Vous avez déjà joué à un jeu collectif, le foot, le basket ou le badminton. Vous avez déjà joué à un jeu de société, au Rummikub ou au Uno, à la belote ou au poker. Dans tous les cas, il y a des règles à respecter. Un minimum de règles à respecter pour permettre que tout se passe bien, pour qu’il n’y ait pas de conflit. Si on ne les respecte pas, si on est hors jeu, si on triche, il faut y revenir. Les règles permettent à chacun, à l’intérieur de ce jeu, de déployer son talent, de développer sa créativité, son style propre. Au foot, le jeu d’Olivier Giroud n’est pas le même que celui de Neymar.
Dans son long sermon sur la montagne, le Christ rappelle quelques règles de base données par Dieu sur une autre montagne à Moïse. Ces 10 paroles, ces 10 commandements, viennent baliser d’une façon assez large la vie morale pour l’ensemble du peuple. On y trouve des commandements exprimés de façon positive : tu honoreras le Seigneur ton Dieu, tu respecteras le jour du sabbat, tu honoreras ton père et ta mère. Et d’autres sous une forme négative : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d’adultère…
Dans la pédagogie de Dieu, ces commandements agissent déjà comme des garde-fous, comme l’explicitation extérieure d’une règle intérieure mise par Dieu dans le cœur de l’homme. Ces règles assez directives et assez coercitives sont déjà une humanisation de l’agir humain avec Dieu et avec les autres.
Dans ce renouvellement de l’Alliance que le Christ est en train d’opérer, les commandements de Dieu sont comme repris de l’intérieur. Il ne s’agit pas seulement de donner des règles extérieures qui jalonnent et régulent l’impiété et la violence inscrite dans le cœur de l’homme. Il s’agit d’extirper à la racine ce péché qui y a fait son nid.
Ainsi il ne suffit pas de renoncer au meurtre. Il s’agit de combattre tout ce qui favorise les petits homicides dans le cœur, que ce soient des pensées, des jugements, des insultes, des médisances, des regards malveillants et méprisants… des regards qui tuent. Evidemment personne de nous n’a tué son voisin ou sa voisine, mais notre cœur est-il si exempt de tous ces petits homicides qui manifestent cette violence tapie au fond de notre cœur si peu apaisé, si peu unifié ?
Vous allez peut-être penser que le Carême commence cette année avec 10 jours d’avance. Le texte de l’Evangile de ce jour vient pourtant nous rejoindre à ce point précis. Le Christ vient renouveler l’Alliance en indiquant combien est décisif le renouvellement de nos cœurs que nous nous avons la pleine et entière responsabilité. Les 10 commandements ne sont convertissent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur.
Et la première lecture n’est pas en reste en nous mettant de façon si verticale devant notre responsabilité. 2 chemins nous sont proposés : d’un côté, celui de la vie, du bonheur, de l’amitié avec Dieu, celui qui construit et fait grandir ; de l’autre, celui de la mort, de la tristesse, celui qui détruit et rend malheureux.
Le Seigneur nous a créé libres, libres au point de choisir de le suivre ou non, au point d’entrer en communion avec lui ou de lui tourner le dos. Personne ne prendra cette décision à notre place. Ni les autres, ni la société, ni le Seigneur lui-même. Evidemment, il s’agit de choisir la vie, de choisir le bonheur pour lequel nous sommes créés, de choisir ce que Dieu lui-même veut nous donner, mais pas malgré nous.
Nous pourrions repartir ce dimanche d’un nouveau pied. Celui qui nous fait rechoisir de suivre le Christ. Rechoisir la vie qu’il nous donne. Rechoisir cette vocation au bonheur, au salut, à la sainteté. Il s’agirait de rechoisir avec joie de devenir les enfants de Dieu que nous sommes. En somme, il s’agirait de rechoisir notre baptême. Personne ne peut faire ce nouveau choix à notre place. Nous n’aurons pas trop des 40 jours de Carême pour renouveler cette décision si personnelle et si décisive pour notre existence.
Nous pourrions également repartir ce dimanche avec la belle conviction que le chemin que le Christ nous donne pour nous conduire vers le Père est un chemin sûr et vrai. Les commandements du Christ nous amène à la pointe de nos vies où notre responsabilité et notre liberté se révèlent entières et intactes. Alors la vie vaut la peine d’être vécue. Alors les paroles de Jésus sont vie et joie, elles sont douces et savoureuses.