En ce 4ème dimanche de l’Avent, nous voici avec un Evangile de l’enfance de Jésus. Après l’Annonce de l’Ange, Marie part visiter sa cousine Elisabeth. Restons un peu avec cette scène apparemment toute simple de l’Evangile. Restons dans ce joli vallon de Aïn Karem, à quelques kilomètres de Jérusalem, au lieu même où cette scène est commémorée.
C’est la rencontre de 2 femmes qui ont été visitées par la grâce du Très Haut. Une a conçu dans sa vieillesse, parce que rien n’est impossible à Dieu. L’autre a conçu du Saint Esprit, alors qu’elle ne connaissait pas d’homme. Toutes deux sont déjà dans la joie de cette visite de Dieu et de son œuvre miraculeuse en elle. La rencontre n’a déjà rien de banal, puisqu’elles se retrouvent à l’endroit même de cette grâce qui leur a été faite.
C’est aussi la rencontre de la jeune Marie, la première femme du Nouveau Testament et d’Elisabeth, la dernière femme de l’Ancien Testament. A Ain Karem, le monde ancien et le monde nouveau se rencontrent et se saluent. Ils sont comme étreints dans la reconnaissance de la même grâce qui les visite.
Et surtout, c’est la rencontre des 2 enfants, Jean-Baptiste et Jésus, le Précurseur et le Messie, la voix qui crie dans le désert et la Parole qui crée toutes choses. Jean-Baptiste tressaille dans le sein d’Elisabeth et témoigne déjà de la dignité de celui qui vient au devant de lui.
C’est que cette rencontre est essentiellement une visite. C’est bien comme cela qu’on la nomme : la Visitation. Mais je veux parler de la visite de Dieu. Dieu qui crée et qui pardonne, ne nous sauve pas de haut ni de loin. Il vient nous visiter. Voilà la clé de Noël. La voilà la vraie magie de Noël : Dieu vient nous visiter dans la faiblesse de notre chair, comme nous le chantons.
Par amour, par sollicitude, Dieu visite sa création. C’était vrai dans le jardin du Paradis « Adam, où es-tu ? ». C’était vrai alors qu’Israël était en Egypte ou en exil à Babylone. C’était vrai par la voix des prophètes et des sages. Dieu n’a cessé de visiter son peuple. Dans quelques jours, nous allons être à nouveau émerveillés par nos crèches qui parlent de cette visite, sous le signe de l’Enfant. Dieu ne nous visite pas de haut, ni de loin. Il nous visite par le Tout Petit, par le très Bas, l’enfant fragile qui nous sauve dans son silence et aussi dans la offrande de lui-même. « tu ne voulais ni holocauste ni sacrifice, alors, j’ai dit : voici je viens ». Dieu vient en cet enfant.
Ou plutôt, Dieu vient en Marie. C’est ce qu’il faut tout de suite préciser. Pour que cette visite soit conforme à ce que nous sommes, il fallait marie. Il fallait cette femme et son propre consentement pour que Dieu puisse nous visiter de cette manière là. C’est donc elle qui le présente, comme nous le voyons dans cette belle scène de la Visitation.
Nous la voyons silencieuse, alors qu’Elisabeth semble plus loquace. Elle fait la louange de Marie. Remarquons bien ces quelques paroles qui traversent les âges et qui habitent notre prière si fréquente à Marie : « tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de tes entrailles et bénie ». Avec la salutation de l’Ange, cette prière d’Elisabeth devient la nôtre.
Parce qu’en Marie, Dieu vient nous visiter, nous pourrons la regarder elle que Dieu a visité en premier. Elle porte celui qui porte tout, comme le chante la liturgie orientale. Elle aussi peut dire : « tu ne voulais ni holocauste ni sacrifice, alors, j’ai dit : voici je viens » parce qu’elle a cru que Dieu pouvait accomplir ses promesses, celle de visiter son peuple et de le sauver par cette visite.
Chers amis, laissons de côté la frénésie de Noël, un peu émoussée cette année pour d’autres raisons. Laissons de côté les papiers d’emballage et la magie de Noël qui habitent nos centres ville et surtout les centres commerciaux.
Je vous propose de rester un peu avec Marie en ce dernier dimanche de l’Avent. Restez avec la hâte et l’empressement de Marie. Restez avec le silence de Marie. Restez avec la foi vive de Marie. Elle s’invite dans nos vies, comme elle s’est invitée chez Elisabeth. Elle s’y invite, parce que Dieu s’y invite et qu’il vient par elle. Elle est Mère aussi pour chacun de nous, Mère du Christ et Mère des hommes, Mère de l’Eglise et notre bonne Mère.