28ème dimanche du Temps ordinaire : nous voici avec une nouvelle parabole du Royaume (Mt 22, 1-14), comme le précise le début du passage choisi par la liturgie : « Le Royaume des cieux est comparable à… ». Comme dimanche dernier, il s’agit d’une parabole où Jésus veut introduire ses auditeurs à la réalité de sa présence, la réalité de ce qu’Il est : le Royaume de Dieu parmi vous. Contexte très polémique, parce qu’Il n’est pas reçu. Contexte dramatique parce que cette réalité ne se fait pas sans opposition. La parabole de dimanche dernier annonçait le meurtre du Fils par les vignerons homicides. Celle de ce dimanche, dans un même climat de meurtre et de refus, annonce que le Royaume sera donné à d’autres que les invités premiers, dédaigneux et méprisants de l’invitation du Roi. Mais entrons plus avant dans l’intelligence spirituelle de cette parabole.
Il s’agit donc d’un banquet dressé et offert. Banquet qui est l’expression de la bonté et de la générosité du Roi. Cette bonté généreuse, magnanime et gratuite est déjà évoqué dans la première lecture où la Sagesse annonce le festin de viandes grasses et de vins capiteux préparé sur la montagne. Tous sont invités, nul n’est rejeté. Comme pour nos tables domestiques, la joie de l’hôte est la réponse de ceux qui y sont invités. C’est là que le drame pointe. Les invités tardent, ils renâclent, finalement ils refusent, dédaignent l’invitation pour des motifs temporels et vont jusqu’à tuer les serviteurs envoyés vers eux, attirant par là une sanction terrible, jusqu'à l’incendie de leur ville. Les témoins des épisodes de 70 ap JC ont du lire l’évènement en lien avec ces paroles de Jésus. C’est dire combien, à la bonté généreuse du Roi, répond l’ingratitude folle et mortifère de ceux qui en étaient pourtant les bénéficiaires.
Dans sa montée vers sa Passion, qui est le cadre et le contexte précis de ces paraboles du Royaume, le Seigneur Jésus annonce le rejet dont il est déjà la victime. Voici donc que s’approche le banquet préparé par Dieu, le repas des Noces du Fils unique, le repas des Noces de l’Agneau. L’invitation est large, nul n’en exclu, nul n’en est indigne. Juifs et non-juifs dit la première lecture. Bons et méchants dit l’Evangile. Parce les pensées de Dieu sont plus grandes que nos pensées, il nous faut comprendre combien la magnanimité de Dieu est large et généreuse. Elle se déploie jusqu’à aujourd’hui et cette table eucharistique où il ne dédaigne pas ni nous inviter, ni faire de nous des commensaux, ceux pour qui il prépare lui-même le festin. Heureux tous ceux qui y sont invités, voilà qui pourra habiter notre prière au long de cette semaine de prière pour la mission de l’Eglise. Tous y sont invités.
Mais, il y a plus : Bienheureux ceux qui consentent à y participer. Il y a un autre aspect sur lequel je ne veux pas passer trop vite. La fin de la parabole présente un homme qui n’a pas revêtu le vêtement de noces et qui ne répond pas à l’interpellation du Roi.
Vous savez comme moi combien la liberté humaine est tortueuse à certains moments. Le cœur de l’homme et compliqué et malade dit le ptophète Jérémie. C’est donc une chose belle et grande d’être invité. Mais c’est autre chose de répondre à cette invitation, non seulement extérieurement, mais également en y accordant nos sentiments et nos dispositions intérieur. Cet homme n’avait pas le vêtement de noces et en plus il n’a pas répondu à l’interpellation du Roi, en gardant le silence. Saint Augustin s’interroge longuement sur ce vêtement de noces. Quel est-il ? Paraphrasant St Paul dans l’hymne à la charité, il commente donc. S’il me manque l’amour, je ne suis rien. S’il me manque une réponse d’amour à l’invitation aimante de Dieu, je ne suis rien. J’aurai beau déployer mon activité, parler toutes les langues, s’il me manque cette réponse aimante à la sollicitation aimante de Dieu, je ne suis rien. Réponse libre et donc d’autant plus précieuse.
Heureux les invités au festin des Noces de l’Agneau. Bienheureux ceux qui répondent par amour à cette invitation. Ils réjouissent le cœur de Dieu qui veut généreusement nous combler et nous communiquer son amour. Voilà un point important de cette parabole : entrer dans la joie de Dieu, répondre par amour à l’amour prévenant du Père, vouloir que l’amour réponde à l’amour, que l’amour soit aimé. Voici qui pourrait nous faire regarder notre participation dominicale et même quotidienne à l’Eucharistie d’une autre manière. Nous répondons à l’invitation du Père.