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« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »

20220316111437000000_denier_auguste.pngC’est donc l’histoire d’une petite pièce d’argent, un denier d’à peine 4g de métal pur, représentant tout de même le salaire d’une journée de travail. C’est une pièce romaine, sur laquelle selon un usage longtemps répandu se trouve l’effigie du souverain, en l’occurrence César, plus précisément à l’époque de Jésus l’empereur Tibère. C’est une petite pièce va être l’objet de la controverse dans laquelle les contemporains juifs de Jésus veulent l’entraîner.

Le début du texte donne le ton. On se réunit en conseil, on délibère comment le faire tomber dans un piège qui n’est pas seulement une discussion rabbinique habituelle, mais bien un traquenard où ses réponses seront épiées pour servir à le dénoncer, à le mettre en défaut voire en procès

Faut-il payer l’impôt ? Si oui, c’est un collabo, puisque l’impôt est versé à l’occupant romain, et les publicains en font les frais eux qui sont en situation de péché public, de mise au ban de la société. Si non, c’est un révolutionnaire qui prêche la révolte face à l’occupant. Et les zélotes en font les frais puisqu’ils troublent l’ordre public, qu’ils sont dénoncés et persécutés par l’occupant. Dans les 2 cas, il perd sa crédibilité de Jésus qui doit restaurer la royauté en Israël. Dans les 2 cas, on l’accuser d’être un faux Messie, qui mérite la mort. La Passion se profile à l’horizon.

Jésus ne répond pas. Il n’est pas dupe du piège qui est tendu. Il retourne plutôt la question. Cette pièce que vous avez dans vos poches, que vous manipulez de vos mains. Cette pièce qui occupe tant les esprits et les convoitises a une image, une effigie, de qui sont-elles ? Et vous avez entendu la réponse des détracteurs de Jésus. Et l’enseignement qu’il en tire : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Permettez que je reste avec cette leçon de Jésus, qui traverse notre histoire, citation souvent commentée, et qui a sans doute toujours quelque chose à nous dire.

D’abord, « rendez à César ce qui est à César ». Et j’e reçois assez positivement cette affirmation. Payez l’impôt parce que César est le détenteur du pouvoir temporel. Les uns et les autres, nous sommes insérés dans une société, une ville, une nation. Tout groupe humain, toute société a toujours besoin d’un minimum d’organisation pour assurer le bien commun. L’autorité fait partie intégrante de ce minimum d’organisation. Je parle d’autorité, je ne parle pas d’autoritarisme ni d’abus d’autorité. Le Catéchisme de l’Eglise catholique, et notamment la doctrine sociale de l’Eglise a de beaux développements sur cette dimension sociale de la personne humaine. Rendons à ces autorités ce qui leur est dû. Un certain respect, une certaine obéissance. 

La tentation de se soustraire à l’autorité est de tous les temps. Pour ces gouvernants les tentations sont sans doute multiples également, et cela traverse également toutes les époques. Mais comme chrétiens, nous ne pouvons pas rêver à d’autres autorités que celles que nous avons. Rendons donc à César ce qui est à César.

Mais, ne rendons à César que ce qui est à César. De sorte que toute autorité est toujours relative. Payer l’impôt est une chose, rendre un culte est une autre. A l’époque impériale de l’histoire romaine, on rendait aux empereurs un culte comme à une divinité. L’histoire biblique dit bien que toute idolâtrie est nauséabonde. Elle est la porte ouverte à toutes les dérives. Or, César n’est que César, et lui-même est subordonné au Dieu unique et trois fois saint, comme Cyrus dans la 1ère lecture. Tout roi perse qu’il est, tout bienfaiteur qu’il est parce qu’il libère les populations qui avaient été faites captives par les puissances qu’il se soumet, Cyrus reste soumis à Dieu dont, nous dit Isaïe, il ne sera qu’un lieutenant, un intendant. 

Ne rendre à César que ce qui est César, pour n’absolutiser aucune autorité. Et savoir que la conscience personnelle, pour peu qu’elle soit formée, reste supérieure. 

Enfin, « rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». Jésus renvoie ses détracteurs dans leurs cordes. Est- vous sûrs de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, ce qui vient de Dieu, c’est-à-dire lui-même, celui qui est à Dieu, qui est tourné vers Dieu. St Ignace de Loyola dit dans une prière célèbre que « l’homme est créé pour louer, respecter, servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme ». La présence de Dieu nous précède, tant à l’échelle de chacune de nos existences qu’à l’échelle de l’histoire humaine. Nous sommes créés, aimés, sauvés par lui. Notre présence à lui sera réponse, réponse de gratitude, réponse d’amour, réponse de consentement, mais réponse…

Dès lors, il s’agit pour nous de lui rendre ce qui lui est dû, parce que Dieu est Dieu et qu’il n’en est pas d’autre. Lui rendre ce qui est dû, ce sera également vivre de cette image de Dieu qui est en nous, puisque nous sommes créés à son effigie et à sa ressemblance. 

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