« Soyez soumis les uns aux autres… les femmes à leur mari… les hommes aimez votre femme ». Le voici donc le texte tant redouté et tant guetté. On le lit en le murmurant, on lui préféreraistpresque l’Evangile et ce dialogue entre Jésus et les apôtres. Bref, on serait tenter d’en faire l’impasse, comme un étudiant avant ses examens. .
Quelques mots du contexte, cela n’est jamais superflu. Saint Paul écrit à une communauté d’Asie mineure où les relations hommes/femmes, les relations familiales et conjugales n’étaient pas plus un long fleuve tranquille que maintenant. L’Antiquité grecque connaît des structures sociales qui font violence à notre mentalité contemporaine. Elle considérait ainsi les femmes comme n’ayant pas de droits civiques, comme les esclaves, les poètes et les marchands. L’Evangile était arrivé dans ces villes et dans cette culture de façon presque révolutionnaire. Il faut toute la fougue missionnaire et apostolique de Saint Paul pour aider ces chrétiens à réaliser toutes les conséquences du choix du Christ, non seulement en paroles, mais aussi en acte. Il affirmera ainsi : « Dans le Christ, il n’y a plus ni homme ni femme, ni esclave, ni homme libre, ni Juif, ni Grec ».
Il faut lire l’exhortation forte et exigeante dans ce contexte. Maris, aimez vos femmes ! Respectez les ! Prenez en soin ! Aimez les comme le Christ a aimé l’Eglise, en s’unissant à elle, en se livrant pour elle. Et vous, les femmes, qui êtes tentés d’aller chercher votre reconnaissance et votre confiance ailleurs que dans le couple, que dans ce pauvre amour conjugal, soyez unies à votre époux, faites lui confiance (autre manière de parler de cette ‘soumission’). Vivez l’alliance, vivez cette réciprocité dans l’amour, vivez cette belle union à laquelle vous êtes promis. Le voici l’Evangile de l’amour humain, de l’alliance entre un homme et une femme. Et Saint Paul le dit en le référant, en le greffant à une alliance qui est à regarder et à contempler : celle du Christ et de l’Eglise.
C’est qu’il s’agit d’une alliance avec le Dieu vivant. Ce mystère est grand, je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise. En fait, l’enseignement de St Paul n’est pas d’abord moral, il est théologique. L’Alliance : l’Alliance de Dieu avec l’humanité ; l’Alliance du Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob avec son peuple Israël ; l’Alliance de Jésus avec ses disciples ; l’Alliance du Dieu vivant avec chacun de nous. Ce mystère est grand, je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise.
Le mystère, encore ce mot !, c’est celui qui parcourt toute la Bible, et en particulier les lectures de ce dimanche. C’est bien la question de l’Alliance que Josué pose au peuple, au, moment où il vont se disperser chacun dans son territoire, après l’entrée en Terre promise. Suivrez-vous l’alliance avec le Dieu unique ? Oui, répondent-ils en chœur.
C’est la même question de l’Alliance posée par le Verbe incarné, le Maître de Galilée qui avait multiplié les pains, fait des prodiges et enseigné dans la synagogue de Carpharnaüm. Les termes de l’Alliance sont exigeants : il faut manger sa chair et boire son sang, le suivre sans réserve. Ecouterez vous, suivrez-vous ? La réponse des foules est sans ambage : ils partent sur la pointe des pieds. C’en est trop pour eux. Comme le jeune riche, les voilà partir tout triste, incapable de lâcher ce qu’il ont pour recevoir ce qu’il leur donne. Et vous, voulez-vous partir vous aussi, demande le Maître de l’Alliance ? A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle.
Le Christ Suscite une réponse à l’Alliance qu’il propose. Il attend un assentiment profond à l’Alliance qui scelle de sa propre vie, de sa chair et de son sang. Voilà comment il aime ceux qu’il associe à sa vie. Voilà comment il fait alliance avec ceux avec lesquels il s’unit. L’époux qui aime son épouse, qui la respecte et notamment qui respecte sa liberté ; l’époux qui se donne pour elle ; c’est Lui. L’épouse qui est appelée à donner sa confiance, à vivre en profonde relation avec celui dont elle reçoit la vie et le salut, c’est bien l’Eglise.
Commet voudrions-nous faire l’impasse sur ce texte qui nous parle à ce point de l’union du Christ et de l’Eglise ? L’amour humain, l’amour conjugal en reçoit une grande dignité, une force. Il devient ce qui est : icône de la charité divine.