Voici donc André qui débarque chez son frère Simon avec cette nouvelle inouïe. Nous avons vu, nous avons reconnu, nous annonçons ! Qu’ont-ils vu ? Jésus de Nazareth le long du lac. Qu’ont-ils reconnu ? l’Agneau de Dieu, le Messie attendu par Israël ? Et ils ne peuvent garder cette découverte. La rencontre fulgurante embrase leurs cœurs en attente. La rencontre transformante doit se communiquer, comme un feu dans les herbes sèches en été. Je vous propose de suivre ces disciples, qui deviendront bientôt les apôtres du Christ ressuscité. En ces débuts du temps ordinaire, ils prennent un chemin qui peut devenir leur nôtre, si nous nous laissons enseigner.
Ils cherchent. Pour trouver, il faut chercher et attendre, c’est presque une évidence. Disciples de Jean le Baptiste, ces pécheurs de la belle saison, s’étaient mis à son école dans les moments libres. Ils avaient entendu l’appel à la conversion. Ils avaient appris en sa compagnie à attendre le Messie, à scruter les moindres signes de sa présence. Avec eux, c’est toute l’histoire d’Israël qui attend son accomplissement. Sans le savoir, ils portent en eux-mêmes l’attente de la réalisations des promesses de Dieu, l’actualisation de la fidélité de Dieu. Sans le savoir, ils interrogent notre propre quête, notre propre attente.
Ils regardent. Attendre est une chose, encore faut-il regarder, scruter, deviner. Avec Jean-Baptiste, ils voient un homme, pensez donc un Nazaréen (de là bas que peut-il sortir de bon ?). Mais Jean-Baptiste pose son regard sur lui et les invite à le regarder, non plus à la manière humaine, mais déjà avec le regard de la foi d’Israël. L’inconnu les invitera même à voir de façon plus intime. Venez et voyez. Et ils virent. Et ils restèrent auprès de lui. A ton tour, dépouille-toi de ton propre regard, de tes propres préjugés. Regarde donc, viens et vois. Accepte d’être regarder par celui que tu regardes.
Ils écoutent. Jean l’évangéliste a gardé la mémoire vive de ce jour où ils entendent de Jean baptiste cette phrase : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ce qu’il avaient appris de lui, voilà ce que cela se réalise sous leur yeux. Ils voient, et ils reconnaissent. Voici qu’ils vont se mettre à une autre école, celle du Maître par excellence, celle du Christ. Ils se font écoutants, apprenants. Le terme de disciple est justement de cette étymologie.
Pour des fils d’Israël, rien de surprenant. C’est l’ordre de Moïse au peuple, qui deviendra la confession de foi juive. Sh’ma Israël, Adonaï ehohenou, Adonaï ehad. Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN. Ecoute. Ouvre l’oreille de ton cœur. Ecoute et obéis. Ecoute et mets en pratique. Fais silence de tes propres paroles. N’allègue pas ton propre savoir. Accepte d’être formé et éduqué. Baisse la garde et dépose les armes. Ecoute.
Ils suivent. Chercher est une chose. Trouver en est une autre. La rencontre est loin d’être banale. Ils en sont suffisamment transformés pour suivre et appeler d’autres à cette suite. La rencontre avec le Christ ne laisse pas indemne. Pour eux, ce fut la vocation singulière à tout quitter pour le suivre. Peu importe ce qu’il y aura en retour. Il s’agit de le suivre sans regarder en arrière, Le suivre partout où il ira, du baptême à la résurrection. Peu importe qu’ils le suivent sans voir tout à fait son visage, sans comprendre complètement son identité. Les évènements à venir contribueront à ce chemin de foi.
Ce chemin intérieur des disciples (ils cherchent – ils regardent – ils écoutent – ils suivent) me suggère deux réflexions que je vous livre :
La première serait un travail de mémoire spirituelle. Chacun de nous, parce qu’il est ici ce matin, a sans doute fait une telle rencontre avec le Christ. Rencontre récente ou rencontre ancienne. Rencontre paisible ou bouleversante. En tous états de cause, rencontre transformante. Pour chacun, elle aura une couleur propre, une note propre. Comme saint jean qui en a le souvenir spirituel vif, je vous propose d’en cultiver la mémoire. C’est le moment où il s’est approché de nous, où il nous a attirés à lui,
La seconde est une certitude de foi. Le Christ est séduisant. ? il l’est pour les pécheurs de Galilée. Il peut l’être encore en cet instant, pour des cœurs qui le cherchent. Il continuer à se laisser trouver. Il continue à appeler ceux qu’ils veut à sa suite. Cette certitude de foi doit nous habiter, pour nous même, là où nous en sommes, pour surtout pour tous les jeunes que nous connaissons. Dieu appelle et est séduisant. Toute rencontre avec le Christ comble une vie, quelle qu’en soit la forme. Certains sont appelés à le suivre radicalement. Nous avons à être extrêmement délicats avec cet appel ; pour permettre une écoute libre et donc une réponse libre. Que nos communautés, que nos familles puissent désigner l’Agneau de Dieu à des cœurs qui le cherchent, le regardent et le suivent.
Commentaires
Merci !
Je pense que votre homélie nourrira ma prière(et, je l'espère, mes journées) durant toute cette semaine.
En union de prière.
Respectueusement.