Nous lions la suite de l’Evangile de dimanche dernier, l’allégorie de la vigne. Nous le lisons dans ce climat de Pâques, celui dans lequel nous sommes entrés il y a déjà 5 semaines. Et si l’Evangile d’aujourd’hui nous parle d’amour (11 fois de suite) et de joie, c’est parce qu’au soir de sa Passion, le Christ livre à ses disciples le cœur intime de ce qu’il vient vivre pour eux et pour nous.
S’il est question d’amour et de joie, deux réalités qui sont bien liées comme nous en faisons déjà la pâle expérience mais expérience tout de même, c’est en raison même de ce don que le Christ fait de lui-même : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie à ceux qu’on aime ».
Pas de plus grand amour… Nous savons combien le mot amour est sujet à des significations si différentes et donc à des réalités si différentes. Ici, il dévoile le sommet de son amour : Celui qu’il partage éternellement avec le Père, Celui avec lequel il aime l’humanité, lui le Dieu ami des hommes
… que de donner sa vie… tout de même, donner sa vie, sans faire semblant, au point de la livrer, la déposer, l’abandonner. C’est bien ce que nous avons célébré dans ce mystère pascal, quand au soir du Jeudi saint, il dépose ses vêtements, quand il accepté d’être livré aux mains de ceux qui l’arrêtent, le flagellent et le mette en croix, quand au soir du Vendredi Saint, il remet l’esprit, quand il s’abandonne aux mains de ceux qui l’ensevelissent. Jésus est donné, livré. Eternellement livré, éternellement donné.
… pour ceux qu’on aime. Le motif de ce don de soi est explicité : l’amour pour ceux qu’on aime, même si cet amour n’est pas payé de retour. Dieu fait de nous des enfants adoptifs, pas seulement des disciples, des serviteurs ou des collaborateurs. Le Dieu ami des hommes nous regarde comme des amis, ceux qu’il aime d’un amour inconditionnel, alors même que toute la Bible témoigne plutôt d’une amitié plutôt infidèle du côté des hommes. L’initiative de Dieu viendra sans cesse renouveler cette relation
« Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Les disciples ont entendu cet enseignement au soir du Jeudi Saint, ce soir sans égal qui ouvre la Passion volontaire de celui qui monte vers l’offrande de lui-même. Ils ont entendu cet enseignement après 2 gestes accomplis avec sobriété et solennité, 2 gestes fondateurs qui expriment et prolongent ce don de soi accompli par le Christ. Ces 2 gestes vous les connaissez parce que le Christ a demandé qu’on les refasse, qu’on les réitère : l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds.
Au cœur du repas pascal juif, celui qui célèbre la sortie d’Egypte, la nuit du passage de la mort à la vie, de l’esclavage à la liberté, l’Agneau de Dieu institue le sacrement de son sacrifice : ce pain et ce vin qui deviennent son Corps et son Sang, le sacrement de l’Amour de Dieu qui s’abaisse pour nous élever ; l’Amour de Dieu qui traverse le temps, l’espace et les cultures pour arriver sur cet autel, dans nos mains et surtout pour devenir en nos vies ce germe d’amour livré. Un germe qui nous invite nous même à livrer nos vies. Vous ferez cela en mémoire de moi. Jésus commande de renouveler le sacrement de l’amour.
Et le 2ème geste : celui où il se dépouille de son vêtement pour se pencher vers sa créature et en silence, avec la douce mélodie de l’eau qui coule dans le bassin, pour laver les pieds de ces disciples. L’expliquant plus tard, il précisera que, si lui, le Seigneur et le Maître leur a lavé les pieds, c’est pour à leur tour, ils se lavent les pieds les uns aux autres. L’amour s’abaisse, se dépouille, accepte de perdre la face pour nous rendre notre dignité première, pour nous sauver.
2 gestes qui expriment un amour inconditionnel : le pain et le vin sacrements de cet amour qui déborde, l’eau versée sur les pieds signe de cet amour qui s’abaisse. Nous n’avons pas trop de ce temps pascal, et finalement de toute notre vie, pour réaliser cet amour inconditionnel de Dieu à notre égard. N’attendons pas de le réaliser pour commencer à le laisser faire son œuvre en nous. Nous serons surpris et tout confus lorsque que cet amour débordera et s’abaissera en nous pour ceux qui en ont besoin.
Cet amour a vocation à déborder à et nous abaisser. Le Christ en a descellé la source en nous dans sa Pâque et donc à notre baptême. Il en a montré l’exemple. Il vient à notre secours pour que nous l’imitions.
"Quand commencerons-nous à faire le bien ?"