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Les portes étaient verrouillées

9-ulyana-tomkevych-lviv-ukr.jpgNous réunis au Cénacle, voici au huitième jour après la Pâque de Jésus, comme les disciples rassemblés pour la deuxième fois. Evidemment le dialogue entre Jésus et Thomas rayonne en ce matin, avec ces 2 verbes que nous entendons depuis l’annonce de la résurrection : voir et croire. Voir pour croire, croire sans avoir vu… Peut-être aimeriez-vous que j’en dise plus, que je vous parle de la figure de Thomas et de son besoin de vérifier par lui-même les dires de ses frères apôtres. 

Mais plutôt que regarder Thomas, je vous propose de regarder Jésus, Jésus ressuscité. Dans l’Evangile de St Jean, nous avons lu aujourd’hui les 2 premières manifestations du Christ ressuscité à ses apôtres. Au préalable, Marie Madeleine a vu le tombeau vide, puis après elle, Pierre et Jean qui ont couru au tombeau pour constaté la présence des linges et du suaire. Et cela leur avait suffit pour croire en la réalité de cet évènement de la résurrection.

Et voici que, au soir du premier jour de la semaine, ce jour de Pâques, Jésus apparaît dans l’endroit où ils sont réunis. Vous savez que la semaine juive commence le premier jour, pour se finir le 7ème : le jour du sabbat, le samedi donc. Ce premier jour, le livre de la Genèse l’appelle le jour un, pas premier, mais un. C’est le jour inaugural, le jour qui contient tous les autres en lui. Dans le récit de la création, c’est le jour où Dieu crée la lumière, pas celle du soleil et de la lune qui mesurent le temps, ce sera au 4ème jour. Il crée la lumière, c’est-à-dire qu’il fait surgir le monde nouveau. 

Ce sera ce jour UN où le Christ ressuscite, où il triomphe de la mort pour faire rayonner sa vie lumineuse de ressuscité. Parce qu’il est le monde nouveau, alors il surgit au matin de ce jour UN, jour de la création nouvelle, jour du salut et de la rédemption.

Donc en ce jour UN, le voici se manifestant à ses disciples. La scène est assez théâtrale en un sens. Imaginons un peu : les voici apeurés, enfermés, alors même que l’annonce de la résurrection par Marie-Madeleine leur a été faite. Racontars de femmes dira saint Luc… 

Toutes portes étant verrouillées, Jésus est là au milieu d’eux. Il n’a pas frappé, on n’a pas ouvert la porte. Il se joue de l’espace pour être présent au milieu d’eux. Le miracle est de taille et très signifiant. Jésus se joue de toutes les fermetures pour se rendre présent. Ces portes verrouillées ne sont que l’image de toutes les fermetures de nos cœurs compliqués et malades. Elles renvoient à tous les verrous que nous cultivons : nos peurs, nos orgueils, nos vanités, nos démesures ou nos pusillanimités, et que dire de nos indifférences. Jésus ressuscité se joue de tout cela pour se rendre présent, pour s’inviter au milieu d’eux, et leur communiquer sa paix et son esprit. Il anticipe déjà la Pentecôte à venir.

Ces verrous ne sont pas que des verrous individuels. Ils sont tout aussi bien communautaires, dans nos familles, nos paroisses, nos sociétés. Ils sont nos violences, nos mensonges, nos guerres, mais aussi nos manières de l’avoir neutralisé ou congédié. Le monde nouveau sait se jouer de tout cela, jamais sans faire violence aux libertés humaines, mais en s’invitant, en communiquant sa paix et son esprit  et en suscitant un acte de foi.

Il y a un dernier point à remarquer. Il se montre avec ses mains et ses pieds transpercés. On peut penser qu’il s’agit de se faire reconnaître. C’est bien lui, c’est bien le même que celui qui a été descendu de la croix et mis au tombeau. Cette question de l’identité travaillera les disciples. Toujours chez st Luc, les disciples sont effrayés, croyant voir un fantôme. Même si jésus ressuscité se fait reconnaître d’eaux en montrant ses mains et ses pieds, dans leur joie, ils n’oseront y croire, dit St Luc., tant leurs yeux sont empêchés de le reconnaître.

Le Ressuscité garde les traces de sa passion, c’est-à-dire de son humanité blessée par amour pour nous. C’est bien pour nous qu’il avait enduré ces coups et ces blessures. Il ne les garde pas comme une pièce d’identité, il les garde comme un témoignage puissant : celui d’avoir assumé notre humanité dès le sein de sa mère au jour de l’Annonciation, jusqu’à sa mise au tombeau. Son Corps glorieux, pour glorieux qu’il soit, est dans le prolongement de son humanité assumée jusqu’à la mort, et la mort de la Croix. 

Le monde nouveau n’efface pas l’ancien, il l’assume pleinement, jusque dans ses faiblesses, ses fragilités et ses blessures. Ce monde nouveau est celui du jour UN et donc du jour 8 qui en est l’accomplissement. En ce jour, nous entrons avec Jésus ressuscité par le jour où tout devient possible. Il traverse nos verrous, il assume nos blessures. Voilà sa miséricorde, celle que nous accueillons avec confiance. Jésus, j’ai confiance en toi.

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