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Caritas Christi urget nos ! - Page 48

  • Lead kindly light

    Lead, kindly Light, amid th’encircling gloom, lead Thou me on!
    The night is dark, and I am far from home; lead Thou me on!
    Keep Thou my feet; I do not ask to see
    The distant scene; one step enough for me.
    I was not ever thus, nor prayed that Thou shouldst lead me on;
    I loved to choose and see my path; but now lead Thou me on!
    I loved the garish day, and, spite of fears,
    Pride ruled my will. Remember not past years!
    So long Thy power hath blest me, sure it still will lead me on.
    O’er moor and fen, o’er crag and torrent, till the night is gone,
    And with the morn those angel faces smile, which I
    Have loved long since, and lost awhile!

    John Henry Newman, juillet 1833, On sea

    Conduis-moi, douce lumière, parmi l'obscurité qui m'environne, conduis-moi !
    La nuit est sombre, et je suis loin du foyer, conduis-moi !
    Garde mes pas ; je ne demande pas à voir
    Les scènes éloignées : un seul pas est assez pour moi
    Je n'ai pas toujours été ainsi : je n'ai pas toujours prié que tu me conduises ;
    J'aimais choisir et voir mon chemin, mais maintenant conduis-moi.
    J'aimais le jour éclatant, et, malgré mes craintes,
    L'orgueil dominait mon vouloir : ne te souviens pas des années passées.
    Aussi longtemps que Ta puissance m'a béni, aussi longtemps elle me conduira encore,
    À travers landes et marécages, rochers et torrents, jusqu'à ce que la nuit s'achève
    Et qu'avec ce matin sourient ces visages angéliques
    Que j'ai longtemps aimés et perdus pour une heure.
  • Deux gestes de Jésus

    .Cene_champaigne_m.jpg« Faites cela en mémoire de moi ».Ce soir, nous réitérons 2 gestes de Jésus : le partage du pain et du vin, le lavement des pieds. Nous les réitérons parce qu’il l’a demandé, parce qu’il a confiés à ses apôtres qui les ont transmis, de sorte que ils ont été fidèlement accomplis jusqu’à ce jour.

    Deux gestes simples : du pain et du vin, de l’eau dans une bassine. Deux gestes pauvres qui ne nécessitent pas des biens rares ou précieux qui seraient réservés à quelques uns. Deux gestes domestiques qui ne demandent pas à se déplacer dans un sanctuaire, dans un temple. Deux gestes quotidiens dans la culture contemporaine au Christ.

    Le pain et le vin, ce sont les aliments de base du monde méditerranéen où le blé et la vigne poussent si facilement, et où le travail humain sait en tirer le meilleur, le pain de la subsistance et la vin de la fête. Le pain qui nourrit et la vin qui réjouit. Mais ce pain et ce vin, ce sont ceux du repas pascal : pain de misère qui n’a pas levé à cause de la sortie rapide d’Egypte ; vin de libération qui accomplit les promesses de Dieu. Pain de la sortie de l’esclavage. Vin de l’entrée dans le salut. Pain et vin de l’alliance que Dieu vient puissamment renouveler. Le Christ reçoit ce pain et ce vin pour en faire, ce soir même, le sacrement, le mémorial de l’alliance en sa personne. Il devient ce pain de sortie du péché, ce vin de l’entrée dans la communion avec le Père.

    Autre geste : le lavement des pieds. Dans une civilisation où l’on marche, le geste d’hospitalité n’est pas seulement de proposer à l’hôte de se laver les mains, mais de lui permettre de se laver les pieds. Pour honorer son invité, on le fait soi-même, ou plutôt on le fait faire par un esclave, et même par un esclave non-juif. Jésus reçoit ce geste de sa culture. Mais il le reçoit également d’une femme qui l’avait fait à Béthanie, au yeux de tous pendant un repas. Comble de l’indignation des témoins, elle a lavé les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix, de ses propres cheveux. Ce geste annonçait ce qui ce vit dans la passion : son sacrifice, sa mort, sa mise au tombeau. Il est l’esclave qui lave les pieds de ses apôtres et se livre pour tous.

    Ce soir, comme des pauvres, nous recevons ces deux gestes. Certes, on aurait pu en imaginer d’autres, plus parlants, plus actuels. Le pain et vin ne sont pas les symboles les plus universels ; le lavement des pieds de quelques hommes pourrait être considéré comme réducteur, mais l’Eglise les garde pour marquer l’enracinement concret, l’incarnation de ce que le Christ institue. En ce sens, l’Eglise obéit aux deux consignes données aux apôtres au cœur de ce repas pascal, avant le drame de la Passion volontaire. Deux consignes simples, mais exigeantes : « vous ferez cela en mémoire de moi », et « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

    La portée de ces 2 gestes est immense : ils sont instituants, fondateurs de la vie même de l’Eglise qui reçoit de son Maître et Seigneur ce qu’elle est : le sacrement du salut pour tout homme. Par le geste du pain et du vin consacré, c’est le sacrement de l’Eucharistie qui est tout à la fois repas du Seigneur, sacrifice du Christ et lieu de constitution de l’Eglise. C’est le signe et le moyen efficace que nous recevons pour devenir ce que nous sommes : le Corps du Christ. Comme au Séder pascal, celui que célébreront nos frères juifs samedi soir, advient jusqu’à nous la fécondité de l’évènement que célèbrent ce pain rompu et ce vin partagé. C’est le sens du mémorial, qui n’est pas la commémoration d’un évènement lointain. Non, c’est justement l’actualisation, l’avènement de l’évènement.

    Et de même, pour le geste du lavement des pieds qui est reçu comme le sacrement de la charité pastorale du Christ. En ce soir où il institue le sacrement de l’Ordre, il rappelle à ceux qu’il a choisis pour être au service de la grande Eglise, quelle est la règle de leur service : l’amour fraternel, et plus que tout le don total de soi, la configuration au Maître venu non pour être servi, mais pour servir.

    Les uns et les autres, ce soir, nous voici comme des pauvres qui accueillons ces 2 gestes de Jésus et qui allons recevoir tout de Lui : Sa vie offerte dans ce pain et ce vin ; Sa charité au service de notre existence.

    Sois béni, Seigneur Jésus, Ce soir, nous avons l’assurance que Tu es avec nous jusqu’à la fin des temps. Nous recevons te Toi une vie que nous ne pouvions pas nous donner à nous-mêmes. Et nous recevons ta présence nourrissante et aimante de ceux que nous ne pouvions nous donner à nous-mêmes. Viens encore susciter de nouveaux ministres pour que ta vie et ta charité continue à nous nourrir et à nous servir.

  • Vive Jésus ! A mort !

    rameaux_fanous.jpg

    Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville
    Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
    Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ?

    C’est fini. Jésus est au tombeau. Seuls quelques intimes l’ont accompagné là où personne n’aurait imaginé que cela se termine. D’une façon très extérieure à la foi, on pourrait ajouter : l’espérance est morte, on n’en parle plus. On ajouterait même : l’immense élan que le Christ avait suscité, les foules déplacées, les miracles, les enseignements, les nuits de prière, les espoirs soulevés… de tout cela il ne reste plus rien. Un cadavre, un tombeau, une pierre roulée. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

    Justement une semaine avant, quel contraste ! Souvenez-vous c’est l’Evangile que nous avons entendu dehors. C’était justement la ferveur des grands jours, l’enthousiasme d’une foule qui avait déroulé le tapis rouge. Hosanna au Fils de David ! Vive Jésus ! Qu’il soit béni celui qui vient au nom du Seigneur. Parce que justement le voici Celui qu’annonçaient les prophètes, Celui vers qui toute la foi d’Israël était tendue : le Messie. Comme on a raison de l’acclamer : Il vient rétablir toutes choses. Il vient enfin établir son royaume de justice et de paix. Les espoirs étaient vifs !

    Ils avaient acclamé un Messie triomphant, et voici qu’il ne rétablit pas la royauté d’Israël, qu’il ne chasse pas l’occupant. Les disciples d’Emmaüs se feront l’écho de cette déception. Cette même foule venue à Jérusalem pour la fête de Pâque s’est retournée ; elle a demandé la crucifixion du Messie, Fils de David. Ce sont sans doute les mêmes qui vont hurler à mort, jurant qu’ils ne veulent pas d’autre roi que César, qu’ils préfèrent qu’on leur relâche Barrabas, un criminel. Ils attendaient un Messie triomphant, et ils n’ont pas reconnu le Messie souffrant. Pire, ils ont conduit le Messie à la souffrance qu’il avait pourtant annoncé à ses propres disciples. Ils attendaient l’objet de leurs espoirs trop humains et trop terrestres de gloire et de succès. Et voilà qu’il est venu sur un ânon, et non sur un char ou sur un fier destrier.

    Pour cette foule, mais peut-être aussi pour nous-mêmes, il est plus facile, plus sage de miser sur quelqu’un qui réussit. Il est plus confortable de suivre un leader, un chef qui suscite une espérance forte, positive, qui nous permet de penser que les choses vont vraiment changer, et en bien. Or, nous sommes les disciples de quelqu’un qui n’a pas réussi, tout du moins aux yeux humains. Nous sommes les disciples de Celui qui est venu pour servir et non pour être servir, de Celui qui s’abaissa plus encore jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Avec le regard de la foi, nous croyons et nous espérons que nous sommes sauvés par cet abaissement que nul homme ne pouvait connaître, qu’au moment où la mort semble avoir englouti celui-là même qui y consent et qui s’y livre, une porte s’ouvre : celle de la victoire à venir. La voilà l’unique espérance de la Croix : Ave spes unica dit un hymne grégorien.

    Quelques faibles indices nous y aident : ces palmes frappés à terre comme à la fête des Tentes anticipant la fin du mal et du péché instauré par l’arrivée du Messie ; le pain et le vin offerts au soir de la Pâque en signe d’une alliance nouvelle ; la foi des quelques intimes qui l’entourent et l’ensevelissent avec beaucoup de charité corporelle. Et surtout l’attente de Marie, la mère des douleurs. Avec toute l’Eglise, elle veille. Avec toi Marie, nous croyons que tout commence.

  • Tu fais ta demeure en nous Seigneur

    Une fois n'est pas coutume : un chant liturgique, un vrai, un beau, un qui introduit à la prière. Bon Carême !

    la partition est ici

  • Il y a quelque chose à attendre

    TRANSFIGURATION-DU-SEIGNEUR.jpgIls sont là, Pierre, Jacques et Jean sur la montagne qui domine la vallée d’Yzréel. Ils ont laborieusement gravi les pentes abruptes de cette haute colline. Et soudain dans l’éclair, dans la lumière, dans l’effroi intérieur, voilà qu’ils sont transportés : devant eux, la gloire. Devant eux la gloire se dévoile. Ce que les prophètes avaient annoncé, que Dieu avaient promis, ce vers quoi ils étaient tendus depuis leur plus jeune formation religieuse, la voici, presque à portée de main. Jésus est là devant eux, transfiguré, dévoilant la gloire du Messie, ce qu’authentifie la présence de Moïse et d’Elie.

    L’Evangile de ce dimanche veut dévoiler quelque chose à nos yeux embués, à nos esprits engourdis et surtout à nos cœurs lents à s’ouvrir à la grâce. Quelque chose, mais quoi : la gloire à venir, pour le Messie, et pour chacun de nous. Quelque chose, mais plus précisément quoi ? C’est qu’il y a quelque chose à attendre, quelque chose à désirer, quelque chose vers quoi diriger nos pas, quelque chose qui dépasse l’épaisseur et la matérialité de ce monde ou des limites de cette vie humaine. Bref, il y a quelque chose à espérer.

    Nous avons placé ce Carême sous le thème de l’espérance, et dimanche dernier, l’homélie a levé un coin du voile sur cette belle vertu, cette force intérieure qui relaie la foi pour nous mettre en mouvement vers ce que nous attendons. Donc il y a à attendre, et surtout, pour aujourd’hui, il y a quelque chose à attendre. Permettez que j’insiste sur ce quelque chose.

    Abraham avait donné sa foi au Seigneur. Sur son ordre, il s’était mis en route sur la double promesse divine : avoir une terre, avoir une descendance. La Parole de Dieu lui avait donné le contenu d’une espérance folle. Une terre pour le nomade sédentarisé qu’il était devenu ; une descendance pour le vieux couple qui ne s’en imaginait pas tant.. Quand enfin le fils arrive, c’est Isaac, la réalisation sur terre de cette promesse est comblée. Il n’y a plus rien à attendre. Et pourtant, c’est à ce moment précis, que Dieu donne l’ordre humainement insoutenable de lui offrir cet enfant. Lointaine prophétie des enfants premiers qui appartiendront au Seigneur. Lointaine prophétie du Fils unique portant lui-même le bois du sacrifice et qui sera livré par le Père éternel. Il n’empêche que pour Abraham, c’est la nuit. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. La lettre aux Hébreux se fait l’écho d’un commentaire juif de l’Ecriture qui dit que c’est parce que « il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique » (He 11,19).

    Pierre, Jacques et Jean avaient vu le Christ faire des miracles, nourrir des foules, guérir des malades, chasser des démons. Ils avaient vu le Christ réordonner ce monde autour de lui, non sans s’interroger sur le fait que cette re-création é »tait si limitée dans l’espace et dans le temps. Sur la montagne, le ciel s’ouvre et l’objet de leur espérance leur est donné furtivement, en même que s’allume en eux cette espérance. Il y a autre chose à attendre de ce monde ci.

    Autre chose nous est promis. Dans sa lettre pastorale, Mgr Minnerath précise. « qu’est-ce qui est promis ? La vie éternelle, que Dieu nous donne en partage parce que nous avons mis notre confiance en lui, et pas dans les promesses de ce monde. L’espérance nous invite à placer notre attente plus loin que ce que le monde peut nous offrir ».

    Ce Carême peut devenir un résumé de tout notre vie, parce qu’au terme de ce Carême il y a quelque chose, un objet pour notre marche. Mais le croyons-nous ? Nous nous dirigeons vers ce renouvellement de l’alliance, vers la réactualisation de la communion avec Dieu. Le chemin peut être long ; l’objet de notre attente peut nous faire languir ; de multiples choses peuvent se présenter à nous en route et nous faire oublier ce vers quoi nous sommes tendus. Mais l’espérance vient nous rappeler qu’un terme est possible, même si tout nous le masque ; qu’un horizon devant nous existe même si nous ne le percevons pas, et si a fortiori nous ne l’expérimentons pas encore.

    « Je mets mon espérance dans ce que Dieu me donnera comme un cadeau inattendu et non mérité. Si je mets mon attente uniquement dans les biens de ce monde, je n’ai plus de l’espérance, seulement le souci de voir réalisés mes désirs ». Nous attendons les cieux nouveaux. Nous attendons la vie du monde à venir. Nous attendons une plénitude qui ne sera jamais de ce monde et que nous accueillons dans la foi. Saint Augustin le dit dans une formule ciselée : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi ! » Il ne s’agit pas simplement de le chanter, mais il faut que cette formule descende d’environ 30 cm, de notre esprit à notre cœur.