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Caritas Christi urget nos ! - Page 44

  • Vous m’appelez Maître et Seigneur

    Lavement+des+pieds+Arcabas.jpgC’est ce que dit Jésus à ses disciples au moment si inédit de ce geste du lavement des pieds. Lui le Maître et le Seigneur, lui le Fils de Dieu s’abaisse, se fait esclave, serviteur. Pierre ne comprend pas, pas tout de suite, tout comme lui et la plupart des disciples ne comprennent pas qu’il lui faille être arrêté, souffrir, mourir avant de ressusciter d’entre les morts. Comment le Maître et le Seigneur serait-il serviteur ? Comment serait-il souffrant ?

    Gardons pour ce soir ce visage et ce geste de Jésus. Il est le Serviteur, celui qui au milieu de nous au met au service. . Il est le Serviteur du Père. Par amour, il est le serviteur des hommes. Au service de l’humanité, au service de son bonheur et de sa communion avec le Père, au service singulier de chacun de nous. On peut saisir ce service de Jésus par 2 regards complémentaires.

    Le premier regard est celui du service auquel nous sommes tous appelés. Le baptême et la confirmation nous ont faits devenir des disciples de Jésus au point même d’être en quelque sorte conformés à lui. Avec lui, comme lui, en lui, nous sommes appelés à annoncer la Bonne nouvelle qu’il est ; nous célébrons le mystère de cette communion avec le Père ; nous nous mettons au service des autres. Au milieu de nous, les diacres manifestent cette mise en service de l’Eglise, partout où elle est présente. C’est bon de nous en souvenir en cette année où toute l’Eglise de France se met à l’écoute de l’Evangile pour discerner cet appel au service, à la diaconie de l’Eglise. La question se posera donc. A qui lavons-nous les pieds ? Concrètement ou symboliquement. Devant qui nous abaissons nous pour nous mettre à son service. Dans nos familles, dans les couples, dans nos quartiers, dans nos cercles amicaux, dans nos milieux professionnels, nous serons reconnus comme disciples du Christ, si nous nous mettons u peu plus au service. Non sans discernement, non sans prudence à certains moments, mais quand même, il conviendra de s’abaisser, pour manifester que le Christ s’abaisse pour livrer sa vie.

    Mais il y a un autre regard, complémentaire, et même plus que complémentaire, qui fonde le premier. Le Jeudi Saint est la fête des prêtres, parce que c’est la fête de l’institution du sacerdoce. Et justement, ce geste du lavement des pieds, le Christ le donne à ses disciples, aux Douze, en leur demandant de le réitérer, comme pour l’Eucharistie. Il fonde leur autorité sur le service, comme pour lui-même, sur la disposition profonde d’être tout à tous, parce qu’ils sont tout à Lui, tout à Dieu. Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même. Au milieu de vous, pour vous, face à vous, les prêtres sont le rappel constant que l’Eglise est fondée sur l’unique service du Christ. Par le sacrement de l’Ordre, les prêtres sont un prolongement de cette unique charité pastorale du Christ qui s’abaisse jusqu’à la mort et la mort de la Croix.

    Les prêtres, vos prêtres seront vos serviteurs, sacrement de cette charité du Christ Tête et Pasteur, si 3 aspects se vérifient.

    Ils sont les serviteurs de la parole de Dieu pour vous. Serviteurs d’une Parole autre et qui altère. Serviteurs d’une parole qu’ils n’ont pas produite eux-mêmes, dont ils ne sont pas la source. Ils la reçoivent, elle passe en elle et il la sème en vous, pour qu’elle porte du grain, cent pour un, soixante pour un, trente pour un. Au besoin, ils dépierrent le chemin, ils enlèvent les ronces qui étouffent, ils chassent les oiseaux qui picorent le grain. Soyez assurés, et demandez-leur, qu’ils conforment eux-mêmes leur propre vie à cette Parole qui altère et vivifie.

    Ils sont les serviteurs de votre amitié avec le Christ. Par les sacrements, par la Parole, par le service, ils sont les serviteurs de la grâce en vous et pour vous. Comme Jean-Baptiste, ils sont l’ami de l’Epoux et se réjouissent d’entendre sa voix. Comme Pierre, ils n’ont ni or, ni argent à offrir, mais la grâce agissante du Christ pour vos vies, telles qu’elles sont. Comme tant et tant de prêtres qui les ont précédés, ils consolent, relèvent, fortifient tous ceux qui souffrent et qui peinent. S’ils vous paraissent à certains moments exigeants, c’est pour mieux vous aider à entrer plus personnellement et plus ecclésialement dans cette belle relation d’amitié avec le Christ. Et s’ils vous paraissent exigeants, c’est aussi parce qu’ils veulent m’être pour eux-mêmes.

    Ils sont les serviteurs de votre joie. La joie de Dieu qui veut se lire sur vos visages, et surtout dans vos cœurs, même et surtout quand les raisons humaines d’être joyeux sont dissipées ou se sont envolées. Serviteurs de votre joie, parce qu’ils sont d’abord les serviteurs de la joie de Dieu, celle qu’il a en voyant des hommes et des femmes désirer et choisir la communion avec Lui. Celle que Dieu a quand il veut demeurer en vous et vous en Lui.  Peut-être sont-ils maladroits, peut-être ne sont ils pas naturellement enclins à la joie, peut-être sont-ils fatigués à certains moments, et pourtant, toujours, ils veulent être les serviteurs de votre joie. Qu’elle soit pleine et parfaite.

    Alors, nous comprendrons ce soir, que ces serviteurs sont entièrement conformés, jusque dans leur vie, au seul Maître et Seigneur, au Christ Tête et Pasteur, à celui qui est venu non pour servir, mais pour être servi. Alors nous comprenons le geste du lavement des pieds. Pas seulement les pieds Seigneur, mais aussi la tête. Viens nous baigner de ta charité !

  • Vivre, c'est changer

    le-christ-et-la-femme-adultere---giovanni-cariani.jpg

    C’est notre cher cardinal Newman, l’oratorien de Birmingham qui dit cela. Vivre c’est changer. Après un parcours de Carême où nous avons reçu différentes figures pour nous aider à avancer sur ce chemin de la conversion, le chemin du changement intérieur, nous voici avec cette femme, la femme adultère.

    Abraham, le sédentaire apatride et sans enfant s’était mis en route vers une terre et une descendante promises. Pour lui, changer, ce fut de donner sa foi en Dieu. Pour Moïse, ce fut de conduire le peuple à travers l’épreuve du désert. Pour le fils prodigue, ce fut ce retour sur lui-même et ce chemin de retour vers la maison du Père. Et voici ce dimanche cette femme qui ne demande rien, qui arrive devant Jésus pas tellement pour être accusée, mais plutôt pour être l’instrument d’une condamnation qui la dépasse : celle de Jésus par les scribes et les pharisiens. Elle ne dit presque rien. Elle est témoin de quelque chose qui la dépasse complètement, et pourtant, une phrase de Jésus, cette phrase finale que nous connaissons par cœur : « Va et désormais, ne pèche plus ».

    Pour elle, et en cette instant précis, vivre c’est vraiment changer. Et le changement en cet instant précis, c’est une vie redonnée, une beauté renouvelée, un chemin qui se réouvre dans une existence comme arrêtée, figée, tétanisée par cet enfermement.

    Les autres lectures de ce jour nous y aident, et comment. Isaïe : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé ». La vie est devant, elle n’est pas en arrière. Cela paraît une évidence. Mais il faut le réentendre. Le péché a quelque chose de statique. Alors que la grâce met en mouvement. Seule la grâce crée, seule la grâce fait du neuf, seule la grâce met en mouvement. Dès lors il n’y a plus à se tourner vers le passé. Dieu qui nous change en nous sauvant nous met en mouvement.

    Nous pourrions ce matin nous interroger sur notre capacité à changer. Sur notre capacité, notre disponibilité à nous mettre en mouvement intérieur. Sur notre capacité à accueillir ce qui nous altère. Tout cela est bien et nécessaire. Cela fait partie de notre chemin de Carême. Mais en ce dimanche, je voudrais nous rendre attentifs à cette réalité possible du dynamisme, du changement (sans aucune allusion politique, évidemment). On peut changer. La grâce nous change. Et la vie, c’est changer.

    Saint Paul vient conforter cette réalité en prenant l’image de la course. « Je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela… Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » (Ph 3,12-14).

    Que nous le voulions ou non, la foi de notre baptême nous a mis en mouvement vers la vie, alors que la réalité humaine va de la vie vers la mort. Le baptême a renversé cette réalité, c’est ce que nous célébrons à chaque funérailles. Par le baptême, nous sommes lancés en avant, propulsés de l’intérieur vers Celui qui nous attend, comme le Père de la parabole du fils prodigue. La scène de la femme adultère, lue ce dimanche, nous redit à quel point ce dynamisme appartient à Dieu. Parce qu’il est seul à nous relancer vraiment, à nous remettre en route quand nous sommes en panne. Cette femme qui n’avait rien demandé, s’entend dire « Va et désormais ne pèche plus ». La voici relancée sur le chemin de sa vie. Peu à peu, il lui faut quitter ses oripeaux. Il lui faut se délester de ce qui encombre la manifestation de son identité, de sa vocation à la joie et au bonheur. Peu à peu, il lui faut changer pour devenir ce qu’elle est.
    Quant à nous, qui sommes engagés sur ce chemin de Carême, une espérance nouvelle se dévoile : nous pouvons changer, devenir meilleurs. Ce Carême 2013 nous progressons. Ce Carême 2013, la grâce nous dynamise, et c’est la réalisation profonde de ce que nous sommes, appelés à changer sans cesse. L’enfant n’imagine pas qu’il va changer, parce que son univers lui suffit. Le jeune adulte avance dans cette nouvelle étape de sa vie avec beaucoup d’entrain ou d’appréhension dans ce changement. La personne âgée peut penser ne plus rien espérer de neuf, blasé qu’elle est de tout ce qu’elle a vu et connu. Or, notre identité la plus profonde, celle que Dieu nous a confié, ne se révèle que dans le changement, un changement qui est à l’œuvre toute notre vie, et donc en ce Carême 2013. Je le redis avec le cardinal Newman en ce jour : « Vivre, c’est changer ; être parfait, c’est avoir changé souvent

  • Un père avait deux fils…

    A0214.jpgS’il est une parabole (parce que c’est une parabole et non un récit historique, encore que… pourquoi pas ?) que nous connaissons bien, c’est celle-ci. Celle du fils prodigue, appelé encore du fils perdu, ou du père prodigue. Les images viennent tout de suite, et le tableau de Rembrandt, les deux mains du père presque aveugle d’avoir trop attendu et trop pleuré, les deux mains l’une plus masculine, plus forte, l’autre plus féminine plus délicate et miséricordieuse… Bref on sait déjà tout.

    Pourtant, nous lisons cette parabole pendant ce temps du Carême, pendant ce temps où nous cheminons dans la foi, les uns avec les autres, vers cette Pâque à venir, vers cette communion renouvelée avec le Père en son Fils. Et Saint Paul d’insister en ce jour : un monde nouveau est déjà né… un ministère de réconciliation… laissez vous réconcilier avec Dieu !

    Ce dimanche est donc placé sous le signe de la réconciliation. Et pour se réconcilier, il faut 3 choses : au moins 2 personnes, un dommage, une démarche.

    Au moins 2 personnes. Et les voici superbement décrite dans cette parabole. Les 2 fils, un qui vit sa vie loin du père ; l’autre qui vit sa vie avec son père. Il qui vit par lui-même ; l’autre qui vit en référence, en totale dépendance du père. Les 2 vivent en fait pour eux-mêmes. Et le père. Un père qui ne pose pas de questions, un père qui donne, un père qui ne fait pas de différence, un père qui attend, un père qui accueille,… un père prodigue !

    Un dommage. Pas facile. Pour le fils aîné, le dommage est simple : il refuse d’entrer dans la joie de son père. Il garde jalousement sa rancune pour lui, refusant d’entrer dans la joie de celui qui a retrouvé le fils perdu. Pour le fils aîné ? Le dommage d’avoir dilapidé son argent ? Le dommage d’avoir laissé la maison du père ? Le dommage d’avoir préféré faire son bonheur seul, plutôt que dans la maison du père ? La parabole ne nous dit pas plus, parce qu’au fond c’est à la fois trop clair, et trop marginal. Le plus important, c’est la démarche de retour, de conversion, de réconciliation ;

    La démarche. Je dis démarche, parce que c’est quelque chose de dynamique. Pensez donc un type rentre en lui, réfléchit, fait retour sur son expérience, sur la situation où il est et se lève, pour humblement et simplement revenir dans la maison de son père, où tant ont à manger. Il a en lui le souvenir brûlant de la maison  du père, des biens partagés. Et le voilà qui prépare même son laïus, il renonce à sa qualité de fils. Il accepte même d’être un ouvrier. Pourvu d’être en vie, vie reçue du père. Pourvu d’être dans la maison du Père. Et le voici sur la route.

    Démarche du fils, démarche du Père. J’insiste démarche du Père. Regardons : il voit le fils arriver au loin, c’est donc qu’il attendait. Il court, il le prend dans ses bras et le couvre de baiser. Son fils est revenu ! Ils courent l’un vers l’autre. Comme dans n’importe quel film ! La communion qui s’établit à ce moment là est au prix de l’éloignement, mais surtout de la qualité de la démarche du retour. Peu importe les excuses, les justifications. Il est là, il est revenu.

    L’amour ne pose pas de conditions, elle se donne gratuitement, alors que nous nous vivons dans la peur. Peur de décevoir, peur d’avoir mal agi. Peur de la réaction de l’autre. Peur de perdre la face. Comprenons que la joie du Père absorbe, intègre toutes ces peurs. Comme dit Ste Thérèse de Lisieux « moi si j’avis commis tous les crimes du monde (pensez-donc, Ste Thérèse !), je ne me repentirais pas de m’être livré à l’amour car je sais bien que tout cela n’est qu’une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent ». Le plus beau est donc que la réconciliation, et la confiance qu’elle révèle, efface toutes ces peurs, tous ces quant à soi.

    La preuve en est : le fils aîné, dont on ne sais s’il va rester sur le pas de la porte. Notre espérance est vive pour lui, et pour tous les fils aînés que nous sommes. Parce qu’il est trop clair que cette parabole nous concerne directement. Nous avons tous les ingrédients. Au moins 2 personnes : chacun de nous et le Bon Dieu. Un dommage : nous nous sommes éloignés du Père. Reste la démarche. Elle dépend de chacun, aidé par le témoignage des autres. Aidés par la sollicitation vive de l’apôtre : nous vous en supplions au nom du Christ, laissez vous réconcilier avec Dieu !

  • Vivre d'amour

    therese.jpgC'est le Carême, et je ne me lasse pas de cette poésie de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus. Les mises en musique sont plus ou moins réussies. Mais le texte garde son intensité et son appel à une vie intérieure plus grande.

    Au soir d’Amour, parlant sans parabole
    Jésus disait : "Si quelqu’un veut m’aimer
    Toute sa vie qu’il garde ma Parole
    Mon Père et moi viendrons le visiter.
    Et de son cœur faisant notre demeure
    Venant à lui, nous l’aimerons toujours !…
    Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure
    En notre Amour !…"

    Vivre d’Amour, c’est te garder Toi-Même
    Verbe incréé, Parole de mon Dieu,
    Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t’aime
    L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu
    C’est en t’aimant que j’attire le Père
    Mon faible cœur le garde sans retour.
    O Trinité ! vous êtes Prisonnière
    De mon Amour !…

    Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,
    Roi glorieux, délice des élus.
    Tu vis pour moi, caché dans une hostie
    Je veux pour toi me cacher,ô Jésus !
    A des amants, il faut la solitude
    Un cœur à cœur qui dure nuit et jour
    Ton seul regard fait ma béatitude
    Je vis d’Amour !…

    Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre
    Fixer sa tente au sommet du Thabor.
    Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,
    C’est regarder la Croix comme un trésor !…
    Au Ciel je dois vivre de jouissance
    Alors l’épreuve aura fui pour toujours
    Mais exilée je veux dans la souffrance
    Vivre d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure
    Sans réclamer de salaire ici-bas
    Ah ! sans compter je donne étant bien sûre
    Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas !…
    Au Cœur Divin, débordant de tendresse
    J’ai tout donné… légèrement je cours
    Je n’ai plus rien que ma seule richesse
    Vivre d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est bannir toute crainte
    Tout souvenir des fautes du passé.
    De mes péchés je ne vois nulle empreinte,
    En un instant l’amour a tout brûlé…..
    Flamme divine, ô très douce Fournaise !
    En ton foyer je fixe mon séjour
    C’est en tes feux que je chante à mon aise :
    « Je vis d’Amour !… »

    Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même
    Un grand trésor en un vase mortel
    Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême
    Ah je suis loin d’être un ange du ciel !…
    Mais si je tombe à chaque heure qui passe
    Me relevant tu viens à mon secours,
    A chaque instant tu me donnes ta grâce
    Je vis d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse
    Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
    Pilote Aimé, la Charité me presse
    Car je te vois dans les âmes mes soeurs
    La Charité voilà ma seule étoile
    A sa clarté je vogue sans détour
    J’ai ma devise écrite sur ma voile :
    « Vivre d’Amour. »

    Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille
    C’est le repos sur les flots orageux
    Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille
    J’attends en paix le rivage des cieux…
    La Foi bientôt déchirera son voile
    Mon Espérance est de te voir un jour
    La Charité enfle et pousse ma voile
    Je vis d’Amour !…

    Vivre d’Amour, c’est, ô mon Divin Maître
    Te supplier de répandre tes Feux
    En l’âme sainte et sacrée de ton Prêtre
    Qu’il soit plus pur qu’un séraphin des cieux !…
    Ah ! glorifie ton Eglise Immortelle
    A mes soupirs, Jésus ne sois pas sourd
    Moi son enfant, je m’immole pour elle
    Je vis d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est essuyer ta Face
    C’est obtenir des pécheurs le pardon
    O Dieu d’Amour ! qu’ils rentrent dans ta grâce
    Et qu’à jamais ils bénissent ton Nom….
    Jusqu’à mon cœur retentit le blasphème
    Pour l’effacer, je veux chanter toujours :
    "Ton Nom Sacré, je l’adore et je l’Aime
    Je vis d’Amour !…"

    Vivre d’Amour, c’est imiter Marie,
    Baignant de pleurs, de parfums précieux,
    Tes pieds divins, qu’elle baise ravie
    Les essuyant avec ses longs cheveux…
    Puis se levant, elle brise le vase
    Ton Doux Visage elle embaume à son tour.
    Moi, le parfum dont j’embaume ta Face
    C’est mon Amour !…

    « Vivre d’Amour, quelle étrange folie ! »
    Me dit le monde, " Ah ! cessez de chanter,
    Ne perdez pas vos parfums, votre vie,
    Utilement sachez les employer !…"
    T’aimer, Jésus, quelle perte féconde !…
    Tous mes parfums sont à toi sans retour,
    Je veux chanter en sortant de ce monde :
    « Je meurs d’Amour ! »

    Mourir d’Amour, c’est un bien doux martyre
    Et c’est celui que je voudrais souffrir.
    O Chérubins ! accordez votre lyre,
    Car je le sens, mon exil va finir !…
    Flamme d’Amour, consume-moi sans trêve
    Vie d’un instant, ton fardeau m’es bien lourd !
    Divin Jésus, réalise mon rêve :
    Mourir d’Amour !…

    Mourir d’Amour, voilà mon espérance
    Quand je verrai se briser mes liens
    Mon Dieu sera ma Grande Récompense
    Je ne veux point posséder d’autres biens.
    De son Amour je veux être embrasée
    Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours
    Voilà mon Ciel… voilà ma destinée :
    Vivre d’Amour !!!…

  • "La ruse suprême du démon, c’est de faire croire qu’il n’existe pas" Sempé

    image003.jpgUne anecdote tout d’abord. J’ai souvenir d’un dessin de Sempé. On voit un superbe appartement parisien où se tient un cocktail, avec beaucoup de monde. A la fenêtre ouverte du balcon, devant la Tour Eiffel, un homme bedonnant entouré de femmes et une coupe de champagne à la main, dit négligemment : « la ruse suprême du démon c’est de faire croire qu’il n’existe pas ».

    Dans notre chemin de Carême de cette année, voici que 5 figures nous sont proposées. Cinq figures bibliques qui vont nous aider chaque dimanche à mieux baliser notre marche vers Pâques. Celle de ce dimanche est directement issue de l’Evangile de ce jour, et plus largement de toute l’Ecriture et de sa tradition d’interprétation. L’adversaire, le démon, le père du mensonge. Pas simple.

    Voici que, au tout début de son ministère public, Jésus part au désert. Comme Israël qui erre dans le désert pendant ces 40 années de lente marche, de purification, et finalement d’adhésion fervente à La Parole que Dieu veut lui donner, voici que Jésus part au désert, jeûnant 40 jours. Vous vous souvenez à quel point la marche dans le désert avait été une épreuve pour Israël : ils ont faim, ils ont soif, ils contestent l’autorité de d’Aaron, puis celle de Moïse, ils adorent un veau d’or, et d’autres choses encore. L’épreuve est à son comble. Elle vient tester  et fortifier la relation du peuple avec son Seigneur. Elle vient étayer l’Alliance et la foi.

    Jésus vient également au désert en grande solidarité avec Israël et finalement avec toute l’humanité. Une humanité aux prises avec sa fragilité et son indigence, avec sa vulnérabilité et ses blessures, aux prises avec ses rêves et ses fantasmes, et finalement avec ses propres démons. Et c’est bien notre expérience quotidienne : celle d’être confrontés à tout cela, sans compter les adversités, l’ambiguïté de nos désirs contradictoire, et finalement un dialogue quelque fois conflictuel en nous.

    La psychologie a sans doute des choses à nous dire sur le labyrinthe de la boîte noire de notre psychisme. La sociologie pourrait nous enseigner sur nos conditionnements sociaux. L’histoire pourrait nous instruire tout aussi bien sur ce qui habite le cœur de l’homme. Mais il n’empêche que résiste en nous une adversité, une légère séduction à un autre que nous même, à un autre que Dieu.

    Un autre. Oui, un autre. Osons en parler. Toute l’Ecriture, et l’Evangile de ce jour en tête, parle de la figure de cet Adversaire. Il est sournois dans le Jardin du Paradis, susurrant à Eve la séduction du fruit de l’arbre de vie ; il est à visage découvert ici devant le Fils de Dieu ; il est engagé dans un combat terrible dans le livre de l’Apocalypse.

    Il nous faut entendre qu’au-delà de nous-mêmes, qu’au-delà du monde dans lequel nous sommes, il y a un adversaire qui fait obstacle à notre relation à Dieu, parce que, selon l’expression du P. Garrigues, il ne s’en prend qu’à ce qui n’en vaut la peine. Dans le désert, il vient fait obstacle à la relation du Fils au Père, lui promettant des milles et des cents si le Fils se détourne du Père. « Si tu te prosternes devant moi, susurre-t-il… ». Ben voyons !

    Il fait obstacle et comment fait-il : il ment. Il est le père du mensonge (Jn 8,44). Il montre beau ce qui est laid. Il montre bien ce qui est mal.  Il montre vrai ce qui est faux. C’est bien ce qui fait qui le petit mensonge devient si facile, si confortable, si désirable. A défaut de changer la réalité, il change les mots. Comment pourrait-il donner les royaumes du, monde qu’il promet au Fils de Dieu ? Père du mensonge. Ne l’oublions pas, alors que le Christ est chemin, vérité et vie.

    Enfin, il griffe et fait chuter. Parce que nous sommes un peu sensibles, séduits par ce qu’il nous suggère, il nous ravit et nous rapte. Il nous fait chuter. St François de Sales dit qu’il suffirait de sentir ces tentations sans y consentir. Plus facile à lire, qu’à faire. Et pourtant qui voulons-nous suivre ? C’est la phrase qui est en exergue de cette messe. St Ignace pose la question aux retraitants de ces exercices spirituels. Prenant l’image militaire, il demande : sous quel étendard veux-tu servir ? Qui est ton Maître. Voici 2 voies : celle de la vie et celle de la mort. Choisis donc la vie ! Choisissons le Christ !