Voici déjà le 6ème dimanche de Pâques, 10ème dimanche sans messe publique. Et de fait, la lassitude pourrait nous gagner. La colère et l’impatience aussi.
Laissons le Christ nous dire ce qu’il a à nous dire ce dimanche. Et si vous le permettez, je retiens cette affirmation curieuse qu’il laisse à ses disciples au soir de sa Pâque : « je ne vous laisserai pas orphelins »
De fait, il annonce son départ, son exode pascal à venir. A des disciples menacés d’incompréhension ou d’appréhension, il donne cette promesse inouïe, celle de ne pas les laisser orphelins. Parce qu’il leur promet l’Esprit, cet autre défenseur, ce consolateur.
La promesse doit nous réveiller ce dimanche d’avant l’Ascension, 2 semaines avant la Pentecôte que nous désirons avec d’autant plus de ferveur cette année, surtout si elle nous permet la reprise de nos assemblées du dimanche.
Le Christ fait une promesse qui nous projette dans ce don de l’Esprit, bien au-delà de son départ. L’Ascension va nous remettre sous les yeux et dans les oreilles de nos cœurs, cette réalité si troublante de la présence dans l’absence, ou l’inverse l’absence dans la présence. Depuis l’Ascension et en attendant son retour glorieux, le Christ n’est plus présent de façon extérieure et visible. L’Église se fait médiatrice de sa présence, notamment dans les sacrements, mais aussi dans la Parole de Dieu et même dans l’assemblée réunie en son nom, comme il nous l’assure : si 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. L’homélie du P. Bruno nous a rappelé dimanche dernier cette curieuse présence dans l’absence.
Donc bien au-delà de l’Ascension et de ce qu’elle introduit de nouveau, le Christ nous promet l’effusion de l’Esprit. Et le chapitre 15 de St Jean continuera à étayer cette promesse. L’Esprit qui nous est donné de façons intérieure et invisible. L’Esprit qui nous guide et nous conseille, qui nous fortifie et nous tempère, qui nous redresse et nous affermit, qui nous réchauffe et nous rafraîchit, bref celui qui nous met à notre juste place, quand il faut, comme il faut.
On a souvent dit que l’Esprit Saint n’était pas très à l’honneur, qu’on n’en parlait peu. Et d’ailleurs, il n’y a pas de fête de l’Esprit Saint dans l’année liturgique. C’est que l’Esprit ne se donne ni à voir, ni à commenter. C’est l’inverse, c’est lui qui fait voir. C’est lui qui nous fait parler. C’est lui qui nous soutient dans la prière. Il est cette présence consolante qui œuvre en nous pour nous mener, pour nous faire devenir ce que nous sommes.
Non, nous ne sommes pas orphelins. Il faudra nous le rappeler jeudi, au jour de l’Ascension, quand nous regarderons Jésus s’élever au ciel, comme les apôtres à Jérusalem. La présence extérieure et visible du Fils laisse la place à la présence intérieure et invisible de l’Esprit.
Nos vies prennent une consistance nouvelle grâce à l’Esprit. Nos façons d’agir, de connaître, d’aimer, de servir, et même de prier sont comme vivifiées par l’Esprit du Père et du Fils. Il nous entraîne. Il nous fait être des collaborateurs actifs du Royaume. Il nous associe à l’œuvre de Dieu, à condition que nous le recevions.
Recevoir l’Esprit… C’est tout un programme. Un saint russe très célèbre au XIXème siècle, St Séraphin de Sarov, avait laissé comme seul enseignement à son unique disciple : « le plus important, c’est l’acquisition du Saint Esprit ».
Et ce n’est pas un fils de St Philippe Néri qui vous dira le contraire. Ce saint du XVIème siècle a vécu une grande partie de sa vie, dans le mouvement de l’Esprit reçu dans son cœur une nuit de Pentecôte, sous la forme d’une boule de feu.
Recevoir l’Esprit. Voici un beau programme. Voici un beau désir à cultiver : Viens Esprit Saint embraser nos cœurs ! Viens habiter en eux !