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Ce n'est pas l'eau, mais la soif qui me manque

images?q=tbn%3AANd9GcTML-MKZBgYnbciazdAlR_hcGvTXDpWXn7whLnBsHy5SlIEkiMx&usqp=CAULes paroles de Jésus ont eu de quoi surprendre ses auditeurs de la synagogue de Capharnaüm. Les Juifs pourtant désireux de comprendre l’enseignement de ce rabbin galiléen s’interrogent : comment cet homme peut-il donner sa chair à manger ? Et beaucoup de disciples eux-mêmes partiront sur la pointe des pieds : cette parole est dure, qui peut la comprendre ?

En ce dimanche du Saint-Sacrement, revenons à l’enseignement donné à Capharnaüm, et écoutons le Maître nous parler de ce don qu’il fait de lui-même. 3 mots sont utilisés ce jour pour désigner cette vie éternelle, cette communion qu’il veut nous faire partager. Le pain, la chair, le corps.

Le pain. Le peuple hébreu avait la mémoire de ce pain miraculeusement descendu du ciel. Au désert, alors que la faim tiraillait les estomacs et surtout un peuple à la nuque raide, toujours prompt à se révolter contre Dieu, le Seigneur avait fait le don de la manne. Un pain miraculeux. Un cadeau du ciel que l’homme ne pouvait se donner à lui-même. Une manne précieuse qui permet au moins de survivre chaque jour, jusqu’au jour béni de l’entrée en Israël. Ce pain de la route n’a jamais manqué, parce que Dieu n’a jamais manqué à sa promesse. Or, Jésus se présente comme ce pain de vie donné à nos faims, ce pain de la route pour nous qui attend d’entrer dans la terre promise, ce pain d’une promesse à laquelle Dieu ne manque jamais.

La chair. L’expression a quelque chose de cru et presque inconvenante : ma chair carnée qu’il faut manger, mâcher et consommer. On pourra être surpris de ce réaliste du Seigneur, lui qui semblait susciter plutôt la foi en ses paroles. Qui croit en moi ne mourra jamais, dira-t-il. Il s’agit bien d’écouter, de donner sa foi, et de manger cette chair donnée pour que le monde ait la vie. Vous avez entendu la réaction indignée des juifs présents à la synagogue de Capharnaüm : comment peut-il nous donner sa propre chair à manger ?

Quand on connaît les multiples précautions de tout ce qui concerne la nourriture et les repas dans le judaïsme, l’affirmation de Jésus fait scandale. Et pourtant il insiste, et même à 4 reprises : manger sa chair et boire son sang. On ne mange une chair et on ne boit un sang que lorsque que l’animal a été mis à mort, quand la chair et le sang sont séparés, quand tout est fini et accompli. Cette chair et ce sang annonce son sacrifice, ce don ultime qu’il fait de sa vie pour que nous vivions.

Le corps. Le Christ n’en parle pas, mais c’est bien le titre de cette fête du Corps et du Sang du Christ. C’est presque l’unique manière de désigner l’Eucharistie dans la liturgie de la messe : le Corps du Christ, auquel vous allez répondre Amen avec ferveur. Nous pressentons bien qu’il ne s’agit pas du Corps physique de Jésus, celui que Marie a reçu dans ses bras à Bethléem ou au Golgotha. Nous pressentons tout aussi bien qu’il ne s’agit pas de ce Corps glorieux monté auprès du Père à l’Ascension, ce Christ total qui récapitule tout en lui et qui reviendra à la fin des temps.

Il s’agit de ce Corps eucharistique, de ce sacrement, c'est-à-dire de la présence invisible dans ce signe visible. Et il en va de du Corps du Christ qu’est l’Eucharistie comme du Corps du Christ qu’est l’Eglise. Et nous en avons eu une expérience éprouvante pendant 10 dimanches où nous avons été privés du Corps du Christ, dans son Eucharistie concrète célébrée ici chaque dimanche ou chaque jour, comme dans son Eglise concrète ici dans l’assemblée paroissiale.

Pendant 10 semaines, nous avons été privés de l’un et de l’autre. Cette épreuve fut rude fut beaucoup. Mais il nous faut recueillir ce que cette épreuve a pu nous enseigner. Cette privation de l’un et l’autre Corps du Christ a-t-elle aiguisé en nous la faim ? Un proverbe persan le dit : ce n’est pas l’eau, c’est la soif qui me manque. Nous qui retrouvons le chemin de l’un et l’autre Corps du Christ, retrouvons nous le chemin de la faim, du désir. Faim de ce pain eucharistique que rien ne peut étouffer ni étancher, pas même les conditions provisoires dans lesquelles nous le recevons. Faim de l’Eglise qui se célèbre son Seigneur, faim de l’Eglise qui fait l’Eucharistie. Les prêtres que nous sommes, qui ont célébré l’Eucharistie chaque dimanche, chaque jour même, peuvent vous confier que le Corps du Christ qu’est l’Eglise, notre assemblée eucharistique leur a manqué.

Bref, le Corps du Christ vous a-t-il manqué pendant ces 10 semaines ? Au moment, où vous retrouvez ce Corps eucharistique et ce Corps ecclésial, la faim vous habite-t-elle ? Dieu veut se donner à des hommes et des femmes affamés, des hommes et des femmes de désir. Bonne et belle première communion en ce jour.

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