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"La ruse suprême du démon, c’est de faire croire qu’il n’existe pas" Sempé

image003.jpgUne anecdote tout d’abord. J’ai souvenir d’un dessin de Sempé. On voit un superbe appartement parisien où se tient un cocktail, avec beaucoup de monde. A la fenêtre ouverte du balcon, devant la Tour Eiffel, un homme bedonnant entouré de femmes et une coupe de champagne à la main, dit négligemment : « la ruse suprême du démon c’est de faire croire qu’il n’existe pas ».

Dans notre chemin de Carême de cette année, voici que 5 figures nous sont proposées. Cinq figures bibliques qui vont nous aider chaque dimanche à mieux baliser notre marche vers Pâques. Celle de ce dimanche est directement issue de l’Evangile de ce jour, et plus largement de toute l’Ecriture et de sa tradition d’interprétation. L’adversaire, le démon, le père du mensonge. Pas simple.

Voici que, au tout début de son ministère public, Jésus part au désert. Comme Israël qui erre dans le désert pendant ces 40 années de lente marche, de purification, et finalement d’adhésion fervente à La Parole que Dieu veut lui donner, voici que Jésus part au désert, jeûnant 40 jours. Vous vous souvenez à quel point la marche dans le désert avait été une épreuve pour Israël : ils ont faim, ils ont soif, ils contestent l’autorité de d’Aaron, puis celle de Moïse, ils adorent un veau d’or, et d’autres choses encore. L’épreuve est à son comble. Elle vient tester  et fortifier la relation du peuple avec son Seigneur. Elle vient étayer l’Alliance et la foi.

Jésus vient également au désert en grande solidarité avec Israël et finalement avec toute l’humanité. Une humanité aux prises avec sa fragilité et son indigence, avec sa vulnérabilité et ses blessures, aux prises avec ses rêves et ses fantasmes, et finalement avec ses propres démons. Et c’est bien notre expérience quotidienne : celle d’être confrontés à tout cela, sans compter les adversités, l’ambiguïté de nos désirs contradictoire, et finalement un dialogue quelque fois conflictuel en nous.

La psychologie a sans doute des choses à nous dire sur le labyrinthe de la boîte noire de notre psychisme. La sociologie pourrait nous enseigner sur nos conditionnements sociaux. L’histoire pourrait nous instruire tout aussi bien sur ce qui habite le cœur de l’homme. Mais il n’empêche que résiste en nous une adversité, une légère séduction à un autre que nous même, à un autre que Dieu.

Un autre. Oui, un autre. Osons en parler. Toute l’Ecriture, et l’Evangile de ce jour en tête, parle de la figure de cet Adversaire. Il est sournois dans le Jardin du Paradis, susurrant à Eve la séduction du fruit de l’arbre de vie ; il est à visage découvert ici devant le Fils de Dieu ; il est engagé dans un combat terrible dans le livre de l’Apocalypse.

Il nous faut entendre qu’au-delà de nous-mêmes, qu’au-delà du monde dans lequel nous sommes, il y a un adversaire qui fait obstacle à notre relation à Dieu, parce que, selon l’expression du P. Garrigues, il ne s’en prend qu’à ce qui n’en vaut la peine. Dans le désert, il vient fait obstacle à la relation du Fils au Père, lui promettant des milles et des cents si le Fils se détourne du Père. « Si tu te prosternes devant moi, susurre-t-il… ». Ben voyons !

Il fait obstacle et comment fait-il : il ment. Il est le père du mensonge (Jn 8,44). Il montre beau ce qui est laid. Il montre bien ce qui est mal.  Il montre vrai ce qui est faux. C’est bien ce qui fait qui le petit mensonge devient si facile, si confortable, si désirable. A défaut de changer la réalité, il change les mots. Comment pourrait-il donner les royaumes du, monde qu’il promet au Fils de Dieu ? Père du mensonge. Ne l’oublions pas, alors que le Christ est chemin, vérité et vie.

Enfin, il griffe et fait chuter. Parce que nous sommes un peu sensibles, séduits par ce qu’il nous suggère, il nous ravit et nous rapte. Il nous fait chuter. St François de Sales dit qu’il suffirait de sentir ces tentations sans y consentir. Plus facile à lire, qu’à faire. Et pourtant qui voulons-nous suivre ? C’est la phrase qui est en exergue de cette messe. St Ignace pose la question aux retraitants de ces exercices spirituels. Prenant l’image militaire, il demande : sous quel étendard veux-tu servir ? Qui est ton Maître. Voici 2 voies : celle de la vie et celle de la mort. Choisis donc la vie ! Choisissons le Christ !

Commentaires

  • Pendant la lecture de l'Evangile dimanche dernier, je pensais aussi à Haddock et Milou face à leur bouteille de whisky, avec un petit ange et un petit démon à leur effigie au dessus de leur tête.
    C'est notre quotidien: allez encore un petit chocolat, mais non c'est pas raisonnable.
    Plus sérieusement, je suis persuadée que cet esprit malin travaille plus les croyants, la victoire est tellement plus jouïssive dans le combat!
    Merci de retranscrire vos homélies que l'on n'a pas forcément la possibilité d'entendre de vive voix et que l'on peut ainsi lire et assimiler tranquillement.

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