UA-63987420-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Que serais-je sans toi ?

    croix-homme-priere.jpg

    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
    Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

    J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
    Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.
    J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
    Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.
    Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson.
    J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson.

    J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.
    Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
    Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne.
    Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
    Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux.
    Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

    Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
    N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
    Une corde brisée aux doigts du guitariste
    Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
    Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
    Terre, terre, voici ses rades inconnues.

    Louis Aragon, Le roman inachevé

     

  • Le Seigneur fut saisi de pitié pour cette femme

    r8.gif« Le Seigneur fut saisi de pitié pour cette femme », pour cette veuve qui vient de perdre son fils, son unique. Voilà un Evangile qui nous parle concrètement en ce retour du temps ordinaire, du vert, signe de la lente maturation du Royaume de Dieu. Voici donc Jésus dans la simplicité de son ministère public. Il va et il vient, libre de dispenser sa parole, faire des miracles qui restaure et redonne vie. Comme on a raison de l’écouter et de le suivre.

    Ici le voici au pied du mont Tabor, dans ce petit village de Naïm qui existe toujours. Et la scène est toute simple comme nous venons de l’entendre. En entrant dans la ville, Jésus voit et entend cette foule qui accompagne la femme qui enterre ce qui lui reste de plus précieux, son fils unique. La scène est poignante. Elle n’a plus rien qu’elle seule. Comment va-t-elle vivre ? Qui va l’aider ? L’arrivée de Jésus renverse de façon si radicale la vie de cette femme. A la place de la tristesse, il met la joie. A la place de la solitude, il met la présence de son fil. A la place de la mort, il met la vie. La vie du mort, la vie de la femme, la joie de tous et surtout la glorification de Dieu : seul Dieu peut faire un tel miracle. Dieu a vraiment visité son peuple.

    En écoutant le récit et surtout le renversement qu’opère le miracle, nous sommes peut-être admiratifs. Nous sommes peut-être envieux : pourquoi Dieu ne le ferait-il pas pour ma sœur, pour ma voisine, pour moi-même ? Nous sommes peut-être en colère : et pourquoi donc Dieu ne l’a-t-il pas fait pour ma sœur, pour ma voisine, pour moi-même ? Pourquoi est-il resté impuissant devant ces détresses, devant ce mal qui semble l’emporter, surtout au journal de 20h. Pourquoi est-il si loin ? Pourquoi ne répond-il pas à mes demandes, à mes prières ? A quoi bon ?

    J’entends, nous entendons ces questions, ces reproches plus ou moins exprimés. Et il faut les entendre. Et il faut bien faire droit. J’essaie donc.

    Vous avez peut-être remarqué que Le Seigneur guérit l’enfant de cette femme, et une autre, la fille d’un chef de synagogue. Il ressuscite encore Lazare. Et c’est tout. C'est-à-dire qu’il ne ramène pas à la ville tous les morts qui lui sont contemporains. Il est bon, miséricordieux, profondément touché par la souffrance des uns et des autres, mais pas au point d’être un distributeur automatique de miracle, quand on lui demande, comme on lui demande. Cela veut sans doute dire que le miracle indique autre chose que la simple réanimation de ce fils unique.

    « Il fut saisi de pitié ». Littéralement, il fut remué jusqu’au entrailles, comme quand il voit les foules sans berger et qu’il va nourrir de sa parole et de son pain ; comme le père du fils prodigue qui le voit revenir vers lui ; comme le bon samaritain qui se penche sur l’homme à demi-mort au bord du chemin. Voilà donc Jésus, tendresse du Père pour l’humanité, au point d’agir pour elle, pour nous, pour chacun de nous. Jésus est assez Dieu pour s’occuper de nous, pour se pencher vers nous, par amour. Ce qu’il fait pour cette femme. Mais ce qui compte ce n’est pas ce qu’il fait (il ne le fera que 3 fois), mais pourquoi il le fait : par profonde compassion envers l’humanité blessée, souffrante.

    « Le mort se redressa, s’assit et se mit à parler ». Cette résurrection (ou plutôt réanimation) en annonce une autre. Sur le Mont Thabor, Jésus avait dévoilé de façon très fugace sa gloire. Il avait imposé le silence aux apôtres sur l’évènement jusqu’à ce qu’il soit ressuscité. Ils n’avaient pas compris. Et voici qu’au pied de cette montagne, la résurrection de ce fils unique annonce la sienne. Le miracle appelle la foi en lui, en sa résurrection au moment où tous pleureront sa mort, certains même l’ayant trahi ou quitté aux heures de la détresse et de la Passion.

    Et la voici la réalité de ce texte : Jésus est assez Dieu non seulement pour ressusciter un enfant, mais aussi pour être le Maître de la vie et donc victorieux sur toute mort. Voilà qui consolide notre foi, et qui alimente notre espérance, spécialement quand tout semble particulièrement sombre et voilé à nos yeux. Il est le Maître de la vie. Sur lui, la mort n’a pas d’emprise. Et si nous mourrons, nous ressusciterons avec lui. Et de même, toutes nos morts quotidiennes attendent une résurrection, une vie redonnée chaque jour, à condition de le laisser agir dans sa tendresse pour nous. Ce n’est peut-être pas là où nous l’attendons, c’est là où il veut agir et nous conduire.

  • C’est Toi, Seigneur le pain rompu

    image_preview« C’est Toi, Seigneur le pain rompu » c’est ce que nous avons chanté à l’entrée de cette messe. Le pain rompu, le pain nouveau, le pain qui descend du ciel, le pain des Forts, le pain de la vie,… les expressions ne manquent pas pour essayer de cerner ce sacrement de l’Eucharistie, du Corps et du sang du Seigneur. Et la fête de ce jour vient nous aider, pour mieux nous approcher de ce cadeau inestimable, auquel vont communier les enfants de la paroisse, à l’église St Paul.

    Si en 2 mots, nous avions à dire ce qu’est l’Eucharistie, nous serions peut-être prolixes, et à court. Prolixes parce que la catéchèse reçue et donnée nous a donné des mots, des portes d’entrée denses, denses, variées. A court, parce que le langage humain est trop faible pour parler de la manière dont Dieu s’approche de l’humanité pour lui communiquer sa vie et sa joie, en un mot, sa grâce. Et pourtant, il nous faut bien essayer.

    L’Eucharistie comme nourriture, comme pain de la fête ? Nos tables humaines savent bien ce que sont le pain, le vin, les aliments de nos fêtes humaines. Ils nous mettent en communion, dans la joie de donner et de recevoir, dans la joie de partager. Cette petite hostie, ces quelques gouttes de vin sont un peu à l’image de ces aliments de nos tables humaines, partagés en signe d’hospitalité et de communion. Mais nous pressentons qu’ils sont plus, bien plus. Sinon pourquoi si peu en quantités, et pourquoi tout ce respect. Déjà le signe semble déborder les catégories humaines que nous avons. Il faut chercher ailleurs.

    L’Eucharistie comme souvenir de la Passion ? L’Eucharistie ne se présente pas comme un repas ordinaire. Les ingrédients sont les mêmes. Du pain non levé, du vin, ceux-là mêmes que le Christ prend dans son repas pascal précédant sa Passion. En plus, il commande que l’on renouvelle, en mémoire de lui. Le geste de Jésus qui exprime le sens de ce qui va se passer : il rompt le pain et partage la coupe. Il rompt le pain comme sa vie va l’être, Il partage la coupe pour signifier que nous avons part à son destin, à la vie qu’il donne. Corps livré pour nous. Sang versé pour nous. On comprendrait que régulièrement, on fasse l’anniversaire de ce repas si particulier. Mais l’Eucharistie n’est pas un repas d’anniversaire, c’est un mémorial, c'est-à-dire un repas rituel qui fait advenir l’évènement qu’il commémore. La pâque de jésus n’est pas derrière, dans un passé lointain. Elle est présente, elle est là, elle est efficace.

    L’Eucharistie est présence ? L’évènement est présent. L’évènement du salut, de la grâce donnée en plénitude pour tous ceux qui s’y approchent. Voilà qui nous est familier. L’Eucharistie est présence. Présence sacramentelle, mais présence qui touche à la réalité en acte de l’évènement du salut, ici et maintenant. C’est ce que veut dire le concile de Trente, du XVIème siècle quand il précise présence réelle.

    Nous nous arrêtons ce jour pour méditer, contempler et même adorer ce Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. C’est inouï, on ne le fait pour aucun autre sacrement. C’est que la fête de ce jour a été instituée alors que justement d’un côté des doutes s’étaient élevés au XIème siècle. D’un côté des doutes  sur la présence réelle : est-ce que réellement l’évènement est présent ? De l’autre, des doutes sur la communion au Corps et au Sang (ne faudrait-il pas nécessairement communier au Corps ET au Sang ?).

    L’Eucharistie est présence parce que le Christ est réellement présent dans ce sacrement. Ce sacrement renvoie à sa présence dans son Incarnation, lui qui s’est fait l’un de nous. Ce sacrement renvoie à sa présence spirituelle au long de l’histoire humaine, lui qui a assuré être présent avec nous jusqu’à la fin des temps. Ce sacrement renvoie à sa présence dans la gloire, celle dont nous attendons la venue, et que nous célébrons à chaque Eucharistie.

    L’Eucharistie est donc présence pour nous de ce Christ, mais sous un voile sacramentel. Ce n’est pas la présence du corps humain de Jésus, c’est une présence sacramentelle. On ne le voit pas, on ne voit que du pain. On ne l’entend pas. On ne le touche pas, on ne touche que du pain. Mais c’est sa présence sous la forme du sacrement, pain nouveau pour un monde rompu ; vin de joie pour un monde désenchanté.

    Nous n’en aurons jamais fini avec cette présence. Qui s’en étonnerait ? Il l’a dit, promis. Cette présence, nous l’accueillons, nous la célébrons, nous l’attendons. Nous sommes présents à lui qui est présent. Nous essayons d’être présents en attendons d’être au banquet du ciel, avec Lui, avec tous. Alors nous n’aurons plus besoin de la présence sacramentelle, nous aurons sa présence glorieuse.