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Caritas Christi urget nos ! - Page 64

  • Un homme, une femme

    pecheresse.jpgUn homme, une femme. Un hôte, une passante. Un pharisien, une pécheresse. Il avait invité Jésus à la table du festin, pensant honorer le Maître de Galilée, le Rabbi qui interprète la Loi de façon si originale. Elle vient honorer son Maître de la seule manière qu’elle peut, en lui offrant sa foi, celle de la pécheresse qui attend le pardon de Dieu.

    Il semble que tout oppose ces deux personnes, contemporains du Christ, héros de la même soirée dans la douceur moite de la maison des hauteurs de Galilée. Les voilà en présence du Christ et c’est comme si cette présence révélait à eux-mêmes le fond de leur cœur.

    D’abord, notre Simon le Pharisien. C’est un juif pieux. Il scrute les écritures. Il se met à l’école des maîtres pour connaître la Loi de Moïse et la mettre en pratique. Les Maîtres pharisiens du 1er siècle ont dénombré jusqu’à 613 commandements. Ils encadrent la vie quotidienne. Ils définissent ce qu’il faut manger, comment le cuisine. Ils définissent les rapports sociaux, les relations entre les hommes et les femmes. Ils concernent les manières de prier, de travailler, de s’habiller, de se déplacer. Bref la Loi est un chemin, une nourriture quotidienne qui donne le chemin du salut, le chemin de Dieu.

    Rude chemin que celui de Simon. Il lui faudra découvrir que la Loi ne donne pas le salut. Tout au plus, Paul, un autre pharisien, lui enseignera (en difficile du Christ et non en maître de la Loi) que la Loi enseigne ce qu’il faut faire mais ne permet pas de le faire. Seule la foi au Christ sauve. C’est ce que découvre la pécheresse. Regardons-la.

    La voici arrivant dans la grande salle, sans se soucier des convenances. Elle se penche, essuie les pieds du Christ avec ses cheveux et son parfum. La foi la pousse. La foi à celui qui peut la pardonner. Parce que si elle est là, dans cette attitude inconvenante, voire scandaleuse, c’est qu’elle attend le salut de Dieu. Son salut, ce sera son pardon. Et le voici, dans une parole : « tes péchés sont pardonnés », et la seconde un peu plus tard : « ta foi t’a sauvé, va en paix ». Ta foi t’a sauvé ! La foi, plutôt que la Loi.

    Alors, vous allez me dire : j’ai tout compris. L’important, c’est l’intention, le cœur que nous mettons dans les actes. Nos œuvres, nos rites, nos formalismes, Dieu ne s’en soucie pas. Cela ne lui apporte rien. Et bien non ! Vous n’avez pas encore compris !

    Ici, il s’agit d’une discussion théologique qui va traîner tout au long du 1er siècle. Seule la foi au Christ sauve. La Loi de Moïse est impuissante à donner le salut : « personne ne devient juste en pratiquant la Loi » ajoute Saint Paul dans la lecture de ce jour. Les Galates, comme d’autres communautés chrétiennes du bassin méditerranéens comportaient beaucoup de judéo-chrétiens. Ces communautés avaient été tentés de réintégrer des éléments de la Loi juive dans les pratiques chrétiennes et à en faire des préalables pour la conversion des chrétiens issus du paganisme, comme la circoncision ou les pratiques alimentaires. Saint Paul aura des mots durs sur ce qu’il estime être une trahison de l’unicité de la foi au Christ pour donner la grâce.

    Une autre discussion aura lieu : la foi ou les œuvres. C’est un autre débat, celui de l’épître de Jacques et surtout de Luther avec les conséquences radicales qu’il en tirera. Finalement, ce qui nous sauve, ce sont nos œuvres ou notre foi ? L’énergie que nous dépensons dans l’activité, caritative ou sociale (dans tous les sens du terme), nos pratiques multiples et variées, ou simplement notre foi exprimée simplement dans la lecture de la Parole ou la prière intime ? Les deux mon général. Ou plutôt les deux en temps qu’elles sont les deux faces d’une même réalité : les œuvres de la foi, la foi qui pousse aux œuvres. Comme un cœur qui vit en permanence ce double mouvement de systole et de diastole.

    Je reviens à cet homme et à cette femme. L’homme écoute la Loi et la met en pratique. La femme aime son Seigneur et attend de lui le pardon. L’amour de la femme accomplit l’écoute et l’attente de la femme, parce que la foi accomplit la Loi. Voilà qui devrait nous suffire. L’amour accomplit l’écoute. Accomplit, et donc n’abolit pas. De quel côté sommes-nous ? De celui de l’homme fidèle à son écoute et à son attente, jusqu’à des détails qui nous paraissent scrupuleux ? Du côté de cette femme qui épanche son amour comme elle avait épanché son péché. Les deux, comme David, ont besoin du pardon de Dieu. Retiendrons-nous Dieu de nous l’accorder ?

  • La Sainte Trinité

    trinite.jpgDevant l'ambon se trouve cette icône que vous connaissez. Elle est écrite par un russe du 13° siècle, saint André Roublev. Il a eu l'audace de vouloir représenter la visite des trois anges à Abraham au chêne de Mambré, pour le monastère de la Sainte Trinité à Zagorsk en Russie.

    Trois personnes, éternellement jeunes. Trois visages qui se ressemblent. Avec beaucoup de grâce, ils sont comme entraînés dans un mouvement de regard. Avec noblesse et retenue, ils semblent communier dans une relation de paix et d'amour. Communion, relation, amour. Tout semble même inscrit dans le cercle que décrit la forme des corps et des vêtements. C'est une image, c'est une icône, c'est une présence.

    Le Père, le Fils et l'Esprit. Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers. Le Père, le Fils, et l'Esprit. Une seule nature, trois personnes. Le risque serait de refuser de comprendre, parce que trop abstrait, trop compliqué, trop mystérieux. Il s'agit plutôt de recevoir.

    Recevoir un mouvement : le Fils qui révèle le Père ; l'Esprit envoyé par le Père et le Fils. L'histoire du salut vient à notre secours pour, très simplement, nous montrer comment le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, s'est révélé aux hommes Ultimement, Il se révèle comme Père, Fils et Esprit. Le Fils ouvre le chemin du Père. Le Père envoie le Fils. Tous deux envoie l'Esprit d'amour et de vérité. Le Maître visible et le Maître invisible. Les deux mains du Père. Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l'Univers.

    Recevoir une communion d'amour : le Père aime le Fils et le Fils aime le Père. Cet amour, c'est l'Esprit. Communion où le Fils est dans le Père et le Père est dans le Fils. Possession réciproque. Amour réciproque. Fécondité réciproque d'où jaillit éternellement l'Esprit d'amour et de vérité. Les premiers versets de la Genèse ne parlent-ils pas de cette communion au moment de la création du couple humain. « Faisons l'homme à notre image... Homme et femme il les créa ». Communion d'amour, dont le couple humaine sera une autre icône.

    Recevoir une invitation. Je reviens à l'icône. La circulation d'amour qui s'opère dans les visages, dans les regards et les mouvements des bras et des mains s'établit autour d'une table où une coupe est dressée. Table à 4 côtés, alors qu'il n'y a que 3 convives. Comme pour notre autel, la 4ème place, c'est celle de chacun qui est invité au festin des Noces de l'Agneau, à cette communion trinitaire, où il s'agit d'aimer le Père et le Fils et de recevoir l'Esprit qui les unit. Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous. En cet instant, comme dans la suite de la célébration eucharistique, il faudrait réaliser que nous sommes en présence de la Trinité, et même plus, que nous sommes invités par la Trinité, à entrer dans une certaine danse trinitaire, une communion d'amour. Venez, et recevez.

    Recevoir des relations nouvelles. Une année, j'étais à un colloque sur la doctrine sociale, où intervenait de brillants théologiens. Un orthodoxe est venu nous parler de la doctrine sociale dans son Eglise orthodoxe russe. Son propos s'est contenté de commenter le fait que leur doctrine sociale, des relations sociales, des échanges, de la politique, que sais-je encore, c'était la Trinité. Déçu, je reparti en me réjouissant des développements catholiques. Les relations trinitaires sont la matrice de nos relations de charité. L'amour qui circule en Dieu est précisément ce qui nous est promis, pour circuler entre nous. Vous imaginer ce que cela serait, ce que cela changerait ?

    Il s'agit de recevoir cet amour qui vient d'en Haut, et qui nous tire vers le haut, vers le meilleur de nous-mêmes. Benoit XVI le dit, dans son encyclique Caritas in caritate : « Dieu veut nous associer nous aussi à cette réalité de communion: 'pour qu'ils soient un comme nous sommes un' (Jn 17, 22). L'Église est signe et instrument de cette unité. Les relations entre les hommes tout au long de l'histoire ne peuvent que tirer avantage de cette référence au divin Modèle » (CIV 54).

    Où allons-nous trouver la raison ultime de nos relations, de ce qui nous lie ? L'amour et la communion trinitaire. La grâce de Jésus notre Seigneur, l'amour de Dieu le Père, et la communion de l'Esprit-Saint soient toujours avec nous. Qu'ils demeurent en nous et entre nous. Pour que ce monde croie, que cette icône devienne vivante : voyez comme ils s'aiment !

  • St Philippe : prie pour nous !

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  • Les prêtres en France

    La Croix de ce 21 mai public une carte saisissante à plusieurs titres. D'anord les grandes diversités du nombre d'habitants par prêtres. Les différentes couleurs sont à nouveau callées sur les cartes Boulard de la pratique religieuse en France (années 50), mais également sur la carte des jureurs à la Constitution Civile du clergé (1791), ou encore à celle du Non à Maastricht (1992).

    Ensuite, les chiffres qui brossent le tableau du clergé (au moins diocésain, ils auraient tout de même pu ajouter le nombre de religieux ou membres de sociétés de vie apostoliques...) de demain. A suivre

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  • Distinguer célibat et pédophilie, par Stéphane Joulain

    Stéphane Joulain est prêtre, thérapeute familial et psychanalyste. Il a publié cet article dans Le Monde du 13 mars 2010.

     

    Je viens de lire la énième attaque contre le célibat consacré dans l'Eglise catholique, fondée sur un pseudo-rapport qui pourrait exister entre celui-ci et la pédophilie. Il est vrai que le célibat consacré questionne et cela est bon, mais il est aussi faux qu'il existe un lien de causalité entre les deux. Hans Küng ne comprend malheureusement pas grand-chose au fonctionnement de cette grave pathologie de l'objectivation sexuelle (Le Monde du 5 mars).

    Supprimer ou pas le célibat consacré ne fera pas disparaître les pédophiles de l'Eglise catholique, ce qui le fera, c'est une amélioration des conditions de discernement d'accès aux ministères. Si Hans Küng se renseignait, il apprendrait que 96 % des affaires d'abus sexuels et de maltraitance sur mineurs sont des affaires qui ont eu lieu dans le cercle familial de l'enfant. En poussant un peu le raisonnement de M. Küng, pourquoi ne pas interdire la vie de famille, puisqu'elle est après tout le lieu le plus dangereux pour les enfants.

    En ce qui concerne la possibilité d'un clergé marié au sein de l'Eglise, cela existe déjà dans les Eglises catholiques de rites orientaux, et il n'y aurait pas de difficultés, ni dogmatiques ni bibliques, pour que cela existe dans l'Eglise catholique romaine. En cela, M. Küng ravive un vrai débat dans l'Eglise. Cette question est d'autant plus vraie que de nombreux prêtres ont des aventures "extraconjugales" plus ou moins fréquentes avec des femmes ou bien des hommes.

    Donc, c'est un fait, le célibat consacré est difficile à vivre, tous comme l'est le couple aujourd'hui. Faut-il encore l'imposer comme seul modèle d'état de vie pour les clercs ? Je ne le pense pas. La pluralité des états de vie serait certainement une grande richesse pour l'Eglise. Les deux modèles de clergé ont survécu pendant des siècles dans l'Eglise orthodoxe.

    Par contre, là ou je ne suis pas d'accord avec de M. Küng, c'est dans le lien qu'il induit entre la pédophilie de certains prêtres et le célibat consacré. Travaillant ces questions depuis déjà plus de quinze ans, je n'ai jamais rencontré dans la littérature scientifique (la sérieuse) de quoi alimenter sa thèse. Par contre, ce que l'on peut trouver, ce sont les éléments suivants :

    1. Les pédophiles trouvaient dans le célibat consacré un "statut social" acceptable, qui leur permettait d'avoir une identité sociale non liée à un statut marital. N'ayant pas à se confronter à une sexualité adulte dite "ordinaire", cela était donc très appréciable pour un pédophile (j'emploie le passé, car je pense que depuis quelques années ce n'est plus si confortable pour les pédophiles).

    2. Du fait que les prêtres sont des éducateurs de la foi, ils sont proches d'un public jeune, cela est donc naturellement un lieu que vont investir des personnalités pédophiles, tout comme le sont l'éducation nationale, les centres aérés, les camps de jeunes, le scoutisme, les services sociaux, voire même la magistrature chargée de la protection des mineurs, ou bien encore la médecine (un pédiatre aux Etats-Unis vient d'être arrêté pour plus de 100 viols sur mineurs et 420 faits d'attouchement).

    3. L'autorité liée à l'exercice des ordres permet à des pédophiles d'être très à l'aise avec la toute-puissance qui les habite et convient aussi très bien à leur difficulté à intégrer la loi comme cadre et interdit ; cela entretient chez les pédophiles le sentiment de l'immunité. En cela, la prêtrise est très proche d'une autre institution, le corps diplomatique, qui lui aussi compte de nombreuses affaires de pédophilie (trop souvent couvertes par les Etats ; il faut saluer les efforts fournis par les Nations unies qui ont commencé un travail de purge chez leurs fonctionnaires et dans les troupes de "la paix").

    4. Ce qu'apprend le travail de terrain, ce que semble ignorer M. Küng, c'est que la pédophilie, les maltraitances et les abus sexuels sur mineurs touchent toutes les couches sociales, toutes les cultures à toutes les époques, et que l'Eglise dans ce domaine n'est pas "hors du monde".

    5. Par contre, il pourrait exister un lien entre l'éphèbophilie et l'hébéphilie (préférence sexuelle pour les adolescents en phase pubertaire) de certains prêtres et une immaturité affective assez massive dans le clergé. Plusieurs études faites aux Etats-Unis ont montré que près de 60 % du clergé américain était considéré comme sexuellement immature.

    Le fait d'avoir été élevé dans des petits séminaires, c'est-à-dire hors de toute confrontation à l'altérité sexuelle, n'a pas contribué à un développement pleinement satisfaisant de l'affectivité de nombreux prêtres qui ont abusé de mineurs de 12 ans à 17 ans. Ceux qui ont abusé de jeunes dans les années 1960, 1970 et 1980 (période massive des abus dans l'Eglise) sont des prêtres qui sont passés par les petits séminaires et qui n'ont pas connu d'autres formes de sexualité que la masturbation, exercice uniquement narcissique.

    Un certain nombre de prêtres ont donc arrêté de développer leur sexualité à la période adolescente, et restent coincés à ce stade. En cela, le concile Vatican II a eu raison d'abolir les petits séminaires. Attention, tous les prêtres qui sont passés par les petits séminaires ne sont pas des abuseurs et ne sont pas forcément immatures.

    Après ces quelques points, il est important de rappeler la nécessité de désolidariser ces deux questions, l'une, la pédophilie, qui relève de la lutte contre un crime très grave et de la mise en place de structures efficaces de discernement pour faire de l'Eglise un lieu sécurisé pour les mineurs. La deuxième, le célibat, est la question d'un combat au sein de l'Eglise pour une cause légitime. Il ne faudrait pas refaire la même erreur que l'on peut encore entendre trop souvent au sein de l'Eglise lorsque l'on confond pédophilie et homosexualité.