« Que le Seigneur te bénisse et te garde. Qu’il fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce. Qu’il tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! ».
Nous avons entendu cette belle et antique bénédiction dans la première lecture. Au nom de Dieu et de sa fidélité, nous la recevons ce matin au seuil de cette nouvelle année. Qu’il nous bénisse chacun, qu’il vers nous son visage. Qu’il soit présent chaque jour de cette nouvelle année civile et qu’il nous apporte la paix. On ne parle pas de santé, on ne parle pas de chance ou d’autres vœux. Cette bénédiction demande simplement la grâce et la paix. Je vous souhaite donc la plénitude de la grâce et de la paix, ni plus, ni moins.
Où recevoir cette grâce et cette paix ? En ce jour, revenons à la crèche de Bethléem, puisque l’Evangile lui-même nous y invitait. Et nous y sommes précédés par les bergers que les anges avaient rejoints pour l’annonce de cette naissance miraculeuse. Et en hâte, ils vinrent à la crèche. Allons-y à nouveau avec eux pour y découvrir le signe donné, celui du nouveau né couché dans une mangeoire.
Ce n’est pas peu de chose que cette venue des bergers à la crèche. Ils arrivent simplement, sans poser de questions, obéissants qu’ils sont à l’annonce des anges. Ils arrivent avec ce qu’ils sont, et nos crèches familiales témoignent dans leur naïveté de cette venue. Ils apportent un agneau. Le ravi loue l’enfant nouveau-né. Une femme apporte sa tresse d’ail ou une oie. L’aveugle est conduit par l’enfant, etc. Ils viennent à la crèche voir l’enfant. Ils ne viennent pas ouvrir un livre, ni discuter d’une idée. Ils ne viennent pas se rassembler pour un plan ou un palabre. Ils viennent en silence voir l’Enfant qui leur a été annoncé.
La crèche, c’est une rencontre concrète, comme tout l’Evangile sait nous les présenter. C’est une rencontre concrète avec l’humanité de cet Enfant-Dieu qui vient nous sauver. Ici, la rencontre se fait louange et adoration silencieuse. Viens à la crèche voir le Roi du monde. Et voici donc mon premier vœu pour cette nouvelle année : je vous souhaite cette rencontre concrète avec Jésus. « La foi est avant tout une rencontre intime avec Jésus, qui nous permet de faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour » disait le pape Benoît XVI en octobre 2009 dans une catéchèse consacré à St Bernard de Clairvaux. La foi est la promesse d’une telle rencontre, personnelle et transformante. Là est la source de la grâce et de la paix.
Mais les bergers ne font pas que rester silencieux à la crèche. L’Evangile nous les présente racontant ce quoi leur avait été annoncé au sujet de cet Enfant, puis, sur le chemin du retour, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu. Ils ne leur suffisaient pas d’être des disciples adorant, les voici déjà apôtres de ce qu’ils ont vu. Ils sont les premiers apôtres de Jésus, comme tant d’autres qui les suivront au long de l’Evangile et de la vie de l’Eglise. Ils sont les premiers disciples-missionnaires.
Benoît XVI avait déjà développé cette expression, aux Journées mondiales des familles en 2009, ou aux jeunes dans la perspective des JMJ de 2013 : « Être missionnaire suppose d’abord d’être soi-même disciple du Christ, écouter sans cesse l’appel à le suivre, l’appel à le regarder », pour vibrer de cette joie de connaître Jésus au point de parler de lui et de son projet d’amour, et de l’espérance qu’il apporte. Et Benoît XVI, comme les bergers sollicitait dans ce même texte « Chers amis, ne craignez pas de proposer à vos amis la rencontre avec le Christ. Invoquez l’Esprit Saint : Il vous introduira toujours plus profondément dans la connaissance et dans l’amour du Christ et vous rendra créatifs dans la transmission de l’Évangile ».
Et voici mon second vœu pour cette nouvelle année : je vous souhaite d’être audacieux et créatifs dans cette annonce de Jésus. Je vous souhaite d’être fervents et brûlants de cette rencontre transformante au point qu’elle déborde du désir d’être partagée. « Ce que nous avons vu et entendu, ce que nos oreilles ont entendu, ce que nos yeux ont contemplé, ce que nos mains ont touché, nous vous l’avons pour que votre joie soit complète » dira St Jean dans une de ses lettres. Les bergers n’auraient pas dit mieux.
Etre disciple et apôtres. Venir à Jésus pour le rencontrer et se laisser séduire et transformer par lui. Venir à Jésus pour parler de lui à nos frères et sœurs, à tous qu’il mettra sur notre route au long de cette année. Je ne vous dis pas mieux. Là et finalement là seulement sera la source de la grâce et de la paix au long de cette nouvelle année 2023.