Nous voici déjà quatre jours après la mort de Lazare. Jésus a tardé à arriver. Et le voici devant la tombe scellée. Quatre jours, c’est déjà au-delà des 3 jours où Dieu peut faire quelque chose pour le salut de ceux qu’il veut relever : les « jours de marche d’Abraham avec son fils vers le lieu du sacrifice, les 3 jours de Jonas dans la baleine, et tant d’autres 3 jours qui sont le moment du salut et de la délivrance.
Nous sommes au-delà. Dieu semble-t-il ne peut plus rien faire. C’est le deuil qui s’installe, ce deuil lourd fait de silence, de peine et de pleurs. Ce deuil rempli de souvenirs et d’amertumes. Ce deuil habité par les questions et les reproches : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». C’est le long deuil de ces 2 femmes, ces 2 sœurs.
Et voici Jésus qui a tant tardé à venir. Et il s’en explique : « cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu… Lazare s’est endormi, je vais aller le tirer de ce sommeil ». Vous avez peut être remarqué les quelques phrases que prononcent Jésus en réponse aux disciples, ou aux 2 sœurs. Les mots sont simples et directs. Il va au but, et il ne s’arrêtera pas tant qu’il ne sera pas arriver là où il veut aller, à savoir la résurrection de son ami Lazare.
« Ton frère ressuscitera… Je suis la résurrection et la vie… où l’avez-vous déposé… enlevez la pierre… Lazare sors dehors ». Jésus sait ce qu’il fait. Et il fait ce qu’il veut. Il veut la vie. Et il la donne à tous ceux qui croient en son nom. Il veut la vie, et il n’a de cesse qu’elle n’explose, qu’elle soit manifeste.
Au début de ce Carême, le conseil pressant s’était déjà fait entendre : choisis la vie ! parce que tu es fais pour la vie. Jésus choisit toujours la vie, parce qu’il est la résurrection et la vie. Tout homme qui croit en lui, même s’il meurt vivra. Certes, toute son humanité pleure Lazare, parce qu’il est mort et qu’il est retiré aux siens. Mais sa divinité tire Lazare de la mort, pour le rendre, au moins pour un temps à la vie. Il le rend à la vie biologique, mais il le remet en selle pour la vie spirituelle, pour la vie éternelle. Tout homme qui croit en moi-même s’il meurt vivra, il nous faut graver cette phrase en lettre de feu au fond de nos cœurs.
Quand on va en pèlerinage en terre Sainte, on passe à Béthanie qui est à 3 km à l’Est de Jérusalem. Le nom arabe du bourg a gardé la mémoire de Lazare : Al Azariya. On descend dans un dédale de grotte pour accéder à la tombe de Lazare. Et celle-ci est vide. A sa nouvelle mort biologique, on l’aura sans doute enterré ailleurs. Mais à 3 km à l’Ouest, une autre tombe est vide, celle du Christ au cœur de la basilique de la Résurrection, le Saint Sépulcre comme disent les occidentaux.
La tombe de Lazare annonçait la tombe de Jésus. Tout comme la résurrection de Lazare annonce celle de Jésus. Dans 2 semaines, nous serons dans le jardin du tombeau pour y rencontrer le Christ ressuscité, avec Marie-Madeleine, sœur de Lazare. Dans 2 semaines, nous serons devant ce miracle inouï de la vie qui resplendit pour toujours. Nous serons éblouis par la clarté rayonnante de celui remonte des enfers et nous entraîne vers la vie.
C’est que si la résurrection ou la réanimation temporaire de Lazare a à voir avec la résurrection éternelle du Christ, celle du Christ annonce la nôtre. La préface le chantera dans un instant : « il nous conduit par les sacrements de Pâques jusqu’à la vie nouvelle ».
La résurrection est contagieuse, parce que la vie est contagieuse, parce Dieu est contagieux. Qui que nous soyons, nous sommes concernés dans notre existence singulière par ce rayonnement et cette puissance de vie. Nos existences ont beau être sinueuses, ou appesanties par tant de poids morts. Elles peuvent être liées par tant d’entraves extérieures ou intérieures. Nous sommes appelés à être déliés comme Lazare au sortir du tombeau. Déliés pour être rendus à nous-mêmes, déliés en vue de la vie qui attend de resplendir en nous.
C’est le moment d’y croire en ce 5ème dimanche de Carême, alors nous avons essayé de faire un peu de ménage dans nos vies depuis le mercredi des Cendres. C’est le moment de croire que Dieu peut nous donner la vie, par toutes les médiations qui sont les siennes, par tous les chemins qu’il veut emprunter et qui échappent à nos projets.
« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Chers amis, la question nous est posée ce dimanche. Croyons-nous que le Christ est notre résurrection et notre vie, celle de nos pauvres existences, celles de nos familles, celle de notre paroisse, celle de toute l’humanité.