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Deux disciples faisaient route

5cffbb0120b1de7e475badc3180c1b.jpg?1678188341Je voudrais d’abord vous parler de 5 disciples qui faisaient route dans les rues de Paris le vendredi 26 mai 1871, dans un quartier du 20ème arrondissement. Ils avaient été arrêtés 2 mois plus tôt dans le tumulte de la guerre civile de la Commune, par des fédérés. Ils avaient longuement fait route dans ces rues de Paris où ils avaient dépensé leur apostolat de prêtre : l’un avaient préparé au mariage des couples pauvres ou préparé à la communion des enfants des rues, l’autre avait éduqué des enfants dans un patronage en déployant son cœur de père avec force et douceur. D’autres étaient supérieur ou maître des novices de leur institut : les pères du Sacré-Cœur de Picpus.

 

En ce 26 mai 1871, ils faisaient route avec d’autres compagnons d’infortune, le cœur paisible et léger. Pas d’amertume, pas d’acrimonie, pas de peur. Ils avaient déjà rencontré Jésus dans le sacrement de la réconciliation qu’ils s’étaient donnés les uns aux autres. Ils faisaient route vers la rue Haxo où une bande d’excités finira par les lyncher, tout comme on avait sauvagement fusillé leur archevêque, Mgr Affre 2 jours plus tôt. Ils faisaient route dans ces rues de Paris, mais ils marchaient vers le ciel, comme l’un d’eux l’avait écrit dans une lettre de captivité : « mais le Ciel est bien beau, le royaume des Cieux donne du courage, il n’y a que les braves qui l’emportent d’assaut. »

Les Pères Henri Planchat, Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Marcellin Rouchouze et Frézal Tardieu marchaient vers l’offrande de leur vie. Ils viennent d’être béatifiés à Paris, lors d’une messe célébrée hier 22 avril à l’église St Sulpice.

Comme tous les disciples de tous les temps, ces 5 disciples du Seigneur ne sont pas plus grands que le Maître. La rencontre avec le Christ ressuscité aura été et restera le cœur de leur existence, le centre de leur ministère de prêtres, la pointe de leur vie de disciple abandonné à la volonté de Dieu ; cet évènement qui donne sens à toute vie, comme ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs dont l’Evangile vient de nous parler.

Nous en avons à nouveau entendu le récit qui commence par la tristesse, l’affliction et la déception pour se conclure par la joie brûlante et communicative. Entre temps, il y aura eu la rencontre apparemment discrète, mais ô combien transformante avec le Christ ressuscité. De quoi cette rencontre est-elle faite ? Reprenons le texte :

Remarquons d’abord combien cette rencontre est discrète. Jésus ne s’impose pas par l’éclat de sa résurrection et de son corps glorieux. Et d’autant moins que l’esprit enténébré et le cœur alourdi des disciples les empêchent de le reconnaître. Ils font route, mais c’est d’abord Jésus qui entreprend le pèlerinage de leur vie avec eux, là où ils en sont. Ils marchent pesamment, mais c’est le Christ ressuscité qui est présent à cette détresse qui les envahit, même leu déception trahit des attentes déplacés à l’égard du Crucifié : « nous pensions qu’il allait délivrer Israël ». Le P. Planchat, un des prêtres béatifiés hier écrira « N’est-il pas vrai, mon Père, qu’aux yeux de la foi, nous ne sommes pas à plaindre ? Pour moi, je me trouve très honoré de souffrir pour la religion de Jésus-Christ. Je ne me regarde pas du tout comme un prisonnier politique ; je ne veux avoir d’autre politique que celle de mon Sauveur Jésus. »

Remarquons ensuite que Jésus ranime en eux le feu ardent de la foi en leur expliquant dans les Ecritures ce qui le concerne. On serait tenté de s’interroger sur le contenu de cette catéchèse directe de Jésus. Leur parle-t-il de l’annonce du Serviteur souffrant ? Evoque-t-il les nombreuses annonces prophétiques du salut le 3ème jour ? Ce qui est central, c’est qu’il faille entendre que le Christ devait souffrir, mourir et ressuscité le 3ème jour, comme il l’avait annoncé à plusieurs reprises à ses disciples. Il faut entendre que la victoire pascale sur la mort est un évènement, qu’il est réellement ressuscité. Mais que c’est au prix d’une passion volontaire et d’une mort librement consentie, qui rend possible celle de tous ceux qui seront appelés à marcher sur ces traces. Le Père Tuffier, l’un des 5 dira : « Prions les uns pour les autres, acceptant les croix que Dieu nous envoie ; si vous avez eu dans votre vie sans doute des jours de grande tristesse, vous les avez supportés chrétiennement : il faut bien que nous les ministres d’un Dieu crucifié, nous participions à la croix de notre Divin Maître. »

« Reste avec nous Seigneur, car le soir approche et déjà jour baisse ». Dans la maison ou dans l’auberge d’Emmaüs, Jésus consent à rester avec les 2 pèlerins pour renouveler ce geste de la fraction du pain, celui du Jeudi Saint, comme il le fait à chaque instant sur la surface de la terre, comme il va le faire dans un instant pour nous, dans cette petite église. Reste avec nous Seigneur, comme tu es resté au côté et au cœur de ces 5 prêtres. Reste avec nous, y compris quand nous sommes tristes et désemparés. Reste avec nous pour ranimer notre foi en ta présence. Reste avec nous, nous voulons rester avec toi.

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