Nous entrons donc en Carême ce mercredi. Et vous avez peut-être comme moi l’impression que le Carême est bien long. Il semble avoir commencé mi-mars dernier, quand toutes ces privations nous ont été imposées. Le confinement, le déconfinement, le reconfinement, le couvre-feu. Sans compter la privation de relation, la privation de ce contact où l’on peut s’embrasser, se toucher. Aux privations que nous n’avons pas choisies, mais qu’il faut vivre au mieux, se sont ajouté les inquiétudes, celle de la maladie, celle des variants, celle du vaccin. Long Carême, long désert, longue épreuve. Long Carême pour lequel nous ne voyons pas forcément ce que nous pourrions faire de plus.
manque et donc une disponibilité ; le partage qui nous ouvre aux détresses et pauvretés ; la prière qui nous restaure dans une relation filiale avec notre Père des cieux. Jeûne, partage, prière. A vous de voir.
Un chemin de réflexion et de prière est proposé cette année sur l’ensemble du diocèse. Il est suscité par les 5 ans de l’encyclique du pape François consacrée à la sauvegarde de notre maison commune, à une écologie intégrale qui s’intéresse à tout ce qui fait notre humanité : écologie environnementale, écologie humaine, écologie spirituelle. J’en redirai plus à la fin de cette messe.
Il me semble que cette démarche sur Laudato Si’ et plus largement que notre Carême 2021 doit pouvoir relancer notre espérance. Et je vous propose comme effort de Carême de choisir l’espérance.
Dans le contexte où nous sommes, où nous souffrons et peinons, ou nous sommes inquiets ou désabusés, parler d’espérance pourrait sembler une provocation. Pourtant, c’est l’invitation du pape François dans son message pour ce Carême. L’espérance, c’est cette force qui a été déposée en nous. Une force qui nous fait regarder en avant, malgré les difficultés du temps présent.
Et la foi nous aide dans ce chemin qui nous fait regarder l’horizon. Parce que la Résurrection est l’horizon de la Passion, Pâques est l’horizon de notre Carême. La vie en Dieu est l’horizon de notre vie. L’accomplissement de notre vocation est l’horizon de notre quotidien. La charité, ce bel amour, est l’horizon de nos relations humaines, quelle qu’elles soient, en famille, en paroisse, dans la société.
Parler d’horizon peut sembler provocateur. Et pourtant, c’est le trésor de notre foi au Christ. A cause du Christ, nous pouvons espérer un horizon pour notre maison commune, celle de la Création et de toute l’humanité, au point d’agir parce que nous pensons que quelque chose peut changer. A cause de notre foi au Christ, nous pouvons espérer un horizon pour tous, au point de notre mettre au service de ceux qui en ont besoin. A cause de notre foi au Christ, nous entrons dans l’horizon de la prière, à travers nos demandes et nos actions de grâce, à travers nos joies et nos inquiétudes que nous présentons inlassablement au seul Maître de nos vies.
Ces Cendres sont donc symboles d’espérance. Je sais que, normalement, elles sont marquées par le deuil et la pénitence. Mais permettez que ce mercredi, elles portent notre espérance. Elles viennent des buis et des rameaux de l’an dernier. Il n’y avait pas eu de célébrations publiques, mais ils avaient été bénis pour acclamer bien modestement, mais tout aussi réellement le Christ entrant dans la Ville Sainte et entrant dans sa Passion, avant le triomphe de Pâques. Ces buis et ces Rameaux participaient déjà de cet horizon de Pâques. Et nous voici à nouveau les yeux fixés sur Pâques et ce jaillissement de la vie divine. Voici que nous montons à Jérusalem où la vie est plus forte que tout, même que la mort.
Tant et tant nous précèdent qui nous redisent à leur manière combien ce regard porté sur Dieu nous tire vers une vie ou le pardon et la réconciliation sont possibles, une vie où la fraternité et le partage sont à portée de mains, où la joie et la bienveillance peuvent à nouveau illuminer nos cœurs.
Décidons l’espérance. Elle nous sera une douce consolation et elle sera une douce provocation pour notre société.