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Ne craignez pas !

FpCsmRfp-osjTH0O2lN-PaTyPwk.jpgAprès le cycle du Carême, celui du temps pascal et des différentes fêtes qui le suivent, nous voici ramenés au cycle du temps ordinaire qui nous fait lire l’Evangile pas à pas. Et en cette année A, nous cheminons avec l’Evangile selon saint Matthieu. Justement avant la page d’aujourd’hui, le Christ a envoyé ses disciples en mission, avec des consignes et une feuille de route. Mais surtout il les a avertit : cette mission ne sera pas un long fleuve tranquille : vous ne serez pas toujours reçus, vous serez mêmes moqués, méprisés, voire détestés ou même persécutés. 

Voilà qui pourrait décourager plus d’un apôtre de la bonne nouvelle, surtout quand il précise que leur mission sera d’annoncer publiquement et à haute voix, ce qu’ils ont reçu de façon discrète dans le creux de l’oreille. Les envoie-t-il à l’échec ? A 3 reprises dans le passage choisi pour aujourd’hui, le Christ leur dit : »ne craignez pas ». L’expression est familière pour un lecteur assidu de la Bible. On la retrouve très souvent, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament : « Ne crains pas, je suis ton Seigneur et ton créateur, je suis avec toi » dit le Seigneur à son peuple Israël par la bouche du prophète Isaïe, au VIIIè siècle avant le Christ.

Ne craignez pas à 3 reprises. Regardons de plus près.

D’abord ne craignez la peur de heurter, d’avoir un message qui n’est pas reçu. Ne craignez pas les contrariétés, les contradictions ou les épreuves. On se souvient de l’assurance de la petite Bernadette Soubirous qui avait répliqué au curé de Lourdes qui ne la croyait pas quand elle venait transmettre le message de la Vierge demandant la construction d’une église : « je suis venu vous le dire, pas pour vous le faire croire ». Ne craignez pas de dire, de transmettre, d’annoncer. Ne craignez pas de présenter Jésus qui a besoin de nos bouches éloquentes et de nos mains agissantes.

Ensuite, ne craignez pas de perdre. Ici il s’agit même de perdre le corps. La seule perte à craindre serait de perdre l’âme, de perdre Dieu. Nous avons fêté cette semaine Thomas More, ce chancelier anglais du XVIè qui n’a jamais voulu perdre la droiture de sa conscience dans les turpitudes politico-religieuses où le roi Henri VIII a voulu l’emmener. Il a perdu son honneur et sa réputation, il a perdu la vie en étant décapité le 6 juillet 1535. Mais il n’aura jamais perdu ni son âme, si sa relation du Dieu vivant et trois fois saint.

Enfin, pour accueillir cette liberté intérieure, Jésus ajoute un dernier « ne craignez pas » : faites confiance à votre Père des cieux qui prend soin de vous, qui sait ce dont vous avez besoin. S’il prend soin de ces moineaux qui peuplent nos haies, à plus forte raison, prendra-t-il soin de vous. Cette confiance brille dans le cœur de tant et tant de croyants qui nous ont précédé ou qui nous entourent aujourd’hui.

Parmi, il y a le prophète Jérémie dont la liturgie a choisi la 1ère lecture pour aujourd’hui. Il est de ceux qui pouvaient craindre de ne pas être reçu. Le message de Dieu qu’il apporte au roi d’Israël au début du VIè siècle avant le Christ déplaît au roi. Jérémie est moqué, rejeté, et finalement persécuté et mis en prison. Il est de ceux qui pouvaient craindre pour la vie de leur corps s’il n’avait pas été délivré par des amis pour être ensuite exfiltré en Egypte. Mais il est de ceux qui ne craignent pas de faire confiance, une confiance inconditionnel à ce Dieu qui l’a appelé, lui a confié une mission et qui est sa joie. Joie comblante, mais aussi joie dévorante ou écartelante à certains moments. Alors que les paroles de Dieu ne seront pas reçues, et qu’à cause de cela il sera persécuté, il pourra dire en toute confiance et sans crainte : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom était invoqué sur moi, Seigneur, Dieu de l’univers »

Le prophète Jérémie et sa confiance à toute épreuve annoncent celle du Fils qui s’en remet inconditionnellement au Père. Le Christ n’a pas craint la peur de heurter. Il n’a pas craint de perdre, parce qu’il donne sa vie. Il n’a pas craint de faire confiance au Père, parce que c’était pour lui un besoin d’amour que de se donner, de se remettre entre ses mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car Dieu est son Père.

Ne craignons donc pas. L’esprit de force et de conseil déploie ses dons en nous. Avançons chaque jour pas à pas dans la confiance. Nous n’avons rien à perdre. Je termine avec une prière célèbre que Saint Thérèse d’Avila avait laissée à ses novices comme enseignement sur la prière :

Nada te turbe. Que rien ne te trouble ; que rien ne t’épouvante.
Tout passe. Dieu ne change pas.
La patience obtient tout.
Celui qui possède Dieu ne manque de rien.
Dieu seul suffit. Solo Dios basta

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