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Viens à la crèche voir le Roi du monde

carte Noël Oratoire 2022 recto copie.jpg« Viens à la crèche voir le Roi du monde. En lui viens reconnaître ton Dieu ton Sauveur ». C’est ce que nous avons chanté au début de cette messe de la Nuit. En cette nuit, nous sommes donc invités à venir à la crèche. Les anges nous y invitent, les bergers nous y précèdent, bientôt ce sera les mages, et finalement tous les santons de nos crèches familiales. « Viens à la crèche » nous disent-ils tous en chœur. 

Il s’agit donc de venir, de marcher. Il s’agit de se déplacer, en faisant ce pas de côté, en dirigeant nos pas vers cette scène tout simple. Notre Avent, ces 4 semaines que nous avons passées, a été une démarche, qui nous a permis de traverser la longue espérance de tout l’Ancien Testament, en attente d’un salut, d’une consolation. Grâce aux prophètes, cette espérance était à la fois douce et amère : douce à cause de la promesse de Dieu de les visiter ; amère à cause de la découverte de leur profonde indigence. 

Ils avaient découvert qu’ils ne pouvaient se donner le salut à eux-mêmes. Ils avaient mordu la poussière en réalisant que la joie et la paix auxquelles ils espéraient légitimement, ne pouvaient être à portée de mains, ni même au bout de leur effort. Pour tous ces hommes et femmes de l’Ancienne Alliance, la justice et la paix, la joie et le bonheur ne pouvaient venir que de Dieu.

Marcher vers la crèche implique donc de faire l’expérience de cette traversée avec tout l’ancien testament. Et regardons nos crèches : elles portent la trace de cette indigence de nos cœurs. La pauvreté de la paille, la vétusté de cette masure, et même dans certaines crèches, dans le fatras des ruines,  la crèche manifeste la pauvreté de ce monde qui ne peut se donner à lui-même tout le bonheur auquel il aspire. Il ne peut s’enrichir lui-même. Il ne peut se réjouir lui-même. Il ne peut se réenchanter lui-même. 

Donc, pour cela, il faut venir à la crèche et regarder. Qu’est-ce qu’il y a à voir ? J’ai déjà parlé de l’indigence et de la pauvreté ambiante. Les apparences sont toutes modestes : peut-être quelques animaux, des bergers, un couple, une mangeoire et un enfant. Les anges insisteront auprès des bergers sur cet aspect capital : il n’y a qu’un signe à voir à la crèche, c’est le signe de l’enfant nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. Pas de miracles, pas de paroles ni discours, pas de signes prodigieux. Uniquement le signe de l’enfant, qui ne parle pas, qui est vulnérable et dépendant, qui sans doute pleure ou mange ou dort. Voilà ce qu’il y a à voir. Un enfant, un être humain. Pas une idée, pas un discours, pas une idéologie. Un enfant qui pour le moment se tait et ne fait rien d’autre qu’exister. Un enfant emmailloté de langes et couché dans une mangeoire, mais est-ce bien une place ? 

Le chant d’entrée nous a mis sur la piste de ce signe, dans la suite de l’invitation des anges : cet enfant est le Sauveur. Il est le Roi du monde, il est le Dieu véritable, le Seigneur fait homme pour montrer qu’il t’aime. 

Nous sommes habituer à être émerveillés devant nos crèches. Mais ce soir pourrait être l’occasion d’être à nouveau surpris de ce grand écart. On nous montre un enfant dans sa vulnérabilité et sa dépendance et on nous le désigne comme Sauveur et libérateur, le fils de Dieu qui s’est fait homme pour nous rendre participants de la nature divine. Nous voyons un Très bas et nous confessons un Très Haut. Nous voyons un enfant fragile et nous confessons le Roi du monde. Quel grand écart ! Quelle audace dans l’acte de foi de ce soir.

Notre foi ne doit pas être trop anesthésiée par l’habitude. Laissons être surpris. Tout comme nous serons surpris au Vendredi Saint de regarder un homme tuméfié et défiguré sur un instrument de torture, alors que nous confesserons un Messie souffrant, nous guérissant par ses blessures. Et de même il nous faudra à nouveau être surpris quand au matin de Pâques, nous verrons le tombeau vide, les linges libérés de ce corps qu’ils enveloppaient, qu’ils emmaillotaient, alors que nous confesserons le grand miracle de la résurrection. 

Et finalement, cette surprise, cette audace de foi devra nous saisir quand, dans quelques instants, alors que le prêtre nous présentera un morceau de pain, la petite hostie, nous confesserons qu’il est vraiment le Corps du Christ, abandonné sur nos mains et nos langues, pour venir reposer en nous et faire de nos êtres, de nos vies son humble crèche.

« Viens et à la crèche voir le Roi du monde ». Viens et vois. Viens et adore. Viens et tais-toi, laisse-toi être surpris et bouche bée par ce que tu vois.

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