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Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière

IMG_0307.JPGEn Bourgogne, comme dans d’autres régions, la lumière du matin arrive doucement. Elle pointe, elle irise peu à peu le soleil, et très progressivement elle s’installe avant que le soleil lui-même jette ses premiers feux. Il en est de même pour le soleil de gloire qu’est le Christ, dans la manifestation progressive du Royaume de salut qu’il instaure.

Ce verset d’Isaïe, nous l’avons déjà entendu. Souvenez-vous c’était la nuit de Noël. « Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi ». (Is 9,1). Et pour Israël d’abord et pour l’humanité ensuite, le voici donc ce rayonnement de Dieu, cette manifestation éclatante de l’amour d’un Dieu qui se fait proche.

Ce dimanche, les lectures semblent être en décalage avec cette affirmation qui nous est pourtant si familière : pour Israël d’abord, pour l’humanité toute entière ensuite. Le texte d’Isaïe et l’Evangile s’intéressent plutôt aux périphéries, pour reprendre cette expression si familière du pape François.  Les périphéries, quelles périphéries me direz-vous.

La Galilée, cette région du Nord d’Israël, loin du foyer religieux qu’est Jérusalem avec le Temple. La Galilée des nations comme on l’appelait au 1er siècle. La Galilée, mi-juive, mi païenne, soumise à toutes les influences étrangères, influences commerciales (à cause de la route qui relie l’Egypte à Damas), influences militaires en tous genres, influences culturelles et même religieuses. On trouve à quelques kilomètres de Capharnaüm des synagogues du 3ème siècle où la décoration mêlent des symboles juifs et des symboles païens. La Galilée, carrefour des nations semblent être ce peuple périphérique qui habite les ténèbres, pour les quels le Christ lui-même vient dévoiler sa lumière.

Et comment le fait-il ? Il s’installe à ce carrefour. Il se plante, pardon pour l’expression à ce lieu stratégique, pour y établir au moins provisoirement, sa demeure. Loin, de Bethléem où il ne retournera pas. Loin de Nazareth où il n’a pas été reçu, alors que c’est sa propre patrie. Loin de Jérusalem parce que  pour mieux y faire entendre sa voix. Déjà Jean-Baptiste s’était installé à la périphérie des zones habitées, à l’entrée du désert, pour y faire entendre l’appel brûlant à la conversion. Le Christ s’installe à Capharnaüm pour y établir le Royaume de Dieu, qui est décidément tout proche. Il habite la maison de Pierre. Il arpente les sentiers de Galilée. Il s’assied sur la montagne. Il marche le long du lac. Il appelle. Il prie. Il guérit, pardonne, exorcise, console. Bref, il est tout proche.

Il est curieux que le Christ enseigne la proximité du Royaume de Dieu en même qu’il appelle à sa suite. « Je vous ferai pécheurs d’hommes ». Cette proximité du Royaume, ce rayonnement de sa gloire, ne se fait pas sans une collaboration humaine qui va solliciter ces pécheurs, pus tard ce zélote et ce collecteur d’impôts. Sans doute sont-ils les mieux à même à comprendre de l’intérieur cette Galilée si bigarrée et si attiédie. En eux-mêmes, ils consonnent tout autant à l’attente du messie, qu’à la confusion et aux ténèbres qui enveloppent les cœurs. Eux aussi marchaient dans les ténèbres. Pour eux d’abord s’est levée une grande lumière.

Il n’est pas très difficile de nous identifier à eux, nous qui vivons à la périphérie de notre propre identité d’enfants de Dieu, nous qui sommes partagés, et qui, peu ou prou, marchons et boitons dans ce pays des ombres et des ténèbres. Quand je dis qu’il n’est pas difficile de nous identifier à eux, je ne pense pas seulement au fait que cette lumière s’approche de nous, ce qui est déjà source d’émerveillement et de gratitude. Nous pouvons nous identifier à eux, au point même où il vient nous appeler dans les périphéries où nous sommes pour faire de nous ses amis, ses collaborateurs et ceux qui sont appelés à sa suite. Je ferai de vous des pécheurs d’hommes. Pécheurs ils sont. Pécheurs d’hommes ils seront. La théologie y voit un des fondements du ministère apostolique.

Nous pouvons nous identifier à eux, en ce sens que le Maître de Galilée vient nous chercher là où nous sommes pour nous amener à sa suite et au service de la proximité de son Royaume. En un sens, il a besoin de notre disponibilité concrète pour que la proximité de son Royaume illumine et visite toute périphérie.

Il a besoin de nous individuellement et communautairement pour manifester la beauté du salut, la bonté de sa miséricorde et l’unité dans la charité. Il a besoin du témoignage de notre unité comme témoignage rendu à son amour. Alors nous comprenons, après cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qu’il n’y ait pas de divisions entre nous ; que nous soyons en parfaite harmonie de pensée et de sentiments. Que tous nous appartenions au Christ, et non à Paul, ou à Pierre ou à Apollos. La lumière qui se lève ne se divise pas. Elle une et elle unifie.

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