Nous avons entendu cette question dans le chant de l’Exultet, dans l’annonce de la Pâque qui a ouvert notre célébration ici dans l’église. Voici la nuit de vrai bonheur, à la nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu. Il est des nuits de détresse et d’angoisse, et nous en connaissons, et beaucoup de nos contemporains ne les connaissent que trop. Et il y a cette nuit. Nuit sainte, nuit de la re-création.
Nous sommes entrés dans cette nuit de la Pâque avec le feu nouveau. Et ce feu est devenu lumière. Souvenons-nous la petite flamme hésitante qui s’est propagée de cierge en cierge, à partir de ce cierge pascal qui se dresse devant nous. Le feu devient lumière et c’est un cadeau inouï que Dieu nous fait. Il ne détruit pas, au contraire, il crée et même il crée du neuf. La lumière de la foi se transmet de cierge en cierge jusqu’à embraser toute notre église. Elle illumine nos yeux, elle réchauffe nos cœurs et nos existences. Cette lumière est pure grâce gratuite venant de Dieu.
Ce thème de la grâce gratuite et inconditionnelle a éclairé notre Carême. De dimanche en dimanche, nous avons médité les différentes étapes de la pédagogie de Dieu dans son alliance avec l’humanité. La grâce de la création est gratuite, elle est cadeau. Tout comme l’alliance avec Noé, ou avec Abraham ou encore la sortie d’Egypte pour le peuple d’Israël. Même le retour d’exil et la promesse d’une alliance nouvelle étaient gratuite de la part du Dieu fidèle.
Ce soir, la grâce de Pâque nous est donnée, sans effort de notre part. Et il n’est pas jusqu’au le prophète Isaïe, près de 8 siècles avant le Christ, pour nous le redire dans une des lectures de la veillée : « Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer ». Vous vous rendez compte : sans rien payer ! alors que nous pensions que Dieu était au bout de nos efforts.
C’est que nous sommes devant l’évènement gracieux et gratuit par excellence, l’évènement qui ne dépend pas de nous et que même nous n’aurions jamais plus produire : celui qui était mort, est ressuscité. Celui qui a subit cette passion volontaire, Celui a été mis au tombeau, Celui-là même est vivant ! Jésus, le Christ est ressuscité ! En voilà une bonne nouvelle pour nos cœurs fatigués et compliqués. Depuis cette nuit de Pâques, l’amour triomphe, le ciel nous est ouvert, la communion avec le Père nous est offerte gratuitement et inconditionnellement.
Chère Claudia, vous vous êtes préparée pendant tous ces mois à cette nuit sainte, la nuit où vous vous avancez vers le baptême, la nuit où la grâce vient faire irruption dans votre vie. Déjà le feu est devenu lumière en vous au début de votre chemin de catéchumène. Petite flamme hésitante à certains moments, feu qui vous a soulevé le cœur à d’autres. La lumière s’est invitée dans votre vie. C’est cadeau, c’est gratuit. Il n’y avait plus qu’à l’accueillir, ce que vous avez fait.
Et ce soir, un autre signe vous est donné, comme à chacun de nous. Pas seulement le feu devenu lumière. Mais l’eau qui va être bénie dans un instant pour que vous y soyez plongée (au moins symboliquement). Et nous avec vous, nous la recevrons dans une abondante aspersion, en mémoire de notre propre baptême. Pour vous ce soir, l’eau devient vie et nouvelle naissance. Avec vous, nous comprenons cette phrase de l’Exultet citée au début : « A quoi nous servirait de naître sans le bonheur d’être sauvés ? » A quoi servirait-il ne naître, sans le bonheur de renaître ? A quoi servirait-il d’être sur terre sans le bonheur de croire au ciel ?
Chère Claudia, comme le feu devient lumière en vue de la foi, pour vous, comme pour chacun de nous, l’eau devient vie en vue de cette nouvelle naissance. Si Dieu veut votre vie, et comment qu’il la veut !, alors il vous donne les éléments de notre vie : ce baptême et tous les autres sacrements : l’onction d’huile qui va diffuser l’Esprit Saint dans toute votre existence, le pain et le vin de l’Eucharistie qui vont vous nourrir ce soir, et demain et chaque fois que vous vous approcherez de ce table. Et c’est gratuit, et c’est cadeau.
Chers amis, il nous faut remercier Claudia, et avec elle les 48 catéchumènes de notre diocèses, et avec eux les 7135 adultes qui reçoivent le baptême en cette nuit sainte. Ils nous rappellent, sans en être conscients eux-mêmes, que l’amour et l’alliance de Dieu sont gratuits. Il intervient dans des vies comme les nôtres, avec leurs hauts et leurs bas, avec leurs lumières et leur ombres. Il intervient gratuitement, inconditionnellement pour faire alliance et attendre une réponse libre et joyeuse.
Cette réponse, soyons heureux de la donner, avec tout l’amour de notre cœur. Claudia, cette réponse va être la joie de votre cœur dans un instant. Merci de nous aider et de nous stimuler à donner la nôtre. Aman. Alleluia !