesse de grandir en nous. Il n’a de cesse de nous communiquer sa vie et sa grâce.

    En Galilée, c’était la Pâque, c’était le printemps pour l’amour débordant de Dieu. L’été, le sommet, ça a été ce mystère pascal où s’est réalisé tout ce qui était en germe jusqu’alors. Mais, à la différence des saisons et du cycle du soleil, il n’y a ni automne, ni hiver. Par l’eucharistie, c’est l’éternel été de Dieu, l’éternel été du Christ, le pain qui est mangé et qui reste, qui demeure, pour que nous demeurerions en lui et par lui.

  • Vivent les nouveaux diacres !

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  • Generation Y : Késako ? (2)