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Caritas Christi urget nos ! - Page 54

  • Offre d'emploi

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  • Il y eut un soir, il y eut un matin et ce fut le 8ème jour

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    Ce matin, dans la clarté de ce jour nouveau, nous vivons un événement. C’est la pâque, le jour de la résurrection, le jour ou la vie surgit du tombeau, le jour ou le ressuscite se dresse victorieux de la mort. C’est aujourd’hui. C’est ce jour de la nouvelle semaine. C’est le 8ème  jour

    Vous allez me dire que je ne sais pas compter. Une semaine a 7 jours et le lendemain du 7ème, on recommence une nouvelle semaine. Hier soir nous avons entendu ce long récit de la création où Dieu crée en 6 jours et se repose dans sa création le 7ème. Chaque jour est rythme par ce refrain , il y eut un soir  y eut un matin et ce fut le énième jour. Voilà la semaine de 7 jours dans son ordre, dans sa belle succession des jours de la création et c’est déjà très bon et très beau.

    Mais cette création attendait un salut, une délivrance. C’est bien toutes les promesses faites à Israël et a travers elle à toute l’humanité : « je vous sauverai, je vous délivrerai, je vous libèrerai ». Cette création est belle, mais elle était en attente d’un salut, d’une guérison. Dieu l’avait dit lui-même dans un psaume : il n’entreront pas dans mon repos. Les promesses semblaient démenties, de la faute de l’homme qui avait préféré un semblant de repos sans Dieu, plutôt qu’un repos avec Dieu. L’homme ! Le cœur de l’homme créé a l’image de Dieu s’était révélé compliqué et malade. La belle amitié de l’homme avec Dieu avait été rompue par un homme qui avait voulu faire son salut seul. Non l’homme ne se donne pas le salut à lui-même : cruelle découverte et cruelle désillusion. La belle semaine de 7 jours était devenue une routine, une roue dans laquelle l’humanité tournait, dépensait son énergie sans trouver le bonheur pourtant promis. Il fallait la délivrance. Il fallait l’achèvement. 

    Il y eut un soir, il y eut un matin, et ce fut le 8ème jour. Et nous y voici. Le jour de fête et de joie. Le jour que fit pour nous le Seigneur. Le jour de la Résurrection du Sauveur. Celui où le Christ ressuscite. Le jour tant attendu et qui accomplit enfin toutes les promesses de Dieu. L’homme est recréé. L’homme est rétabli dans sa dignité, dans sa beauté d’enfant de Dieu. Enfin il peut entrer dans l’amitié et la vie divine. C’est enfin le jour du repos de Dieu.

    Aujourd’hui, tout est neuf. Vraiment neuf, parce que Dieu recrée, reprend tout. Tout. Tout dans l’humanité, tout dans tout homme. A ce cœur compliqué et malade, une nouvelle promesse est faite : tu es fait pour la vie de Dieu. Courage relève-toi !

    Aujourd’hui tout est lumineux, clarteux dit-on en lorrain. Pas seulement à cause de la météo ou du calendrier si tardif de Pâque cette année. Non, tout est lumineux, parce que la lumière a triomphé des ténèbres. Par que la vraie lumière qu’est le Christ se lève sur tout homme, lui apportant paix et joie et faisant luire sur lui son visage.

    Aujourd’hui, tout est vie. Vie ! Nous sommes faits pour la vie. La vie de Dieu qui coule en nous. La vie du Christ qui entre en nous. La vie, mes amis. La vie goûteuse et savoureuse en lui. La vie grande, belle et riche à cause de lui. Bien au delà de nos petitesses, de nos mesquineries, de nos petites morts, de nos échecs, de nos épreuves. La vie, mes amis. La vie de Dieu qui nous est donnée, et qu’il suffit d’accueillir en tendant les mains.

    Aujourd’hui, tout est grâce. Tout est don gratuit de Dieu. La lumière de cette nuit. L’eau qui nous régénère. Le pain qui nous nourrit, et l’amour ! L’amour qui nous est puissamment redonné.

    La longue semaine est finie. Celle de la semaine sainte, celle du Carême. L’hiver est passé. C’en est fini. Aujourd’hui, avec toute l’Eglise, nous entrons dans le Jour du Seigneur. Nous nous en souviendrons chaque dimanche à venir. C’est le jour du Seigneur donné à son Eglise. C’est le jour de l’Eglise.

    En ce matin de Pâques, elle paraît bien petite cette Eglise autour du tombeau vide ! Marie, Pierre et Jean. Marie, l’apôtre des apôtres, Pierre et Jean, les témoins du tombeau vide. Marie, l’Eglise des disciples qui vient à son Epoux. Pierre et Jean, l’Eglise des Apôtres qui vient à son Maître et Seigneur. Imaginez tout de même que la clarté de ce jour s’est transmise comme un feu dans les chaumes depuis 2.00 ans. Ce huitième jour ne finit pas. Notre joie est de le goûter pour le faire goûter à d’autres. Qu’ils entrent eux aussi dans la joie de ce jour sans couchant.

  • D’âge en âge vous la fêterez

    fea4ea1bc81ea216ecb881a1e2efcf5a.jpgCe soir, nous obéissons à deux consignes du Christ. Deux consignes données à ses disciples le soir même de ce grand jeudi, au cœur du repas pascal, avant le drame de la Passion volontaire. Deux consignes simples, mais exigeantes. Vous les connaissez : « vous ferez cela en mémoire de moi », et « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »

    La consigne sonne comme un ordre aux oreilles des apôtres, habitués peut-être à des paroles du Christ qui dépassent de loin leur intelligence humaine. Pour que vous fassiez vous aussi à votre tour. Paroles et gestes énigmatiques au soir de ce qui ne devait être qu’un repas pascal de plus, celui où l’on célèbre la libération d’Egypte, en buvant le vin de la liberté et en mangeant le pain non levé. Le repas rituel était déjà l’obéissance à une consigne donnée par Dieu. D’âge en âge vous la fêterez. Vous mangerez, vous fêterez, vous vous souviendrez. Ce n’est pas un anniversaire, c’est un mémorial : en célébrant la fête, en refaisant les gestes que Dieu laisse, vous revivrez l’évènement.

    Il y avait déjà ce mémorial qui rendait présent l’évènement. Pourquoi de nouvelles consignes ? Pourquoi faire cela en mémoire de Lui ? Pourquoi réitérer le geste du lavement des pieds ?

    La lumière qui a été donnée à ses hommes de Galilée a du attendre la Pâque du Christ pour qu’ils comprennent le sens profond de cet ordre. Et voici cette lumière. : comme l’évènement de la Pâque d’Israël advient à chaque fois qu’une maisonnée célèbre le repas rituel du Séder, l’évènement de la Pâque du Christ advient pour tous ceux qui, unis à l’Eglise apostolique, réitèrent les gestes qu’il a posés : sacrement de sa présence eucharistique, quasi sacrement de la charité pastorale. Dès le premier jour de la semaine, et le huitième, ils se réunissent. Les Actes ont sont le témoin, les apôtres sont fidèles à la fraction du pain et à la communion fraternelle.

    L’ordre donné aux Apôtres survit dans l’humble obéissance qui fait qu’à travers les siècles, à travers la diversité universelle des cultures, un lointain successeur des apôtres ou un de ses collaborateurs rompt le pain, boit à la coupe, et il lave les pieds de quelques hommes.

    Parce que ces deux gestes sont réitérés, nous avons l’assurance qu’Il est là. Il est là pour nourrir son peuple du pain de sa Pâque, Il est là pour servir son peuple de l’eau débordante de sa charité. La vie que nous ne pouvions nous donner, Il nous le donne aujourd’hui dans ce pain et ce vin donnés que nous ne prenons pas, mais que nous recevons. L’amour que nous ne pouvions nous donner, Il nous le donne encore aujourd’hui dans ce signe de sa charité pastorale.

    Ce soir, nous nous sommes à nouveau des mendiants qui allons recevoir tout de Lui : Sa vie offerte dans ce pain et ce vin ; Sa charité au service de notre existence. Voilà l’assurance qu’il ne nous abandonne pas, puisque c’est précisément par le ministère des apôtres que l’Eglise nous donne au quotidien cette vie et cette charité, charité qui nourrit, charité qui se met au service. Parmi vous et face à vous, les prêtres reçoivent ces deux consignes comme leur feuille de mission. Ils y sont fidèles pour nous enseigner, célébrer les sacrements et servir la vie de tous, quels qu’ils soient.

    Ces prêtres ne sont ni plus méritoires, ni plus saints, ni moins pécheurs que tout autre. Comme les apôtres, ils ont été personnellement choisis par le Christ pour réitérer ses deux gestes de charité, celle qui nourrit et celle qui sert, les gestes du don de soi jusqu’au bout. Ces prêtres deviennent les pauvres sacrements de sa présence de Pasteur dans toute l’Eglise, pour toute l’Eglise.

    Ce soir, chacun de nous est doublement un mendiant. D’ abord, parce que chacun reçoit une vie qu’il ne pouvait se donner à lui-même. Ensuite, parce qu’il la reçoit de ceux qu’il ne pouvait même pas se donner à lui-même. C’est parce que nous sommes ces mendiants, que nous mesurons à quel point le Christ veut être présent, par Son mystère pascal, à nos vies qui ont d’autant plus besoin de Sa présence nourrissante et aimante.

    Sois béni, Seigneur Jésus Christ, parce que Tu aimes jusqu’au bout. Tu te donnes à tous ceux qui te suivent comme nourriture et breuvage, pour la vie en ton nom. Sois béni, parce que, par tes prêtres tu exerces encore aujourd’hui ton ministère de consolation et de miséricorde. Sois béni de nous avoir donné les sacrements de la vie nouvelle et parmi eux, ces deux sacrements de l’Eucharistie et de l’Ordre. Nous les recevons et nous les désirons, comme des pauvres qui recevons tout de toi, comme des humbles qui nous offrons avec toi. Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.

  • 26 ans de JMJ

  • Il est midi

    samaritaine.jpg« Il était environ midi. Arrive une femme qui venait puiser de l’eau »

    La voici donc, cette femme de Samarie. Le voici donc ce dialogue qui nous fait entendre la révélation que le Christ fait de lui-même à cette femme. Elle venait chercher de l’eau. Il l’abreuve de l’eau vive de la foi. Il se présente comme le Messie. Elle le reconnaît.

    Nous pourrions regarder Jésus fatigué par la route, s’asseyant au soleil de midi sur la margelle, comme il s’asseyera sur le trône de la Croix à une autre heure de midi. Pour l’heure, regardons cette femme qui vient à la rencontre du Christ. Réécoutons le récit de cette rencontre en trois temps.

    Premier temps. Elle arrive. Elle arrive à une heure improbable (qui vient chercher de l’eau à l’heure la plus chaude de la journée ?). Elle arrive avec une attitude presque désinvolte (toi, qui es juif tu me demandes à boire à moi une samaritaine). Elle arrive avec son bon sens (tu veux me donner à boire, tu n’as rien pour puiser). Elle arrive enfin avec toute son histoire personnelle. Il faut écouter comment, le Christ traverse patiemment les résistances et l’ironie que cette femme met dans un dialogue dont elle se protège. Dès la première question (donne-moi à boire), il lui fait la mendicité. Mais peu à peu, il l’amène au centre d’elle-même et de sa situation.

    C’est le deuxième temps. Par une question toute simple (appelle ton mari), il lui révèle son péché (je n’en ai pas. Tu as raison : tu en as eu cinq et celui-ci n’est pas ton mari). Elle a eu cinq maris, elle la Samaritaine dont les ancêtres ont adoré le Dieu Baal, l’époux qui donne la fertilité à la terre. Elle a eu cinq maris, elle la Samaritaine dont le peuple a voulu rester fidèle aux seuls 5 livres de la loi donnés à Moïse. Elle a eu 5 époux et le 6ème est comme le reproche vivant de son péché.

    Et à partir de ce moment du dialogue, tout change, parce qu’elle s’ouvre peu à peu à la vérité de cet homme qui lui révèle à la fois son péché et plus tard son désir. le Seigneur Jésus montre à cette femme comment elle est connue de Dieu et comment elle désire Dieu. Voilà qui la retourne, au point qu’elle dira aux siens : « venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? ».

    N’anticipons pas, parce qu’il y a le troisième temps. Mais ce péché révélé n’est qu’une étape dans le dialogue. C’est son plus profond désir qui peut enfin pointer, comme les braises sous la cendre, comme l’eau sous le rocher. Le Christ lui fait le don merveilleux de la foi qui monte en elle : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorez le Père. L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité.  Elle se découvre désirant adorer le Père en esprit et en vérité. Le voilà le don de la foi. Elle découvre en elle qu’elle veut ce que le Christ lui présente. Elle désire ce que le Christ lui donne à connaître. La suite du dialogue est sans équivoque : quand le Messie viendra, il nous fera connaître toutes choses. Je le suis moi qui te parles.

    Tout est dit. Nous voudrions entendre le long silence qui suit, nous voudrions croiser cet échange de regard. Imaginons ce que cette femme a pu laisser monter en elle au moment même (et c’est la seule fois dans tout l’Evangile) où le Christ se dévoile ouvertement comme le Messie. Admirable silence de l’Evangile où nous pouvons comme nous y glisser, nous pouvons y placer notre propre confession de foi, à condition de laisser le Christ révéler notre péché et qu’il étanche une soif qu’il suscite en nous.

    Cette révélation de notre péché nous est peut-être familier. Encore faut-il nous y livrer loyalement et humblement dans ce Carême où nous sommes entrés en faisant publiquement profession de pénitence. Les cendres sur notre front ont été peut-être vite nettoyées, mais il nous faut garder au cette disposition du cœur de nous convertir.

    L’autre aspect est le don la foi que le Christ suscite en nous et qu’il étanche dans le même moment. Si nous mesurons devant Lui à quel point nous sommes une terre altérée, aride, sans eau, des citernes lézardées qui laissent s’écouler  leur trésor, alors Lui-même éveillera notre foi, il nous donnera l’eau vive gratuitement sans rien payer. L’eau vive qui sort éternellement de son côté nous abreuve, elle nous nourrit, elle nous porte. Si en ce jour, nous pouvions toucher à quel point notre existence dépend radicalement et essentiellement de lui, la source d’eau vive, alors plus rien n’aurait prise sur nos cœurs et nos esprits tortueux et rebelles, compliqués et malades. Nos petites rebellions, nos ironies, nos désinvoltures, même nos résistances fondraient comme neige au soleil, dès lors que nous confesserons notre péché et notre foi : Seigneur, Jésus, fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur. Je viens à toi Jésus, toi la source d’eau vive. Je viens vers toi Jésus, toi qui es doux et humble de cœur. Je viens puiser l’eau de l’Esprit à l’unique Source.  Il est midi, je viens vers Toi.