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La grâce ne nous demande rien

« La clémence et la foi se sont rencontrées, mes amis ! dit le général ; la justice et la grâce s’embrassent. (…) L’homme, mes amis, poursuivit le général, l’homme est fragile et manque de bon sens. On nous a dit à tous que la grâce se trouve dans tout l’univers. Mais notre sottise humaine et nos connaissances bornées nous font croire que la grâce divine a des limites, et c’est pourquoi nous tremblons. (…) Nous tremblons avant d’avoir fait notre choix dans la vie, et après, quand ce choix est fait, nous tremblons encore, de peur d’avoir mal choisi. Mais l’heure arrive où nos yeux s’ouvrent , et nous voyons que la grâce n’a pas de bornes.

La grâce, mes amis, ne nous demande rien : il nous faut seulement l’attendre avec confiance et la recevoir avec gratitude. La grâce, mes frères, ne nous impose pas de conditions et ne distingue aucun de nous en particulier ; elle nous annonce une amnistie générale. Et voyez, ce que nous avons choisi nous est donné, et ce que nous avons refusé nous est accordé en même temps. En vérité ce que nous avons rejeté nous est déversé en abondance. Car la clémence et la foi se sont rencontrées, la justice et la grâce ont échangé un regard »

Karen Blixen, Le dîner de Babette, Gallimard, 1961, pp. 65-66

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