Quand nous nous déplaçons, nous utilisons volontiers un GPS, un navigateur. En ville, sur l’autoroute ou sur des sentiers de randonnée, le GPS nous renseigne sur l’endroit où nous sommes, et nous indique le bon itinéraire pour rejoindre notre destination. C’est la technique idéale pour bon nombre d’entre nous, le moyen sûr pour une bonne route et la paix des couples.
Il me semble que le Christ donne aujourd’hui un GPS tout aussi sûr, voire plus. Il s’agit bien d’avancer dans le chemin complexe et sinueux de nos vies. Les décisions à prendre, les choix à faire, sortir de l’incertitude, ne pas se tromper, ne pas écouter de mauvais conseils… A de nombreuses reprises, nous sommes confrontés à des choix cornéliens, ou même nous choisissons poussés par les événements, et dans une ignorance assez grande.
La Parole de Dieu nous présente en ce jour une double voie : le chemin du bonheur ou le chemin du malheur, le chemin du juste ou le chemin du méchant, le chemin de la vie ou le chemin de la mort. Le prophète Jérémie, près de 6 siècles avant le Christ, présente le chemin de celui qui se confie en Dieu et celui qui se confie uniquement dans un mortel, un simple être de chair. Le Psaume oppose le chemin de celui qui se plait dans la loi du Seigneur et la murmure jour et nuit, à celui qui siège au conseil des méchants, des sans Dieu.
Et déjà le livre du Deutéronome rappelait ce choix que le Seigneur met devant Moïse et tout Israël : « Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez » (Dt 30,19). Choisis donc la vie ! Voilà la destination et l’itinéraire de ce GPS biblique.
Dieu veut la vie pour nous. Il nous faut l’entendre et le réentendre. Il veut notre bonheur, au point de le redire 4 fois de suite dans l’Evangile de de ce jour, comme il le dit 8 fois dans l’Evangile de St Matthieu que nous lisons le jour de la fête de tous les Saints. Dieu veut que nous soyons heureux ? HEUREUX. Le mot pourrait avoir quelque chose de statique ou béat. Heureux d’être allongé au soleil. Heureux de la première gorgée de bière ou de la première raclette. Le mot grec a quelque chose de dynamique qu’une traduction littérale rend par « En marche ! ». Relevez-vous ! Courage ! En avant ! Même si vous pleurez, même si vous avez faim, relevez-vous parce que la promesse de bonheur qui vous est faite est toujours active et l’espérance d’être heureux reste à portée de mains.
Dieu veut la vie pour nous et il nous la donne dans cette suite du Christ, cette écoute du Fils de l’Homme. La liste des béatitudes et la contre-liste liste qui suit pourrait paraître un peu terrifiante à vue humaine. Quel malheur pour vous les riches, vous qui êtes repus, vous qui riez, vous dont on dit du bien. Quel malheur pour vous, parce que vous avez mis votre cœur exclusivement dans les consolations d’ici-bas, sans même en faire profiter autrui. Vous avez construit votre semblant de bonheur sur du sable et non pas sur la parole de Dieu, et sur le Fils de l’Homme. Vous avez accumulé et demain on vous redemande votre vie. A quoi vous serviront vos richesses, puisque vous n’emporterez rien ? Ce trésor n’aura eu qu’une apparence passagère et trompeuse.
A l’inverse, les pauvres que Jésus béatifie sont pauvres en Dieu et non pas sans Dieu ou contre Dieu. Ils ont un trésor dans le Ciel dont ils bénéficient dès maintenant. Le Royaume de Dieu est à eux. Le verbe est au présent.
Chers amis, la suite du Christ est exigeante, parce qu’elle appelle une confiance. C’est celle dont a fait preuve tous ceux que nous voyons approcher de jésus dans l’Evangile, les malades, les possédés, les foules, et même les disciples et les Apôtres. « Sur ta parole, je vais jeter les filets » disait St Pierre la semaine dernière.
Cette suite du Christ nous donne la destination : le bonheur du Ciel, dans l’au-delà et dans l’ici-bas, dans l’union à Dieu, dans l’amitié avec lui et une relation renouvelée les uns avec les autres. Nous avons le but, la destination du pèlerinage de notre vie. Encore faut-il le choisir et le rechoisir au quotidien. Si tu veux la patrie, encore te faut-il vouloir le chemin.
La liberté qui est en nous nous laisse maître de nos choix, que Dieu ne fera pas à notre place. Je cite pour finir Gustave Thibon, un philosophe paysan de l’Ardèche au siècle dernier, qui disait : la vraie liberté c’est celle de choisir son Maître. Le riche de l’Evangile se choisit comme son propre maître, esclave de ses passions et de ses vanités. Le pauvre de l’Evangile choisit le Christ comme seul Maître. Et nous avons tant d’exemples de ces pauvres à cause du royaume de Dieu dont la foi est un trésor qui comble leur vie ! Choisis donc la vie, à cause du Fils de l’Homme !