C’est la question de Jean-Baptiste qui ouvre l’Evangile de ce dimanche, 3ème dimanche de notre marche vers Noël, la venue du Messie-Sauveur justement. Nous sommes à nouveau ce dimanche avec cette figure si particulière qu’est celle de St Jean Baptiste, avant de consacrer le prochain dimanche à la Vierge Marie et St Joseph, dans l’attente imminente.
Vous vous souvenez que dimanche dernier nous avait présenté la prédication violente et virulente du Baptiste au bord du Jourdain. C’est qu’il avertissait tous ceux qui venaient à lui de l’imminence claire et certaine du Messie. Et les images utilisées étaient précises : il est comme la Colère qui vient ; il est comme la cognée à la racine de l’arbre ; il va nettoyer son aire à vanner. La figure du Messie que Jean Baptiste voit et annonce est celle d’un Messie Juge, d’un Sauveur qui met fin à toute injustice pour apporter enfin paix et justice à toute la terre, d’un Sauveur qui vient pour tout reprendre en lui en vue d’un tri, d’un jugement qui sera celui même du Jour du Seigneur. C’est tout aussi clair que certain.
Et voici qu’aujourd’hui le contraste est saisissant. Jean-Baptiste au fond de sa prison est aux prises avec les ténèbres. Pas les ténèbres du cachot mais plutôt les ténèbres de ses incertitudes et de ses doutes. Et si je m’étais trompé ? Si le Messie n’est pas un Messie juge, un Messie libérateur politique, alors comment pourrait-il être le Messie ? Dieu m’aurait-il trompé en me désignant Jésus de Nazareth ? Pourquoi le mal continue-t-il à être plus fort ? Pourquoi Dieu se tait-il ? « Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? »
La question posée au Christ pourrait nous concerner un peu. Je m’explique. Au fond, nous attendons et souhaitons tous plus ou moins quelque chose. Nous attendons le bonheur, d’être heureux. Les critères de bonheur peuvent changer, mais au fond, c’est bien ce désir que nous portons au fond du cœur. Nos prières, nos demandes adressées au Seigneur témoignent de ce désir, de ce souhait de bonheur. Prières fébriles et angoissées, prières confiantes et sereines, peu importe. Le bonheur dans nos familles, dans nos relations. Le bonheur pour notre société, pour notre ville.
Dans quelques semaines, nous allons nous échanger ces vœux de bonheur, de paix, de santé. Avant cela nous pourrions relire nos vœux de l’an dernier. Et peut-être que comme pour Jean-Baptiste, il ne semble pas que Dieu ait répondu comme nous l’attendions à nos désirs de paix, de santé, de bonheur.
« Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? » Et la question peut se poser. Ce Messie que nous attendons et que nous annonçons est-il celui qui peut nous donner le bonheur que nous attendons ? C’est là que la réponse du Christ aux envoyés de Jean Baptiste devient intéressante : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». Autrement dit, c’est une question de salut et non pas de bonheur. C’est une question d’évènement de la vie divine dans notre humanité et non pas de réalisation de tous les désirs humains. Nous lui présentons nos demandes et nos attentes, mais lui vient combler notre besoin et notre désir le plus profond, celui d’être sauvés, celui d’être en pleine communion avec le Père et les uns avec les autres.
Notre attente de Noël est aujourd’hui comme puissamment interrogée et relancée. Je dis interrogée, parce que c’est bien au fond la principale question : qu’attendons-nous de Noël ? Qu’attendons-nous de ce Noël 2019 ? Qu’allons-nous déposer au pied de nos crèches et de nos sapins ? C’est le moment de faire une liste à l’enfant Jésus-Roi de nos crèches, au Sauveur Messie de Bethléem ? Qu’attendons-nous de Celui qui vient nous apporter le salut, ni plus, ni moins.
Lui et lui seul peut nous apporter une joie, une paix, un bonheur que nul autre ne nous donneront. Il est le chemin, la vérité, la vie n’est-ce pas ? Lui et lui seul nous donnera un salut que nous ne pouvons nous donner à nous-mêmes. Et il nous le donnera d’une manière qui lui est propre, qui lui est personnelle. Encore faut-il que nous y consentions. Je vous invite donc à consentir à l’œuvre de salut de ce Messie, l’Enfant-Roi de Bethléem. Je vous invite à consentir à la manière dont lui veut vous sauver. Il n’y a rien ni personne à attendre d’autre.