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Saint Bénigne - 13 novembre

82.St.Benigne.Dijon.jpgIl m’ a été suggéré de parler de St Bénigne, dont on ne sait pas grand-chose…

Il faut donc imaginer ce groupe de missionnaires, au milieu du IIè siècle. Ils sont venus d’Asie Mineure, l’actuelle Turquie, pour débarquer à Marseille, remonter la vallée du Rhône puis la Saône. Ils sont disciples de St Polycarpe et St Irénée, lui-même enseigné par St Jean lui-même. Ils sont les apôtres de l’Evangile, où le Christ est annoncé, le chemin, la vérité, la vie.

 

Parmi eux, plusieurs portent des noms grecs, d’autres des noms latins. Andéol l’apôtre du Vivarais qui finira martyr non loin de Pierrelatte au bord du Rhône. Il y a Andoche et Thyrse qui d’Autun partiront à Saulieu où ils seront martyrisés avec leur hôte Felix. Leur sarcophage est sous l’autel de la basilique actuelle. Et il y aurait le prêtre Bénigne, littéralement le « bon, gentil » qui serait venu à Dijon, ville gallo-romaine dont les limites sont encore visibles. Apôtre et martyr, c’est tout ce que l’on sait de lui. La légende populaire a gardé la mémoire d’un lieu de martyre à Epagny. Elle a pu ensuite comblé les vides et les silences pour décrire son supplice : transpercé de 2 javelots et assommé d’une grand barre ; c’est ainsi qu’on le représente partout.

Apôtre et martyr. C’est bien ce qui a guidé le choix des lectures de sa fête, lectures que nous venons d’entendre à la place des lectures du dimanche, celles de vos revues de liturgie.

Avec la 1ère lecture, celle que nous entendons le jour du Vendredi Saint, jour de la mémoire de la mort du Christ, avec cette lecture du serviteur souffrant décrit par le prophète Isaïe, nous voici devant le sens même de la souffrance et de la passion, devant le sens d’une vie donnée, y compris dans le martyre : celui d’un salut et d’une rédemption. Par ses souffrances, nous sommes guéris.

Avec l’Evangile de l’envoi en mission des disciples après la résurrection, et avec la 2ème lecture, nous voici mis devant l’enjeu missionnaire, devant la réalité de l’apôtre envoyé pour porter la bonne nouvelle de la Parole de Dieu. Et je voudrais m’y arrêter avec vous.

Saint Paul s’adresse à une communauté, celle de la ville de Thessalonique, qui est au Nord de la Grèce. Il avait préché l’Evangile lors de son 2ème voyage missionnaire, avec Sylvain son fidèle compagnon. Et voilà qu’il leur écrit pour les conforter, pour répondre à des questions qui les agitaient et les troublaient. Mais avant cela, il prend le temps de leur présenter comment il comprend sa place et de son rôle d’apôtre, de pasteur et de prédicateur de l’Evangile. 3 traits sont remarquables :

D’abord, il leur a annoncé l’Evangile et ils l’ont reçu. Il leur a transmis cette Bonne Nouvelle, et ils ont été hospitaliers à cette parole de Dieu qui fait son chemin dans leur cœur et dans leur vie. Et c’est pour lui une source d’action de grâce, d’admiration et de joie. Cela nous donne un marqueur décisif dans la vocation apostolique de St Paul (et donc de St bénigne). Sa joie est de porter, transmettre la parole de Dieu et qu’en plus elle soit reçue pour ce qu’elle est. Il met de lui-même dans cette  prédication, qui est don : « nous voudrions vous donner non seulement l’Evangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes »

Ensuite, il utilise 2 images qui sont parlantes. Tantôt il se présente comme « ayant été plein de douceur comme une mère qui entoure de soin ses nourrissons », tantôt comme « un père pour ses enfants, qui a exhortés et encouragés ». La douceur et la tendresse maternelle, l’exhortation et l’encouragement paternel. Voilà qui peut changer le regard que nous portons sur cet apôtre fougueux et énergique. Comme Dieu qui est présenté tout autant père que mère, relisons le livre d’Isaïe pour nous en convaincre), l’apôtre sait être doux et encourageant, tendre et exhortatif. Peut-être St Bénigne savait-il aussi manier les 2 ?

Enfin, il rappelle qu’il n’a pas voulu peser par sa présence, ni vivre au crochet de ceux au service duquel il s’est mis. Il a travaillé de ses mains, il a gagné sa propre vie. Il n’a pas été un pique-assiette, ni un bernard-l’ermite. C’était pour que l’accueil de l’Evangile se fasse d’autant librement chez ceux qu’il rencontrait. Cette question de la liberté dans l’accueil de la foi a du sans doute être la ligne de St Bénigne.

Ce portrait de l’apôtre que nous fait Paul, ce portrait d’un pasteur selon le cœur de Dieu, nous fait du bien ce dimanche, au terme d’une semaine où les révélations touchant plusieurs pasteurs, des prêtres et des évêques nous ont à nouveau bouleversés. Et notre cœur est sans doute en colère, dans l’incompréhension. Paul VI disait que l’Eglise est experte en humanité. De tels délits, de tels crimes peuvent profondément affecter notre confiance dans l’Eglise, dans les pasteurs, dans les paroles et les décisions prises.

La fête de ce jour, sans qu’elle soit un cataplasme sur une jambe de plâtre, peut nous aider à revenir à la source de la figure des pasteurs, selon le cœur de Dieu. Et nous aider à renouveler notre confiance mise à mal.

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