UA-63987420-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Caritas Christi urget nos ! - Page 35

  • "C'est bien moi !"

    jesus-ressuscite-apotres-ii.jpgPour ce troisième dimanche de Pâques, nous voici à nouveau au soir de la résurrection, avec cette apparition du Christ ressuscité à ses disciples. Nous sommes au Cénacle, dans la chambre haute. Résumé des épisodes précédents : les femmes étaient allés de grand matin au tombeau qu’elles avaient trouvé vides. A leur retour les disciples ne les ont pas cru. Il apparaît à ceux qui repartent vers Emmaüs, mais ils ne le reconnaissent pas enfermés qu’ils sont dans leur tristesse et leurs espoirs humains démentis. Leurs yeux ne s’ouvriront qu’à la fraction du pain. A leur retour, ils sont comme confirmés par la joie des apôtres qui témoignent d’une apparition à Simon-Pierre. Le fait de la résurrection leur est acquis, semble-t-il, mais la réalité, la présence du Christ ressuscité, pas encore. C’est qu’ils n’ont pas encore fait l’expérience de cette présence.

    Et enfin, toutes portes closes (nous dit l’Evangile selon st Jean), voici Jésus qui se tient là au milieu d’eux. Pas besoin d’un portier, pas plus qu’au tombeau pour rouler la pierre. Le corps glorieux du Christ ressuscité échappe au temps et à l’espace et le voici qui se tient devant eux, au milieu d’eux. A eux qui vont devenir des témoins, le Christ leur fait ce cadeau, cette miséricorde du don de sa présence. Présence glorieuse certes, mais présence tout aussi réelle. Ce n’est pas un fantôme, ni un esprit, ni un hologramme. C’est bien moi. Les plaies, les mains, les pieds, et même le poisson grillé grillé qu’il demande en nourriture sont là pour convaincre les Apôtres à la réalité de ce corps. Le Corps ressuscité est bien ce corps humain qu’il ont connu, même s’il est déjà du côté de la gloire. C’est que la gloire assume l’humanité du corps. « C’est bien moi ».

    Et commencent donc ces 40 jours de présence intime et familière du Christ ressuscité avec ses apôtres. Je dis intime et familière, parce que l’Evangile reste discret sur le contenu de ces 40 jours. 40 jours d’instruction et d’enseignement où il ouvre les yeux de leur intelligence sur le mystère de sa vie publique, de son identité : « il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » leur dit-il. 40 jours de retraite préparatoire au don intérieur de l’Esprit Saint qui les lancera sur les chemins du témoignage jusqu’au don de leur vie dans le martyre. 40 jours de cœur à cœur, dont ils font l’expérience, dont ils goûtent la présence.

    Et voilà qui peut nous intéresser ce matin, à la suite de ce que les enfants ont médité hier soir à propos de la prière. Vous avez appris une méthode pour prier : bonjour, merci, pardon, s’il te plait, je t’aime. 5 mots, comme 5 doigts de la main qui donnent un chemin pour faire l’expérience du cœur à cœur avec le Seigneur, avec le Christ ressuscité.

    Bonjour. Pour les apôtres, comme pour nous, il s’agit d’accueillir la présence personnelle du Christ ressuscité. Il n’est pas une idée ou un concept, il est une personne qui attend établir une relation de personne à personne avec chacun de nous.

    Merci. Avant toute autre demande ou supplication, nous lui exprimons notre gratitude. Merci d’être là. Merci d’être ressuscité. Merci d’être la vie et la lumière de nos vies. Merci de ce qui est déjà donné. Toute notre fraction du pain de ce jour, est action de grâce, un merci adressé au Père.

    Pardon. Les Apôtres ont du passer par cette demande de pardon pour leur incrédulité, pour leur nuques raides et leur fuite au moment même de la Passion. Nous ne sommes pas plus valeureux qu’eux. Nous avons besoin de demander ce pardon pour nos absences.

    S’il te plait. Alors le temps de la demande : demande simple et directe, demande audacieuse.

    Je t’aime. Un peu, beaucoup, passionnément. Le Christ ressuscité posera cette question à Pierre au bord du lac. Et il s’agit de faire nôtre sa propre réponse. Pour Pierre, elle vient assumer son triple reniement en lui confiant la charge pastorale. Pour nous, notre réponse d’amour sera réponse à Celui qui sollicite notre liberté et notre propre présence. Ce sera comme le point d’orgue de cette présence du Christ ressuscité que nous goûtons.

    Bonjour, merci, pardon, STP, je t’aime. Voilà le chemin qui nous fera faire le pèlerinage de notre vie, les 30 cm qui séparent notre front de notre cœur. Nous passerons de l’idée à la présence, du concept de résurrection à l’expérience du ressuscité.

  • A qui laves-tu les pieds ?

    Lavement-pieds-Rembrandt.jpgC’est la question que St Jean Chrysostome posait aux anachorètes, aux ermites de son patriarcat de Constantinople au début du Vème siècle. Je vous propose de rester avec cette question au cœur de ce Jeudi Saint, au moment où nous allons revivre ce geste du Christ au soir de sa passion volontaire.

    A qui le Christ lave-t-il les pieds ? Le Christ lave les pieds de ses Apôtres en ce soit où ils avaient déjà satisfait bain rituel, le miqvé, qui les rendait purs pour célébrer la Pâque. Jésus innove en leur lavant les pieds au moment même où il va également innover dans le repas rituel de la Pâque juive. Alors que ce pain et ce vin devaient être consommé en silence, il institue le mémorial de son Corps et de son Sang. En lavant les pieds, il institue le quasi mémorial de sa charité.

    Jésus lave les pieds de ses 12 hommes, parce qu’en ce soir de la Pâque, il lave les pieds de toute l’humanité pour laquelle il monte vers sa Passion volontaire. Devant chaque homme, il s’arrête, s’abaisse, fait couler l’eau vive de sa vie, essuie et embrasse cette humanité qu’il vient sauver. En lavant les pieds de ses disciples, il annonce par un geste prophétique le cœur même de sa mission, et donc de celle à laquelle ils participeront : servir en s’abaissant. C’est le secret de l’amour, d’un amour qui s’abaisse jusqu’au sol pour mieux relever, d’un amour qui consent à se faire petit, petit comme l’Eucharistie, petit comme ce geste du lavement des pieds

    Jésus lave les pieds de ses Apôtres pour qu’ils comprennent et vivent leur service, leur ministère apostolique, comme le Maître lui-même comprend et vie sa mission d’envoyé du Père. Il n’est pas venu pour être servi mais pour servi. En refaisant ce geste, les Apôtres de tous les temps se souviendront que pour servir, il faut s’abaisser. Quels qu’ils soient, évêques ou prêtres, les ministères à la suite des Apôtres auront à comprendre et à vivre leur ministère comme le Maître lui-même l’a compris et vécu.

    Ainsi donc, ce geste déborde largement le cadre de cette célébration, et de 2 façons. A qui laves-tu les pieds ? Ce soir, le célébrant va laver les pieds non pas de 12, mais de 6 hommes. En accomplissant ce geste que St Bernard qualifiait de sacrement de la charité, nous voici au cœur du Jeudi Saint et du ministère de l’amour de Dieu pour nous, d’un amour si proche qu’il s’abaisse pour se mettre à notre service. C’est plus qu’un rappel pour les prêtres que nous sommes, c’est presque le mémorial de la charité pastoral à laquelle nous sommes appelés pour vous.

    Par ailleurs, parce que le Christ demande de l’accomplir mutuellement, ce geste est également la clé de des relations nouvelles qu’il entend instituer entre ses disciples, et pas seulement dans la manière dont les Apôtres devront exercer leur charge. A qui laves-tu les pieds ? La question est posée à chacun de nous. Au-delà du geste, quel part de don et de service y a t-il dans tes relations avec les autres ? Dans ton couple, dans ta famille, dans ton groupe d’amis, dans ta paroisse, dans ton aumônerie, dans tes activités professionnelles, sociales et même caritatives ?

    Le geste de ce soir déborde largement le cadre strict de cette célébration. Sais-tu t’abaisser pour te mettre au service, non pour te mettre en valeur (voyez comme je suis serviable), mais par humilité pour exprimer à l’autre que tu es touché par sa détresse, par ce qu’il vit, au point d’agir pour lui, par un mot, une présence, un silence, une action.

    St Jean Chrysostome était sévère pour les ermites parce qu’il estimait qu’il avait choisi la solution de facilité : suivre Dieu en se débarrassant de la contrainte des frères et du prochain. A qui laves-tu les pieds leur demandait-il ? Ce soir, la question résonne pour chacun de nous. Ce geste t’es donné pour que tu y proportionne ta vie. Là encore le terme de proportion est un peu chiche. La mesure de l’amour est d’aimer sans mesure disait St Bernard.

    « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13,15). Pour que vous fassiez vous aussi… Nous n’échapperons pas à cet impératif de l’amour et de la charité. S’il me manque l’amour, je ne suis rien nous rappelle sans Paul. Voilà la clé unique d’interprétation de la Passion volontaire du Christ. Voilà la clé unique pour comprendre la place des ministères à la suite des Apôtres. Voici la clé de toute vie, de nos vies, quelles qu’elles soient.

    Ce soir où le Christ laisse sa vie s’écouler en offrande d’amour, nous laisserons le Père recueillir cette offrande. A sa suite et à son invitation, nous consentirons à l’imiter en lavant les pieds de ceux qui nous sont proches.

  • Qui seras-tu dans cette Semaine Sainte ?

    Rameaux.jpgUn hymne de la fête de ce jour dit : « Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville : Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur ! Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ? »

    La fête de ce jour est déconcertante si l’on y regarde bien. Les portes s’ouvrent pour le Roi et finalement le tombeau se ferme sur le Crucifié. Au début nous avons chanté avec les foules en liesse : Vive le Roi ! Hosanna au Fils de David. Et finalement nous avons entendu les foules, peut-être mêmes que sont les mêmes, crier : A mort, crucifie le !

    Même le Rouge dominant de ce jour est bien ambigu : le rouge triomphant du Roi, le rouge écarlate du crucifié. Même nos palmes posent question : acclament-elle le Messie triomphant ou sont elles l’instrument de la flagellation du Messie souffrant ? Et c’est bien avec ces deux figures qu’il nous faut entrer dans la semaine sainte, celle de l’onction à Béthanie, celle du dernier repas, celle de Gethsémani, du Golgotha et du jardin du tombeau.

    Le Christ triomphant qui entre à Jérusalem voit sans doute la gloire à portée de mains. Les disciples joyeux entrevoient déjà l’avènement du Messie tant attendu. Ils seront les premiers dans le Royaume des Cieux, eux qui l’ont suivi et qui participent à cet instant à sa victoire. Mais Jésus ne veut ni de cette gloire, ni de cette victoire. L’entrée à Jérusalem n’est que le prélude éphémère à la victoire de la Croix. Pour nous faire entrer dans le royaume de Dieu, il faut que le Christ se fasse serviteur jusqu’au bout. Pour nous introduire dans la gloire du Père, il faut que le Messie se fasse non seulement pauvre, mais qu’il s’abaisse dans cette semaine sainte, qu’il s’abaisse jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Nous venons d’entendre que peu le suivent sur ce chemin. Quelques femmes, quelques hommes. Qui serons-nous dans cette semaine ? Joindrons-nous nos voix à la foule ambiguë qui l’acclament en ce jour ? Nous faufilerons nous dans le petit cercle des disciples qui célèbrent en secret la Pâque et son dernier repas ? Oserons-nous porter la croix comme Simon de Cyrène ? Joindrons-nous notre prière à celle du bon larron ? Comme Nicodème ou Joseph d’Arimathie ou ces femmes témoignerons-nous d’un peu de tendresse au corps crucifié descendu de la Croix ? Ou serons-nous des spectateurs, des badauds de plus ?

    Cette fête nous déconcerte, parce qu’elle ouvre une semaine qui nous déconcerte. Mieux, elle va nous altérer, nous changer, en fait elle va nous sauver.

  • « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… Il intercède pour nous »

    En-Egypte-devoilement-de-la-premiere-icone-des-21-martyrs-coptes-de-Libye_article_main.jpgCe sont les deux phrases de l’Ecriture de ce dimanche qui sont mises en exergue pour nous aider à recevoir ce que Dieu veut nous montrer ce 2ème dimanche de Carême. L’Alliance avec Abraham occupe une place de choix, après celle avec Noé méditée la semaine dernière et avant celle avec Moïse et le peuple hébreu dimanche prochain.

    Lire la suite

  • Au matin, Jésus se leva

    belle-mere.jpgNous voici dans une journée de Jésus. Elle avait commencé la veille tout au long de cette longue journée de sabbat, à la synagogue de Capharnaüm où il a enseigné mais aussi expulsé un esprit mauvais. Puis la maison de Pierre à 2 pas et la guérison de sa belle-mère, puis la nuit tombée l’activité de guérison de nombreux malades et d’exorcisme, puis la prière solitaire de grand matin, puis une nouvelle journée avec la prédication en paroles et en actes du Royaume.

    Et nous regardons cette journée de Jésus en ce jour où avec toute l’Eglise nous prions pour les malades. Cette activité de guérison de jésus évidemment nous parle, surtout quand nous le voyant si simplement aller au devant de toutes ces détresses pour les soulager. Cette femme alitée, cet infirme de naissance, ce lépreux, cet aveugle et tous les autres malades à qui il rend la santé, qu’ils restaurent dans leur intégrité physique, mais aussi sociale. Il est le Dieu ami des hommes qui veut le bien, parce qu’il est profondément touché, remué jusqu’aux entrailles au point d’agir pour ceux qui en ont besoin.

    Je dis que c’est une journée de Jésus, et pour être plus précis c’est une journée de sabbat, puis un premier jour de la semaine. Le passage retenu est précisément ce soir de sabbat, et ce matin du premier jour. Il y eut un soir, il eut un matin, ce fut le premier jour de la semaine. C’est au soir du sabbat qu’il relève cette femme lui permettant d’exercer toute son activité domestique pour la prière de clôture de sabbat à la maison, parce que selon la liturgie juive elle est la lumière de la maison, elle est la vie, l’âme de la maison. C’est dans la nuit de ce sabbat qu’il se débat avec toute sorte de maladies et les démons au point de les faire taire avant de les expulser. Et c’est au matin de ce premier jour de la semaine qu’il se lève, qu’il sort pour prier son Père et semer en paroles et en actes la semence du Royaume de Dieu.

    L’activité de guérison et d’annonce du Royaume par Jésus est comme éclairée par ce WE inaugural, par ce sabbat et ce premier jour. Un autre sabbat, le grand sabbat qui suivra sa mise à mort et sa mise au tombeau, il sera à l’œuvre avec toute sorte de maladie, et toutes sortes de démons. Descendant aux enfers il les fera taire à jamais avant de les congédier et les neutraliser. Un autre premier jour de la semaine, celui du tombeau et de la clarté de Pâques, de grand matin avant le lever du soleil, il se lèvera ou se réveillera (les deux verbes sont utilisés pour parler de la Résurrection) pour diffuser la lumière de sa victoire. Il aurait pu faire le miracle d’éviter la souffrance, la Passion et la mort, non il a accepté de la traverser pour nous donner l’espérance que nous la traverserons avec lui.

    Je dis cela pour que cette journée de prière pour les malades soit éclairée de la lumière de cette espérance. La réalité de la maladie nous rappelle la vulnérabilité de notre condition humaine. Elle nous renvoie à notre pauvreté. Elle nous blesse et nous fait souffrir, qu’il s’agisse de nous, de nos proches ou de toute personne rencontrée. Pour eux ou pour nous, nous désirons la santé, la guérison. Nous la demandons à Dieu, dans l’angoisse et les larmes. Et souvent nous ne sommes pas exaucés. Demandons-nous trop au Seigneur ? Demandons-nous de façon déplacée ? Demandons-nous ce qu’il veut donner ?

    On appelle le sacrement des malades un sacrement de guérison, et de fait, il vient pour donner un signe et un instrument efficace de la tendresse de Dieu pour les malades qui le reçoivent. Soulagement et salut. Soulagement dans la maladie du corps. Salut de la personne pour communier plus intimement au Christ. C’est que la santé n’est pas le salut. Dans l’Evangile, les miracles sont presque toujours liés à la foi : la foi de celui qui demande ou de celui qui reçoit. Mais le Christ lui-même en fera de moins en moins en montant vers sa Passion. Et il n’esquivera même pas sa Passion par un quelconque miracle. Il traverse cette épreuve pour qu’au matin du premier resplendisse la lumière de l’Homme debout, le Ressuscité. Comme Jacob qui traverse la nuit du combat avec l’ange et qui en sort vainqueur mais à jamais blessé à la hanche. Comme Job qui traverse l’épreuve de sa souffrance et qui en sort affermi dans sa fidélité.

    En priant pour tous les malades, ceux de nos familles, ceux de nos amis, ceux de notre paroisse, nous prions pour que le Christ traverse avec eux cette épreuve. Qu’il leur donne la force nécessaire, la patience également, en attendant le matin du premier jour où la lumière viendra tout éclairer.