Voilà un évangile bien court pour ce dimanche. En ce dimanche du bon pasteur, nous avons entête d’autres extraits de l’Evangile selon St Jean : Je suis le bon berger, etc. Cette année C, voici un enseignement ramassé en quelques phrases. Mes brebis écoutent ma voix. Moi, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Quatre propositions, où le Christ dessine cette figure du bon berger, du bon pasteur qu’il est.
Cette figure du pasteur est déjà présente dans l’Ancien Testament au milieu de multiples autres. Pour un peuple qui connaît bien la réalité agricole et réalité pastorale, cette image du berger est parlante : elle dit- quelque chose de la relation entre le berger et le troupeau. le troupeau qui est le trésor du berger, qui est le fruit de son attention, le berger qui assure la protection du troupeau, des mauvais chemins ou de toutes agressions extérieures.
Jésus reprend à son compte cette image et la revendique. Pour nous qui sommes devenus des urbains, l’image paraît lointaine ou abstraite. La relation entre le berger et le troupeau, c’est quelque chose qui nous est même étrange. Essayons de la comprendre à partir de ces 4 expressions
La première, « mes brebis écoutent ma voix ». Quelle responsabilité pour nous d’être des écoutants. Le disciple, littéralement, en grec, c’est l’écoutant, ou plutôt même l’apprenant, celui qui apprend, qui se laisser être enseigné. Être disciple, c’est enseignable. Il y a quand même pas mal de moments de nos vies où nous avons fermé les écoutilles. On ne se laisse plus trop enseigner. ni par ses proches, son conjoint, ses enfants, ses parents, ses amis, ni même par les évènements. On ne se laisse plus enseigner, ni même étonné. On ne se laisse plus être déplacé par quelque chose de nouveau. Or, les brebis écoutent ma voix.
En méditant cette parole de Jésus, je pense au nouveau pasteur universel que nous venons de recevoir jeudi soir. Nous aurons quelque chose à apprendre de la part de Dieu, par ce nouveau pape Léon XIV. Tout comme nous avons appris de Dieu par l’intermédiaire du pape François, son enseignement, ses actes prophétiques. Nous avons appris des choses. Et si nous n’avons rien appris, si vraiment nous n’avons rien appris, peut-être que le problème n’est pas du côté de l’émetteur, mais plutôt du récepteur. Donc, réglons nos récepteurs pour rester enseignables.
Deuxième trait : « je connais mes brebis ». Ailleurs Jésus a pu préciser : « je les connais chacune par son nom ». Se savoir et se sentir être connu par ce bon pasteur, voici quelque chose de précieux et d’unique. Nous sommes connus, donc aimés, donc accompagnés, d’une façon singulière et personnelle. Il nous connait et nous parle cœur à cœur.
Troisième trait : « Et elles me suivent ». Le disciple qui écoute Jésus et qui se découvre être connu se met à sa suite. C’est la condition de notre vie chrétienne : risquer notre vie à la suite du Christ. Nous savons que suivre Jésus ne sera pas un chemin de tout repos, ça ne sera pas un long fleuve tranquille. Le cardinal Prévost, à 69 ans, aurait pu penser exercer son ministère d’évêque quelques années avant une retraite bien méritée. Voici qu’il lui faut suivre Jésus sur ce nouveau chemin, être pasteur universel de toute l’Eglise. Et pour nous, suivre Jésus chaque jour, ce sera renouveler cet engagement intérieur dans les petites décisions, dans les petits renoncements, dans les petites morts. Je te suis.
Et puis dernier trait : « je leur donne la vie éternelle ». Le psaume 22 que nous allons prier après la communion, insiste sur la douce gouvernance du Bon pasteur qui prend soin de son troupeau : les eaux tranquilles, les verts pâturages, la table et la coupe préparées, le repos. Voici des images de cette vie éternelle, qui n’est pas un au-delà de la mort, mais un déjà là. Dès maintenant, l’amour, l’amitié, le service sont des parcelles de cette vie éternelle que nous donne le Bon pasteur, parce qu’il nous les a promis.
J’en termine avec une figure particulière du Bon pasteur dans la 2ème lecture, du livre de l’Apocalypse : « l’agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur ». C’est l’Agneau de la Pâques, l’Agneau immolé qui est notre pasteur, notre berger. C’est l’Agneau qui est passé par la mort pour en être victorieux, ressuscité qui est notre berger. Le serviteur souffrant sera notre roi, l’agneau sera notre pasteur. Voilà qui renverse les catégories humaines
Le pasteur n’est pas un loup, ni un lion, ni un aigle, mais un agneau. Cette figure de pasteur informe et interroge tous les pasteurs dans l’Eglise En ce dimanche où nous rendons grâce pour notre nouveau pape, et où nous prions pour les vocations sacerdotales, nous demandons au Seigneur que tous ces pasteurs soient selon son cœur à lui, cet agneau devenu pasteur.